Copé et s'il était le meilleur stratège pour 2017 ?
Posté : 29 novembre 2012 20:16
LE PLUS. Il s'auto-proclame président de l'UMP, refuse le référendum, met fin aux discussions. Mais François Copé est-il vraiment le grand méchant que dénonce le camp Fillon ? Malgré une cote de popularité en chute libre, son plan comm' pourrait bien se révéler payant. Décryptage avec notre chroniqueur Philippe Moreau-Chevrolet, consultant en communication.
Jean-François Copé est-il suicidaire ? Le président autoproclamé de l'UMP est-il le forcené que décrit la presse ? Ou bien est-il l'homme politique le plus doué de son camp ? Et le meilleur stratège de la droite pour 2017 ?
Les médiateurs passent. La gauche compte les points. L'opinion, elle, sanctionne. La cote de popularité de Jean-François Copé s'effondre. D'après le dernier baromètre TNS Sofres-Le Figaro, seuls 44% des sympathisants UMP souhaitent lui voir jouer un rôle au cours des années à venir, soit une baisse de... 17% en un mois. Son sort paraît scellé. La situation, pourtant, est loin d'être aussi simple.
Une stratégie simpliste mais redoutable
Si Jean-François Copé conserve un sourire imperturbable face à ce tir de barrage, c'est qu'il a une stratégie. Elle est simple, voire simpliste. Elle est résumée par cette petite phrase qu'il aurait adressée à son entourage, en guise d'encouragement : "On serre les fesses pendant quinze jours et puis cela passera."
Autrement dit, on prend le pouvoir, on le garde. Puis on attend. On attend quoi ? Que l'opposition interne s'épuise. Que les soutiens de François Fillon et les "non alignés" réalisent qu'on ne lâchera rien. Parce que derrière ce "rien", il y a tout : les clés de la caisse, les postes à la direction nationale du parti, les investitures aux prochaines élections.
Des élections municipales, régionales et européennes auront lieu en 2014. Les cantonales et les régionales sont programmées pour 2015. Copé le sait, la plupart des élus se sentent moins concernés par la présidentielle de 2017 que par ces échéances-là, qui les touchent directement et pour lesquelles ils risquent fort d'avoir besoin de lui.
La communication du bord du gouffre
Certes, on peut gagner contre son propre parti, comme Olivier Falorni face à Ségolène Royal, mais le combat est souvent perdu d'avance. Il est, quoiqu'il en soit, très coûteux. Et pour les "petits", les élus les moins connus ou les moins bien implantés, il est suicidaire. Plus Copé s'accroche au pouvoir, plus il donne de gages de sa détermination, plus il est fort.
C'est un non-dit, mais un non-dit majeur, de la communication actuelle de l'UMP. François Fillon dispute, en réalité, une course de vitesse. Chaque jour qui passe l'affaiblit. D'où ses initiatives à répétition. D'où sa fébrilité.
Le progrès du FN pourrait l'arranger
Bien sûr, il y a un prix à payer. Copé devient de plus en plus impopulaire. Mais d'une part, il n'a jamais été très populaire, et d'autre part, il compte sur le temps pour se construire une image. Ce qui importe, avant tout, c'est le contrôle de l'appareil. Et qui sait ce qu'il peut se passer, d'ici à 2017 ?
Car ce que les sondages montrent, également, c'est que le président de la République, le gouvernement et même - désormais - Manuel Valls perdent des points dans l'opinion. Le PS ne profite pas de la crise à l'UMP. Le seul parti qui en profite, c'est le Front National de Marine Le Pen. Il est le seul à progresser. Et ce n'est pas nécessairement une mauvaise nouvelle pour Jean-François Copé, qui a tout misé dans sa campagne sur la "droitisation" de l'électorat. Des phrases comme "le pain au chocolat" ont durablement marqué les esprits. C'est en ce sens, dans ce contexte-là, que Jean-François Copé a très bien communiqué.
La suite a été un désastre. Mais pouvait-il en être autrement ?
Le sarkozysme était une fiction
Si François Fillon perd, c'est tout un pan de la droite qui se retrouve en minorité. Un pan gaulliste, humaniste, social... qui refuse à bon droit de céder la place à des jeunes cadres inspirés du FN, ou même venus du FN comme Guillaume Peltier. Guillaume Peltier dont - faut-il le rappeler - la motion "La Droite forte" est arrivée
en tête aux dernières élections internes.
Derrière les hommes, il y a bel et bien un combat d'idées. C'est aussi ce qui explique la violence de la bataille, qui ne se résume pas, contrairement à ce que l'on voudrait nous le faire croire, à l'affrontement de deux ambitions. On assiste bien, en réalité, à la guerre de deux droites. Le sarkozysme les avait réunies mais le sarkozysme était une fiction. Si le héros principal, Nicolas Sarkozy, échoue à revenir, cette fiction finira aux oubliettes de l'histoire.
On peut regretter cette évolution. On peut condamner l'opportunisme de Jean-François Copé. On peut déplorer ses manières. Mais on aurait bien tort, et François Fillon l'a appris à ses dépens, de le sous-estimer.