le MoDem attend son heure, mais lorgne à gauche
Posté : 13 décembre 2012 20:44
Ils sont probablement l'un des soutiens les plus enthousiastes de l'actuelle majorité... sans pour autant en faire partie. Alors que l'orientation "sociale-pragmatique" des premiers mois du mandat de François Hollande fait parfois tousser à gauche, les membres du MoDem, eux, l'applaudissent des deux mains. Sur le "pacte de compétitivité", le budget 2013, ou la commission Jospin, François Bayrou multiplie les encouragements au gouvernement Ayrault. Et ne cache pas qu'il s'entretient régulièrement avec le président, à qui il avait apporté son soutien au second tour de la présidentielle.
Sortir du flou
Au point que la question d'un élargissement de la majorité actuelle au MoDem est sur toutes les lèvres rue de l'Université. "C'est maintenant une obligation !" estime l'élu MoDem Jean-Luc Bennahmias. "La majorité doit désormais être en cohérence avec les politiques pratiquées", explique l'eurodéputé, qui avait affirmé, dès l'élection de François Hollande, que son parti se situait dans le même camp que la gauche de gouvernement.
Le zèle de l'ancien secrétaire national des Verts, désormais vice-président du mouvement centriste, n'est cependant pas partagé par tous les cadres du parti. "Jean-Luc est allé trop vite en besogne et a donné l'impression que nous n'étions intéressés que par les postes", critique ainsi un responsable du parti. Qui mise, lui, sur un autre timing : "Nous devrons finir par sortir du flou. Mais le faire maintenant, en dehors d'une séquence électorale, n'aurait aucun intérêt, et ne nous donnerait pas plus de députés ni de ministres..."
"Aggiornamento honteux"
La ligne officielle du parti centriste pour justifier ce statu quo : le MoDem ne rejoindra pas la majorité tant que le cap réformiste du gouvernement Ayrault ne sera pas plus clairement affirmé. "Nous sommes intéressés par certaines récentes initiatives du gouvernement, mais nous constatons que François Hollande a l'aggiornamento honteux", explique ainsi le vice-président du MoDem, Robert Rochefort. "Dans une logique politicienne, quand il fait un geste pour un rassemblement politique plus large, il se sent immédiatement obligé de donner des gages à la gauche de la gauche", déplore-t-il.
En attendant, les membres du MoDem, Bayrou en tête, continueront à ne pas choisir leur camp. "Notre positionnement est parfois compliqué à comprendre, mais c'est celui qui nous permet le plus de liberté de ton", justifie Yann Wehrling, porte-parole du MoDem. "François Bayrou a surtout à coeur d'honorer le contrat moral qu'il croit avoir avec les Français, celui du sage au-dessus de la mêlée, et d'un éventuel recours", raille, plus cynique, un jeune cadre du parti, qui estime que "l'isolationnisme bayrouiste" est encore majoritaire dans le parti.
Alliances à gauche pour les municipales
Pour les municipales de 2014, le parti de François Bayrou devrait opter, comme en 2008, pour des alliances à géométrie variable. "À Dijon et à Lille, où les coalitions se sont bien passées, il n'y a pas de raison qu'elles ne soient pas reconduites", explique Jean-François Martins, conseiller de Paris. Mais le MoDem devrait, cette fois-ci, regarder plus franchement vers la gauche, beaucoup des élus engagés dans des alliances locales avec la droite étant allés rejoindre l'UDI de Jean-Louis Borloo.
Pas d'alliance nationale en vue, donc, à moins que des événements imprévus ne viennent précipiter l'entrée du MoDem dans la majorité. "Pour que le paysage se recompose dans ce sens, il faudrait une accélération de le crise économique, ou une fracture de la gauche gouvernementale", pronostique Jean-Luc Bennahmias. "La question ne se pose pas vraiment", relativise Yann Wehrling, qui juge que "la balle est dans le camp de Hollande et d'Ayrault, qui pour le moment ne s'expriment pas sur le sujet". Les membres du MoDem, eux, se tiennent prêts.