Goldman Sachs veut baisser les salaires de 30% en France
Posté : 05 février 2013 08:34
Goldman Sachs veut baisser les salaires de 30% en France
Après The Economist il y a deux mois, c’est au tour d’un économiste de Goldman Sachs de recommander à la France de baisser les salaires de 30%. Par-delà l’inhumanité et l’absurdité d’un tel propos, il est très révélateur des disfonctionnements de la zone euro.
7072-evidence-mounting-moderate-minimum-wages-can-do-more-good-harm
Inhumain et stupide !
Bien sûr, certains trouveront cela démagogue, mais tant pis. Pour le coup, on aimerait que ces partisans d’une baisse des salaires de 30% en France aillent vivre en région parisienne avec 800 euros par mois (leur recommandation de nouveau SMIC), en louant leur logement. Cela leur ferait sans doute prendre un peu plus conscience de la monstruosité de ce qu’ils demandent aux populations européennes, alors que les dirigeants de cette banque se partagent 100 millions de bonus.
En outre, comme l’explique Jacques Sapir dans un de ses derniers papiers, le problème de ces baisses de salaire, c’est que leur effet est encore plus brutal qu’elles ne le suggèrent déjà. En effet, les salariés à qui on réduit leurs revenus de 30% ont des dépenses contraintes qu’ils ne peuvent pas réduire (loyer, emprunt immobilier, certaines dépenses de base comme l’électricité, les transports). Bref, cela signifie que l’effort réalisé sur les autres dépenses est encore bien plus important !
Mais par-delà la cruelle inhumanité de cette proposition, elle est totalement absurde économiquement. On voit bien en Grèce qu’une telle cure ne permet pas de sortir de la crise. Bien au contraire, cela l’accentue, provoque un effondrement du PIB (de l’ordre de 25% à Athènes à la fin 2013) et un alourdissement colossal de la dette (qui, elle, ne baisse pas). Bref, cela revient à appliquer les saignées des médecins du Moyen âge alors que tout le monde sait que cela ne marche pas.
Dévaluer la monnaie ou les salaires
Malgré les inepties de la loi de la jungle promues par The Economist ou Goldman Sachs ont néanmoins un intérêt : celui de révéler un des cercles vicieux imposés par la monnaie unique : une course sans fin au moins-disant salarial, problème que l’on pouvait anticiper dès le début. En effet, à partir du moment où il n’est plus possible d’ajuster la valeur de la monnaie au sein de la zone euro, le seul moyen pour retrouver de la compétitivité est de baisser les salaires.
C’est ce que la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Irlande, pays prétendument aidés, mais réellement saignés, expérimentent. Pour relancer leur économie, plus possible (contrairement à la Grande-Bretagne, la Suède ou le Danemark) de jouer sur le niveau de la monnaie, sur le budget ou sur le montant de monétisation. Le seul moyen d’attirer à nouveau les entreprises est de baisser les impôts (choix de l’Irlande) ou de baisser les salaires pour regagner en compétitivité par rapport à ses voisins.
C’est le choix fait par l’Allemagne au début des années 2000. Le problème est que si tous les pays de la zone euro commencent à rentrer dans cette logique, alors elle deviendra mortifère puisque la demande suit le niveau des salaires. C’est une recette pour une dépression généralisée, une envolée du chômage et de la misère. Bref, par-delà le côté inhumain individuellement, collectivement, si tous les pays de la zone euro cèdent à cette politique, cela revient à un suicide économique.
Bien sûr, il ne doit pas être interdit de se poser la question du coût du travail en France. En revanche, toute proposition qui consiste seulement à baisser les salaires, par-delà le fait d’être monstrueuse et de tourner le dos au progrès, est une ineptie économique.
Après The Economist il y a deux mois, c’est au tour d’un économiste de Goldman Sachs de recommander à la France de baisser les salaires de 30%. Par-delà l’inhumanité et l’absurdité d’un tel propos, il est très révélateur des disfonctionnements de la zone euro.
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Inhumain et stupide !
Bien sûr, certains trouveront cela démagogue, mais tant pis. Pour le coup, on aimerait que ces partisans d’une baisse des salaires de 30% en France aillent vivre en région parisienne avec 800 euros par mois (leur recommandation de nouveau SMIC), en louant leur logement. Cela leur ferait sans doute prendre un peu plus conscience de la monstruosité de ce qu’ils demandent aux populations européennes, alors que les dirigeants de cette banque se partagent 100 millions de bonus.
En outre, comme l’explique Jacques Sapir dans un de ses derniers papiers, le problème de ces baisses de salaire, c’est que leur effet est encore plus brutal qu’elles ne le suggèrent déjà. En effet, les salariés à qui on réduit leurs revenus de 30% ont des dépenses contraintes qu’ils ne peuvent pas réduire (loyer, emprunt immobilier, certaines dépenses de base comme l’électricité, les transports). Bref, cela signifie que l’effort réalisé sur les autres dépenses est encore bien plus important !
Mais par-delà la cruelle inhumanité de cette proposition, elle est totalement absurde économiquement. On voit bien en Grèce qu’une telle cure ne permet pas de sortir de la crise. Bien au contraire, cela l’accentue, provoque un effondrement du PIB (de l’ordre de 25% à Athènes à la fin 2013) et un alourdissement colossal de la dette (qui, elle, ne baisse pas). Bref, cela revient à appliquer les saignées des médecins du Moyen âge alors que tout le monde sait que cela ne marche pas.
Dévaluer la monnaie ou les salaires
Malgré les inepties de la loi de la jungle promues par The Economist ou Goldman Sachs ont néanmoins un intérêt : celui de révéler un des cercles vicieux imposés par la monnaie unique : une course sans fin au moins-disant salarial, problème que l’on pouvait anticiper dès le début. En effet, à partir du moment où il n’est plus possible d’ajuster la valeur de la monnaie au sein de la zone euro, le seul moyen pour retrouver de la compétitivité est de baisser les salaires.
C’est ce que la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Irlande, pays prétendument aidés, mais réellement saignés, expérimentent. Pour relancer leur économie, plus possible (contrairement à la Grande-Bretagne, la Suède ou le Danemark) de jouer sur le niveau de la monnaie, sur le budget ou sur le montant de monétisation. Le seul moyen d’attirer à nouveau les entreprises est de baisser les impôts (choix de l’Irlande) ou de baisser les salaires pour regagner en compétitivité par rapport à ses voisins.
C’est le choix fait par l’Allemagne au début des années 2000. Le problème est que si tous les pays de la zone euro commencent à rentrer dans cette logique, alors elle deviendra mortifère puisque la demande suit le niveau des salaires. C’est une recette pour une dépression généralisée, une envolée du chômage et de la misère. Bref, par-delà le côté inhumain individuellement, collectivement, si tous les pays de la zone euro cèdent à cette politique, cela revient à un suicide économique.
Bien sûr, il ne doit pas être interdit de se poser la question du coût du travail en France. En revanche, toute proposition qui consiste seulement à baisser les salaires, par-delà le fait d’être monstrueuse et de tourner le dos au progrès, est une ineptie économique.