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10e Journée Internationale contre les Mutilations Sexuelles

Posté : 08 février 2013 18:46
par tisiphoné
Ni haine, ni révolte, ni rancune. Une aide soignante a pourtant enlevé à Nana Camara le clitoris d'un coup de scalpel, alors qu'elle n'était qu'un nourrisson. 43 ans après, cette Malienne affirme n'avoir gardé aucun souvenir de "cet acte barbare". "Quand on est bébé, on ressent moins la douleur". Sa grand-mère l'a confiée à une matrone, c'est-à-dire une auxiliaire de soin, à l'hôpital de Bamako, avant de la récupérer une heure plus tard, comme si de rien était. "On ne voulait pas me faire de mal", assure-t-elle. Au contraire, grâce à l'excision, "j'ai pu trouver ma place au sein de mon peuple".

Depuis des millénaires, les Maliennes sont marginalisées si elles ne se font pas enlever leur partie masculine. Dans ces contrées lointaines, le clitoris est, en effet, considéré comme un petit pénis. "La plupart des filles de mon pays veulent être excisées pour devenir une femme à part entière", explique Nana. Ignorant les risques encourus, ses compatriotes perpétuent cette tradition ancestrale. "Moi, j'ai eu beaucoup de chance, je n'ai eu aucune complication", reconnaît-elle. Ultra consciente des dangers de cette coutume, Nana a fait de la lutte anti excision, une priorité.

Son combat débute en 1995 lorsqu'elle entre au GAMS (Groupe pour l'Abolition des Mutilations Sexuelles, des Mariages Forcés et autres pratiques traditionnelles néfastes à la santé des femmes et des enfants) en tant que bénévole. 2% des jeunes filles subissent des complications. "2% de trop", déplore-t-elle. Salariée depuis 2006 au sein de l'association, elle recueille les témoignages des victimes, sensibilise les populations, et fait de la prévention auprès des professionnels de santé, des travailleurs sociaux, des juristes, "afin qu'ils comprennent bien de quoi ils parlent".
Privée du plaisir solitaire

Pour les Africaines excisées dès leur plus jeune âge, ne pas avoir de clitoris est "normal puisqu'elles n'ont jamais vu leur corps autrement", raconte la formatrice. "Le problème c'est lorsque les praticiens en France leur disent: - eh bien, ils ne vous ont pas ratée! - comme cela est arrivé dernièrement à une Malienne de 23 ans", relate-t-elle. "Elle était choquée. L'image d'elle que lui a renvoyée son médecin, lui a fait plus de mal que l'excision elle-même", souligne l'éducatrice. Choc des cultures ou prise de conscience douloureuse?

Nana, pour sa part, est arrivée à l'âge de douze ans à Paris. D'abord logée dans le 15e, elle s'installe ensuite avec sa famille dans les Yvelines, à Plaisir. Hasard ou ironie du sort? Adolescente, Nana découvre la sexualité et prend conscience de sa "différence", loin de sa terre natale. Elle en parle sans tabou avec ses partenaires, "Blancs ou Noirs. Cela ne leur a jamais posé de problème, ils m'ont acceptée telle que j'étais. C'est comme si j'étais chauve ou aveugle", relativise-t-elle.

A 16 ans, elle rencontre son futur mari et le père de ses quatre enfants. Un mariage d'amour. "En étant excisée, on peut tout à fait avoir un orgasme vaginal", lance-t-elle dans un grand éclat de rire. Pourtant, elle rencontre souvent des jeunes femmes qui se plaignent de rapports sexuels douloureux. "Quand il s'agit de mariage forcé ou arrangé, la fille n'a pas de désir pour son mari car elle ne l'aime pas. Dans ce cas, la pénétration est douloureuse. Mais ce n'est pas à cause de l'ablation du clitoris", nuance-t-elle. "En revanche, ce qui est grave dans l'acte de l'excision, c'est qu'il prive la femme de plaisir solitaire".
Pratique en net recul

Une amputation qui peut se traduire en calvaire: infections urinaires à répétition, fistules, déchirement lors de l'accouchement, traumatisme psychologique, peur des relations sexuelles... "Pour rien au monde, je ne voudrais qu'une de mes trois filles soit un jour excisée! Pourquoi vouloir changer quelque chose que Dieu a créé?", interroge-telle.

A force de conseiller les victimes sur un éventuel recours à la chirurgie réparatrice, Nana a décidé de franchir le cap. "C'est mon côté kamikaze". En 2005, le professeur Pierre Foldes à l'hôpital de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) a pratiqué sur elle une reconstruction vulvaire. Celle-ci, remboursée à 100%, s'opère en quelques heures et s'accompagne d'une prise en charge psychologique. "Au niveau esthétique, ce n'est pas du tout comme à l'origine, mais au niveau des sensations, le plaisir est intensifié", admet-elle. Quarante ans plus tard, la boucle est enfin bouclée.

Aujourd'hui, "notre combat est reconnu", se réjouit la protectrice des femmes. En décembre dernier, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté une résolution visant l'interdiction mondiale de l'excision. Les peines encourues vont d'un an à trente ans d'emprisonnement. D'après l'organisation internationale, la pratique de la coupure ou mutilation génitale féminine est, depuis la ratification, en net recul. Trente millions de filles âgées de moins de 15 ans y seraient toutefois, encore exposées. C'est pour elles que Nana se bat. " J'ai bon espoir que la prochaine génération en soit débarrassée".

Re: 10e Journée Internationale contre les Mutilations Sexuelles

Posté : 08 février 2013 20:35
par Sov Strochnis
La légende raconte qu'une malienne qui avait gardé son clitoris, son micro-penis donc, avait sodomisé l'oreille de son mari lors d'une chaude nuit d'été. La peur de la sodomie oriculaire.

Re: 10e Journée Internationale contre les Mutilations Sexuelles

Posté : 08 février 2013 21:07
par Manumax
J'espère qu'on oubliera pas la circoncision, pratiqué sur des enfants par le Judaisme et l'Islam encore dans le monde et en France.

http://ame.enfant.org.free.fr/

Re: 10e Journée Internationale contre les Mutilations Sexuelles

Posté : 08 février 2013 23:06
par Fonck1
Manumax a écrit : J'espère qu'on oubliera pas la circoncision, pratiqué sur des enfants par le Judaisme et l'Islam encore dans le monde et en France.

http://ame.enfant.org.free.fr/
c'est pas pire que la lobotomie spirituelle.....

Re: 10e Journée Internationale contre les Mutilations Sexuelles

Posté : 08 février 2013 23:52
par Manumax
Pourtant les laics sont muets en France contre ça.

Soit ils ont peur de l'Islam, soit du judaisme, mais rares sont ceux qui protestent contre cette coutume ancestrale et religieuse. Je ne parle même pas des pays islamiques ou judaistes qui ne sont pas laics, je parle de l'Europe et de la France.

Re: 10e Journée Internationale contre les Mutilations Sexuelles

Posté : 09 février 2013 08:15
par Patrick_NL
Manumax a écrit : Pourtant les laics sont muets en France contre ça.

Soit ils ont peur de l'Islam, soit du judaisme, mais rares sont ceux qui protestent contre cette coutume ancestrale et religieuse. Je ne parle même pas des pays islamiques ou judaistes qui ne sont pas laics, je parle de l'Europe et de la France.
Pourtant les laics sont muets en France contre ça.
Les laics denoncent TOUTES les mutilations corporelles pratiquees du fait des religion.

Re: 10e Journée Internationale contre les Mutilations Sexuelles

Posté : 09 février 2013 08:21
par Steph
Manumax a écrit : J'espère qu'on oubliera pas la circoncision, pratiqué sur des enfants par le Judaisme et l'Islam encore dans le monde et en France.

http://ame.enfant.org.free.fr/
Oui enfin il demeure une différence notoire entre la circoncision et l'excision. Le clitoris étant un organe sensible et objet de plaisir.