Outreau : et si c'était vrai ?
Posté : 27 février 2013 14:37
Un film sort le 6 mars pour rappeler que, dans cette tragédie judiciaire, les enfants avaient vraiment été victimes. Alors, où sont les coupables ?
Des enfants du Pas-de-Calais se plaignent d'endurer des agressions sexuelles, des attouchements et des viols. En 2000 commence l'affaire d'Outreau, soit des soupçons portés sur deux couples qui offriraient contre rémunération leurs enfants et d'autres gamins à des gens du voisinage.
Douze ans plus tard, le film Outreau, l'autre vérité *, réalisé par Serge Garde, revient sur ce fait divers. Pour la première fois, il y est exposé vingt-six témoignages inédits, dont celui du capitaine de la brigade des mineurs, de l'avocat des enfants, d'un président de la cour d'assises, des deux experts psychologues, de l'avocate de Myriam Badaoui et du tristement fameux juge d'instruction, Fabrice Burgaud.
L'accusation tenait
Le film expose une thèse troublante. Les enfants furent reconnus victimes de viols par la justice. S'ils ont été violés, c'est donc qu'ils ont dit la vérité. Si tel est le cas, lorsque ces mêmes enfants déclarent que deux couples les offraient en pitance à d'autres adultes, cela signifie logiquement qu'il n'y aurait pas quatre coupables, comme le jugea la justice, mais beaucoup plus. S'il y avait des parents proxénètes, alors il y avait des clients pour leur atroce commerce. Sauf que ceux qui furent suspectés de l'avoir été furent acquittés. Ce film sous-entend donc que la justice se serait lourdement trompée en innocentant des coupables.
La thèse est explosive. Le documentariste assure que l'instruction fut correctement menée, que les suspects, bien que détenus séparément, s'accusèrent et se dénoncèrent entre eux. Et donc que, sur leurs seules déclarations, l'accusation tenait. Outre qu'il réhabilite le travail contesté du juge Burgaud, il revient sur le rôle trouble de Myriam Badaoui, la mère de deux enfants abusés, condamnée avec son compagnon, père de ses enfants, à quinze ans de réclusion. En pleine audience, celle-ci jeta une immense confusion, puisqu'elle déclara soudain avoir menti en accusant ses voisins d'abus sexuels. D'après le film, ce serait parce que, épuisée d'avoir comparu "huit heures durant sur deux béquilles", elle voulait en finir.
Burgaud, victime désignée
Ce film dénonce la presse judiciaire, à laquelle il reproche son absence de rigueur. Il étrille le pouvoir politique pressé d'accabler le jeune juge d'instruction Burgaud, victime désignée d'une fumeuse stratégie visant à supprimer sa fonction. Outreau, l'autre vérité se conclut par une question obsédante : si les enfants d'Outreau furent reconnus par la justice victimes de sévices sexuels, s'ils ont dit vrai, pourquoi autant d'acquittés ?
http://www.lepoint.fr/societe/video-out ... tor=EPR-6-[Newsletter-Quotidienne]-20130227