Mango s'excuse et débaptise ses bijoux "style esclave"
Posté : 05 mars 2013 15:08
Source : http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... _3224.htmlLE MONDE | 05.03.2013 à 14h20 Par Camille Hamet
La série de bijoux "esclave" de Mango. | Capture du site Mango.com
Le groupe de prêt-à-porter espagnol Mango fait face à une violente polémique après le lancement sur son site Internet français d'une parure de bijoux intitulée "style esclave ". En cause, deux bracelets et un collier constitués d'épais maillons avec une plaque dorée. L'actrice Aïssa Maïga, l'ancienne Miss France Sonia Rolland et la chroniqueuse Rokhaya Diallo, toutes les trois très engagées sur les questions de discriminations, sont allées jusqu'à lancer, dimanche 3 mars, une pétition en ligne pour le retrait de ces produits intitulée "L'esclavage n'est pas fashion !".
Accusant la marque de faire de l'esclavage "un objet de fantaisie et de mode" et de "banaliser ainsi des tragédies qui ont traversé l'histoire de l'humanité", cette pétition avait été signée, lundi soir, par environ 5 000 personnes. Elle a été largement relayée sur les réseaux sociaux, notamment Twitter, où il existe depuis longtemps une hyper-sensibilité sur ce type de sujet. Un appel au boycott sur Facebook est allé, lui, jusqu'à accuser Mango d'"apologie de l'esclavage".
"ERREUR DE TRADUCTION"
Face à cette mobilisation, Mango s'est expliqué dès lundi, répondant sur son compte Twitter. Le groupe invoque une "erreur de traduction" : "Les services correspondants sont prévenus et effectueront la correction immédiatement", est-il écrit. Le mot "esclava " en espagnol peut en effet se traduire par "esclave" ou par "gourmette" ou encore "chainette". En début d'après-midi, le mot "esclave" avait ainsi été supprimé du site de Mango tandis que le "collier style esclave à chaînons" a été rebaptisé "collier à chaînons".
Mais l'explication avancée par Mango n'a pas satisfait SOS Racisme qui exigeait toujours, lundi, le retrait de ces bijoux. La parure vendue par la marque espagnole évoque, selon l'association antiraciste, les chaînes que portaient les esclaves noirs en Amérique. "S'il s'agit vraiment d'une erreur de traduction, elle est douteuse", estime Aline Le Bail-Kremer, porte-parole de l'association. Le Conseil représentatif des associations noires a lui aussi demandé le retrait de ces produits dans un communiqué publié lundi, dénonçant une "vision élégante et colonialiste" d'un "phénomène qui a fait le malheur de millions, de dizaines de millions d'êtres humains pendant près de quatre siècles".
Lundi en fin de journée, Mango a présenté "ses excuses", en précisant que le terme "esclave" était une désignation couramment employée dans le langage de la bijouterie, dans de nombreuses grandes maisons de joaillerie et pas uniquement par Mango.