l’économie française est entrée en récession
Posté : 15 mai 2013 10:34
Selon l’Insee, le PIB s’est replié de -0,2 % au premier trimestre de 2013, ce qui signe officiellement l’entrée de la France en récession. Le gouvernement maintient sa prévision pour 2013.
Cette fois-ci c’est officiel ... l’économie française est entrée en récession et vient d’enchaîner deux trimestres consécutifs de baisse. Selon les chiffres publiés mercredi par l’Insee , le PIB s’est replié de 0,2 % au premier trimestre de 2013. Une baisse qui s’ajoute à celle de 0,2 % du quatrième trimestre de 2012, puisque l’Insee a légèrement revu le chiffre des derniers mois de 2012. Pour autant, le gouvernement ne modifie pas sa feuille de route. Interrogé par l’AFP, Bercy aurait assuré maintenir sa prévision de croissance à 0,1 % sur l’ensemble de l’année 2013, convaincu qu’une reprise se fera sentir au deuxième semestre .
Pour l’heure, l’acquis de croissance pour 2013 s’affiche à -0,3%. Ce qui signifie que si la croissance restait étale d’ici à la fin de l’année, le PIB se contracterait de 0,3 % en 2013. S’il est trop tôt pour prendre ce chiffre au pied de la lettre, la plupart des organismes et institutions prévoient toutefois un recul du PIB français cette année. Il atteindrait 0,1 % selon le FMI et les « sages » du Haut Conseil des finances publiques.
Pour la CFDT c’est une raison supplémentaire pour mettre la priorité sur l’emploi
Première réaction à cette annonce, celle de Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. Interrogé sur RTL le leader syndical a estimé que cette mauvaise nouvelle était « une déception pour tout le monde, mais en même temps, ce n’est pas une surprise. Les crises que nous subissons amènent cela. Alors, est-ce que c’est une raison pour dire : il faut fermer le cahier et arrêter ? Non. C’est justement une raison supplémentaire pour dire : il faut la priorité sur l’emploi .»
« Le chômage provoque la récession aujourd’hui parce qu’on n’a pas vu suffisamment à l’horizon, peut-être pas de dix ans mais de cinq ans, ces dix dernières années, donc il faut un peu plus de vision d’avenir », a ajouté le numéro un de la CFDT. Et de souligner que cela avait commencé à être fait « avec l’accord emploi qui est transcrit dans la loi depuis hier, et c’est une bonne chose ».
Production au « point mort » et consommation « atone »
C’est la deuxième fois en à peine un an que l’économie française est ainsi dans le rouge. « C’est la troisième baisse au cours des quatre derniers trimestres » explique l’Insee. Le PIB français avait, en effet, reculé de 0,1 % aux premiers et deuxièmes trimestres de 2011, avant de connaître un éphémère rebond au troisième et de replonger en fin d’année 2012.
Le détail de ces chiffres montrent clairement la faiblesse actuelle de l’économie française. « La production totale est au point mort » tandis que « la consommation des ménages est atone » expliquent les experts de l’Insee. Quant aux investissements ils se replient pour le cinquième trimestre consécutif tandis que les exportations reculent également.
Baisse record du pouvoir d’achat en 2012
Et comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, l’Insee revoit en baisse certains éléments relatifs à 2012 , même si au final l’Institut de la statistique ne modifie pas son estimation pour l’ensemble de l’année et annonce toujours une croissance nulle pour 2012.
Outre la révision des chiffres du quatrième trimestre, qui s’avèrent légèrement meilleurs que prévus (-0,2 % et non plus -0,3 % comme annoncé initialement) et de ceux du troisième trimestre (moins bon que prévu avec une hausse de 0,1 % et non plus de 0,2 %) l’Insee revoit à la baisse les chiffres de la consommation : celle-ci s’avère beaucoup plus importante que prévue et atteint 0,4 % selon les nouvelles estimations publiées ce mercredi alors que jusqu’à maintenant le repli était estimé à 0,1 %. « C’est la deuxième baisse depuis l’après-guerre après celle de 1993 » explique l’Insee.
Le pouvoir d’achat des ménages a même enregistré une baisse record de 0,9 % l’an passé. Fin mars, l’Insee avait évalué ce recul à 0,4%, ce qui constituait déjà une baisse record. Et le repli ressenti par les Français est sans doute beaucoup plus important. La baisse de 0,9 % « est mesurée sur l’ensemble des ménages », explique l’Insee. Or, compte tenu de la croissance de la population, le pouvoir d’achat au niveau individuel (calculé par l’Insee comme le pouvoir d’achat par unité de consommation) affiche une baisse plus importante encore. Il « se replie de 1,5 %, alors qu’il était stable en 2011 » expliquent les statisticiens publics en soulignant qu’il s’agit de « la plus forte baisse depuis 1984 (– 1,9 %). »
Une récession de courte durée
Pour autant, ce passage à vide de la croissance française devrait être de courte durée . Selon la Banque de France, qui prévoyait une progression de l’activité au 1er trimestre, l’économie française devrait connaître une croissance de 0,1% au deuxième trimestre 2013. Un chiffre qui correspond à celui contenu dans la dernière note de conjoncture de l’Insee. Et même les économistes interrogés par Reuters en début de semaine ne prévoyaient pas un troisième trimestre dans le rouge. Selon eux, après une contraction de 0,2% du produit intérieur brut sur la période janvier-mars, le PIB afficherait une stagnation au deuxième trimestre.
Mais la situation reste particulièrement fragile, comme le souligne Chris Williamson, le chef économiste de Markit. La contraction du PIB français au 1er trimestre « aurait été encore plus grande s’il n’avait pas eu dans le même temps une hausse de 0,3 % de la consommation du secteur public » explique-t-il.