"Boycottez les concerts trop chers !"
Posté : 14 septembre 2013 12:11
Les spectacles hors de prix, ça suffit !
Mylène Farmer à 140 €, Muriel Robin à 80 €. Où s’arrêtera la flambée du prix des billets ? Un producteur s’indigne.
Un prix minimum à 65 € et des tarifs qui grimpent jusqu’à 140 €. La tournée de Mylène Farmer — actuellement à Paris-Bercy — relance la polémique sur le prix des billets de spectacle. La chanteuse n’est pas la seule à faire flamber les prix. Pour voir le nouveau one-woman-show de Muriel Robin, il existe certes des places à 19 €, mais à visibilité réduite. Sinon, pour profiter du spectacle, il faut débourser jusqu’à 80 €.
Des vedettes gourmandes
Entre 2005 et 2012, le prix moyen d’un billet de concert et de one-man-show est passé de 26 € à 32 €, selon le Centre national de la chanson, des variétés et du jazz (CNV). A l’origine de cette inflation, il y a la multiplication des concerts en stades et dans de grandes salles. Aujourd’hui, les prix dépassant 30 € ne concernent que 10% des spectacles, mais représentent 70% des recettes… « C’est paradoxal avec la crise, mais ce sont les places les plus chères qui se vendent en premier », constate Marie-Pierre Bordel, responsable du pôle culture de la billetterie de la Fnac.
Et c’est surtout le cachet des artistes qui alourdit la facture. Or, comme le souligne Jacques Renard, directeur du CNV, « avec la crise du disque, les artistes ont connu une baisse de leur rémunération et veulent compenser cette perte avec la scène ». Mais attention à ne pas être trop gourmand. Ainsi, Justin Bieber a quasiment doublé le prix de ses places entre ses deux dernières prestations parisiennes, passées de 50 € à 90 €, mais le chanteur n’a pu remplir qu’un seul Bercy au lieu de deux s’il avait baissé ses tarifs. D’autres veillent à limiter l’inflation. « Depeche Mode, Pink ou Roger Waters nous demandent de faire attention aux tarifs », souligne leur productrice en France, Jackie Lombard.
Malgré l’augmentation des prix, le chiffre d’affaires du marché est resté stable en 2012 (650 M€). Mais certains s’inquiètent, au point que le syndicat Prodiss (Union du spectacle musical et de variété) envisage de créer un observatoire des tarifs.
« Boycottez les concerts trop chers! »
Salomon Hazot, producteur de concerts, patron de Nous Productions
Eminem, Red Hot Chili Peppers, Black Eyed Peas au Stade de France, Bruno Mars à Bercy, la tournée des BB Brunes, Keen’V au Bataclan, c’est lui. Salomon Hazot, patron de Nous Productions, est l’un des producteurs français qui comptent. Et selon lui, « les concerts en France sont trop chers ». Il estime même que « les spectateurs doivent se révolter » et les appelle « à boycotter les spectacles trop chers ».
Il accuse d’abord certains concurrents de « pratiquer les prix les plus élevés ». « Ils sont entre 20% et 30% plus chers que nous et quelques autres comme Alias (NDLR : agent français de Muse, Peter Gabriel) et Radical (organisateur des concerts hexagonaux de Placebo, Arctic Monkeys) alors que le prix de location des salles est le même pour tous. »
Et il n’épargne pas non plus les lieux de spectacles : « Les salles parisiennes sont les plus chères d’Europe, accuse-t-il. L’Olympia se loue 19 500 € hors taxes, quel que soit le spectacle, le Zenith de Paris, de 6000 places, est plus cher qu’une salle de 10000 places à Londres. Et Bercy, 15000 places, est plus cher qu’une salle de 20000 places en Angleterre ou en Allemagne ! Quant au Stade de France, c’est le 2e stade le plus cher d’Europe. » Pour Hazot, « il n’y a pas assez de concurrence entre les grandes salles, y compris en province ».
Les jeunes plus conciliants
Enfin, ce dernier reproche à « une minorité d’artistes de vouloir se faire de l’argent sur le dos de leurs fans ». « Surtout les vieux, qui ont besoin d’argent pour assurer leurs déplacements en jet. Les jeunes sont plus faciles à convaincre de modérer leur cachet. Ils ont conscience de la crise et ont l’intelligence de diversifier les recettes, avec des produits dérivés. Quand on a fait venir Lana Del Rey à l’Olympia, par exemple, les places n’excédaient pas les 60 €, alors qu’on aurait pu remplir à 80 €. »
« Ce qui me fait peur, c’est que les gens finissent par se détourner du spectacle, résume le producteur, qui peut organiser jusqu’à 700 concerts par an. Modérer les prix est crucial pour l’avenir de la musique et donc de notre profession. Regardez les théâtres, ils sont allés tellement loin que beaucoup ont dû fermer. »
« Les artistes vendant moins de disques, il y a logiquement de plus en plus de concerts, conclut-il. Si on veut qu’ils marchent, il faut que les spectateurs sortent plus souvent et payent donc moins cher. C’est mathématique. Et nous, on prouve que c’est possible de pratiquer des prix corrects en baissant nos marges. »
Moi je pense que les principaux responsables sont les salles, les producteurs et l'état.
En 2008, j'ai vu aux Pays-Bas un énorme concert dans une salle de 10.000 places avec un groupe de 6 musiciens + un orchestre symphonique, un choeur et des effets pyrotechniques. Le billet m'a couté 45€. En France, la même année, le même groupe sans l'orchestre ni le choeur, avec des moyens pyrotechniques réduits et au Zénith de Paris en configuration réduite (4.000 places au lieu de 6.000) le billet m'avait couté 40€.
Après, dans la mesure où il y a des moyens techniques important, je trouve normal que les places coutent chers. Des artistes qui ont un décors, des danseurs, des choristes des éléments de la scène qui sont mobiles, etc. Ca a un coût. Mais si le spoectacle c'est l'artiste, ses musiciens, son piano et 2-3 choristes, ça ne vaut pas 100€ !
Mylène Farmer entre 65 et 140€ à Bercy, ça va encore parce qu'on sait que sur scène il se passe des trucs, ya des trucs qui bougent, des gens qui dansent, etc...
Céline Dion entre 79 et 205€ à Bercy, là ya du foutage du gueule !