2014, année des retours ??
Posté : 01 janvier 2014 13:14
Sarkozy, Juppé, Royal, Bayrou... 2017 se prépare dès 2014, et à ce titre, les "come-back" seront nombreux, analyse Charlotte Chaffanjon dans sa chronique radio.
France Inter : Pouvez-vous nous dire quel sera le mot de l'année politique en 2014 ?
Charlotte Chaffanjon : Le mot "retour". En 2014, il y aura du retour en pagaille. D'ailleurs, ça a déjà commencé avec Nicolas Sarkozy. On se demandait s'il avait envie de revenir, 2013 a livré la réponse : c'est oui. Le retour de l'ancien président est désormais une véritable saga à suspense. Les questions sont quand et comment. Et puis s'il ne sera pas empêché par des affaires judiciaires. L'histoire est d'autant plus haletante que Nicolas Sarkozy orchestre très bien la communication autour de son avenir politique. Il raconte que c'est sa destinée. Une fatalité, même. Mais il ne sera pas tout seul.
À quels autres retours faut-il s'attendre ?
À droite, la guerre entre Jean-François Copé et François Fillon compromet leurs chances d'être candidat à la présidentielle. Alors, si Alain Juppé triomphe à Bordeaux aux municipales de mars, la question de son retour va se poser. Elle a commencé à pointer le bout de son nez en 2013. Parce que "le meilleur d'entre eux", comme disait Jacques Chirac, est populaire et qu'il ne croit pas, lui, au retour de Nicolas Sarkozy... Et puis, au centre, il y en a un qu'il faudra surveiller de près : c'est François Bayrou. Lui qui n'est même plus député va tenter sa chance à Pau en mars, et donc jouer son grand retour par la case municipale pour avoir une chance d'être présent en 2017.
Des retours à gauche aussi ?
Un retour surtout. Celui de Martine Aubry. Comme Alain Juppé, elle peut s'offrir un beau succès aux municipales. Si elle l'emporte, si elle reste populaire, si François Hollande met leur inimitié de côté pour se refaire une santé à gauche, elle peut revenir dans la course à Matignon. Ceci dit, je vous l'accorde, ça fait beaucoup de si... Et puis, la question de l'avenir de Bertrand Delanoë se pose. Le maire de Paris a passé le flambeau à Anne Hidalgo. Mais il va vouloir rebondir. Peut-être au gouvernement à la faveur d'un remaniement.
Il faudra compter avec Ségolène Royal aussi. Interrogée sur son ambition présidentielle le 17 décembre sur BFM TV, elle répondait : "Si je vous disais non, non, non, je ne fais plus rien, je rentre dans mon terrier, vous ne me croiriez pas..."
Les retours, ça marche...?
Non. Les tentatives de come-back se soldent rarement par des succès. Voyez Lionel Jospin par exemple. Il avait annoncé son retrait de la vie politique en 2002 après sa défaite au premier tour de la présidentielle. Eh bien, en 2006, il a tenté de revenir. Mais d'autres ambitieux avaient pris la place. Il était le passé, ce n'était pas jouable. Des exemples comme cela, il y en a beaucoup. En voilà un cocasse : souvenez-vous en 2007, Michel Rocard avait demandé à Ségolène Royal peu avant l'élection présidentielle de lui laisser la place de candidat. Voilà un retour qui n'aurait pas manqué de sel. À gauche, le raté le plus spectaculaire est celui de Dominique Strauss-Kahn. Ce n'est pas sa retraite, mais le FMI, qu'il était prêt à abandonner pour être candidat à la présidentielle. Chacun connaît la suite. Un retour est par définition la suite d'un retrait. C'est rarement bon signe.
