Peillon présente son plan pour réformer les ZEP
Posté : 17 janvier 2014 00:31
http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... _3224.htmlRéformer l'éducation prioritaire pour réduire les écarts de réussite
Après trente ans d’échecs, de rendez-vous manqués et de réformes ratées, l’éducation prioritaire va-t-elle bénéficier d’un nouveau souffle ? En annonçant, jeudi 16 janvier, sa réforme des zones d’éducation prioritaire (ZEP), Vincent Peillon espère permettre à celles-ci d’atteindre enfin leur objectif initial : réduire les écarts de réussite entre les élèves de ZEP et les autres.
Les inégalités scolaires se sont fortement accrues ces dernières années. Au point que l’école française ne fait réussir que la moitié de ses collégiens dans les zones les plus difficiles en français, contre 80 % hors éducation prioritaire. En mathématiques, seuls 45 % atteignent le niveau requis en fin de 3e, contre 75 % ailleurs.
Pour inverser la tendance, le ministre de l’éducation nationale met sur la table un plan qui coûtera, selon nos informations, 350 millions d’euros. Premier axe : « Donner plus à ceux qui en ont le plus besoin. » Autrement dit, revenir au principe fondateur des ZEP en 1981. Stopper le favoritisme qui prévaut dans l’allocation des moyens et que dénonce la Cour des comptes. En 2012, celle-ci avait calculé que l’Etat dépensait 47 % de plus pour former un Parisien qu’un jeune des académies de Créteil ou Versailles. Deuxième axe : améliorer les pratiques, avec l’idée que si les enseignants savent mieux s’adapter à un public difficile, ils parviendront mieux à le faire progresser.
PRIME DOUBLÉE DANS LES 350 COLLÈGES LES PLUS DIFFICILES
Le ministre leur accorde du temps. Dans 350 collèges recensés comme les plus difficiles, les professeurs assureront une heure et demie de cours en moins par semaine (16 h 30 au lieu de 18 heures), et neuf jours en moins par an au primaire. « Le temps dégagé permettra aux équipes de se concerter, travailler ensemble, suivre les élèves, accueillir les parents… », explique M. Peillon. Les enseignants seront aussi mieux formés avec trois jours de formation par an en plus et mieux accompagnés par des équipes d’experts.
Devant les députés, à l’automne 2013, le ministre s’était étonné d’une injustice. L’institution « reconnaît une forme de pénibilité du travail [en classes préparatoires notamment], mais pas du côté des enseignants exerçant dans les quartiers les plus difficiles », avait-il observé. « Ces professeurs n’ont qu’une prime de 100 euros » par mois. En 2015, la prime sera doublée dans les 350 collèges les plus difficiles, et augmentée de 50 % dans le reste des ZEP.
Reste à savoir si cette prime suffira à inciter les enseignants chevronnés à aller travailler en éducation prioritaire. Les ZEP sont des plaques tournantes pour les jeunes professeurs qui y sont affectés et qui tentent d’en partir dès qu’ils le peuvent. Près de la moitié débutent dans les trois académies les moins attractives - Créteil, Versailles et Amiens -, sur des postes difficiles, désertés par les anciens.
ACCOMPAGNEMENT POUR LES ÉLÈVES DE 6e
Un « bizutage » dommageable qui nuit à la pérennité des projets. Pourtant, M. Peillon ne touche pas aux règles d’affectation. Mais « cumulés, l’indemnité, le temps de service allégé, la formation continue et les perspectives de carrière devraient être suffisamment incitatifs », espère-t-il.
Les élèves de ZEP aussi seront aidés. Ceux de 6e - un peu perdus lorsqu’ils font leurs premiers pas au collège - bénéficieront d’un accompagnement. Le ministre s’engage à des « journées continues », avec, à chaque temps libre, du soutien ou de l’aide aux devoirs.
A l’école, le dispositif « plus de maîtres que de classes » (deux professeurs en cours) sera généralisé en ZEP d’ici à 2017, tout comme la scolarisation des enfants de moins de 3 ans. La Rue de Grenelle garantit enfin des moyens, pendant quatre ans, pour financer des projets.
Ce plan est-il « d’une ampleur inédite », comme l’a qualifié le chef de l’Etat le 14 janvier ? La réponse n’est pas évidente, car celui-ci n’aborde pas le sujet, essentiel mais délicat, de la géographie prioritaire. Depuis 1981, la carte des ZEP s’est étendue pour concerner aujourd’hui 20 % des collégiens. Résultat : la différence de moyens est faible entre les établissements de ZEP et les autres. Les premiers n’ont guère que trois à quatre élèves de moins dans leurs classes, et des financements en plus pour des projets.
Pour doubler l’investissement, un rapport de 2013 recommandait de limiter à 10 % le nombre d’établissements ZEP. Une option que Vincent Peillon n’a pas retenue. Ce dernier maintient le label ZEP à tous les établissements, tout en délimitant un noyau dur : ces 350 collèges, identifiés sur critères sociaux comme les plus difficiles, et les écoles de leur secteur.
« Les postes créés sur le quinquennat [54 000 dans l’éducation nationale] seront prioritairement affectés aux ZEP, assure M. Peillon. Mais on ne déshabillera personne. » Une manière d’éviter, à deux mois des municipales, après la fronde des professeurs de prépas et celle contre les rythmes scolaires, que les enseignants ne descendent une nouvelle fois dans la rue.
Ce mesures me semblent aller dans le bon sens. Mais je ne suis pas certain que l'on en fasse assez, copte tenu de l'ampleur du problème. Peillon, j'me demande s'il tente pas là de vider l'océan avec une cuillère à soupe. Même si avant, c'était avec un cuillère à café, et que la cuillère à soupe, c'est déjà mieux, ça reste insuffisant...