Joséphine Baker au Panthéon ?
Posté : 28 janvier 2014 09:58
http://www.sudouest.fr/2014/01/03/baker ... 5-2213.phpJoséphine Baker aurait sa place au Panthéon
L’écrivain Régis Debray a plaidé pour la panthéonisation de Joséphine Baker. L’un de ses fils assure : « Maman n’aurait pas voulu »
Et si Joséphine Baker entrait au Panthéon ? L'idée est venue mi-décembre de l'écrivain et philosophe Régis Debray, auteur d'une tribune dans « Le Monde » en faveur de « La Vénus noire », autant pour son engagement durant la Seconde Guerre mondiale, sa lutte contre le racisme, son rôle de mère aimante (12 enfants adoptés) que sa magnifique carrière d'artiste.
« J'ai entendu ça sur France Inter, a déclaré Angélique de Labarre, propriétaire depuis 2001 du château des Milandes à Castelnaud-la-Chapelle, l'ex-demeure de Joséphine Baker. Mais, à vrai dire, je n'y crois pas trop. Je trouverais bien sûr extraordinaire qu'elle entre au Panthéon, mais j'aimerais que ce soit surtout pour son rôle de militante. On ne se souvient pas forcément de Joséphine pour ça. Ce serait l'occasion de mettre l'accent sur ce point. »
Ses enfants partagés
La propriétaire des Milandes a eu dernièrement au téléphone l'un des enfants de Joséphine Baker pour évoquer le sujet. Akio, originaire du Japon et adopté alors qu'il avait 18 mois, vit aujourd'hui à Paris et a répondu ceci à son amie Angélique de Labarre : « Maman n'aurait pas voulu… » Sous-entendant qu'elle est bien mieux là où elle repose depuis 1975, à Monaco, aux côtés de son mari, Jo Bouillon. Mais tous ses enfants n'en pensent pas autant, à l'image de l'écrivain Jean-Claude Bouillon, le cinquième fils adopté, qui y serait plutôt favorable, mais sous certaines conditions. Le débat familial ne fait sans doute que commencer...
La candidature en faveur de l'artiste a en outre reçu la semaine dernière un autre soutien, celui du Mouvement des jeunes socialistes de Dordogne, mettant largement en avant le rôle-clé joué par Baker durant l'Occupation.
Le PS au soutien
« Quel symbole de voir entrer au Panthéon une figure de la résistance au nazisme, au racisme, de voir reposer, aux côtés de Jean Moulin, cette femme libre », explique un militant dans une tribune, rappelant que le Général de Gaulle l'avait décorée de la Légion d'Honneur pour son engagement au service de la France Libre.
En attendant que François Hollande rende son verdict, le public peut se faire sa propre opinion aux Milandes, où est reconstituée la vie menée à l'époque par le couple et ses enfants. « Sa chambre avec les meubles est restée en l'état, explique la propriétaire. Il y a aussi la salle à manger, la cuisine ou encore la salle de bains avec des carreaux de Murano. » C'est à travers cette « exposition » que le mythe de Joséphine Baker vit toujours. Si le chef de l'État la choisit, elle serait alors la première femme noire au Panthéon.
30 ans en Périgord
Les liens de Joséphine Baker avec le Périgord remontent à 1937, année durant laquelle, séduite par le château des Milandes, elle en devient locataire. Un bon refuge pendant la guerre, quand elle était fichée parmi « les artistes décadents ». Une bonne planque aussi pour le matériel radio et les armes nécessaires à la Résistance et à ses activités dans le contre-espionnage.
En 1947, elle achète cash ce petit bijou en surplomb de la Dordogne 2,5 millions de francs. La même année, la chapelle du château accueille la bénédiction nuptiale de Jospéhine et de Jo Bouillon. Mais ses rêves sont plus ambitieux : elle veut créer là « le village du monde, la capitale de la fraternité ». Un complexe touristique qui va employer jusqu’à 118 personnes, accueillir des familles, des commerces, dans le petit village de Castelnaud où se pressent alors jusqu’à 300 000 visiteurs par an. C’est là qu’elle vit entre deux tournées avec ses 12 enfants adoptés, sa « tribu arc-en-ciel » comme elle l’appelle. C’est là aussi qu’elle va engloutir toute sa fortune et ses cachets. Le rêve va finir en cauchemar.
En 1969, les Milandes et les meubles sont vendus aux enchères pour une bouchée de pain. Aujourd’hui, le château cultive le souvenir de cette femme hors du commun. Il a été labellisé en 2013 « Maison des illustres » par le ministère de la Culture. Une plaque en témoigne depuis le 3 juin, jour du 107e anniversaire de la naissance d’une petite Jospéhine dans le Missouri.