La France est un lieu d’excellence
Posté : 27 février 2014 13:28
Source : http://www.atlantico.fr/decryptage/bert ... 95079.htmlBertin Nahum – Medtech : "La France est un lieu d’excellence pour la robotique chirurgicale"
Bertin Nahum, le patron de Medtech, a été classé, fin 2012, quatrième entrepreneur le plus révolutionnaire au monde juste après Steve Jobs, Mark Zuckerberg et James Cameron. Il faut dire que le patron de cette PME montpelliéraine a lancé en 2007 une petite révolution : Rosa, un robot capable d'assister un chirurgien lors d'une intervention sur le cerveau. Depuis, la société a connu un fort développement et a été introduite en bourse.
Atlantico Business : Quel bilan tirez-vous de l’année 2013 ?
Bertin Nahum : 2013 a été l’année de la confirmation et 2014 sera l’année de l’accélération. Une confirmation à différents niveaux puisque les projets que nous avions initiés ont marqué des étapes importantes, comme notre robot de chirurgie de la colonne vertébrale. Nous avons testé l’appareil lors de premiers essais sur des patients, puis la première chirurgie a été réalisée en septembre et octobre derniers. Enfin, l’introduction en bourse de Medtech a permis de dégager des moyens. Notre but étant d’intensifier le développement de la société afin de tirer meilleur parti des opportunités qui s’ouvrent à nous.
Qu'est ce que l’on pourra faire grâce à toutes ces technologies que l'on ne peut pas faire actuellement ?
L’un des critères à l’origine du succès de notre société, c’est ce que l’on appelle la chirurgie mini-invasive. Cette tendance est apparue il y a une vingtaine d’année et essaie de développer des protocoles pour réduire la taille de l’incision. C’est important pour le bénéfice que l’on en tire : palier à des préjudices esthétiques, réduire le risque d’infection, de saignement, le temps de retour "à une vie normale" après l’opération. Le succès de la robotique chirurgicale, et donc des produits que l’on développe, va permettre aux praticiens d’apporter des informations permettant d’opérer dans des conditions similaires à une chirurgie ouverte ; alors que l’on est en chirurgie fermée, ou presque.
Comment expliquer que beaucoup d'entreprise se mettent sur le créneau de la santé en général ? Google en est un exemple, cela vous inquiète ?
Le marché de la santé, c’est un marché à croissance prédictive. Les pays développés font face au un vieillissement de la population. Même si on passe par des problématiques de financement comme avec notre Sécurité sociale en France, il n’en reste pas moins que les patients exigent d’être toujours mieux soignés et mieux pris en charge. Les solutions qui visent à apporter de la valeur ajoutée à ces soins sont des filières qui, en effet ont un avenir brillant. Pour ce qui est de Google, je crois que la pire chose qui pourrait nous arriver, c’est qu’ils annoncent qu’ils se lancent dans la robotique chirurgicale. Ces sociétés sont plutôt intéressées par des acquisitions mais en aucun cas Google se détournera de son métier pour concurrencer une boite comme la nôtre.
Quelle est la position de la France sur ce marché ?
La France est un lieu d’excellence pour toutes ces technologies et ce, pour deux raisons. La première, c’est que l’on est au carrefour de deux domaines d’excellence de la France : la médecine et l’ingénierie. Nous avons des praticiens de renommée internationale, qui ont une très bonne réputation et des ingénieurs français reconnus pour leur inventivité, leur créativité. Donc le croisement de ces deux domaines fait que, par essence, nous sommes compétents sur ces marchés. D’ailleurs, il n’est pas difficile de constater que des sociétés américaines ont souvent leur centre de R&D en France. Mais notre difficulté, c’est que nous sommes des créatifs, et pas des développeurs. Nous avons beaucoup de mal, en France, à développer cette créativité en entreprise, en emplois et en création de richesse. L’accompagnement des pouvoirs publics pour Medtech a été satisfaisant mais il ne faut pas oublier qu’ils ont aussi un rôle de prescripteurs avec leurs hôpitaux publics. C’est un rôle qui est insuffisamment joué à ce jour.
Comment voyez-vous votre marché dans 10 ans ?
Il y a des études qui prévoient un avenir assez radieux à la robotique chirurgicale. Une étude américaine prévoit un marché à 20 milliards de dollars d’ici 2019. Plus généralement, il y a un espèce de consensus des différents acteurs sur le fait que la robotique chirurgicale est un outil de plus en plus important en raison de sa capacité à répondre à tout une série de challenges de la chirurgie moderne. Une illustration de cette situation, c’est par exemple les rachats assez spectaculaires de quelques sociétés qui travaillent sur la robotique chirurgicale. Tout cela, ce sont des signes qui montrent que le marché va évoluer.Propos recueillis par Julien Gagliardi
Je pense aussi que la France à tout les atouts pour réussir, que l'on pourrait renouer avec la croissance, rattraper notre retard.