LE COMBAT
Contrairement aux croyances conventionelles Américaines, les Français aiment se battre. Je les accompagnais lorsqu’ils ont envahi, avec l’aide des troupes Afghanes et d’une poignée d’Américains, une vallée tenue par les Talibans. Malgré les remarques des personnes n’ayant pas d’expérience auprès d’eux, les militaires Français ne fuient pas face au contact. Ils préfèrent avancer vers l’ennemi et tirer, beaucoup tirer.
Quand nous avons pris cette vallée, les Français ont tiré beaucoup de munitions. Ils ont arrosé avec des obus de mortiers, du 81 et 120mm. Ils ont tiré des missiles anti-char MILAN sur toutes les cibles valables. Leurs blindés ont explosé les enceintes tenues par les Talibans. Ils ont eu recours à beaucoup de frappes aériennes (toutes Américaines à l’époque, les avions français ne les ont soutenu que plus tard sur d’autres missions). Un des véhicules Français fut touché par un tir de RPG et son pilote tué. Les Français ont continué plutôt que de rester paralysés suite au décès. Une des choses qui m’a le plus touché fut de voir un groupe de soldats récupérer le corps de leur camarade décédé en l’extrayant du véhicule carbonisé plus tard dans la nuit.
Les Troupes de Montagnes furent engagées dans divers accrochages au cours de leur déploiment. Plusieurs furent long et intenses. Un fut gigantesque, impliquant plusieurs bataillons sur plusieurs jours. Les Marsouins Français ont été au contact plus de quatre vingt dix fois pendant leurs six mois de déploiement. Personne n’a bronché face au
combat.
Un des gros avantage des Français sur nous était leur utilisation des blindés. Nous sommes toujours convaincus qu’une force blindée est efficace pour vaincre des T-80 qui traversent la trouée de Fulda, mais pas pour se battre contre des insurgés en région montagneuse. Les Français avaient des AMX-10, des blindés à roues qui étaient parfaits pour les combats de contre-insurrection. Ils furent une aide nonnégligeable.
Une nuit avant une opération majeure, j’étais allongé à côté du périmètre du poste avancé. Je me suis endormi vers minuit. Et à trois heures, une énorme explosion me réveilla. Je restai sur mes gardes pendant un moment, puis demandai à un Marine en faction, “Qu’est ce que c’était ?”
Il me répondit, “Je ne sais pas mais quelque chose est passé au dessus de nos têtes.”
Quand le soleil se leva, je fus surpris de voir un AMX-10 au milieu d’une montagne derrière le poste avancé. Un équipage de blindé, courageux et/ou stupide, avait roulé sur un chemin étroit dans le noir et tiré sur quelques Talibans.
Je n’enviais pas le pauvre pilote qui avait dû négocier ce passage. Ou le chargeur qui, j’en suis sûr, avait dû aller à l’avant du blindé, sachant qu’une erreur pouvait faire dégringoler le véhicule jusqu’en bas de la montagne. Etant à l’origine tankiste, je peux vous dire que piloter ce blindé sur cette montagne est une chose que des lâches n’auraient pas faite.
FORME PHYSIQUE
Comme je l’ai mentionné avant, les Français ont une excellente condition physique. Je ne dis pas qu’ils pourraient surpasser une unité d’infanterie américaine typique, mais ils étaient en meilleure forme que ce que les Américains pouvaient penser. Cela nous a amené à une situation assez amusante avec une section d’éclaireurs Américains.
Mon ami m’a dit qu’en France, ils n’avaient que peu de véhicules disponibles pour l’entraînement. Si une unité avait besoin de tous ses véhicules de transport de troupes pour un exercice, elle devait dépouiller tout les véhicules de l’ensemble du bataillon. Ils avaient donc l’habitude de marcher partout, tout le temps. Et comme beaucoup d’Européens ils ont une vie moins sédentaire que nous. Les Troupes de Montagne gravissaient des pentes toute la semaine à l’entraînement. Ensuite, au cours des weekends, certains recommençaient ensemble pour leur plaisir. C’est leur façon de vivre.
Au cours d’une mission, les éclaireurs Américains d’une autre base devaient gravir une montagne pour mettre en place une position d’observation avec les Français. Un des capitaines français m’a plus tard avoué que les éclaireurs avaient exprimé des inquietudes concernant les capacités des Français (“Les gars, vous êtes certains d’être aptes? Vous pensez pouvoir tenir ?”). Le capitaine les assura que ses soldats seraient au point.
La mission débuta le matin suivant. Les éclaireurs US étaient trop chargés et commencèrent à ralentir après une centaine de mètres. Le capitaine me dit que ses hommes et lui-même durent récupérer un paquet de chargeurs et d’eau jetés par les éclaireurs. Et qu’ils eurent à les aider à parvenir au sommet. Les éclaireurs US ne dirent plus rien de mal après ça.
Le plus fou de mes amis était tireur d’élite dans un régiment des Troupes de Marine (qui appartiennent à l’Armée). C’était quelqu’un de pas très grand, 1m70 pour 68kg. Au cours des missions, il portait un gilet pare-balles standard, un fusil de précision de calibre 50 (12,7mm), un sac à dos avec tout le reste de son matériel et une MINIMI (désignation Française de la M249 SAW) dans les mains. Malgré le fait qu’il portait son propre poids, il refusait de prendre un FAMAS à la place de la MINIMI car il pensait avoir besoin d’une sérieuse puissance de feu si sa planque était découverte. Je suis allé plusieurs fois en mission avec son équipe et à chaque fois nous devions grimper trois heures ou plus dans le noir pour nous installer en observation. Je ne l’ai jamais vu ralentir malgré ses 70 kilos
d’équipement.
Un jour, la MINIMI du sniper s’est cassée au champ de tir. Il l’amena à l’armurerie mais il n’y avait aucune pièce pour la réparer. Il est alors venu me voir la veille d’une mission et m’a demandé si je pouvais trouver une autre SAW. Je lui ai dit que nous n’avions que des M4, des M14 et une mitrailleuse M240B.
Il se pinça les lèvres et me demanda, “Puis-je voir la mitrailleuse ?”
Une M240 est bien plus lourde qu’une MINIMI. Je pensais, il ne pourra jamais emporter une 240 et un fusil de sniper. Mais je lui ai dit, “Bien sûr, je vais te la montrer.”
Nous sommes allés dans la tente de mon équipe. Le sniper souleva la 240, évalua le poids. “C’est pas mal. Je peux voir les munitions ?”
Je lui ai passé une bandoulière d’une centaine de cartouches. Il hôcha la tête, et me dit, “Oui, ça sera très bien. Cent cartouches de chaque côté de mon pare-balles, cent autres chargées dans l’arme et trois cent de plus dans mon sac. Ca ne sera pas trop lourd. Je peux te l’emprunter s’il te plaît?”
J’inclinais ma tête. Le seul poids des munitions supplémentaires aurait presque achevé mon vieux dos de 38 ans. Le sniper, cependant, pouvait le faire. “Mec, tu es fou. Mais si tu la veux, vas-y.”
Nous avons amené l’arme jusqu’à sa tente. Plus tard, son chef d’escouade l’a vue et refusa qu’il l’emmène. Le sniper était deçu. Nou savions tout les deux qu’il était capable de porter un tel poids. Finalement, le chef d’escouade fit le bon choix. Pendant cette mission, une tempête de grèle nous surpris alors que nous étions sur un des sommets, tuant trois soldats Français. Cette mission fut l’une des expériences les plus physiques et les plus brutales que j’ai eu à vivre. Bien que peu chargé, j’ai eu beaucoup de mal à tenir. Mais je n’ai pas vu un seul des Marsouins lutter pour grimper jusqu’en haut de la montagne ou pour redescendre après la tempête, ou au cours de la longue marche pour sortir de la vallée. Je n’ai pas vu un seul d’entre eux reculer quand on nous a ordonné de revenir et de remonter la montagne dans cette vallée.