Page 1 sur 1

le procès de Francis Heaulme devient celui d'Henri Leclaire

Posté : 01 avril 2014 23:33
par tisiphoné
Simple témoin au procès du tueur en série accusé du meurtre de deux enfants à Montigny-lès-Metz en 1986, Henri Leclaire pourrait désormais être mis en examen.

Une cour d'assises peut offrir des scènes incongrues. Drôles parfois, à pleurer souvent, et pathétiques constamment. Ce qui s'est joué mardi matin devant celle de Metz, qui juge Francis Heaulme, est rare voire exceptionnel. Il y a là, dans ce box, un homme vieilli avec ses larges lunettes et ses lèvres si fines qu'elles disparaissent. Cette bête de foire, qu'on est venu voir. Ce tueur en série déjà reconnu coupable de neuf meurtres et qui, cette fois, affirme : "Montigny, c'est pas moi."

Et puis à la barre, cet "autre" souvent cité dans le dossier de Montigny-lès-Metz, celui de ces deux enfants, Alexandre Beckrich et Cyril Beining, 8 ans, retrouvés le crâne fracassé à coups de pierre sur un talus SNCF, le 28 septembre 1986. L'autre, c'est Henri Leclaire, un petit bonhomme rond, le crâne dégarni, les mains toujours croisées devant lui. Dès le début de sa déposition, cet enfant du pays se laisse guider par le président Steffanus. Henri Leclaire ne raconte rien, il répond par des "oui monsieur le président", "je sais pas", "je sais plus".

"J'ai dit n'importe quoi"

Sa vie d'il y a trente ans, se résume à son travail de manutentionnaire dans une imprimerie située en face de la ligne de chemin de fer où ont été retrouvés les enfants. Il balaye, vide les poubelles et remplit les bennes de papier. Henri Leclaire parle, avec ses mots, de ses dimanches après-midi passés avec son père, à la maison, "devant Jacques Martin et Le Petit Rapporteur", après leurs déjeuners pris au restaurant La Madelon. Un rituel. Le petit grain sable dans cette routine, ce sont ces "sales gosses" qui "rentraient dans les bennes, cherchaient des papiers et les laissaient traîner dans la rue". "Les gens se plaignaient au patron." Consciencieux, Henri Leclaire faisait des rondes, le samedi et le dimanche, pour surveiller et ramasser les petits bouts de papier, "pour éviter le bazar autour de l'entreprise".

"Vous étiez réglé comme du papier à musique, lance le président. Vous avez fait votre petit tour le 28 septembre 1986 ?"

-"Non, le dimanche j'y allais pas, j'étais avec mon père, à la maison, il ne me laissait pas sortir", se justifie Leclaire.

- "Sauf qu'on vous a vu y aller, et que vous-même, vous l'avez dit aux gendarmes et aux enquêteurs en 1986 et 2002".

- "J'y étais pas parce que j'étais chez moi, répond Leclaire. J'ai dit n'importe quoi", finit-il par proclamer après un long silence.

"Il était excédé par ces gosses"

Le président insiste, relit les déclarations, avec patience, sans le brusquer. Mais rien ne sort. La cour appelle alors "un mystérieux témoin de dernière minute". Christine Blindauer fait son entrée pour "poser son fardeau". Petite, ronde, le carré blond, cette épouse d'un avocat du barreau de Metz "regrette" de venir déposer aussi tard. "C'est un peu gênant de dire ça devant vous, mais j'en veux à mon mari qui m'a conseillé de ne pas en parler."

Il y a "un an, un an et demi", Henri Leclaire serait venu lui livrer des courses à son domicile et aurait évoqué la mort des enfants, expliquant qu'il leur avait "couru derrière", les auraient attrapés et secoués. Elle lève les bras pour mimer la scène, "la tête toute rouge, en sueur", de cet homme "en transe" "qui revit la scène" dans sa cuisine. "Il a bien insisté sur le fait qu'il était excédé par ces gosses", répète Christine Blindauer qui le questionne sur la mort des enfants. "Je ne les ai pas tués", lui répond Henri Leclaire, qui recouvre ses esprits avant de partir.

"Vous reconnaissez cette dame ?", questionne le président.

- "De vue (silence). Je l'ai rencontrée chez elle, j'allais la livrer. Je suis resté une heure ou deux chez elle", répond Leclaire.

- "Vous avez parlé de quoi ?"

- "Ch'ais pas. On a parlé du temps (silence). Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise, je m'en souviens pas".

- "Vous reconnaissez ce qu'elle dit ?"

- "Ce qu'elle dit, c'est vrai. Mais ce que je lui ai dit est faux".

- "Il est temps de dire ce que vous avez fait, monsieur Leclaire. Qu'est-ce que vous avez fait ? c'était un accident ?"

- "Je les ai pas tués, j'étais pas là".

- "C'était un accident M. Leclaire ?" (Silence)

"Du sang sur les mains, le pantalon et le tee-shirt"

Francis Heaulme, lui, s'est levé à la demande du président pour quitter le box des accusés et venir parler à la barre. Alors, Heaulme a tendu sa grande carcasse pour dire qu'il reconnaissait Henri Leclaire, cet "homme qui était près du talus ce dimanche de septembre", "du sang sur les mains, le pantalon et le tee-shirt". Le tueur reprend place dans le box pour disparaître derrière ses avocats. Et du dossier.

Invitée à réagir, Me Liliane Glock, avocate de Francis Heaulme, demande qu'un avocat soit nommé pour défendre M. Leclaire. "On est dans un commissariat", soutient-elle. En effet, son statut de simple témoin lui interdit tout droit de défense. "On ne sait plus qui est l'accusé", ajoute le conseil.

La cour après délibération décide en fin de journée, de reporter le procès à une session ultérieure. Peu avant, l'avocat général, qui demandait ce renvoi dans ses réquisitions, avait expliqué : "Ce sont des réquisitions difficiles à prendre, notamment au regard des parties. Des parties civiles, bien sûr, mais aussi de l'accusé, qui a le droit d'être jugé dans un délai raisonnable". La déposition de Christine Blindauer est "constituée d'éléments importants, de nature à laisser penser qu'il existe désormais des indices graves et concordants à l'encontre d'Henri Leclaire", s'était-il justifié, ajoutant : "Le temps est parfois le bon ennemi des investigations."

Re: le procès de Francis Heaulme devient celui d'Henri Leclaire

Posté : 02 avril 2014 05:25
par Crapulax
:XD: C'est une habitude en France du fait de tenir "le coupable idéal" pour lui faire endosser tous les malheurs du monde sur le dos.Vielle tradition Française qui aime désigner "des cibles". :XD:

Heureusement que la peine de Mort est abolie,oh que oui....... :XD:

Ce qui n'empeche en rien que Heaulme soit dangereux et bien fracassé du cigare.

Re: le procès de Francis Heaulme devient celui d'Henri Leclaire

Posté : 02 avril 2014 09:50
par gemmill
Crapulax a écrit : :XD: C'est une habitude en France du fait de tenir "le coupable idéal" pour lui faire endosser tous les malheurs du monde sur le dos.Vielle tradition Française qui aime désigner "des cibles". :XD:

Heureusement que la peine de Mort est abolie,oh que oui....... :XD:

Ce qui n'empeche en rien que Heaulme soit dangereux et bien fracassé du cigare.
bonjour Crapulax ;)

je me méfie de l'appelation "sérial killer".
trop pratique pour obliger a regarder ailleurs...

28 ans que cette affaire traine , et les familles toujours dans le doute.
c'est inadmissible.

Re: le procès de Francis Heaulme devient celui d'Henri Leclaire

Posté : 02 avril 2014 10:01
par sosthene
on a trouvé avec Francis haulme une bonne façon de se débarrasser de cette affaire qui a été un fiasco judiciaire et policier,pas de pot il y en a encore un petit grain de sable assez lamentable.

Re: le procès de Francis Heaulme devient celui d'Henri Leclaire

Posté : 02 avril 2014 16:52
par mordred
Certains parents des petits malheureux pensent toujours que Dils est coupable. Ce serait bien que la Vérité éclate. Et qu'elle reste inconnue pour Gregory.

Re: le procès de Francis Heaulme devient celui d'Henri Leclaire

Posté : 03 avril 2014 06:19
par Crapulax
gemmill a écrit : bonjour Crapulax ;)

je me méfie de l'appelation "sérial killer".
trop pratique pour obliger a regarder ailleurs...

28 ans que cette affaire traine , et les familles toujours dans le doute.
c'est inadmissible.
Bonjour Gemmill. ;)

Comme pour l'affaire concernant Emile Louis,les familles n'ont pas été plus avancées avec le procès de ce dernier.......