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Les 12 travaux d'Hercule Montebourg, ministre de l'Economie

Posté : 03 avril 2014 16:43
par PascalL
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Ministre du redresssement productif, un poste créé de toute pièces pour lui, c'était finalement assez cool. Comme la fonction n'existait pas avant, Arnaud Montebourg n'a pas hérité des dossiers et des chantiers d'un prédecesseur. Tout au plus s'est-il contenté d'intervenir en mode pompier pendant deux ans sur les dossiers les plus médiatisés.

Avec un succès mitigé, il faut bien le dire : Continental ? Usine fermée, avec au passage une belle passe d'armes entre Montebourg et un industriel américain, le patron de Titan, nous faisant passer pour pire que Cuba ou la Corée du Nord aux yeux des investisseurs étrangers. - 72 % d'investissements étrangers en France en 2013. Hasard ? Lejaby ? Fermée aussi, la reprise d'une micro-activité dans la lingerie de luxe par quelques anciennes. n'en finit pas d'agoniser. Florange ? Non seulement les hauts-fourneaux ont fermé, mais la loi dite Florange destinée à sanctionner les méchants patrons qui ferment une usine indument a été jugée anticonstitutionnnelle par les Sages.

1° Michel Sapin, le nouveau ministre des Finances a eu beau dire qu'il serait "le principal acteur" de la quête du Graal, les fameux 50 milliards d'euros d'économies à faire d'ici 2017, le dossier sera aussi sur le bureau d'Arnaud Montebourg. On compte sur lui pour déployer les trésors de diplomatie dont il est naturellement doté pour expliquer à ses collègues qu'ils devront se serrer (fort) la ceinture.

2° C'est Rebsamen qui récupère le job peu envié en ce moment de ministre du Travail et de l'Emploi, mais là encore, pas de travail et pas d'emploi sans croissance. Et la croissance, sa relance, c'est le job du ministre... de l'Economie. Au passage, comme il conserve le titre de ministre du "redressement productif", on espère qu'Arnaud Montebourg sera mieux armés dans son nouveau costume de chevalier de l'Eco pour convaincre : 1) les entreprises de ne pas fermer ou licencier, comme chez FagorBrandt ou 2000 emplois au moins sont en jeu 2) de maintenir l'emploi 3) rêvons, d'en créer.

3° Lors de la passation de pouvoirs, Pierre Moscovici a dit textuellement "nos amis des marchés financiers". Y en a quelques-uns qui ont du s'étrangler, et pas seulement place du Colonel Fabien. La Finance mondiale que François Hollande devait faire trembler est devenue un ami de Pierre Moscovici. Et donc, en lui passant le témoin, d'Arnaud Montebourg. Si les taux auxquels la France emprunte montent dans les semaines ou les mois à venir, le responsable, ce sera lui, personne d'autre.

4° L'Europe, l'Europe, l'Europe. Non, ce n'est pas sa tasse de thé à Montebourg, il est plutôt protectionniste dans l'âme. Mais à quelques semaines des élections européennes, pas le choix, il faut sauver le soldat PS, crédité de seulement 19 % des voix, loin derrière le Front national (22 %) et l'UMP (24 %). Montebourg n'a pas d'autre choix que de jouer à l'européen et à l'europhile convaincu et heureux de l'être.

5° Pour relancer la croissance, inverser la courbe du chômage, il faut oser toucher aux manettes. Pas question de laisser le bateau continuer à s'enfoncer dans l'eau. Il va falloir pomper les cales et relancer les machines. Autrement dit, sauver les entreprises qui peuvent l'être en arrêtant de les maintenir la tête sous l'eau à coup de charges et d'impôts, et les relancer en supprimant les carcans qui les entravent. Valls a donné des pistes : baisse des cotisations sociales, simplification du code du Travail. Au boulot.

6°Le déficit. Oui, c'est pas beau, 4,3 % en 2013 quand on avait promis un an plus tôt de faire 3,6 %, et s'était finalement engagé sur 4,1 %. Personne ne croit un instant que l'objectif des 3 % sera tenu en 2015. Bruxelles ne voudra rien entendre. Il va falloir être habile pour ne pas se mettre tout le monde à dos en essayant de faire passer, allez, un petit 3,3% en 2015 ? qui deviendra 3,6, mais c'est toujours mieux que 4,3%...

7° Les impôts ne pèsent pas que sur les entreprises, les ménages aussi sont assommés. 30 milliards d'impôts et taxes supplémentaires en deux ans ! Hollande a promis que les impôts baisseraient d'ici à 2017... L'année de l'élection présidentielle. Autrement dit, les impôts baisseront à partir de la mi-2016, et encore ne s'agira-t-il pour l'essentiel que d'une promesse sur l'avenir. Et d'ailleurs, ils baisseront peut-être, mais par rapport à quelle année ? 2015 ou 2013 ? Non, les impôts ne rentrent plus, il manque 15 milliards sur les recettes fiscales prévues l'an dernier, il va falloir innover. Soit en inventant de nouveaux impôts, on les en sait capables. Soit, en taillant dans les impôts existants et en faisant les économies correspondantes. Sinon, c'est Bruxelles et le FMI qui s'en chargeront.

8° Les banques ne font plus leur métier depuis 2008, et le faisaient bien mal avant, à savoir, financer l'économie. Il va falloir de sacrés trésors de persuasion à Arnaud Montebourg pour tordre habilement le bras des grands banquiers de la place et leur demander d'infléchir leur position. Et ce n'est pas la BPI, banque publique d'investissement voulue par Arnaud Montebourg, qui pourra le faire à leur place.

9° Ministre du redressement productif, il se voyait en Colbert, lançant à tour de bras des compagnies nationales. Dernière idée, relancer une compagnie nationale d'exploitation minière ! En revanche, que la réindustrialisation soit une priorité ne fait aucun doute. Le nouveau ministre de l'Economie va devoir convaincre des grands groupes d'ouvrir ou d'agrandir leurs usines en France. On attend de voir sortir le premier dossier. Sans être mauvaise langue, on risque d'attendre un peu.

10 ° L'Internet et les télécoms devaient être les moteurs de la croissance et de l'emploi, mais depuis l'explosion de la bulle Internet en 2001, on attend toujours de voir. Et comme Arnaud Montebourg a trouvé le moyen de se mettre à dos l'un des plus crédibles en la matière, à savoir Patrick Drahi, le patron de Numéricable, le premier cablo-opérateur français, qui a dans ses cartons un vrai grand projet industriel en rachetant SFR, les choses ne seront pas simples pour lui avec les barons du secteur. On imagine mal à un ministre de l'Economie, un vrai job, continuer à prendre aussi ostensiblement parti dans une affaire de droit commercial privé. A défaut, cela pourrait mal finir, devant la Justice !

11° Il faut sauver le soldat Pellerin. Depuis 48 heures, les poids lourds du numérique prennent fait et cause pour Fleur Pellerin que Arnaud Montebourg a obtenu de dégager du secrétariat d'Etat à l'économie numérique, fonction qui lui incombe désormais directement. Va-t-il céder et rappeler Fleur, ou tenir vent debout contre les barons du secteur qui avaient trouvé en elle une alliée ?

12° Le gaz de schiste. Ben oui, on le garde en douzième position pour rester discret, mais on sait Arnaud Montebourg favorable à l'exploitation du gaz de schiste, et en tout cas pour commencer à l'exploration des nappes, afin d'évaluer leur potentiel. Les verts ne sont plus au gouvernement mais restent dans la majorité, "vigilants". L'Energie et la transition énergétique sont entre les mains de Ségolène Royal. Un petit dîner pour en discuter Ségo ?
y'a du boulot .... :|