Christiane Taubira fait sauter son fusible sur les écoutes
Posté : 03 avril 2014 22:10
Christiane Taubira, accrochée dans l'affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy, a trouvé son fusible : sa directrice de cabinet est évincée.
Christine Maugüé, la directrice de cabinet de Christiane Taubira, n'est pas reconduite. La garde des Sceaux solde ainsi la polémique sur les écoutes judiciaires de Nicolas Sarkozy dans laquelle elle s'était empêtrée. Christine Maugüé paie l'addition, sur fond de tension avec sa ministre. La défense de la garde des Sceaux a consisté à s'abriter derrière les supposés cafouillages de son cabinet qui ne l'aurait pas informée de la mise sur écoute de l'ancien chef de l'État.
Un doute sérieux est permis quant à cette version des faits qui s'ajoute à toutes celles avancées par la garde des Sceaux. Ainsi, on voudrait nous faire croire que Christine Maugüé a eu connaissance des synthèses des écoutes le 26 février et aurait jugé non pertinent d'en informer sa ministre. Défense de rire... On peut penser que Christine Maugüé ne sera pas en mesure de contredire sa ministre, son mari étant Bernard Rullier, conseiller parlementaire de François Hollande à l'Élysée.
La tentation de la poésie
Christine Maugüé, énarque et universitaire, est entrée au service de Christiane Taubira le 22 mars 2013, après le départ du premier directeur de cabinet de la ministre, Christian Vigouroux. La nomination de Christiane Taubira fut une surprise en mai 2012, y compris pour elle-même. François Hollande avait d'abord pensé confier ce portefeuille à Jean-Michel Baylet, le chef de file des radicaux de gauche. Celui-ci fut empêché en raison d'une mise en examen. Christiane Taubira avait l'intention de quitter la politique pour se consacrer à la poésie, à la lecture. Un groupe musical avait d'ailleurs mis en musique ses poèmes. Une maquette avait été enregistrée. Le projet a été gelé dès lors que François Hollande l'appelait à rejoindre le gouvernement Ayrault.
Néophyte en matière de justice, la garde des Sceaux a été pourvue par l'Élysée d'un directeur de cabinet, Christian Vigouroux, rompu aux arcanes de l'institution judiciaire. En mars 2013, il préfère revenir au Conseil d'État. Les départs se sont d'ailleurs multipliés au sein du cabinet : la conseillère des politiques pénales (Valérie Sagant), le chef de cabinet (Jean-Louis Géraud), le conseiller diplomatique (Michel Debacq)... Christiane Taubira, femme de caractère, exigeante, ne prend pas de gants pour dire ce qu'elle pense. On peut le lui reprocher, mais il n'est pas certain que la magistrature et la chancellerie lui aient forcément facilité la tâche.
