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Concours d'innovation

Posté : 04 avril 2014 16:59
par Mister Polark
Le concours d'innovation d'Anne Lauvergeon ou comment mal concrétiser une bonne idée
François Hollande a lancé un "concours mondial d’innovation", dont l’initiative figurait dans le rapport de l'ancienne patronne d'Areva Anne Lauvergeon, remis au président en octobre dernier.


Une idée que je développe à longueur de chroniques depuis des mois est celle de la nécessité d'innovations de rupture et d'un rôle possible de l'Etat pour amener ces innovation, via le mécanisme d'un concours ou d'un prix pour l'innovation.

Ai-je donc bondi de bonheur à l'annonce d'un concours mondial d'innovation organisé par l'Etat français et chapeauté par Anne Lauvergeon ?

Au début, oui. Puis j'ai vite déchanté.

En réalité, cette approche du concours d'innovation est exactement contraire à celle qui est nécessaire et n'apportera strictement rien.

Pourquoi ?

Tout d'abord - et disqualifiant d'entrée - est le montant indigent des subventions. 200 000 euros pour commencer, puis 2 millions d'euros pour une poignée de projets.

Si on réfléchit à une innovation de rupture comme des meilleures batteries pour des véhicules électriques, ou de l'énergie photovoltaïque plus efficace, pourquoi ces innovations n'existent-elles pas ? Est-ce parce qu'il manque 2 millions d'euros pour investir ? Bien sûr que non. Le marché pour de telles innovations est gigantesque et les investisseurs sont là. A titre de comparaison, selon Chausson Finance, au premier semestre 2013, 421 millions d'euros ont été investis dans le capital risque en France. Ce ne sont pas quelques enveloppes de 2 millions d'euros qui vont changer quoi que ce soit.

Pour créer des innovations de rupture, il faut des chiffres de rupture. Il faut des chiffres qui créent une ruée vers l'or de la part des inventeurs, entrepreneurs et investisseurs. On parle de dizaine de milliards d'euros. (J'explique pourquoi ce n'est pas fou plus bas.)

Mais, surtout, c'est la méthode employée qui garantit l'échec du projet. En effet, un vrai concours d'innovations de rupture doit prendre la forme d'un prix. C'est-à-dire que deux critères doivent être remplis : le prix ne peut être versé qu'après la réalisation du projet ; et ce prix doit être fixé sur des critères objectifs.

Autrement dit, le prix prendrait la forme de : la première organisation ayant créé une batterie pouvant tenir dans tant de centimètres cubes et pouvant déployer tant de charge électrique, etc. recevra X milliards d'euros.

C'est essentiel pour la raison suivante : l'Etat n'est juste pas capable d'évaluer les mérites d'une innovation de marché, et n'est certainement pas capable d'être un investisseur à haut risque ou d'amorçage. Il se trompe toujours. Ce qu'il faut, c'est une grosse carotte pour que les investisseurs privés donnent les 200 000 euros et 2 millions d'euros dont les divers projets ont besoin de démarrer.

Ce caractère objectif et post facto du prix est le seul moyen de garantir que cet argent public serve à la création de vraies innovations de ruptures au lieu d'une politique industrielle ou d'un capitalisme de copinage ou d'un effet d'affichage (qui sont ce à quoi se limite le concours d'innovation adopté par le gouvernement). L'objectif est de créer le marché, pas de s'y substituer.

Ce caractère objectif et post facto permet également à l'Etat de dégager des financements énormes sans complexe : à partir du moment où l'invention est effectivement réalisée, l'Etat est sûr d'être gagnant en versant le prix. L'usage de la dette publique pour l'investissement est le seul sur lesquels s'accordent tous les observateurs économiques, et il s'agirait là d'un investissement “garanti” puisque des prix ne seraient versés qu'à des inventions réalisées. Des centaines de milliards de dette publique, les quelques dizaines qui seraient ainsi déboursées seraient les mieux dépensées. Et la croissance générée par de vraies innovations de rupture la renfloueraient rapidement (imaginons l'impact économique si, par exemple, la France devient la Silicon Valley de l'impression en 3D).

Voilà, en quelques mots, la structure que doivent prendre des prix d'innovation qui peuvent espérer créer de vraies innovations de rupture. Tout le reste n'est que bavardage et com'.
Source : http://www.atlantico.fr/rdv/nettoyeur/c ... 18873.html

L'avenir intéresse-t-il encore quelqu'un ? Inventaire des mesures folles et nécessairespour sauver la France
Cette semaine, le "nettoyeur" Pascal Emmanuel Gobry, propose au prochain Président un programme national de concours d'inventions pour relever les défis de demain.

Parfois, je me dis que j'aurais dû voter pour Cheminade. Bien sûr, je ne pouvais pas : Cheminade est le représentant en France du mouvement Larouchiste qui défend des propositions extrêmes et anti-républicaines. Mais voilà : comment ne pas être frappé par le fait que de tous les candidats du premier tour, ce petit candidat extrême et foldingue était le seul à parler... de l'avenir.

Il était le seul à parler de l'avenir et on s'est moqué de lui : il veut relancer la conquête spatiale, et on a répondu avec dérision que c'est un extraterrestre. Pourtant souvenons-nous : il n'y a pas si longtemps, la conquête spatiale était une grande source de fierté. L'agence spatiale européenne est une de ces grandes réussites européennes menées par la France.

Quel symbole ! Quel symptôme ! Parlez de l'avenir, ayez de l'ambition pour l'avenir, et on se moquera de vous. Les candidats “sérieux”, eux, veulent tous soit défendre l'existant soit revenir au passé.

Pourtant, aujourd'hui plus que jamais, c'est vers l'avenir qu'il faut orienter la politique de la France. Pour des raisons économiques : le problème central de la France est celui d'un manque de productivité (la perte de “compétitivité” étant un symptôme, pas une cause). Pour des raisons politiques et morales, surtout : la France dont le tissu social se déchire a besoin de retrouver un projet et une aspiration commune. La France n'est pas la France sans la grandeur, disait de Gaulle, et tout est devenu petit.

Alors, que faire ? En cette veille de second tour, voici ma proposition de programme au prochain président de la République - ça tombe bien, aucun des deux candidats n'a de programme. C'est un programme qui n'est ni de gauche ni de droite, donc il ira bien aux deux, s'ils veulent faire le pari de l'ambition et de l'avenir. C'est un programme grandiose, qui a l'audace du désespoir qui nous étreint, mais justement, c'est parce que cette proposition est si hors-norme qu'il faut la saisir.

De quoi s'agit-il ? Un programme national de concours d'inventions pour relever les défis de demain.

C'est-à-dire ? C'est-à-dire que l'Etat annoncera, après consultation nationale, une vingtaine ou cinquantaine de grands concours nationaux qui récompenseront des inventions relevant les défis de l'avenir. Le modèle est qui a notamment permis le lancement du premier véhicule spatial privé réutilisable.

Pourquoi ? Parce que le 21ème siècle présente des défis considérables, et que la France a clairement les ressources — scientifiques, humaines — pour apporter des réponses, mais ne sait pas les organiser. Parce que si la France doit relancer sa productivité (et donc l'emploi et le pouvoir d'achat) c'est par l'innovation que ça se fera. Parce que la France a besoin de projets d'avenir et d'orienter sa société vers l'avenir, pas vers la protection à tout prix du statu quo. Parce que le modèle du concours a montré son efficacité pour promouvoir des innovations en court-circuitant les institutions existantes et est particulièrement adapté pour libérer les énergies d'une France paralysée.

Quelques exemples d'objets de concours qui pourraient être retenus : la création d'une fusée orbitale dix fois moins chère que les modèles existant ; une voiture volante pratique ; une plateforme en ligne d'enseignement utilisable et disponible pour tous ; des traitements radicalement efficaces pour le cancer ou le SIDA ; une plateforme en ligne permettant à chacun de travailler autour de lui ; un avion de transport supersonique et consommant peu en carburant ; une plateforme en ligne permettant à chacun d'accéder à tous ses services publics en ligne de manière pratique et facile ; des énergies renouvelables abondantes et moins chères que le charbon ; des robots pouvant imiter le comportement humain ; des coopératives ouvrières avec plus de 1000 salariés ; une nouvelle organisation hospitalière ; des imprimantes en 3D peu chères et efficaces ; internet à très haut débit sans fil disponible partout.

Bref, une très grande ambition est nécessaire. Certains concours ne seront peut être jamais remportés : l'ambition sera posée, des gens tenteront, quelque chose restera. Mais beaucoup de ces inventions sont possibles ; beaucoup y travaillent déjà, notamment à la Silicon Valley, et elles sont nécessaires pour l'avenir de l'humanité. La France peut apporter sa pierre de manière décisive tout en retrouvant son âme.


Quelques règles importantes pour ce concours :

1- Les prix seront à la mesure de l'ambition et des investissements nécessaires. Les prix seront mesurés en milliards et centaines de millions d'euros. Le premier au concours gagnera dix fois plus que le deuxième, encourageant ainsi des innovations radicalement meilleures. Si ça devient un “gimmick” avec des prix de consolation, tout est perdu. Les prix attireront les capitaux privés nécessaires pour financer les investissements en amont. (Comment financer le prix ? Par la dette, bien sûr. S'il y a une utilité de la dette publique, c'est bien l'investissement ; par définition les prix ne seront versés que si l'innovation est réalisée, donc le rendement est garanti.)
2- Les règles seront clairement définies. Assez précises et objectives pour n'être pas contestables et, étant données les sommes, éviter toute perception de parti-pris dans l'attribution des prix, mais assez ouvertes pour permettre à de nombreuses approches de concourir. Equilibre délicat, mais faisable.
3- Le concours sera ouvert à tous. Rien ne serait pire que de réserver ce concours à des institutions existantes. Si le CNES, EADS et Polytechnique veulent concourir pour créer une nouvelle fusée, tant mieux pour eux, mais une équipe dans un garage devra aussi (surtout) pouvoir le faire. Chacun pourra prendre un an renouvelable de congé, sans perte de droits, pour participer à un concours ; les étrangers qualifiés seront plus qu'invités à venir participer.
4- Il ne s'agira pas d'innovations technologiques, mais aussi humaines. Beaucoup d'innovations seront de nature scientifique, mais il ne faut pas que seuls des ingénieurs puissent participer : chacun est concerné. Créer de nouveaux modèles d'enseignement, ou d'agriculture, ou de fourniture de services sont des défis humains. Il faut que chacun sache que le progrès ne viendra pas des autres et qu'il peut participer.


Ces concours nationaux s'accompagneront d'une exposition universelle, chaque année, pendant un mois autour du 14 juillet. Chaque année, la France (et le reste du monde) sera invitée à venir mesurer le progrès (ainsi que d'autres tentatives hors-concours), et aussi à prendre conscience de cette ambition qui nous concernera tous. Le cœur de l'exposition sera Paris, mais il faut des expositions dans chaque ville (d'ailleurs, pourquoi pas, en lien avec des concours régionaux, qui seront naturellement plus modestes mais devront toujours être ambitieux).

Programme fou ? Peut être. Mais y a-t-il pire folie que celle de persévérer toujours dans le chemin actuel et, au troisième millénaire, de ne pas saisir l'ambition de l'avenir ? Le prochain président, qui qu'il soit, sera évidemment raillé la première année s'il choisit ce programme. Mais je suis sûr qu'au bout de cinq ans, il aura transfiguré la France et assuré sa place dans les livres d'histoire.
Source : http://www.atlantico.fr/decryptage/aven ... l?page=0,2

Re: Concours d'innovation

Posté : 04 avril 2014 17:00
par Mister Polark
Cinq suggestions de politique économique pour le nouveau gouvernement

Fin de l'austérité, réforme fiscale, innovation, baisse des charges, immigration... Voici comment le nouveau gouvernement de Manuel Valls pourrait relancer l'économie française.


[...]

3. Des concours d'innovation d'envergure. En France, on aime la dépense publique, et on aime avoir un “Etat-stratège” qui va favoriser l'innovation. Il n'y a qu'un problème : ça ne marche pas, ou presque jamais. Le grand succès du colbertisme depuis la Libération, c'est l'énergie nucléaire. A part ça, on a eu le Concorde (merveille technologique dont personne n'a jamais voulu) et le Minitel (qui a juste retardé l'adoption d'internet et donc l'entrée de la France dans l'économie numérique). Comment résoudre la quadrature du cercle ? Au lieu que l'Etat soit le dirigeant des innovations, il doit en être le promoteur mais via un système décentralisé. Comment ? Par des concours d'innovations : des vrais, avec des prix de plusieurs milliards d'euros, pas quelques cacahuètes pour faire joli. De vraies innovations pour changer le monde et faire de la France la capitale mondiale de l'innovation.

[...]
Source : http://www.atlantico.fr/rdv/nettoyeur/c ... 32672.html

Re: Concours d'innovation

Posté : 04 avril 2014 17:04
par Lion blanc
Je me suis toujours demandé si le tire bouchon était une invention française.. :]

Re: Concours d'innovation

Posté : 04 avril 2014 17:09
par mordred
"... Parce que si la France doit relancer sa productivité (et donc l'emploi et le pouvoir d'achat) c'est par l'innovation que ça se fera."

Ah ? Et les économies au niveau de l'Etat (salaire de Mme AREVA divisé par deux par exemple) ? Et les baisses de charges ? Charges si hautes qu'elles empêchent bien des patrons d'embaucher ! Ces baisses de charges qui augmenteraient les salaires; donc la consommation !

Re: Concours d'innovation

Posté : 04 avril 2014 17:16
par Lion blanc
mordred a écrit : "... Parce que si la France doit relancer sa productivité (et donc l'emploi et le pouvoir d'achat) c'est par l'innovation que ça se fera."

Ah ? Et les économies au niveau de l'Etat (salaire de Mme AREVA divisé par deux par exemple) ? Et les baisses de charges ? Charges si hautes qu'elles empêchent bien des patrons d'embaucher ! Ces baisses de charges qui augmenteraient les salaires; donc la consommation !
Si on devenais pas vieux, qu'on ne soit jamais malade, et que les emplois étaient tous garantis, c'est sur qu'il n'y aurait pas besoin de payer des charges.. C'est dur d'être si faible.. :pleur4:

Re: Concours d'innovation

Posté : 04 avril 2014 17:36
par avrilou
Lion blanc a écrit : Je me suis toujours demandé si le tire bouchon était une invention française.. :]
:hehe: :super: :hehe:
Après le sonotone c'est une des plus belles inventions, dommage que peu de gens connaissent...
::d :ange: ;-)

Re: Concours d'innovation

Posté : 04 avril 2014 17:36
par Mister Polark
Lion blanc a écrit : Je me suis toujours demandé si le tire bouchon était une invention française.. :]
C'est Anglais, enfin, je crois
mordred a écrit : "... Parce que si la France doit relancer sa productivité (et donc l'emploi et le pouvoir d'achat) c'est par l'innovation que ça se fera."

Ah ? Et les économies au niveau de l'Etat (salaire de Mme AREVA divisé par deux par exemple) ? Et les baisses de charges ? Charges si hautes qu'elles empêchent bien des patrons d'embaucher ! Ces baisses de charges qui augmenteraient les salaires; donc la consommation !
Ils y a peu de chance qu'il y ai une baisse des charges, et de grande économie. Néanmoins, même si ça arrivait, ça permettrait quoi ? D'innover plus facilement, l'innovation, c'est l'avenir.


Sinon, concernant, les articles, je suis d'accord avec ce qui est dit

Re: Concours d'innovation

Posté : 05 avril 2014 18:34
par mordred
Parcours d'un innovateur.
Un gars qui était salarié dans une boite de services informatiques, début des années 80.
La boite fait faillite (patron un peu charlot).
Le gars est embauché au siège brestois d'une grosse enseigne de supermarchés. L'enseigne est rachetée. La porte pour le gars.
Avec un quinzaine de collègues de l'ex-siège, il monte une boite d'informatique. Ensembles, ils mettent au point des logiciels et du matériel pour les caisses de supermarchés (caisses reliées aux ordinateurs centraux). En très peu d'années, ils sont passés à 200 salariés et travaillent avec l'Etranger.
Le gars a revendu la boite. Il habite toujours dans le coin.

Mme Lauvergeon n'a jamais fait cela et ne fera jamais ça de sa vie. Mon type n'a pas eu besoin de ses conseils.

Y'a pas que des cons à Brest ! :XD:

Re: Concours d'innovation

Posté : 05 avril 2014 18:42
par sacamalix
mordred a écrit :
Y'a pas que des cons à Brest ! :XD:
C'est vrai, mais il paraît qu'il ne pleut que sur eux (et quand on a vu Brest, on peut se poser des questions ::d ::d )