Aubry tacle Hollande et déjoue les plans de l'UMP
Posté : 18 avril 2014 19:51
L'UMP n'a pas réussi à rafler la présidence de la communauté urbaine de Lille, les socialistes ayant soutenu le candidat centriste Damien Castelain.
Pour Martine Aubry, pas de doute : l'échec de la gauche à Lille s'explique en partie par "un refus de la politique nationale que les Français ne comprennent pas". Avant de prendre part au vote de la communauté urbaine de Lille (Lille Métropole), l'ancienne première secrétaire du PS a adressé un tacle en direction de François Hollande et du gouvernement socialiste. "Nous avons fait des erreurs dans un certain nombre de villes", a-t-elle toutefois concédé. La maire de Lille vient de perdre son siège de présidente de la communauté urbaine lilloise. Mais elle a fait barrage au député UMP Bernard Gérard, président du groupe MCU. L'année 2014 devait pourtant être l'année de l'UMP à Lille Métropole, après que Tourcoing et Roubaix, notamment, ont basculé à droite lors des dernières municipales.
"Si la gauche n'a pas gagné, force est de constater que la droite classique n'a pas non plus la majorité", a commenté Martine Aubry, qui n'a présenté aucun candidat. Avec le soutien des socialistes et des Verts, Damien Castelain, maire de Péronne-en-Mélantois, une commune de moins de 900 habitants, accède donc à la présidence de la communauté urbaine. Le candidat sans étiquette, mais à la tête du groupe de centre droit Métropole passion commune (MPC), a ainsi recueilli 108 voix. Une victoire éclatante, la majorité absolue étant fixée à 88 voix. La maire de Lille a affirmé qu'elle avait "beaucoup de convictions communes" avec le groupe centriste, avec lequel elle a collaboré à la Lille Métropole ces dernières années.
Trahison ?
Le vote s'est déroulé dans une ambiance tendue. Deux jours avant l'élection, les groupes MPC et MCU cherchaient encore un accord. Bernard Gérard craignait que les socialistes ne jouent les arbitres d'un match à droite. "Si ceux qui ont perdu sont les arbitres du scrutin, il y a un problème de démocratie, je m'excuse de le dire", déclarait-il à La Voix du Nord. C'est bel et bien ce qui s'est passé. "Des combinaisons improbables mènent au vote contestataire", prévenait-il vendredi matin. Son argument n'a pas convaincu. Et le groupe MCU, avant de voter, d'attaquer frontalement Damien Castelain. "C'est la marionnette du PS. C'est le candidat du PS, car il n'y en a pas d'autres. Le Parti socialiste use de combines politiciennes", entendait-on dans les rangs de l'UMP.
Des remarques qui ont fait sortir de ses gonds la maire de Lille. "Une métropole n'est pas un guichet derrière lequel tout le monde vient chercher son dû en échange d'un vote. Je me suis toujours refusée à cette politique", a-t-elle lâché. "Ne pas entrer dans les combines, ça aurait été de présenter un candidat socialiste. Martine Aubry voulait juste ne pas être battue par un UMP", a rétorqué Thierry Pauchet, chef de file de l'UDI lillois, dont les voix se sont dispersées entre les différents groupes.
Damien Castelain a affirmé qu'il jugerait les projets en fonction de leur "valeur", et pas en fonction de leur "couleur". "Je ne suis ni le plan B de la gauche ni le plan C de la droite. Je suis le plan A pour Métropole passion commune", a-t-il poursuivi. Cela ne suffira certainement pas à calmer les rancoeurs. Le bureau exécutif de la communauté urbaine doit être composé d'ici une quinzaine de jours. D'ici là, l'UMP ne sait pas encore si elle se situe dans l'opposition ou non. "Tout dépendra du contrat de gouvernance et de la composition de l'exécutif", confie le sénateur UMP Jean-René Lecerf.
Bernard Gérard, lui, avait prévenu : "Le message des électeurs [aux municipales, NDLR] est clair. Ils veulent une alternance. Ne pas respecter ce message, ce serait une offense au suffrage universel."
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