General Electrics VS Montebourg
Posté : 26 avril 2014 19:52
General Electric veut conclure le rachat de l'énergie d'Alstom dès ce dimanche
Selon nos informations, le PDG de General Electric rencontrera François Hollande dimanche, avant un conseil d'administration d'Alstom. L'entourage du président précise que le gouvernement sera «vigilant» sur l'emploi, la localisation des activités et l'indépendance énergétique.
Arnaud Montebourg et le gouvernement réussiront-ils à faire plier Alstom, Bouygues et General Electric? Avec le soutien du groupe Bouygues, Patrick Kron, le PDG d'Alstom, prépare la cession de l'ensemble de l'activité énergie de son groupe au conglomérat américain General Electric, pour un montant de 10 milliards d'euros. Le groupe ne garderait que l'activité transport, qui n'intéresse pas l'américain, ce qui permettrait de conserver le TGV tricolore. Le projet est si avancé qu'il pourrait être accepté, selon nos informations, par un conseil d'administration d'Alstom convoqué ce dimanche en fin de journée.
Une perspective que le ministère de l'Économie cherche de toutes ses forces à empêcher. «Le gouvernement travaille à d'autres solutions et éventualités que celles imaginées seuls et sans que le gouvernement n'en ait été informé par Alstom», assurait-il vendredi. Confiant son désarroi à nos confrères du Monde, juste avant un entretien prévu le matin avec le premier ministre, Arnaud Montebourg semblait en avoir gros sur le cœur, assurant avoir appris par la presse les projets de General Electric. Pourtant, Clara Gaymard, présidente de la filiale française du géant américain, avait prévenu Arnaud Montebourg des discussions mi-février, lors de la visite de François Hollande aux États-Unis. Sans forcément lui livrer tous les détails, alors loin d'être finalisés…
«C'est une posture d'Arnaud Montebourg, assure un bon connaisseur d'Alstom. Le ministère du Redressement productif travaille depuis des mois sur l'avenir du groupe.» Sans avoir trouvé de solution pour le moment.
Préserver l'emploi en France
À Bercy, on reste persuadé que Patrick Kron est rentré précipitamment jeudi en jet privé à Paris à cause de la publication par Bloomberg d'une dépêche consacrée à un projet d'OPA de General Electric sur Alstom. Le cabinet du ministre de l'Économie est même allé cueillir le PDG à l'aéroport du Bourget, afin de l'accompagner en urgence pour un entretien à Bercy avec Arnaud Montebourg. Et Patrick Kron s'est ensuite rendu à l'Élysée pour une rencontre avec Emmanuel Macron, le secrétaire général adjoint de la présidence de la République.
En fait, si le PDG d'Alstom est rentré de New York, où il était parti négocier avec General Electric, c'est surtout que le groupe américain avait remis son offre de rachat de l'activité énergie. Et qu'en conséquence, les administrateurs d'Alstom ont été conviés mercredi soir à un premier conseil d'administration, qui s'est tenu vendredi après-midi au siège du groupe, à Levallois-Perret. Un second conseil est prévu dimanche, et le groupe Alstom devrait communiquer dans la foulée son entrée en négociations exclusives avec General Electric.
«Il s'agit de prendre de vitesse le gouvernement», explique un bon connaisseur du dossier. En attendant, Arnaud Montebourg a reçu vendredi en fin d'après-midi Clara Gaymard. Et une rencontre est programmée avec Jeff Immelt, le PDG de General Electric. Bien décidé à accélérer le processus, ce dernier a décidé vendredi matin de venir tout spécialement des États-Unis. Selon nos informations, il rencontrera François Hollande dès dimanche, avant le conseil d'administration d'Alstom. Afin de faire passer la pilule au gouvernement, le patron de General Electric devrait s'engager à renforcer le pôle R & D d'Alstom à Belfort et de préserver l'emploi en France. Samedi, l'entourage du président de la République a affirmé que le gouvernement serait «vigilant» sur «trois points»: «l'emploi, la localisation des activités et l'indépendance énergétique».
Les solutions alternatives semblent difficiles à mettre en œuvre
Pris de vitesse, le gouvernement aura bien du mal a empêcher l'opération. «Nous avons un certain nombre d'autres solutions qui peuvent s'ouvrir, assurait Arnaud Montebourg vendredi après-midi. Il est bien trop tôt pour les évoquer, nous avons du temps devant nous. Et je crois que ce dossier doit être abordé avec calme et sérénité.» En fait, son entourage est bien plus prudent. Tout en martelant qu'«Arnaud Montebourg est très attentif à faire émerger des alternatives» à General Electric, il balaie d'un revers de main toutes les hypothèses avancées par Le Monde, d'un rapprochement avec Siemens, Areva ou Schneider à la constitution d'un tour de table associant l'État et un groupe industriel.
Par ailleurs, les solutions alternatives, qui auraient permis non pas d'empêcher une cession à General Electric, mais d'en réduire le périmètre, et de garder sous pavillon français un peu plus d'activités, semblent tout aussi difficiles à mettre en œuvre. Céder au groupe français Schneider Electric l'ex-activité transmission d'Areva T & D, rachetée en 2009? Schneider n'est pas intéressé. Areva, en revanche, serait tenté de récupérer l'activité éoliennes offshore d'Alstom. Celle-ci n'intéresserait pas General Electric, qui s'est désengagé du secteur il y a plusieurs années. Areva et Alstom sont en lice pour décrocher deux champs au large des côtes françaises dans le cadre du second appel d'offres éolien offshore. «Constituer un seul acteur pour ce type de produit ferait du sens, surtout que General Electric ne considère pas le segment des turbines éoliennes comme une priorité, commente un spécialiste du secteur. Mais il s'agit d'une industrie ultracapitalistique qui augmenterait encore les besoins de financement d'Areva, or la conjoncture dans le renouvelable est difficile actuellement.» Dans ce cas, c'est le gouvernement qui s'oppose à un tel rachat, considérant qu'Areva est mobilisé par d'autres chantiers et n'est pas sorti de la période post-Fukushima qui a conduit l'industrie de l'atome à se réorganiser.
Afin de gagner du temps pour trouver une solution alternative qui tienne la route, le gouvernement pourrait invoquer le caractère stratégique d'Alstom pour retarder la cession, ou s'appuyer sur la réglementation boursière afin d'obliger General Electric à lancer une OPA sur l'ensemble du capital. Du calme et de la sérénité, il en faudra au gouvernement pour passer le week-end...
Alstom: une offre concurrente à celle de General Electric "se prépare" chez Siemens
Le géant industriel allemand Siemens s'apprête à faire une offre concurrente à celle de l'américain General Eletric pour l'acquisition d'une partie des activités d'Alstom, a-t-on appris samedi de source proche du dossier.
"Une offre de Siemens se prépare", a indiqué cette source à la veille de la venue à Paris du PDG de General Electric pour des discussions en vue de l'acquisition de la division énergie d'Alstom, un des fleurons industriels français.
Ni les responsables de Siemens ni ceux de General Electric n'étaient immédiatement joignables pour commenter l'information.
Le gouvernement veut des garanties
L'opération vise l'achat des actifs du groupe français liés à l'énergie (équipements pour centrales thermiques, lignes à haute tension, énergies renouvelables, soit les divisions "Power" et "Grid"), qui représentent plus de 70% de l'activité d'Alstom et un chiffre d'affaires de 14 milliards d'euros. La transaction est estimée à quelque 10 milliards d'euros, selon la presse.
Bien que l'Etat ne soit plus actionnaire de l'entreprise depuis 2006, le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg s'est invité dans le dossier, recevant toutes les parties au nom de la nécessité de prémunir la France du risque de perdre un centre de décision et d'éventuels emplois.
Le gouvernement entend obtenir des garanties sur trois points "l'emploi, la localisation des activités et l'indépendance énergétique", a-t-on indiqué dans l'entourage de François Hollande.
General Electric bien implanté en France
Le conglomérat industriel américain General Electric, dont le PDG est attendu dimanche à Paris pour tenter de finaliser le rachat d'une partie des activités du groupe Alstom, est pour sa part déjà bien implanté en France.
Le groupe a dégagé un chiffre d'affaires de 7,8 milliards d'euros 2011 dans l'Hexagone, dont 5,6 milliards d'euros proviennent de l'industrie. Il emploie 11.000 salariés en France (au total 305.000 dans le monde).
Le groupe, qui se présente comme l'un des 50 acteurs économiques les plus importants du pays, est dirigé en France par Clara Gaymard, également vice-présidente de GE International et épouse d'Hervé Gaymard, ancien ministre de l'Agriculture (2002-2004) puis de l'Economie et des Finances (2004-2005).
Il est présent dans une vingtaine de grandes villes du pays, à la fois dans l'énergie, les technologies médicales, les services financiers et les médias. Ses trois principaux sites de production sont à Belfort (GE Energy), à Buc (GE Healthcare) et au Creusot (GE Oil&Gas).
On savait que du coté de Montebourg, on aimait pas vraiment l'idée de vendre la filière énergétique de Alstom à GE. On a appris dans l'après-midi que tout pourrait se finaliser très vite. Et là, voila qu'on apprend que Siemens rentre dans le jeu. Je serai pas surpris d'apprendre que c'est Montebourg qui a poussé Siemens.
Espérons que cette offre est sérieuse et que ce n'est pas juste une manière pour Montebourg de gagner du temps...
Espérons que si offre de Siemens il y a, elle sera examinée sur les mêmes critères que celle de GE...
