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General Electrics VS Montebourg

Posté : 26 avril 2014 19:52
par le parisien
General Electric veut conclure le rachat de l'énergie d'Alstom dès ce dimanche


Selon nos informations, le PDG de General Electric rencontrera François Hollande dimanche, avant un conseil d'administration d'Alstom. L'entourage du président précise que le gouvernement sera «vigilant» sur l'emploi, la localisation des activités et l'indépendance énergétique.

Arnaud Montebourg et le gouvernement réussiront-ils à faire plier Alstom, Bouygues et General Electric? Avec le soutien du groupe Bouygues, Patrick Kron, le PDG d'Alstom, prépare la cession de l'ensemble de l'activité énergie de son groupe au conglomérat américain General Electric, pour un montant de 10 milliards d'euros. Le groupe ne garderait que l'activité transport, qui n'intéresse pas l'américain, ce qui permettrait de conserver le TGV tricolore. Le projet est si avancé qu'il pourrait être accepté, selon nos informations, par un conseil d'administration d'Alstom convoqué ce dimanche en fin de journée.

Une perspective que le ministère de l'Économie cherche de toutes ses forces à empêcher. «Le gouvernement travaille à d'autres solutions et éventualités que celles imaginées seuls et sans que le gouvernement n'en ait été informé par Alstom», assurait-il vendredi. Confiant son désarroi à nos confrères du Monde, juste avant un entretien prévu le matin avec le premier ministre, Arnaud Montebourg semblait en avoir gros sur le cœur, assurant avoir appris par la presse les projets de General Electric. Pourtant, Clara Gaymard, présidente de la filiale française du géant américain, avait prévenu Arnaud Montebourg des discussions mi-février, lors de la visite de François Hollande aux États-Unis. Sans forcément lui livrer tous les détails, alors loin d'être finalisés…

«C'est une posture d'Arnaud Montebourg, assure un bon connaisseur d'Alstom. Le ministère du Redressement productif travaille depuis des mois sur l'avenir du groupe.» Sans avoir trouvé de solution pour le moment.


Préserver l'emploi en France

À Bercy, on reste persuadé que Patrick Kron est rentré précipitamment jeudi en jet privé à Paris à cause de la publication par Bloomberg d'une dépêche consacrée à un projet d'OPA de General Electric sur Alstom. Le cabinet du ministre de l'Économie est même allé cueillir le PDG à l'aéroport du Bourget, afin de l'accompagner en urgence pour un entretien à Bercy avec Arnaud Montebourg. Et Patrick Kron s'est ensuite rendu à l'Élysée pour une rencontre avec Emmanuel Macron, le secrétaire général adjoint de la présidence de la République.

En fait, si le PDG d'Alstom est rentré de New York, où il était parti négocier avec General Electric, c'est surtout que le groupe américain avait remis son offre de rachat de l'activité énergie. Et qu'en conséquence, les administrateurs d'Alstom ont été conviés mercredi soir à un premier conseil d'administration, qui s'est tenu vendredi après-midi au siège du groupe, à Levallois-Perret. Un second conseil est prévu dimanche, et le groupe Alstom devrait communiquer dans la foulée son entrée en négociations exclusives avec General Electric.

«Il s'agit de prendre de vitesse le gouvernement», explique un bon connaisseur du dossier. En attendant, Arnaud Montebourg a reçu vendredi en fin d'après-midi Clara Gaymard. Et une rencontre est programmée avec Jeff Immelt, le PDG de General Electric. Bien décidé à accélérer le processus, ce dernier a décidé vendredi matin de venir tout spécialement des États-Unis. Selon nos informations, il rencontrera François Hollande dès dimanche, avant le conseil d'administration d'Alstom. Afin de faire passer la pilule au gouvernement, le patron de General Electric devrait s'engager à renforcer le pôle R & D d'Alstom à Belfort et de préserver l'emploi en France. Samedi, l'entourage du président de la République a affirmé que le gouvernement serait «vigilant» sur «trois points»: «l'emploi, la localisation des activités et l'indépendance énergétique».


Les solutions alternatives semblent difficiles à mettre en œuvre

Pris de vitesse, le gouvernement aura bien du mal a empêcher l'opération. «Nous avons un certain nombre d'autres solutions qui peuvent s'ouvrir, assurait Arnaud Montebourg vendredi après-midi. Il est bien trop tôt pour les évoquer, nous avons du temps devant nous. Et je crois que ce dossier doit être abordé avec calme et sérénité.» En fait, son entourage est bien plus prudent. Tout en martelant qu'«Arnaud Montebourg est très attentif à faire émerger des alternatives» à General Electric, il balaie d'un revers de main toutes les hypothèses avancées par Le Monde, d'un rapprochement avec Siemens, Areva ou Schneider à la constitution d'un tour de table associant l'État et un groupe industriel.

Par ailleurs, les solutions alternatives, qui auraient permis non pas d'empêcher une cession à General Electric, mais d'en réduire le périmètre, et de garder sous pavillon français un peu plus d'activités, semblent tout aussi difficiles à mettre en œuvre. Céder au groupe français Schneider Electric l'ex-activité transmission d'Areva T & D, rachetée en 2009? Schneider n'est pas intéressé. Areva, en revanche, serait tenté de récupérer l'activité éoliennes offshore d'Alstom. Celle-ci n'intéresserait pas General Electric, qui s'est désengagé du secteur il y a plusieurs années. Areva et Alstom sont en lice pour décrocher deux champs au large des côtes françaises dans le cadre du second appel d'offres éolien offshore. «Constituer un seul acteur pour ce type de produit ferait du sens, surtout que General Electric ne considère pas le segment des turbines éoliennes comme une priorité, commente un spécialiste du secteur. Mais il s'agit d'une industrie ultracapitalistique qui augmenterait encore les besoins de financement d'Areva, or la conjoncture dans le renouvelable est difficile actuellement.» Dans ce cas, c'est le gouvernement qui s'oppose à un tel rachat, considérant qu'Areva est mobilisé par d'autres chantiers et n'est pas sorti de la période post-Fukushima qui a conduit l'industrie de l'atome à se réorganiser.

Afin de gagner du temps pour trouver une solution alternative qui tienne la route, le gouvernement pourrait invoquer le caractère stratégique d'Alstom pour retarder la cession, ou s'appuyer sur la réglementation boursière afin d'obliger General Electric à lancer une OPA sur l'ensemble du capital. Du calme et de la sérénité, il en faudra au gouvernement pour passer le week-end...


Alstom: une offre concurrente à celle de General Electric "se prépare" chez Siemens


Le géant industriel allemand Siemens s'apprête à faire une offre concurrente à celle de l'américain General Eletric pour l'acquisition d'une partie des activités d'Alstom, a-t-on appris samedi de source proche du dossier.

"Une offre de Siemens se prépare", a indiqué cette source à la veille de la venue à Paris du PDG de General Electric pour des discussions en vue de l'acquisition de la division énergie d'Alstom, un des fleurons industriels français.

Ni les responsables de Siemens ni ceux de General Electric n'étaient immédiatement joignables pour commenter l'information.


Le gouvernement veut des garanties

L'opération vise l'achat des actifs du groupe français liés à l'énergie (équipements pour centrales thermiques, lignes à haute tension, énergies renouvelables, soit les divisions "Power" et "Grid"), qui représentent plus de 70% de l'activité d'Alstom et un chiffre d'affaires de 14 milliards d'euros. La transaction est estimée à quelque 10 milliards d'euros, selon la presse.

Bien que l'Etat ne soit plus actionnaire de l'entreprise depuis 2006, le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg s'est invité dans le dossier, recevant toutes les parties au nom de la nécessité de prémunir la France du risque de perdre un centre de décision et d'éventuels emplois.

Le gouvernement entend obtenir des garanties sur trois points "l'emploi, la localisation des activités et l'indépendance énergétique", a-t-on indiqué dans l'entourage de François Hollande.


General Electric bien implanté en France

Le conglomérat industriel américain General Electric, dont le PDG est attendu dimanche à Paris pour tenter de finaliser le rachat d'une partie des activités du groupe Alstom, est pour sa part déjà bien implanté en France.

Le groupe a dégagé un chiffre d'affaires de 7,8 milliards d'euros 2011 dans l'Hexagone, dont 5,6 milliards d'euros proviennent de l'industrie. Il emploie 11.000 salariés en France (au total 305.000 dans le monde).

Le groupe, qui se présente comme l'un des 50 acteurs économiques les plus importants du pays, est dirigé en France par Clara Gaymard, également vice-présidente de GE International et épouse d'Hervé Gaymard, ancien ministre de l'Agriculture (2002-2004) puis de l'Economie et des Finances (2004-2005).

Il est présent dans une vingtaine de grandes villes du pays, à la fois dans l'énergie, les technologies médicales, les services financiers et les médias. Ses trois principaux sites de production sont à Belfort (GE Energy), à Buc (GE Healthcare) et au Creusot (GE Oil&Gas).

On savait que du coté de Montebourg, on aimait pas vraiment l'idée de vendre la filière énergétique de Alstom à GE. On a appris dans l'après-midi que tout pourrait se finaliser très vite. Et là, voila qu'on apprend que Siemens rentre dans le jeu. Je serai pas surpris d'apprendre que c'est Montebourg qui a poussé Siemens.
Espérons que cette offre est sérieuse et que ce n'est pas juste une manière pour Montebourg de gagner du temps...
Espérons que si offre de Siemens il y a, elle sera examinée sur les mêmes critères que celle de GE...

Re: Alstom, General Alectrics, Montebourg, Hollande, Siemens...

Posté : 26 avril 2014 19:54
par sosthene
Si il a la même efficacité que pour Florange l'affaire est faite,on verra,mais je vois pas très bien comment il peux convaincre les actionnaires

Re: General Electrics VS Montebourg

Posté : 26 avril 2014 20:09
par apolitique
Bref encore un des rares fleurons qui reste, qui va passer dans des mains étrangères... :cry:

Re: General Electrics VS Montebourg

Posté : 26 avril 2014 20:13
par bigboul
Il me semble que ton sujet rejoint celui-là : http://www.forum-actualite.com/debats/a ... 29254.html

Re: General Electrics VS Montebourg

Posté : 26 avril 2014 21:10
par LOFOTEN
Plus aucun industriel , ou actionnaires..., ne veulent investir e France :icon_clap:

Nous avons vu tout juste......euh ...plutôt nos politiques depuis longtemps .

Re: General Electrics VS Montebourg

Posté : 26 avril 2014 21:21
par Mister Polark
Alstom et la "vigilance patriotique" face au géant GE : la méthode française de protection de nos intérêts stratégiques est-elle vraiment efficace ?

L’américain General Electrics lorgne du côté du français Alstom Energie, pour la plus grand inquiétude du ministre de l'Economie Arnaud Montebourg, qui a déclaré faire preuve de "vigilance patriotique".



Atlantico : C'est confirmé, l'américain General Electric a bien des vues sur la filière énergie du français Alstom, soit 73% de son activité, à hauteur de 10 milliards d'euros environ. Le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg a convoqué en urgence le PDG Patrick Kron pour s’entretenir de la question avec lui. Quel est l'intérêt de la France à défendre certaines entreprises, et quels risques court-elle si elle n'y parvient pas ?

Alain Fabre : Défendre ses entreprises pour des raisons stratégiques est parfaitement légitime d’un point de vue libéral. Les Etats-Unis le font, les Allemands, les Britanniques aussi. Pensons aux golden shares de Mme Thatcher qui avait prévu des droits spécifiques, y compris le veto, pour l’Etat à l’occasion des opérations de privatisations. Les exceptions à la règle font partie de ce qui la renforce. Ce n’est pour autant ni du protectionnisme, encore moins du colbertisme comme le soutiennent trop légèrement les Français. Il y a des secteurs comme l’énergie ou la défense qui se différencient d’autres types d’activité, en ce qu’ils mettent en jeu le rôle de l’Etat sur le fonctionnement de l’économie. Au moment de la crise de 2008, il était parfaitement fondé malgré certains égarements du secteur financier, d’éviter la faillite des banques en raison de leur caractère systémique. Il faut éviter en reprenant la formule de Nicolas Baverez la France ne limite pas aux mots de la puissance mais aussi à ses moyens. Dans bien des cas, les proclamations de patriotisme économique sont le masque de l’impuissance et de la défensive. Arnaud Montebourg et le Premier ministre sont dans leur rôle quand ils interviennent dans une opération de cette importance. Mais il faut que l’intervention soit réaliste et crédible. Je crains surtout l’agitation brouillonne, le registre bretteur. Les pouvoirs publics sont légitimes à parler et à agir mais il faut le faire avec des objectifs et des moyens crédibles.


En quoi l’activité d’Alstom Energie est-elle stratégique au point de nécessiter une intervention de l’Etat ?

Alstom fait partie de ces conglomérats industriels construits autour de l’Etat et d’une économie dirigée. Il est au cœur de la spécialisation industrielle française telle qu’elle a été modulée à l’origine par le colbertisme industriel autour de la commande publique. Les turbines à gaz et le ferroviaire font partie des avantages comparatifs français majeurs, une spécialisation voulue et structurée autour de la conception française de la politique industrielle. Les soustraire à un centre de décision peut donc comporter un risque de leur rationalisation ou de leur dilution dans un ensemble où l’Etat et la France auront perdu la main. Alstom comme beaucoup d’autres groupes du même type, ont été construits sur des logiques d’économie fermée. Ce sur quoi le groupe bute mais qui est la condition de sa survie c’est sa projection sur les marchés mondiaux alors que les atouts dans son jeu s’émoussent : le TGV reste surtout un marché français et les turbines à gaz subissent les baisses de commandes de centrales au gaz des grands donneurs d’ordres européens.


Publicis et Lafarge sont de leur côté sur le point de transférer leurs sièges sociaux à l'étranger à la suite de fusions transnationales, et on se souvient d’Usinor avalé par Arcelor. Peut-on faire un bilan des tentatives passées d’interventions du gouvernement ? Comment expliquer l'incapacité de la France à garder dans son giron certaines de ses activités les plus stratégiques ?


Au point de départ, les nationalisations de 1946 puis celles de 1982 ont été justifiées au nom d’impératifs stratégiques qui devaient être assurés par la constitution de champions nationaux. Cette logique a vécu le jour où l’on a compris que l’Etat n’avait pas les moyens de porter à lui-seul le défi de l’internationalisation des groupes concernés. La présence majoritaire de l’Etat au capital était un frein aux alliances internationales. Les privatisations ont suivi mais sans s’accompagner d’une redéfinition de la stratégie industrielle française. Le fond de l’histoire, c’est que l’Etat avait une stratégie industrielle en économie fermée mais l’ouverture accélérée à partir des années 1970 l’a rendue inopérante. De tout ce processus, les grands groupes français anciens champions nationaux sont sortis finalement affaiblis. La liste est longue : Pechiney, Arcelor, Alcatel... Alstom sauvé de la faillite en 2004 par Nicolas Sarkozy est apparu comme une exception à une succession de déconvenues avec la revente avec profit de la participation de l’Etat à Bouygues en 2006. Mais rétrospectivement elle n’empêche pas de devoir rechercher une solution dans laquelle ce sont de grands groupes non-français qui paraissent fournir la solution pérenne. Il y a aussi de belles réussites issus du capitalisme colbertiste : Total en est une, EDF, une autre. Renault s’accommode bien de la présence de l’Etat au capital. Il n’y a donc pas de règle univoque. Encore faut-il rappeler que ces succès reposent sur la constitution de rentes et de monopoles dont les groupes industriels ont du mal à construire en dehors de l’énergie. Ce qui distingue les situations, ce n’est pas l’Etat actionnaire qui est un problème. Ce qui l’est, c’est lorsque l’Etat se même de vouloir peser sur la stratégie industrielle de l’entreprise

Il est clair qu’Alstom s’inscrit dans un mouvement qui devrait s’accélérer et qui conjugue deux tendances. La sortie de crise et le tassement de la croissance sur les marchés émergents, de même que la restauration de la profitabilité des entreprises et la bonne tenue des marchés financiers sont des phénomènes qui encouragent les grandes opérations internationales de fusions & acquisitions. De l’autre, dans la perspective qui nous intéresse les entreprises françaises du secteur industriel quand elles sont plus petites et moins internationalisées que leurs concurrents, sont dans une position fragile et n’ont pas les mêmes moyens que les leurs pour participer à la compétition mondiale. On peut estimer que les entreprises françaises vont continuer à attirer les grands investisseurs internationaux désireux de participer à la consolidation de leur secteur en position de force. La France comme tête de réseau d’un grand acteur international est devenu un handicap comme l’a rappelé récemment Henri de Castries mercredi dernier dans une interview au journal Les Echos. Dans des groupes qui se portent bien comme Publicis et même Lafarge, d’une certaine manière la France a tout fait pour faire fuir les investisseurs internationaux, – je rappelle que les investissements directs ont fondu de près de 80% en 2013 – ce qui complique la tâche pour de nos grands groupes qui entendent renforcer leur développement international avec tout ce que cela comporte d’appel à l’épargne mondiale. Pour d’autres comme PSA à la différence de Volkswagen, la France est devenue un lieu inhospitalier pour l’activité industrielle. Je rappelle que la part de l’industrie manufacturière dans l’ensemble de l’économie est au même niveau en France qu’en Grèce (10%) et que la part des exportations dans notre pays en proportion du PIB est légèrement inférieure à celui de la Grèce et très en dessous du niveau moyen de la zone euro. Nous assistons malheureusement à une accélération du processus de désindustrialisation en France.


Comment l'Etat français devrait-il se comporter pour défendre ses intérêts économiques ? Certains exemples à l'étranger ou dans l'histoire pourraient-ils l'inspirer ?


Je crois qu’il faut faire à peu près l’inverse de ce qui a été fait depuis 25 ou 30 ans et qui a abouti à placer les entreprises dans une alternative d’affaiblissement continu ou de cession à des groupes internationaux. Grosso modo les coûts de production des entreprises françaises sont fixés par l’Etat en dehors de tout régulation concurrentielle à un niveau qui les situe au dessus des prix de ventes mondiaux. C’est d’ailleurs la situation d’Alstom dans certains appels d’offres internationaux. La nécessité de coller aux prix mondiaux les conduit à réduire leurs marges, les privant ainsi des moyens de financer une R&D qui permettrait sur le modèle allemand, de desserrer la contrainte des prix par l’innovation et la montée en gamme. Que ce soit du point de vue de la gestion de l’économie ou du point de vue de l’intervention politique ou réglementaire, les Etats-Unis, la Chine ou l’Allemagne dans des styles et des manières de faire différentes, ont une stratégie qui les rend forts dans une économie mondialisée. La France qui avait une stratégie entre 1945 et 1980, très adaptée à une phase de rattrapage en économie faiblement ouverte, n’en a plus dans une économie fortement ouverte où l’innovation est la clé de la croissance.


Mais que peut le gouvernement français en l'état actuel pour défendre ce secteur stratégique de l'industrie française ?


Il y a eu une époque où les groupes français étaient conquérants à l’échelle du monde. Nous sommes dans une phase inverse. Ce qui caractérise la situation des grands groupes français c’est de posséder un savoir-faire technologique du plus haut niveau mais de ne pas avoir les moyens de le valoriser sur les marchés internationaux alors qu’ils sont la condition de leur croissance et de leur pérennité. Notamment leur situation financière comme c’est le cas pour Alstom, bride leur aptitude à saisir leur potentiel de développement mondial. D’où la nécessité de devoir rechercher des alliés fournissant cash et synergies industrielles.

Dans ces conditions, il ne reste à M. Montebourg que le registre de l’incantation. Une intervention de l’Etat à un titre ou à un autre résoudrait peut-être la question de la sortie de Bouygues mais pas celle de la pérennité industrielle et commerciale d’Alstom. Paradoxalement les emplois chez Alstom seront davantage préservés par une alliance industrielle internationale que par une solution franco-française privée ou publique. Je trouve de ce point de vue que le choix de Patrick Kron de rechercher une alliance industrielle du niveau de General Electric témoigne d’une vision stratégique réaliste et ambitieuse.
Source : http://www.atlantico.fr/decryptage/alst ... 54161.html

Re: General Electrics VS Montebourg

Posté : 28 avril 2014 10:29
par LOFOTEN
Je suis étonné que les économistes du forum ne prennent pas la parole sur ce sujet crucial.
Sont ils comme moi perplexe ?? Je n'ai pas les compétences requises...En fait comme le gouvernement.

S'il y a des chefs d'entreprise ici....qu'ils se manifestent. Je pense a Georges tout particulièrement.

Re: General Electrics VS Montebourg

Posté : 28 avril 2014 13:03
par sacamalix
Je n'ai pas les compétences pour juger le côté économique de l'affaire, mais je constate qu'Alstom, qui s’apprête à passer entre des "mains étrangères", est aussi une des entreprises de pointe dans notre industrie spatiale et militaire. J'ai du mal à concevoir des équipements stratégiques français conçus et produits par une entreprise "américaine" :siffle: :siffle: (je suppose d'ailleurs que c'est une des raisons qui a poussé Montebourg à solliciter Siemens)

Re: General Electrics VS Montebourg

Posté : 28 avril 2014 16:58
par GEORGES
LOFOTEN a écrit : Je suis étonné que les économistes du forum ne prennent pas la parole sur ce sujet crucial.
Sont ils comme moi perplexe ?? Je n'ai pas les compétences requises...En fait comme le gouvernement.

S'il y a des chefs d'entreprise ici....qu'ils se manifestent. Je pense a Georges tout particulièrement.
Les entreprises type Alstom qui sont comme l'énergie, stratégiques c'est à l'état d'être l'actionnaire principal.
Laisser cela au privé est une stupidité monumentale, c'est le meilleur moyen de se trouver à poil et sans défense.
il suffit de mettre à leur tête des gens compétents et il y en a. Pas ceux qui actuellement dirigent la boutique.
C'est pure folie de laisser partir le savoir dans les mains étrangères.
Mais c'est vrai que nos politicards sont tous de grands patriotes.
Le principal problème d'Alstom l'âge moyen du parc machines 17 à 18 ans, cela veut dire qu'il y a des machines qui produisent les turbines (plusieurs tonnes) entre autres qui pour certaines ont 35 ans d'âge, comment veux tu être compétitif face aux allemands qui pour le même type de pièces ont des machines dernière génération 2 à 3 ans maxi, tours verticaux + rectification en 5 - 6 axes.
Un exemple parmi tant d'autres.
GE comme Siemens font partie des complexes militaro-industriels et les capitaux privés n'y font pas la loi.

Re: General Electrics VS Montebourg

Posté : 28 avril 2014 20:53
par Mister Polark
Alstom : la presse américaine moque l'interventionnisme français

Le ministre de l'Économie, Arnaud Montebourg, s'implique dans l'offre de rachat de l'américain General Electric sur une division du français Alstom. Un «patriotisme économique» pas toujours bien compris outre-Atlantique.




«Un retour à la France de l'après-guerre», «de mauvais signaux envoyés aux investisseurs étrangers»… L'implication du gouvernement français dans le dossier Alstom n'a pas bonne presse outre-Atlantique. Dans un article du Wall Street Journal intitulé «La nouvelle proposition de Siemens sur Alstom perturbe l'offre de General Electric», la journaliste Stacy Meichtry qualifie l'implication d'Arnaud Montebourg de «dirigisme» - en français dans le texte.

Le célèbre quotidien des affaires explique que «jeudi, à son arrivée à Paris après un séjour aux États-Unis - où il s'apprêtait à conclure un accord avec General Electric pour lui céder la division énergie d'Alstom -, le PDG d'Alstom, Patrick Kron, a reçu un message urgent en provenance de Bercy. Arnaud Montebourg a sommé le dirigeant de 60 ans de se rendre immédiatement au ministère pour lui expliquer pourquoi Alstom avait engagé des négociations sans le tenir informé». Le ministre de l'Économie aurait indiqué au patron qu'«aucun grand accord ne peut se produire sans son accord», ajoute le quotidien.

Des manœuvres qui étonnent le Wall Street Journal. Le quotidien écrit que «malgré les efforts du président Hollande pour ranimer l'économie anémiée de la France avec des baisses de taxes et d'autres mesures favorables aux entreprises, un des membres de son gouvernement reste fermement ancré dans un dirigisme (en français dans le texte), c'est-à-dire un contrôle étatique de l'économie qui caractérisait la France au lendemain de la Seconde Guerre mondiale». Le célèbre journal économique explique que «l'interventionnisme d'Arnaud Montebourg est motivé par l'idée selon laquelle un gouvernement a le devoir d'interférer dans les affaires des entreprises - même si l'État n'est pas présent au capital de ces dernières - lorsque des emplois sont en jeu».

Une stratégie mal comprise outre-Atlantique. De fait, «à l'heure où les pays déroulent le tapis rouge aux entreprises pour attirer les entreprises les plus innovantes sur leurs côtes, la France se demande encore comment repousser les prétendants étrangers», écrit le Wall Street Journal. Le quotidien fait ainsi implicitement référence à la déclaration du premier ministre britannique. Peu après l'élection de François Hollande, David Cameron s'était en effet dit prêt à «dérouler le tapis rouge» aux entreprises françaises qui fuiraient l'Hexagone pour la Grande-Bretagne en raison de l'augmentation des impôts voulue par François Hollande.

Le Wall Street Journal rappelle en outre la tentative avortée de Yahoo! pour mettre la main sur Dailymotion. «M. Montebourg a fait échouer les négociations, châtiant ainsi le géant américain du Web», écrit le quotidien… Des faits qui «envoient de mauvais signaux aux investisseurs, qui se découragent», affirme Philippe Aghion, professeur d'économie à Harvard, interrogé par le quotidien.

Une opinion partagée par le média financier CNBC, pour qui la France est coutumière du fait. «Les différents gouvernements français ont tous tenté de bloquer des offres de reprises en provenance d'étrangers, en prétextant qu'il s'agissait de groupes stratégiques pour le pays.»

De son côté, Forbes écrit que «la France est notoirement connue pour être un pays retors envers les acheteurs étrangers». Le magazine rappelle en outre que General Electric avait déjà voulu mettre la main sur une division du géant du nucléaire français Areva en 2010, en vain. Une réorganisation nationale avait eu les faveurs de l'État, souligne le journal, avec une partie du pôle convoité rachetée par Alstom et l'autre par Schneider Electric. Dans son empressement, le très sérieux quotidien a toutefois revu et corrigé le patronyme du ministre incriminé: Arnaud Montebourg devient Arnaud Mounteborg! Le nom du ministre est cité pas moins de quatre fois et, à chaque fois, il est rigoureusement mal orthographié…

Image

Une précipitation qui fait également oublier à la presse américaine que l'État fédéral n'est pas toujours extérieur au monde des affaires. La polémique qui avait entouré l'attribution du contrat des ravitailleurs à Boeing au détriment d'Airbus démontre que la politique peut parfois faire bon ménage avec le milieu des affaires aussi aux États-Unis…
Source : http://www.lefigaro.fr/societes/2014/04 ... ancais.php

Re: General Electrics VS Montebourg

Posté : 28 avril 2014 21:31
par bister

Jean-Pierre Chevènement encense Nicolas Sarkozy

Posté : 28 avril 2014 21:42
par tisiphoné
Le sénateur et ancien ministre de Lionel Jospin vante l'action de l'ex-président, qui a "sauvé Alstom" et interpelle François Hollande sur le dossier.

Une nouvelle fois, il monte au créneau sur le dossier Alstom. Jean-Pierre Chevènement, le sénateur du MRC (Mouvement Républicain et Citoyen) du Territoire de Belfort, s'était déjà fendu d'une lettre à Manuel Valls pour lui dire à quel point le rachat possible de l'entreprise française par General Electric le préoccupe. "Je vous demande instamment, Monsieur le Premier Ministre, de bien vouloir faire valoir aux actionnaires et aux dirigeants des groupes concernés que ce transfert de propriété est hors de question", s'inquiétait-il.

Dans une interview accordée à Public Sénat, l'ancien ministre de l'Intérieur de Lionel Jospin va encore plus loin. "Alstom n'existe que par l'État. Alstom, c'est la France. Ce sont les locomotives fabriquées à Belfort depuis 1880. Et toutes celles qui ont suivi. Les turbines, y compris celles du nucléaire", explique-t-il. S'il a écrit à Manuel Valls, c'est "pour lui dire qu'il me paraissait hors de question que le capital d'Alstom passe sous pavillon étranger, que ce soit General Electric ou Siemens. L'énergie est un secteur clef dans l'industrie".

"Chirac et Sarkozy ont sauvé Alstom"


Jean-Pierre Chevènement en profite pour lancer un appel à François Hollande et pour jauger l'action de ses prédécesseurs sur ce dossier. "Je pense que pour François Hollande, c'est un défi, mais qui implique qu'il maîtrise intellectuellement toutes les données de ce dossier complexe", estime-t-il. "C'est un enjeu très important. Le Président est vraiment conscient de l'importance de ce dossier", juge-t-il encore.

Avant d'encenser les anciens présidents : "il serait dommage, alors que Messieurs Chirac et Sarkozy ont sauvé Alstom, il faut le dire - à l'époque Alstom était en beaucoup plus mauvaise situation qu'aujourd'hui - que François Hollande ne réédite pas cette action".

Un avis partagé par Christian Estrosi et Lionnel Luca sur leurs comptes Twitter respectifs. Pour le maire de Nice, en "2004, Nicolas Sarkozy avait empêché le démantèlement ! Le gouvernement PS doit faire pareil ou alors protéger Alstom en entrant dans son capital". Quant au député des Alpes-Maritimes, il estime qu'"il y a dix ans, le volontarisme de Nicolas Sarkozy avait permis qu'Alstom ne soit pas racheté par Siemens, qui est aujourd'hui la solution de Montebourg !" Des hommages nettement moins étonnants que celui rendu par Jean-Pierre Chevènement.

Re: General Electrics VS Montebourg

Posté : 28 avril 2014 23:01
par bister
Alstom va fournir ses éoliennes géantes aux Etats-Unis

http://www.lesechos.fr/entreprises-sect ... 649272.php
Le projet Block Island pourrait constituer la première étape vers un projet de plus grande envergure : un parc éolien offshore d’une puissance supérieure à 1 GW soutenu par un système de transport électrique régional reliant Long Island, New York, et le sud-est de la Nouvelle Angleterre. Le projet s’intègre au programme éolien en mer "Smart from the Start", piloté par le Bureau de Gestion de l'Energie Marine (Bureau of Ocean Energy Management), qui vise à accélérer le développement de l'éolien offshore le long de la côte est des États-Unis.
http://www.alstom.com/press-centre/fr/2 ... -du-monde/

Re: General Electrics VS Montebourg

Posté : 28 avril 2014 23:19
par bister
Bouygues a-t-il caché des informations au gouvernement?

Oui. Quand, en 2006, Bouygues a racheté les 21% de l'Etat dans Alstom pour devenir actionnaire majoritaire, c'était dans l'espoir de bâtir une alliance dans le nucléaire……

…..Problème, Bouygues n'a semble-t-il pas prévenu le gouvernement. Lequel n'a appris que vendredi soir qu'Alstom s'apprêtait à accepter l'offre du géant américain. Pour Arnaud Montebourg, il s'agit d'un "fait accompli" qu'il entend bien "refuser". Reste à savoir pourquoi Martin Bouygues, qui a pu compter sur le soutien sans réserve du ministre du Redressement productif dans le dossier SFR, n'a pas trouvé l'occasion d'informer le gouvernement sur ce qui tramait. Les négociations avec GE sont en effet engagées depuis fin 2013... Mais c'est Alstom qui était à la manoeuvre dans ce dossier, et non son actionnaire, même principal, plaide une source proche du dossier......
.....De toutes manières, la surprise du gouvernement a ses limites... "Bouygues n'a jamais caché qu'il voulait se désengager de son investissement dans Alstom"…….

Vendre ses parts dans Alstom peut apporter du cash à Bouygues qui a des vues dans la téléphonie mobile. (appuyé par le Ministre du travail et du productif Monteborg) ;) ...
http://lexpansion.lexpress.fr/entrepris ... 12034.html

Re: General Electrics VS Montebourg

Posté : 28 avril 2014 23:39
par bister
Historiquement non. En 1928, Alsthom (avec un h) naît d'une fusion entre Thomson-Houston et la SACM (Société alsacienne de constructions mécaniques ). Mais Thomson-Houston c'est déjà une filiale de... General Electric. En 1999, l'américain rachète d'ailleurs à Alstom son activité turbines à gaz. Conséquences, en Franche-Comté, autour du cluster de la "Vallée de l'énergie", non loin de Belfort, les usines de GE et d'Alstom se font face, au sens propre du terme.
(Belfort ancienne commune de Jean-Pierre Chevènement justement).. ;)