Page 1 sur 1

les greffiers en grève, opposés aux projets de Taubira

Posté : 29 avril 2014 08:09
par tisiphoné
Parents pauvres de la justice, les petites mains des tribunaux cessent le travail mardi pour la première fois depuis 2003.

Les mal-aimés, les derniers servis… Les greffiers sont en grève. Une première depuis 2003 pour ces 9000 auxiliaires de justice sans qui les tribunaux ne fonctionnent pas. Depuis plus d'un mois maintenant, ils occupent les parvis des palais de justice avant d'embaucher et pendant les pauses déjeuners. Mardi, ce mouvement spontané qui entraîne dans son sillage les syndicats de magistrats, sort le grand jeu: grève générale.

Les revendications des greffiers sont surtout salariales. Ces derniers qui commencent leur carrière un peu au-dessus du smic, la terminent, au mieux, autour de 2400 euros, des sommes qui n'ont pas été revalorisées depuis 2009. À son arrivée pourtant, la garde des Sceaux avait annoncé la nécessité de revoir ces rémunérations à la hausse…

Mais c'est la réforme annoncée de la «justice du XXIe siècle» qui a mis le feu aux poudres. Dans tous les tribunaux, les assemblées générales ont rejeté massivement les propositions de la Chancellerie. «Nous avons eu le sentiment que nous allions nous voir imposer de nouvelles contraintes, notamment en termes de mobilité, et de nouvelles charges de travail, au nom de cette “modernisation”», souligne Isabelle Houben, qui encadre les greffiers de France au nom de Force ouvrière - le syndicat majoritaire des services judiciaires. Car la création du «tribunal de première instance» envisagée au ministère entraînerait la fusion des tribunaux d'instance et de grande instance. Une éventualité énergiquement refusée par tous les syndicats de magistrats également qui voient dans ce projet surtout «une manière de gérer la paupérisation de la justice».

Nouvelle grille statutaire

La semaine dernière du coup, l'Union syndicale des magistrats et le Syndicat de la magistrature se sont associés au mouvement des greffiers, le second appelant lui-même à la grève. Leurs représentants pourront suspendre ou renvoyer les audiences et se retrouveront sur les parvis des cours d'appel et des tribunaux de grande instance en province. Les membres des bureaux nationaux accompagneront à Paris les greffiers, aux abords de la Chancellerie, ces derniers n'ayant pas obtenu l'autorisation du ministère de l'Intérieur de manifester place Vendôme. D'ailleurs, pour compliquer l'affaire, «la préfecture de Paris a demandé au mouvement une dispersion entre 14 heures et 14 h 30, heure pourtant du rendez-vous de la manifestation à Paris», souligne Isabelle Houben.

Dans le même temps, les cinq syndicats seront reçus par la direction des services judiciaires pour une première négociation commune sur une nouvelle grille statutaire qui est loin de faire l'unanimité auprès des différents syndicats et surtout de la base non syndiquée. De cette grille dépend en effet, le niveau de rémunération, dont l'augmentation est entre les mains de Matignon. Pour l'instant les services du premier ministre se sont bien gardés de dévoiler le moindre montant. De quoi gêner des négociations qui se déroulent donc à tâtons.