Education Nationale: Du confinement au déconfinement.
Posté : 17 mars 2020 13:12
À compter de ce lundi 16 mars, les 13 millions d’élèves que compte la France sont priés de rester chez eux. En dépit des circonstances, les professeurs ont un devoir : celui de la « continuité pédagogique ».
Les professeurs se démènent pour assurer la « continuité pédagogique » en dépit du coronavirus. Mais ce premier jour, tout ne s'est pas passé comme prévu.
https://www.lepoint.fr/education/corona ... 7_3584.php
Les professeurs se démènent pour assurer la « continuité pédagogique » en dépit du coronavirus. Mais ce premier jour, tout ne s'est pas passé comme prévu.
Source:Le Point.
« Il ne s'agit pas de vacances », rappelle dès qu'il le peut le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, depuis l'annonce d'Emmanuel Macron de fermer les écoles.
En raison de l'épidémie de coronavirus et à compter de ce lundi 16 mars, les 13 millions d'élèves que compte la France sont priés de rester chez eux. En dépit des circonstances, les professeurs ont un devoir : celui de la « continuité pédagogique ».
Mais de la contrainte naît parfois la créativité. Et ce confinement pourrait aussi offrir une « mise en lumière des compétences pédagogiques des professeurs », comme l'a souligné, ce samedi 14 mars, Jean-Michel Blanquer devant la presse. Ils étaient 178 000 professeurs ce lundi soir à s'être connectés à la plateforme du Cned « Ma classe à la maison », l'alternative numérique recommandée par le ministère de l'Éducation nationale. Mais la plupart d'entre eux composent déjà avec d'autres outils.
« Je ne voulais pas ajouter de confusion à la situation », explique Sophie, institutrice dans le 8earrondissement de Paris, depuis son domicile, ce lundi. Après avoir découvert vendredi après-midi la plateforme du Cned – « tardivement », selon la jeune femme –, elle opte pour une méthode simple et éprouvée : donner à faire des exercices issus des manuels, que « parents et enfants connaissent bien ».
Elle transmettra consignes et corrections via l'Environnement numérique de travail (l'interface qui met en lien l'élève, ses parents et ses professeurs, tout au long de l'année). Mais « depuis lundi matin, c'est panique à bord », confie l'enseignante, dont l'ENT, sursollicité par l'afflux de connexions, ne fonctionnait toujours pas à 15 heures. « Je n'ai pu transmettre aucune consigne, aujourd'hui ma classe n'a pas eu classe », se désole-t-elle.
À chacun sa méthode:
Pour s'assurer de maintenir le lien avec ses élèves, Manon, professeur d'anglais dans un collège d'Aubervilliers (Rep+ ), a elle aussi misé sur l'ENT. « Dès l'annonce de la fermeture des écoles, ma priorité a été de créer un fil de discussion avec mes 6e », raconte-t-elle.
Alors vendredi, après le passage de la direction de l'établissement dans toutes les classes, pour s'assurer que chacun ait chez soi le matériel et la connexion Internet adéquats (5 % des élèves en sont dépourvus, sur le territoire), la professeur, avec plusieurs collègues, met immédiatement cela en place. « C'est comme un tchat, que l'on a ouvert aux élèves et dans lequel on a créé des groupes où chaque classe est réunie avec ses professeurs », explique-t-elle.
Pour dispenser ses cours, la professeur opte pour un « drive » (service de partage de fichiers sur le Web), « qui permet de faire des corrections avec commentaires personnalisés, indispensables pour les cours de langues » et auquel elle forme, à la hâte, ses élèves avant le week-end. Mais « ce déroulé, c'est le scénario idéal ! » glisse-t-elle dans un rire. Le scénario dans lequel l'ENT – encore lui – ne sature pas dès le lundi matin. Ce même soir, la professeur, qui a transmis, le dernier jour d'école, un document papier d'exercices « destinés à les occuper jusqu'à mercredi », se félicite de sa prévoyance.
Trop d'écrans ?
Face à ces couacs – d'ordre technique – dont les réseaux sociaux se sont fait l'écho, certains professeurs mesurent leur chance. Marie-Astrid, professeur d'histoire-géographie dans un collège du Val-de-Marne, raconte, enthousiaste : « Mon ENT a fonctionné : j'ai pu échanger avec les familles, donner les devoirs pour la semaine et j'y ai même créé des QCM de révisions, une découverte ! » À moyen terme, la professeur n'exclut pas d'employer la plateforme suggérée par l'Éducation nationale « Ma classe à la maison », « un bon outil, qui permet d'interagir avec ses élèves en visioconférence ». Mais elle s'inquiète de ce que « les élèves passent leur journée derrière un écran ».
Pour l'heure, elle répond à la centaine de mails de questions que lui ont adressés ses collégiens. « Plusieurs dizaines proviennent des mêmes élèves, quand d'autres n'ont pas écrit un mot », note, dubitative, Marie-Astrid. Devant sa boîte de réception, Manon fait la même observation et nourrit une crainte : celle que certains élèves « décrochent ». Alors, pour éviter que « l'écart entre les élèves se creuse », la professeur envisage, avec l'aide de ses collègues, d'« appeler individuellement chacun d'entre eux pour un point d'étape » dans les semaines à venir. Un moyen, parmi d'autres, de ne laisser « aucun élève au bord du chemin », un impératif largement répété par le ministre de l'Éducation nationale.
https://www.lepoint.fr/education/corona ... 7_3584.php