Bilan pour Marine le Pen après dix années passées à la tête du parti.
Posté : 16 janvier 2021 05:31
Présidente du FN (devenu RN) depuis 2011, la fille de Jean-Marie Le Pen a réussi à dédiaboliser largement le parti et l’a fait progresser électoralement, mais elle n’a toujours pas trouvé le moyen de conquérir le pouvoir.
Marine Le Pen ne fait plus mystère de sa probable intention de lâcher la présidence du Rassemblement national au cours de l’année qui vient.
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Marine Le Pen ne fait plus mystère de sa probable intention de lâcher la présidence du Rassemblement national au cours de l’année qui vient.
Source:Le Parisien.
« C'est de ce moment que datera l'irrésistible ascension de notre mouvement vers le pouvoir. […] Au travail spectaculaire des éveilleurs, doit maintenant, à compter de ce jour, succéder celui des bâtisseurs! »
Ce 16 janvier 2011, sur la scène du centre des Congrès de Tours, Marine Le Pen vient tout juste de succéder à son père à la tête du Front national. Et déjà, elle affiche sa feuille de route : la prise du pouvoir, comme si l'entreprise paternelle avait consisté jusqu'alors davantage à lepéniser les esprits qu'à gagner des voix.
Dix ans plus tard – ce samedi marquera la date anniversaire – la même n'a toujours pas conquis le pouvoir. Elle ne fait plus mystère de sa probable intention de lâcher au cours de l'année qui vient la présidence du désormais Rassemblement national (RN) pour l'aider à y parvenir, avec un positionnement « au-dessus des partis ».
En dix ans, l'outil n'aurait-il pas tenu ses promesses ?
Pour Marine Le Pen, qui se targue d'être à la tête du « premier parti de France », les réussites sont pourtant « flagrantes » : « Lorsque j'ai pris le parti, nous étions victimes de la bipolarisation. Nous en sommes devenus l'un des acteurs », confie-t-elle au Parisien, en référence à la recomposition supposée du paysage politique entre « progressistes » et « patriotes ».
D'une « fédération de chapelles », elle aurait fait du FN/RN un « mouvement unitaire » qui, pour la première fois, vante-t-elle, a réussi à faire entrer des députés à l'Assemblée nationale dans des duels majoritaires, à avoir des sénateurs (il en reste un aujourd'hui) et qui a « montré sa capacité à gérer » dans la dizaine de villes qu'il a conquises.
La présidente du RN en veut pour preuve la large réélection de ses maires lors des dernières municipales. « Arithmétiquement, elle a fait progresser le parti et a réussi à le dédiaboliser dans une très large mesure », confirme le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste des radicalités politiques.
«Il faut resemer»:
Au chapitre des rares « regrets », Marine Le Pen évoque le fait de ne « pas avoir pu faire vivre l'alliance de 2017 avec Nicolas Dupont-Aignan » et ne pas avoir réussi « à sortir de Jean-Marie Le Pen (NDLR : en 2015) sans que ce soit un foutoir généralisé ».
Aujourd'hui, le fondateur du FN porte encore un regard critique sur le bilan de celle qui lui a succédé. « J'ai semé, elle a récolté. Mais en agriculture, il faut resemer. Marine Le Pen ne le fait pas suffisamment pour que le RN apparaisse aujourd'hui comme une grande force alternative », tacle-t-il.
Evoquant le cas de Perpignan, gagné en 2020 face à un « front républicain », la présidente du RN assène pourtant : « On a fait péter le plafond de verre ». Et assure avoir mené une « révolution culturelle du compromis et des alliances », le changement de nom, de FN à RN, ayant pour objectif de l'ancrer symboliquement dans les esprits.
Las, si Marine Le Pen encourage la formation de structures satellites comme la Droite populaire ou, plus récemment, Demain la France, elle n'a établi d'accords avec aucune autre formation politique. « Sauf à Perpignan, qui est un cas particulier, le cordon sanitaire continue d'exister », acte Jean-Yves Camus. Et les ralliements venus de LR, comme Thierry Mariani ou Jean-Paul Garraud, désormais eurodéputés RN, sont restés marginaux.
« Tandis que les autres partis politiques se sont effondrés cul par-dessus tête, nous avons contribué à l'émergence d'une nouvelle élite politique », se félicite Marine Le Pen, pas peu fière notamment d'avoir misé sur Jordan Bardella, alors à peine âgé de 23 ans, pour mener la course en tête aux européennes de 2019. « C'est vrai que tous les partis souffrent. Mais nous, on a une problématique à part qui est le manque de maillage territorial et donc de compétences, de réseaux et de sensibilités », reconnaît une source interne.
Après avoir culminé à environ 60 000 adhérents en 2016, le nombre d'encartés au RN tournerait autour de 20 000 à 25 000 personnes. Quant aux finances , elles sont dans le rouge vif avec un endettement qui atteignait 24,4 millions d'euros fin 2018.
2015, le début du déclin
« Nous avons connu une période de croissance de l'arrivée de Marine à 2016. Mais l'espoir déçu de la présidentielle de 2017 pèse sur notre électorat. Ce n'est plus la même ferveur, la même dynamique », ressent un élu. Ce que corroborent les enquêtes d'opinion. « L'échec à gagner des régions annoncées comme quasiment acquises en 2015 a marqué le début du déclin qui a été très accéléré par le débat de l'entre-deux-tours de la présidentielle.
Tous nos indicateurs se sont alors effondrés », observe Emmanuel Rivière, directeur politique et opinion de l'institut de sondages Kantar Public. Dans le dernier baromètre du Figaro Magazine de janvier 2021, la cote d'avenir de Marine Le Pen est de 17 %. Elle avait culminé à 29 % en avril 2017, juste avant le débat.
Et si, en février 2017, 38 % des Français percevaient le RN comme ayant la capacité à participer à un gouvernement, ils n'étaient plus que 30 % en 2020, selon une autre étude Kantar. Soit cinq petits points de plus qu'en janvier 2011, lorsque Marine Le Pen accédait à la tribune du centre des congrès de Tours.
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