Royaume-Uni : le gouvernement fait machine arrière sur les mesures fiscales
Posté : 18 octobre 2022 16:12
Le Royaume-Uni dans la tourmente. Heureusement que leur nouveau ministre des finances a pris immédiatement des mesures conservatrices.Les marchés sont plongés dans la tourmente depuis les mesures budgétaires du précédent ministre des Finances, Kwasi Kwarteng, limogé vendredi par Liz Truss.
Le nouveau ministre des Finances, Jeremy Hunt, a annoncé lundi l'annulation de « presque toutes les mesures fiscales » annoncées il y a trois semaines par son prédécesseur, Kwasi Kwarteng, et qui avaient plongé les marchés britanniques dans la tourmente. Jeremy Hunt, nommé vendredi dans l'urgence, a martelé que la priorité du gouvernement britannique était de restaurer « la stabilité ».
Parmi les principales mesures dévoilées lundi, le plafond des factures énergétiques pour tous les ménages sera finalement en vigueur jusqu'à avril seulement et non plus pour deux ans. Une mesure destinée à protéger les finances publiques « de la volatilité » des prix du gaz.
Dans le cadre d'une série de mesures destinées à rassurer les marchés, le nouveau ministre des Finances Jeremy Hunt a indiqué à la télévision que l'aide aux ménages mise en place début octobre afin d'éviter une envolée des factures serait revue pour « mettre en place une nouvelle approche qui coûtera bien moins que prévu aux contribuables » et ciblera « les plus affectés ». « D'autres décisions difficiles » sont à venir pour les dépenses gouvernementales, comme les impôts, a-t-il ajouté.
Les marchés dans la tourmente
Le nouveau chancelier de l'Échiquier, qui s'exprimera au Parlement plus tard lundi, a avancé la présentation de grandes lignes du projet budgétaire de moyen terme britannique qui doit être présenté dans sa totalité le 31 octobre, tentant de calmer les marchés. Ces derniers sont plongés dans la tourmente depuis la présentation fin septembre de projets de baisses d'impôts massives et d'un soutien colossal aux factures énergétiques par Kwasi Kwarteng. Non pleinement chiffrés et devant être financés par emprunt, ils avaient fait craindre une sortie de route des finances publiques.
La livre avait chuté à un record historique de faiblesse et les taux d'emprunt à long terme de l'État avaient flambé. Les fonds de pension, qui détiennent une large part de ces titres, s'étaient retrouvés fragilisés. Par ricochet, les taux d'emprunt pour les ménages et les entreprises s'étaient également envolés, menaçant la santé économique compromise du pays, qui flirte avec la récession.
La Banque d'Angleterre avait dû intervenir pour empêcher la situation de se détériorer en crise financière. Le Fonds monétaire international (FMI) avait enjoint à Downing Street de rectifier le tir et de travailler de concert avec la Banque centrale, qui lutte contre une inflation à près de 10 % et se retrouvait à contre-courant du plan économique de Truss, inflationniste sur la durée. « Aucun gouvernement ne peut contrôler les marchés. Tous les gouvernements peuvent donner des gages de soutenabilité des finances publiques », a souligné Jeremy Hunt.
Liz Truss déjà condamnée ?
Après une conférence de presse catastrophique vendredi, la Première ministre devait quant à elle rencontrer dans la soirée des parlementaires, pour essayer de les convaincre, si c'est encore possible, qu'elle a encore un avenir à Downing Street. Les sondages sont catastrophiques et plusieurs députés ont publiquement déclaré que la quatrième Première ministre du Royaume-Uni depuis le référendum du Brexit en 2016 devait partir. Après seulement 40 jours au pouvoir, elle risque de devenir le Premier ministre ayant eu le plus court mandat jamais connu outre-Manche.
Les investisseurs ont réagi positivement aux déclarations de Jeremy Hunt : la devise britannique progressait de 1 % à 1,1285 dollar vers 12 h 45, heure française, et le rendement des obligations à 30 ans chutait à 4,40 %.
https://www.lepoint.fr/monde/royaume-un ... 076_24.php
Va-t-il remplacer la première ministre qui apparaît excessivement affaiblie ?
Comme quoi, annoncer des baisses importantes d'impôts (politique ultra-libérale) ne plaît pas forcément aux marchés qui ont immédiatement sanctionné la devise britannique.