Cohn-Bendit : « La mobilisation des syndicats contre les retraites est has been »
Posté : 15 janvier 2023 07:12
Dany rouge de colère !
ENTRETIEN. Immigration, réforme des retraites, affaire Houellebecq, démission de Le Graët… L’ex-meneur de 68 et député européen fait feu de tout bois.
ue serait la France sans les Polonais Marie Curie et Guillaume Apollinaire, l'Italien Lino Ventura ou l'Espagnol Pablo Picasso ? Daniel Cohn-Bendit et le journaliste Patrick Lemoine se sont plongés dans les destins – souvent incroyables – de ces « étrangers qui ont fait la France ». Leur livre, titré non sans provocation « Français mais pas Gaulois » (Robert Laffont), arrive à propos alors que les questions touchant l'immigration tendent les passions françaises et que se profile la discussion parlementaire autour du projet de loi immigration porté par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Plutôt tourné vers le passé que concentré sur le présent, cet ouvrage ne prend pas de front le problème mais ouvre des perspectives dans un débat souvent réduit à la question de l'identité. Nous avons saisi cette occasion pour passer au grill des – nombreuses – questions d'actualité l'intarissable acteur puis commentateur de la vie politique à la parole libre, à cheval entre l'Allemagne et la France, qu'est Daniel Cohn-Bendit.
Grand amateur de football, l'ex-meneur de 68, qui siégea près de vingt ans au Parlement européen, tacle dans cet entretien les syndicats qui se mobilisent contre la réforme des retraites, le ministre de l'Intérieur en charge de l'épineux dossier de l'immigration, et notamment du sort des « sans-papiers », Michel Houellebecq et Michel Onfray pour leurs propos sur les musulmans, et aussi Noël Le Graët et Didier Deschamps, les patrons du foot français qu'il verrait bien revenir au vestiaire, pour faire jouer à leur place Zinédine Zidane… Daniel Cohn-Bendit est l'invité de l'entretien politique du Point.
Le Point : Vous défendez l'idée de « l'immigration, une chance pour la France », comme Lionel Stoléru et Bernard Stasi dans les années 1980. Dans la France des années 2020, vous sentez-vous à contre-courant ?
Daniel Cohn-Bendit : Pas du tout. Ce livre est né par hasard, d'une réaction d'humeur. Avec Patrick Lemoine, on parle foot depuis longtemps et on en avait marre d'entendre parler de nos ancêtres les Gaulois alors que tout le monde vibrait aux exploits des Black-Blanc-Beur de l'équipe de France. À partir de là, nous avons voulu écrire un livre sur tous ces immigrés qui, en un siècle et demi, ont fait la France, et quand on lie bout à bout tous ces destins, c'est époustouflant. Nos sociétés d'un point de vue démographique ont besoin de l'immigration, et ce mouvement peut générer énormément de choses positives. J'ai été adjoint au maire de Francfort de 1989 à 1995 en charge de cette question, je sais de quoi je parle. Nous ne sommes pas confrontés à un grand remplacement, comme le proclame l'extrême droite, mais embarqués dans une grande évolution.
Vous avez obtenu la nationalité française à 68 ans, et pourtant vous vous sentez « Gaulois réfractaire », écrivez-vous. Comme Philippe de Villiers en somme…
Historiquement, l'aristocrate était plutôt franc que gaulois, ce n'est pas la même chose. Mais tout cela ne veut rien dire. On ne va pas demander aux joueurs de l'équipe de France de football ou de rugby s'ils ont des racines de Francs ou de Gaulois, sinon on serait mal barré. Le sport est un miroir de la réalité de l'évolution. Cela étant dit, avec Philippe de Villiers, j'ai un rapport très simple, car il était député européen en même temps que moi, et quand on se croisait je lui disais : « On ne discute pas politique, parce que tu es un con fini sur ce plan. Parlons foot… » On s'entendait très bien là-dessus. Dans ses Mémoires, il raconte que, quand il est revenu au Parlement européen après avoir été gravement malade, le seul qui lui avait demandé des nouvelles de sa santé, c'était moi…
https://www.lepoint.fr/politique/cohn-b ... 760_20.php
ENTRETIEN. Immigration, réforme des retraites, affaire Houellebecq, démission de Le Graët… L’ex-meneur de 68 et député européen fait feu de tout bois.
ue serait la France sans les Polonais Marie Curie et Guillaume Apollinaire, l'Italien Lino Ventura ou l'Espagnol Pablo Picasso ? Daniel Cohn-Bendit et le journaliste Patrick Lemoine se sont plongés dans les destins – souvent incroyables – de ces « étrangers qui ont fait la France ». Leur livre, titré non sans provocation « Français mais pas Gaulois » (Robert Laffont), arrive à propos alors que les questions touchant l'immigration tendent les passions françaises et que se profile la discussion parlementaire autour du projet de loi immigration porté par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Plutôt tourné vers le passé que concentré sur le présent, cet ouvrage ne prend pas de front le problème mais ouvre des perspectives dans un débat souvent réduit à la question de l'identité. Nous avons saisi cette occasion pour passer au grill des – nombreuses – questions d'actualité l'intarissable acteur puis commentateur de la vie politique à la parole libre, à cheval entre l'Allemagne et la France, qu'est Daniel Cohn-Bendit.
Grand amateur de football, l'ex-meneur de 68, qui siégea près de vingt ans au Parlement européen, tacle dans cet entretien les syndicats qui se mobilisent contre la réforme des retraites, le ministre de l'Intérieur en charge de l'épineux dossier de l'immigration, et notamment du sort des « sans-papiers », Michel Houellebecq et Michel Onfray pour leurs propos sur les musulmans, et aussi Noël Le Graët et Didier Deschamps, les patrons du foot français qu'il verrait bien revenir au vestiaire, pour faire jouer à leur place Zinédine Zidane… Daniel Cohn-Bendit est l'invité de l'entretien politique du Point.
Le Point : Vous défendez l'idée de « l'immigration, une chance pour la France », comme Lionel Stoléru et Bernard Stasi dans les années 1980. Dans la France des années 2020, vous sentez-vous à contre-courant ?
Daniel Cohn-Bendit : Pas du tout. Ce livre est né par hasard, d'une réaction d'humeur. Avec Patrick Lemoine, on parle foot depuis longtemps et on en avait marre d'entendre parler de nos ancêtres les Gaulois alors que tout le monde vibrait aux exploits des Black-Blanc-Beur de l'équipe de France. À partir de là, nous avons voulu écrire un livre sur tous ces immigrés qui, en un siècle et demi, ont fait la France, et quand on lie bout à bout tous ces destins, c'est époustouflant. Nos sociétés d'un point de vue démographique ont besoin de l'immigration, et ce mouvement peut générer énormément de choses positives. J'ai été adjoint au maire de Francfort de 1989 à 1995 en charge de cette question, je sais de quoi je parle. Nous ne sommes pas confrontés à un grand remplacement, comme le proclame l'extrême droite, mais embarqués dans une grande évolution.
Vous avez obtenu la nationalité française à 68 ans, et pourtant vous vous sentez « Gaulois réfractaire », écrivez-vous. Comme Philippe de Villiers en somme…
Historiquement, l'aristocrate était plutôt franc que gaulois, ce n'est pas la même chose. Mais tout cela ne veut rien dire. On ne va pas demander aux joueurs de l'équipe de France de football ou de rugby s'ils ont des racines de Francs ou de Gaulois, sinon on serait mal barré. Le sport est un miroir de la réalité de l'évolution. Cela étant dit, avec Philippe de Villiers, j'ai un rapport très simple, car il était député européen en même temps que moi, et quand on se croisait je lui disais : « On ne discute pas politique, parce que tu es un con fini sur ce plan. Parlons foot… » On s'entendait très bien là-dessus. Dans ses Mémoires, il raconte que, quand il est revenu au Parlement européen après avoir été gravement malade, le seul qui lui avait demandé des nouvelles de sa santé, c'était moi…
https://www.lepoint.fr/politique/cohn-b ... 760_20.php