La Chine augmente son budget de la défense de 7,2% pour 2023.
Posté : 06 mars 2023 12:44
...............................................................La Chine dope son budget militaire.
Pékin va augmenter son budget de la Défense de 7,2% en 2023 et veut «intensifier» les entraînements de l'armée ainsi que «la préparation au combat».
https://www.lefigaro.fr/international/l ... s-20230305
Pékin va augmenter son budget de la Défense de 7,2% en 2023 et veut «intensifier» les entraînements de l'armée ainsi que «la préparation au combat».
Source:Le Figaro.
L'horizon économique de la Chine se rétrécit, mais son effort militaire ne faiblit pas. ...Le premier ministre Li Keqiang a annoncé dimanche une hausse du budget de défense de 7,2% en pleine escalade des tensions avec les États-Unis, exacerbée par la guerre en Ukraine, et l'incident du «ballon espion» chinois, abattu sur ordre de Joe Biden.
«Les forces armées doivent intensifier leur entraînement dans tous les domaines», a déclaré le numéro 2 de l'appareil communiste, tout en dévoilant un objectif de croissance annuelle du PIB de 5% parmi les plus faibles depuis des décennies, à l'orée de la session plénière de l'Assemblée Nationale du Peuple. «Les incertitudes internationales augmentent. Les tentatives d'endiguement venues de l'extérieur ne cessent de s'intensifier», a justifié Li, en ouverture du plus grand rendez politique annuel de la seconde puissance mondiale, sous les ors staliniens du grand Hall du Peuple, à Pékin.
Doublement du budget en une décennie:
Il s'agit de la plus forte hausse du budget militaire depuis quatre ans, prolongeant celle de 7,1% en 2022, et signale la détermination de Pékin à muscler son arsenal, malgré un ralentissement économique structurel, pour faire face à un contexte géopolitique toujours plus tendu face à Washington, avec en ligne de mire Taïwan. «Cette hausse est nécessaire afin de faire face à des défis de sécurité complexes», a déclaré Wang Chao, porte-parole de l'Assemblée, jurant que la Chine ne « menace aucun pays ».
Le budget de défense enregistre une progression plus forte que celle des dépenses publiques générales prévues à 5,7%, elles, en repli par rapport à l'an passé, sur fond d'endettement croissant du géant renaissant. Il devrait s'établir à environ 225 milliards de dollars, soit un doublement depuis une décennie, et l'arrivée au pouvoir Xi, pesant à lui seul plus de la moitié des dépenses militaires de l'ensemble de l'Asie orientale.
L'Armée populaire de Libération (APL), la plus grande du monde en effectif, avec 2 millions de soldats poursuivra sa montée en puissance technologique symbolisée par les essais en mer d'un troisième porte-avions, le Fujian, attendus cette année, et le développement de chasseur furtif de nouvelle génération J-20, réplique affichée au F-35.
L'investissement militaire chinois est opaque, et son ampleur dépasse les chiffres du budget officiel, jugent les analystes, si l'on ajoute les efforts massifs consentis dans les nouvelles technologies, de l'intelligence artificielle à l'espace, symbolisé par le test d'un missile hypersonique, ayant fait le tour de la terre en 2021.
Gagner des guerres:
Mais le budget chinois pèse seulement un quart de celui des États-Unis, fixé à 858 milliards de dollars, souligne la presse officielle, pointant du doigt la première puissance mondiale comme principale responsable des tensions géopolitiques, de l'Ukraine à l'Asie Pacifique.
La Chine a consacré 1,7% de son PIB à la défense en 2021, contre 3,5% pour les États-Unis, selon la Banque Mondiale. Un pourcentage au diapason de nombre de pays de l'Otan, mais qui camoufle l'envolée des dépenses militaires, alors que la taille de l'économie chinoise a été multipliée par… 13 depuis le début du siècle, attisant l'inquiétude de ses voisins. «Il serait raisonnable de monter à 2%», poste Wang Gaofei, le patron de Weibo, la plateforme de messagerie, au diapason d'internautes nationalistes, dénonçant l'effort de défense du Japon voisin.
Les écueils rencontrés par l'armée russe en Ukraine aiguillonnent l'APL, appelée à muscler ses capacités, alors que le spectre d'une confrontation directe avec l'Amérique se dessine en Asie-Pacifique. Le rapport de travail présenté par Li trahit les inquiétudes du Parti, au sujet de l'état de préparation des militaires à un conflit de haute intensité.
«Les forces armées doivent dévouer une plus grande énergie à l'entraînement aux conditions de combat», pointe le premier ministre à l'adresse d'une armée qui n'a pas connu l'âpreté du champ de bataille depuis les années 70, lors d'un conflit avec le Vietnam. L'APL doit «développer un nouveau leadership stratégique», ajoute le document, en ligne avec l'injonction de «gagner des guerres» fixée par son commandant en chef Xi, entamant un troisième mandat lourd de défis.
Une possible allusion au caractère rigide de l'armée fondée par Mao, étouffant l'initiative, héritée de la tradition soviétique, mise à l'épreuve en Ukraine, où l'agilité des officiers ukrainiens, déjoue la lourde chaîne de commandement russe. «L'APL souffre du même travers que l'armée russe, marquée par un manque d'initiative des officiers de terrain. Et la montée en puissance technologique ne peut combler le manque d'expérience du feu», pointe un militaire occidental, spécialiste de l'armée chinoise.
Le dirigeant le plus autoritaire depuis Mao a engagé une profonde réforme de cette armée pléthorique, en l'ordonnant d'être prête à mener une opération contre Taïwan à l'horizon 2027, date de centenaire de l'APL, selon la CIA. Mais la guerre en Ukraine rappelle l'ampleur du défi d'une périlleuse opération amphibie.
«Le président Xi et les dirigeants militaires ont des doutes aujourd'hui sur leur capacité à accomplir cette invasion. Je pense qu'ils ont vu l'expérience de Poutine en Ukraine, et cela renforce certains de ses doutes», a déclaré William Burns, le directeur de la CIA, lors d'une interview à la télévision américaine, le mois dernier. Mais, au Pentagone, certains redoutent un coup de force bien avant, comme le général Mike Minihan qui prédit un possible conflit dès 2025, au lendemain de l'élection présidentielle à Taïpei. «Mes tripes me disent que nous nous battrons en 2025», affirme le chevronné général dans une note interne.
Devant la chambre d'enregistrement du régime, Li Keqiang a réaffirmé la détermination du Parti à «résoudre» la question de Taïwan durant la «nouvelle ère», une allusion au règne de Xi, mais en donnant la priorité à «la réunification pacifique».
En coulisse, Xi a chargé Wang Honing, l'éminence grise du Parti d'élaborer un nouveau concept afin de rassurer une opinion publique taïwanaise échaudée par sa fuite en avant autoritaire. Taïpei et Washington guetteront les indices d'une inflexion, durant l'Assemblée qui accouchera d'une nouvelle équipe gouvernementale truffée de fidèles du président, qui clôturera les débats le 13 mars.
https://www.lefigaro.fr/international/l ... s-20230305