Pourquoi nous avons besoin du CETA
Posté : 20 mars 2024 09:02
Avant le vote au Sénat, les signataires de cette tribune, représentants de fédérations patronales et industrielles soulignent que le CETA est bon pour l'économie française, comme il l'est pour la qualité de notre relation bilatérale avec le Canada.
Nous, organisations patronales, voulons aujourd'hui, à la veille d'un vote crucial au Sénat, dire pourquoi nous considérons l'Accord Economique et Commercial Global entre le Canada et l'Union européenne comme un bon accord pour la France et ses filières exportatrices et soutenons sa ratification par le parlement.
Premièrement, nous pouvons juger les résultats : les exportations françaises vers le Canada se portent bien !
Cet accord ne doit pas être présenté comme un épouvantail : il est en application provisoire depuis 2017 et il a produit des résultats probants pour notre économie. Les exportations françaises vers le Canada ont ainsi augmenté d'un tiers en 6 ans, passant de 3,2 Md€ en 2017 à 4,2 Md€ en 2023.
Bilans positifs pour l'agriculture et l'agroalimentaire
Dans le secteur industriel, les exportations sont allées croissant sur la période 2017-2023 : produits chimiques (+46 %), textiles et chaussures (+142 %) ; produits sidérurgiques (+106 %), produits pharmaceutiques (+20 %). Les services ont connu, sur cette même période 2017-2023, une augmentation de 71 % de leurs exportations.
Deuxièmement, ces résultats sont particulièrement bons pour les filières agricoles et agroalimentaires !
Le CETA est venu soutenir les performances à l'export des filières agricoles et agroalimentaires françaises, qui représentaient en 2023 21 % du total des exportations françaises vers le Canada. L'excédent commercial de ces secteurs a été multiplié par trois, passant de +196M€ en 2017 à +578M€ en 2023.
L'accord a été particulièrement bénéfique pour les vins & spiritueux et il a permis aussi une protection du patrimoine gastronomique français, en protégeant les indications géographiques. Le CETA a permis de protéger 173 IG européennes, parmi lesquelles 42 IG françaises, comme le Roquefort, le Reblochon, le Cantal, le Saint-Nectaire ou les Pruneaux d'Agen.
Importation de viande canadienne marginale
La filière du fromage a été l'une des gagnantes de cet accord. Avant le CETA, les exportations de fromages étaient frappées par des droits de douane allant jusqu'à 227 %. Grâce à l'accord, elles ont progressé de 60 %.
Contrairement aux craintes exprimées lors de la conclusion de l'accord, les importations de produits canadiens sont marginales en ce qui concerne nos filières d'élevage : la France n'a importé en 2023 depuis le Canada que 52 tonnes de viande bovine, ce qui représente à peine 0,0034 % de la consommation annuelle française.
En outre l'accord prévoit la reconnaissance mutuelle des systèmes de sécurité sanitaire des aliments et ne modifie donc pas les normes sanitaires et phytosanitaires en Europe.
Troisièmement, cet accord sert la relation économique bilatérale avec le Canada
Le Canada est le 12ème pays investisseur en France. La France est quant à elle le 10ème investisseur étranger au Canada - et le 2ème au Québec - avec plus de 1000 filiales d'entreprises françaises.
Les entreprises françaises participent activement, au bénéfice de notre économie et de notre souveraineté, à la construction de chaines de valeurs essentielles avec le Canada, dans l'aéronautique, dans les énergies renouvelables ou encore dans le nucléaire par exemple.
Souveraineté française
Enfin, cet accord avec le Canada permet à l'Europe de se doter de nouvelles filières d'approvisionnement en matériaux critiques, contribuant ainsi à notre souveraineté.
Indéniablement donc, cet accord est bon pour l'économie française, comme il l'est pour la qualité de notre relation bilatérale avec le Canada. Nos filières qui ont souffert des perturbations du commerce mondial ces dernières années, ont besoin de pouvoir s'appuyer sur cet accord, qui offre des perspectives de long terme solides dans un monde incertain.
On ne peut à la fois s'alarmer de notre déficit commercial et par ailleurs se priver d'un accord gagnant, générateur de richesse et d'emplois pour notre pays. Dès lors qu'il respecte nos standards européens, cet accord CETA est éminemment positif. Le remettre en cause enverrait un mauvais signal au Canada, qui partage nos valeurs, mais aussi à nos partenaires européens et au reste du monde : le signal d'une France qui se recroqueville.
https://www.lesechos.fr/idees-debats/ce ... ta-2083715