Trump et Zelensky, sous l’œil de Macron : un bon coup de Notre-Dame
Posté : 08 décembre 2024 08:57
La rencontre à l’Elysée entre les deux présidents américain (élu) et ukrainien représente un véritable succès diplomatique pour le président français, affaibli sur la scène intérieure, même si les résultats concrets sur le terrain de la guerre restent à voir.
Il faudra bien sûr plus qu’une photo, quelques sourires crispés et trois poignées de main. Mais la rencontre samedi, incertaine jusqu’à la dernière minute, entre le président-élu américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sous le parrainage du président français Emmanuel Macron, et, un peu, de Notre-Dame de Paris, apporte une touche d’espoir pour les semaines à venir. Une touche seulement, tant l’imprévisibilité de Donald Trump est désormais largement documentée. Mais la rencontre en elle-même, sous les ors de l’Elysée, est historique et pourrait, peut-être, modifier le cours de la guerre en Ukraine. Certains auront voulu y lire un signe : Donald Trump portait un costume bleu et une cravate jaune, les couleurs du drapeau ukrainien.
L’organisation de cet entretien flottait dans l’air depuis plusieurs semaines, depuis notamment l’invitation inopinée de Donald Trump, arrivé de sa résidence de Floride, pour son premier voyage à l’étranger depuis son élection le 5 novembre dernier et six semaines avant sa prise de fonction, le 20 janvier prochain à Washington. Sa présence pour la cérémonie de réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris – alors que le président encore en exercice Joe Biden était représenté par son épouse Jill – marquait son retour en majesté sur la scène géopolitique internationale. Il était d’ailleurs assis à la place d’honneur, entre Emmanuel et Brigitte Macron. De son côté, si la présidence ukrainienne avait bien confirmé avoir reçu une invitation pour la cérémonie, ce n’est que vendredi soir que la venue de Volodymyr Zelensky a été confirmée. Et la rencontre, tripartite, n’a été annoncée que samedi, quelques minutes après l’arrivée à l’Elysée, avec 45 minutes de retard, de Donald Trump.
Opportunité cruciale
Les deux dirigeants, la mine grave, affichant un sourire un peu crispé, auront pourtant posé sans ciller pour la photo historique qui aura fait le tour du monde. Avec, entre eux deux, un Emmanuel Macron nettement plus souriant, visiblement soulagé et heureux de son succès diplomatique, lui qui n’a plus de Premier ministre à Matignon, ni de majorité à l’Assemblée. Donald Trump et Volodymyr Zelensky se seront serré la main à au moins trois reprises, au début de leur entretien, qui aura duré un peu plus d’une demi-heure, à la sortie de l’Elysée, sous la pluie, puis, à nouveau, dans Notre-Dame de Paris, lorsque Donald Trump, l’un des derniers dirigeants à arriver dans la cathédrale, a serré la pince à tous les convives installés comme lui au premier rang, dont Volodymyr Zelensky, vêtu lui de sa tenue militaire kaki devenue sa marque de reconnaissance. L’arrivée dans la cathédrale du président ukrainien avait été accueillie par de longs applaudissements de l’assistance.
Pour lui, l’opportunité de parler de vive voix, lors d’une rencontre physique, avec Donald Trump, était cruciale. Les deux hommes s’étaient entretenus pendant une vingtaine de minutes au téléphone, peu après l’élection américaine en novembre dernier. Ils s’étaient aussi vus en septembre aux Etats-Unis. A l’époque, Trump n’était encore que le candidat du camp républicain, critiquait à chaque meeting de campagne les millions de dollars d’aide promis à l’Ukraine et promettait de mettre fin à la guerre dans les vingt-quatre heures suivant sa prise de fonction.
Volodymyr Zelensky est plutôt d’accord avec l’idée de «mettre fin au plus tôt à la guerre». Quelques minutes après leur départ, simultané, de l’Elysée, le dirigeant ukrainien postait un message sur X, en qualifiant la rencontre de «bonne et fructueuse». «Le président Trump est, comme toujours, déterminé. Je le remercie. Je témoigne aussi ma gratitude à Emmanuel pour avoir organisé cette importante rencontre. Nous voulons tous la fin de cette guerre le plus tôt possible et d’une manière qui soit juste. Nous avons parlé de notre peuple, de la situation sur le terrain et d’une paix juste. Nous nous sommes mis d’accord pour continuer à travailler ensemble et pour rester en contact. La paix à travers la force est possible».
Succès diplomatique
«Emmanuel», comme l’appellent aussi bien Donald Trump que Volodymyr Zelensky, pouvait bien sourire largement, tant cette rencontre lui permet de retrouver une certaine légitimité si ce n’est sur le plan intérieur, au moins sur la scène internationale. L’absence à Notre-Dame du chancelier allemand Olaf Scholz (c’est le président Frank-Walter Steinmeier qui représentait l’Allemagne), qui préfère faire campagne avant les élections de février, mais aussi d’Ursula von der Leyen, auront permis au président français de revendiquer totalement et tout seul ce succès diplomatique. La présidente du Conseil européen avait annulé sa venue, pourtant initialement confirmée, invoquant officiellement «une mauvaise communication interne». Officieusement, elle a simplement été désinvitée après l’approbation jeudi de l’accord politique du traité de libre-échange du Mercosur, auquel la France est farouchement opposée.
Après avoir assisté ensemble, à quelques sièges de distance, à la grandiose cérémonie de réouverture de Notre-Dame, les deux dirigeants devaient aussi prendre part au grand dîner diplomatique offert à la cinquantaine de dignitaires étrangers présents. L’absent de cette journée était évidemment le président russe Vladimir Poutine, malmené par les derniers événements en Syrie, d’où ses troupes se sont retirées de manière précipitée face à l’avancée des rebelles vers Damas et alors que le règne de Bachar al-Assad, soutenu jusqu’ici sans relâche par Moscou, semble ne plus tenir que par un fil.
Cet état de faits n’a pas échappé au futur président américain qui s’est fendu d’un long message sur son réseau social Truth Social. «La Russie, parce qu’elle est tellement embourbée en Ukraine, où elle a perdu plus de 600 000 hommes, semble incapable de stopper cette véritable marche (des rebelles) à travers la Syrie, un pays qu’elle a protégé pendant des années.» S’il est une chose qui n’inspire pas Donald Trump, ce sont les marques de faiblesse, et, pour lui, ce samedi, comparé à Zelensky, c’est sans doute Poutine qui semblait le plus faible. Mais demain ?
https://www.liberation.fr/international ... 53W7UYYZM/
Il faudra bien sûr plus qu’une photo, quelques sourires crispés et trois poignées de main. Mais la rencontre samedi, incertaine jusqu’à la dernière minute, entre le président-élu américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sous le parrainage du président français Emmanuel Macron, et, un peu, de Notre-Dame de Paris, apporte une touche d’espoir pour les semaines à venir. Une touche seulement, tant l’imprévisibilité de Donald Trump est désormais largement documentée. Mais la rencontre en elle-même, sous les ors de l’Elysée, est historique et pourrait, peut-être, modifier le cours de la guerre en Ukraine. Certains auront voulu y lire un signe : Donald Trump portait un costume bleu et une cravate jaune, les couleurs du drapeau ukrainien.
L’organisation de cet entretien flottait dans l’air depuis plusieurs semaines, depuis notamment l’invitation inopinée de Donald Trump, arrivé de sa résidence de Floride, pour son premier voyage à l’étranger depuis son élection le 5 novembre dernier et six semaines avant sa prise de fonction, le 20 janvier prochain à Washington. Sa présence pour la cérémonie de réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris – alors que le président encore en exercice Joe Biden était représenté par son épouse Jill – marquait son retour en majesté sur la scène géopolitique internationale. Il était d’ailleurs assis à la place d’honneur, entre Emmanuel et Brigitte Macron. De son côté, si la présidence ukrainienne avait bien confirmé avoir reçu une invitation pour la cérémonie, ce n’est que vendredi soir que la venue de Volodymyr Zelensky a été confirmée. Et la rencontre, tripartite, n’a été annoncée que samedi, quelques minutes après l’arrivée à l’Elysée, avec 45 minutes de retard, de Donald Trump.
Opportunité cruciale
Les deux dirigeants, la mine grave, affichant un sourire un peu crispé, auront pourtant posé sans ciller pour la photo historique qui aura fait le tour du monde. Avec, entre eux deux, un Emmanuel Macron nettement plus souriant, visiblement soulagé et heureux de son succès diplomatique, lui qui n’a plus de Premier ministre à Matignon, ni de majorité à l’Assemblée. Donald Trump et Volodymyr Zelensky se seront serré la main à au moins trois reprises, au début de leur entretien, qui aura duré un peu plus d’une demi-heure, à la sortie de l’Elysée, sous la pluie, puis, à nouveau, dans Notre-Dame de Paris, lorsque Donald Trump, l’un des derniers dirigeants à arriver dans la cathédrale, a serré la pince à tous les convives installés comme lui au premier rang, dont Volodymyr Zelensky, vêtu lui de sa tenue militaire kaki devenue sa marque de reconnaissance. L’arrivée dans la cathédrale du président ukrainien avait été accueillie par de longs applaudissements de l’assistance.
Pour lui, l’opportunité de parler de vive voix, lors d’une rencontre physique, avec Donald Trump, était cruciale. Les deux hommes s’étaient entretenus pendant une vingtaine de minutes au téléphone, peu après l’élection américaine en novembre dernier. Ils s’étaient aussi vus en septembre aux Etats-Unis. A l’époque, Trump n’était encore que le candidat du camp républicain, critiquait à chaque meeting de campagne les millions de dollars d’aide promis à l’Ukraine et promettait de mettre fin à la guerre dans les vingt-quatre heures suivant sa prise de fonction.
Volodymyr Zelensky est plutôt d’accord avec l’idée de «mettre fin au plus tôt à la guerre». Quelques minutes après leur départ, simultané, de l’Elysée, le dirigeant ukrainien postait un message sur X, en qualifiant la rencontre de «bonne et fructueuse». «Le président Trump est, comme toujours, déterminé. Je le remercie. Je témoigne aussi ma gratitude à Emmanuel pour avoir organisé cette importante rencontre. Nous voulons tous la fin de cette guerre le plus tôt possible et d’une manière qui soit juste. Nous avons parlé de notre peuple, de la situation sur le terrain et d’une paix juste. Nous nous sommes mis d’accord pour continuer à travailler ensemble et pour rester en contact. La paix à travers la force est possible».
Succès diplomatique
«Emmanuel», comme l’appellent aussi bien Donald Trump que Volodymyr Zelensky, pouvait bien sourire largement, tant cette rencontre lui permet de retrouver une certaine légitimité si ce n’est sur le plan intérieur, au moins sur la scène internationale. L’absence à Notre-Dame du chancelier allemand Olaf Scholz (c’est le président Frank-Walter Steinmeier qui représentait l’Allemagne), qui préfère faire campagne avant les élections de février, mais aussi d’Ursula von der Leyen, auront permis au président français de revendiquer totalement et tout seul ce succès diplomatique. La présidente du Conseil européen avait annulé sa venue, pourtant initialement confirmée, invoquant officiellement «une mauvaise communication interne». Officieusement, elle a simplement été désinvitée après l’approbation jeudi de l’accord politique du traité de libre-échange du Mercosur, auquel la France est farouchement opposée.
Après avoir assisté ensemble, à quelques sièges de distance, à la grandiose cérémonie de réouverture de Notre-Dame, les deux dirigeants devaient aussi prendre part au grand dîner diplomatique offert à la cinquantaine de dignitaires étrangers présents. L’absent de cette journée était évidemment le président russe Vladimir Poutine, malmené par les derniers événements en Syrie, d’où ses troupes se sont retirées de manière précipitée face à l’avancée des rebelles vers Damas et alors que le règne de Bachar al-Assad, soutenu jusqu’ici sans relâche par Moscou, semble ne plus tenir que par un fil.
Cet état de faits n’a pas échappé au futur président américain qui s’est fendu d’un long message sur son réseau social Truth Social. «La Russie, parce qu’elle est tellement embourbée en Ukraine, où elle a perdu plus de 600 000 hommes, semble incapable de stopper cette véritable marche (des rebelles) à travers la Syrie, un pays qu’elle a protégé pendant des années.» S’il est une chose qui n’inspire pas Donald Trump, ce sont les marques de faiblesse, et, pour lui, ce samedi, comparé à Zelensky, c’est sans doute Poutine qui semblait le plus faible. Mais demain ?
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