De 2001 à aujourd’hui : quelles ont été les positions de Jean-Luc Mélenchon sur la Syrie
Posté : 10 décembre 2024 06:44
Ben alors Jean-Luc on perd la mémoire ?...
Attaqué sur ses déclarations après la chute de Bachar al-Assad, l’insoumis s’est défendu sur son blog, dénonçant une «pluie de mensonges à propos de [ses] positions» sur l’ex-dictateur syrien. Retour en détail sur ses propos sur le sujet.
Le style est télégraphique. «Je me réjouis à 100 % de la chute du régime d’al-Assad en Syrie. Je me méfie à 100 % des nouveaux maîtres du pays. J’espère à 100 % que des élections libres sous contrôle international redonnent aux Syriens leur pouvoir démocratique», a déclaré Jean-Luc Mélenchon dimanche 8 décembre sur X, en réaction à la chute du dictateur syrien après la prise de Damas par les forces rebelles. «Désolée mais on n’oubliera pas», a répondu la députée européenne Renew Nathalie Loiseau, le renvoyant (via une capture d’écran du site de Valeurs actuelles) à des propos qu’il aurait tenus en 2019 en soutien au despote. Lundi après-midi, le leader insoumis a dénoncé une «pluie de mensonges à propos de [ses] positions sur al-Assad» et a publié, sur son blog, un texte faisant office de communiqué sur ses prises de position passées. Retour en quelques dates et déclarations.
2001 : Jean-Luc Mélenchon reçoit Bachar al-Assad à Paris
Le 25 juin 2001, le tout nouveau président de la Syrie Bachar al-Assad est reçu à Paris. L’homme n’est pas encore connu comme «le boucher de Damas» et son arrivée à la tête du régime fait espérer un tournant libéral après trente de règne d’Hafez al-Assad, son père. Mais le vent commence à tourner en mai 2001, quand il déclare devant Jean Paul II, en visite en Syrie que «les Juifs ont trahi et martyrisé Jésus» et ont «tenté de tuer le prophète Mahomet». Résultat : au moment où il faut trouver un membre du gouvernement pour aller accueillir, comme le veut le protocole, le chef d’Etat syrien, les ministres de premier rang se disent indisponible… A l’époque ministre délégué à l’Enseignement professionnel, Jean-Luc Mélenchon se dévoue. «Il se dit qu’on ne peut pas être dans l’entre-deux, expliquait Bernard Pignerol – aujourd’hui décédé – qui travaillait dans son cabinet. Si la France a des relations diplomatiques avec des régimes autoritaires, il faut aussi la représenter et honorer ses engagements de pays d’accueil.» (1) La photo de cette rencontre circule régulièrement sur les réseaux sociaux, comme preuve du soutien du leader insoumis syrien. A tort donc puisqu’il s’agit d’une rencontre protocolaire, bien avant les massacres de Bachar al-Assad contre son propre peuple.
2011 : Jean-Luc Mélenchon condamne la répression de la révolution citoyenne
Le 15 septembre 2011, alors député européen, le futur candidat à la présidentielle vote en faveur d’une motion du Parlement européen qui «condamne vigoureusement l’escalade dans le recours à la force contre des manifestants pacifiques et les persécutions brutales et systématiques à l’encontre des militants réclamant la démocratie, des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes» et «fait part de ses plus vives préoccupations quant à la gravité des violations des droits de l’homme perpétrées par les autorités syriennes, y compris les arrestations de masse, les exécutions sommaires, les détentions arbitraires, les disparitions et la torture». «Je vote pour ce texte en dépit de l’arrogance exprimée à propos de pays tiers», précise-t-il en explication de vote.
2012 : condamnation de Bachar al-Assad pendant la campagne présidentielle
En mars 2012, Jean-Luc Mélenchon est candidat à l’Elysée. A cette occasion il est interrogé sur sa position concernant la Syrie. «Nous sommes tous d’accord je pense pour dire qu’un gouvernement qui tire sur son peuple est illégitime. Monsieur Bachar al-Assad est passé au stade industriel de la répression. C’est à coups de canons, c’est avec des chars et il y a une tradition qui est assez terrible en Syrie puisque son prédécesseur, monsieur Hafez el-Assad avait quasiment rasé une ville. On ne peut que mettre en place tous les moyens pacifiques dont on dispose pour infléchir», avait-il déclaré sur RFI, comme il le rappelle sur son blog, ce lundi. Il propose alors «de frapper les biens de la famille al-Assad et des autres dirigeants». Il s’oppose également à une intervention militaire qu’il qualifie d’«absurdité» et critique «l’influence tout à fait néfaste et catastrophique des Etats-Unis sur le monde».
2016 : le ni-ni pendant la bataille d’Alep
Est-ce une conséquence de sa position campiste et d’une France qu’il veut «non alignée» sur les Etats-Unis ? En tout cas, interrogé par Léa Salamé sur France 2, Jean-Luc Mélenchon se prononce, en février 2016, en faveur de l’intervention de la Russie en Syrie, affirmant sans nuance que Vladimir Poutine allait «régler le problème» de l’élimination de Daech. Le message passe mal. A cette époque, le fait que de nombreux civils syriens étaient victimes des bombardements russes ne pouvait être ignoré. En décembre 2015, Amnesty International estimait déjà que certains d’entre eux pouvaient relever du crime de guerre. Fin 2016, alors que la bataille d’Alep atteint son paroxysme, le Parti de gauche présidé par Mélenchon appelle, dans un communiqué, la France à «jouer son rôle de médiation en ne prenant parti ni pour Bachar al-Assad, ni pour les Etats-Unis, ni pour la Russie, ni pour les monarchies du Golfe, mais en trait d’union pour construire un corridor humanitaire, face à ces massacres terribles de civils».
2018 : remise en cause de l’attaque chimique à Douma
Le 7 avril 2018, le régime syrien lance une attaque chimique au chlore contre un quartier résidentiel à Douma, dans la Ghouta orientale, entraînant la mort de 43 personnes. Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni répliquent sans l’accord de l’ONU. Une décision critiquée par plusieurs responsables politiques français, dont Jean-Luc Mélenchon. Le leader insoumis est accusé de faire le jeu de la propagande du régime qui dément l’attaque chimique et dénonce une mise en scène. Le 19 avril, sur son blog, Jean-Luc Mélenchon rapporte avoir rencontré le nouvel ambassadeur russe. «Cet échange m’a convaincu que la possibilité reste totalement ouverte de reconstituer un partenariat franco-russe stable et tourné vers des objectifs communs de paix», écrit-il. Le bilan de la guerre civile qui fait rage depuis 2011 s’élève alors à plus de 350 000 morts.
2019 : en soutien des Kurdes, Jean-Luc Mélenchon appelle à soutenir l’armée syrienne contre les Turcs. Au mois de juin, en commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Jean-Luc Mélenchon, alors président du groupe insoumis, appelle à «rétablir des liens avec la Syrie en réouvrant l’ambassade de France à Damas», à «respecter l’intégrité du territoire syrien et à ce que les Kurdes participent aux conférences de reconstruction». Il dénonce alors le rôle de la Turquie dans la région. En octobre, l’armée turque lance une offensive dans le nord-est de la Syrie, sous contrôle des forces kurdes pour lesquelles La France insoumise a exprimé à plusieurs reprises son «indéfectible soutien». Le leader insoumis se félicite de la réplique de l’armée de Bachar al-Assad et appelle la France à apporter son soutien. «Excellente nouvelle. L’armée syrienne va défendre son pays contre l’invasion de l’armée d’Erdogan et de leur supplétif djihadiste. La France doit les aider», écrit-il dans ce même tweet repris par Valeurs Actuelle et cité par Nathalie Loiseau. Sur son blog ce lundi, Jean-Luc Mélenchon se défend et explique qu’il «n’appelait pas Emmanuel Macron à “aider” Bachar al-Assad mais à défendre nos alliés kurdes contre une agression».
https://www.liberation.fr/politique/de- ... E3EYR3L3I/
Attaqué sur ses déclarations après la chute de Bachar al-Assad, l’insoumis s’est défendu sur son blog, dénonçant une «pluie de mensonges à propos de [ses] positions» sur l’ex-dictateur syrien. Retour en détail sur ses propos sur le sujet.
Le style est télégraphique. «Je me réjouis à 100 % de la chute du régime d’al-Assad en Syrie. Je me méfie à 100 % des nouveaux maîtres du pays. J’espère à 100 % que des élections libres sous contrôle international redonnent aux Syriens leur pouvoir démocratique», a déclaré Jean-Luc Mélenchon dimanche 8 décembre sur X, en réaction à la chute du dictateur syrien après la prise de Damas par les forces rebelles. «Désolée mais on n’oubliera pas», a répondu la députée européenne Renew Nathalie Loiseau, le renvoyant (via une capture d’écran du site de Valeurs actuelles) à des propos qu’il aurait tenus en 2019 en soutien au despote. Lundi après-midi, le leader insoumis a dénoncé une «pluie de mensonges à propos de [ses] positions sur al-Assad» et a publié, sur son blog, un texte faisant office de communiqué sur ses prises de position passées. Retour en quelques dates et déclarations.
2001 : Jean-Luc Mélenchon reçoit Bachar al-Assad à Paris
Le 25 juin 2001, le tout nouveau président de la Syrie Bachar al-Assad est reçu à Paris. L’homme n’est pas encore connu comme «le boucher de Damas» et son arrivée à la tête du régime fait espérer un tournant libéral après trente de règne d’Hafez al-Assad, son père. Mais le vent commence à tourner en mai 2001, quand il déclare devant Jean Paul II, en visite en Syrie que «les Juifs ont trahi et martyrisé Jésus» et ont «tenté de tuer le prophète Mahomet». Résultat : au moment où il faut trouver un membre du gouvernement pour aller accueillir, comme le veut le protocole, le chef d’Etat syrien, les ministres de premier rang se disent indisponible… A l’époque ministre délégué à l’Enseignement professionnel, Jean-Luc Mélenchon se dévoue. «Il se dit qu’on ne peut pas être dans l’entre-deux, expliquait Bernard Pignerol – aujourd’hui décédé – qui travaillait dans son cabinet. Si la France a des relations diplomatiques avec des régimes autoritaires, il faut aussi la représenter et honorer ses engagements de pays d’accueil.» (1) La photo de cette rencontre circule régulièrement sur les réseaux sociaux, comme preuve du soutien du leader insoumis syrien. A tort donc puisqu’il s’agit d’une rencontre protocolaire, bien avant les massacres de Bachar al-Assad contre son propre peuple.
2011 : Jean-Luc Mélenchon condamne la répression de la révolution citoyenne
Le 15 septembre 2011, alors député européen, le futur candidat à la présidentielle vote en faveur d’une motion du Parlement européen qui «condamne vigoureusement l’escalade dans le recours à la force contre des manifestants pacifiques et les persécutions brutales et systématiques à l’encontre des militants réclamant la démocratie, des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes» et «fait part de ses plus vives préoccupations quant à la gravité des violations des droits de l’homme perpétrées par les autorités syriennes, y compris les arrestations de masse, les exécutions sommaires, les détentions arbitraires, les disparitions et la torture». «Je vote pour ce texte en dépit de l’arrogance exprimée à propos de pays tiers», précise-t-il en explication de vote.
2012 : condamnation de Bachar al-Assad pendant la campagne présidentielle
En mars 2012, Jean-Luc Mélenchon est candidat à l’Elysée. A cette occasion il est interrogé sur sa position concernant la Syrie. «Nous sommes tous d’accord je pense pour dire qu’un gouvernement qui tire sur son peuple est illégitime. Monsieur Bachar al-Assad est passé au stade industriel de la répression. C’est à coups de canons, c’est avec des chars et il y a une tradition qui est assez terrible en Syrie puisque son prédécesseur, monsieur Hafez el-Assad avait quasiment rasé une ville. On ne peut que mettre en place tous les moyens pacifiques dont on dispose pour infléchir», avait-il déclaré sur RFI, comme il le rappelle sur son blog, ce lundi. Il propose alors «de frapper les biens de la famille al-Assad et des autres dirigeants». Il s’oppose également à une intervention militaire qu’il qualifie d’«absurdité» et critique «l’influence tout à fait néfaste et catastrophique des Etats-Unis sur le monde».
2016 : le ni-ni pendant la bataille d’Alep
Est-ce une conséquence de sa position campiste et d’une France qu’il veut «non alignée» sur les Etats-Unis ? En tout cas, interrogé par Léa Salamé sur France 2, Jean-Luc Mélenchon se prononce, en février 2016, en faveur de l’intervention de la Russie en Syrie, affirmant sans nuance que Vladimir Poutine allait «régler le problème» de l’élimination de Daech. Le message passe mal. A cette époque, le fait que de nombreux civils syriens étaient victimes des bombardements russes ne pouvait être ignoré. En décembre 2015, Amnesty International estimait déjà que certains d’entre eux pouvaient relever du crime de guerre. Fin 2016, alors que la bataille d’Alep atteint son paroxysme, le Parti de gauche présidé par Mélenchon appelle, dans un communiqué, la France à «jouer son rôle de médiation en ne prenant parti ni pour Bachar al-Assad, ni pour les Etats-Unis, ni pour la Russie, ni pour les monarchies du Golfe, mais en trait d’union pour construire un corridor humanitaire, face à ces massacres terribles de civils».
2018 : remise en cause de l’attaque chimique à Douma
Le 7 avril 2018, le régime syrien lance une attaque chimique au chlore contre un quartier résidentiel à Douma, dans la Ghouta orientale, entraînant la mort de 43 personnes. Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni répliquent sans l’accord de l’ONU. Une décision critiquée par plusieurs responsables politiques français, dont Jean-Luc Mélenchon. Le leader insoumis est accusé de faire le jeu de la propagande du régime qui dément l’attaque chimique et dénonce une mise en scène. Le 19 avril, sur son blog, Jean-Luc Mélenchon rapporte avoir rencontré le nouvel ambassadeur russe. «Cet échange m’a convaincu que la possibilité reste totalement ouverte de reconstituer un partenariat franco-russe stable et tourné vers des objectifs communs de paix», écrit-il. Le bilan de la guerre civile qui fait rage depuis 2011 s’élève alors à plus de 350 000 morts.
2019 : en soutien des Kurdes, Jean-Luc Mélenchon appelle à soutenir l’armée syrienne contre les Turcs. Au mois de juin, en commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Jean-Luc Mélenchon, alors président du groupe insoumis, appelle à «rétablir des liens avec la Syrie en réouvrant l’ambassade de France à Damas», à «respecter l’intégrité du territoire syrien et à ce que les Kurdes participent aux conférences de reconstruction». Il dénonce alors le rôle de la Turquie dans la région. En octobre, l’armée turque lance une offensive dans le nord-est de la Syrie, sous contrôle des forces kurdes pour lesquelles La France insoumise a exprimé à plusieurs reprises son «indéfectible soutien». Le leader insoumis se félicite de la réplique de l’armée de Bachar al-Assad et appelle la France à apporter son soutien. «Excellente nouvelle. L’armée syrienne va défendre son pays contre l’invasion de l’armée d’Erdogan et de leur supplétif djihadiste. La France doit les aider», écrit-il dans ce même tweet repris par Valeurs Actuelle et cité par Nathalie Loiseau. Sur son blog ce lundi, Jean-Luc Mélenchon se défend et explique qu’il «n’appelait pas Emmanuel Macron à “aider” Bachar al-Assad mais à défendre nos alliés kurdes contre une agression».
https://www.liberation.fr/politique/de- ... E3EYR3L3I/