PS: "Les électeurs commencent à nous dire que maintenant ça suffit"
Posté : 02 février 2025 17:17
"Les électeurs commencent à nous dire que maintenant ça suffit": au PS, le grand dilemme de la censure
Moi, je dis aux socialistes: abandonnez LFI et EELV ces extrémistes indignes, soyez-vous même c'est à dire un parti républicain social-démocrate de gouvernement et pas une caricature extrémiste qui court derrière Mélenchon. Virez Faure et Vallaud, ils sont pitoyables.Les députés socialistes vont se revoir lundi 3 février pour la séance de présentation de budget, mais ils ne devraient pas décider avant mardi d’une position commune sur une éventuelle censure.
Tous les regards sont braqués sur eux. Ce vendredi 31 janvier, la commission mixte paritaire est parvenue à se mettre d’accord sur une version commune du budget pour la France en 2025. À partir de ce lundi, François Bayrou va tenter de faire adopter ce texte à l’Assemblée nationale. Sans majorité, le gouvernement pourrait dégainer le 49.3, puis faire face au dépôt d’une motion de censure. Le vote de celle-ci aura lieu 48 heures plus tard, soit le mercredi 5 février.
À quelques heures de cette semaine qui s’annonce décisive, les députés PS sont en plein dilemme sur la marche à suivre. Si le groupe s’est mis d’accord, après une réunion ce samedi 1er janvier au matin, pour s’opposer au budget, s’il devait y avoir un vote, chaque député est tiraillé au sujet du vote de la motion de censure.
"Je suis déchiré, il y a une forme de gravité dans la décision qu’on va prendre", rapporte un député du groupe à BFMTV. "Les concessions faites lors de la Commission mixte paritaire ne sont pas suffisantes. Pourtant les engagements du courrier de Bayrou ont été tenus."
Ne pas être "responsables" de l'enlisement de la France
La "responsabilité" est l’argument principal qui revient le plus souvent pour ne pas censurer du côté des socialistes. Les députés de gauche ne veulent pas être "responsables" de l’enlisement d’une France sans budget et sans gouvernement.
"On ne peut pas se permettre d’avoir un nouveau semestre pour rien", dit un cadre du Parti socialiste à BFMTV. "La première censure était souhaitable. La deuxième nous conduirait à une instabilité chronique." Et d’ajouter: "on a un rôle historique, celui d’être un facteur de stabilisation."
Parmi les arguments qui pèsent en faveur de la motion de censure: les demandes du groupe socialiste qui n’ont pas été satisfaites, et qui pourraient justifier leur vote. Selon les députés du groupe, il manque toujours la hausse du SMIC, des mesures pour le pouvoir d’achat et l’écologie ainsi qu’un mea-culpa sur l’utilisation de l'expression "submersion migratoire".
À contrario, les concessions obtenues par le PS, notamment une coupe budgétaire moindre sur l’Aide médicale d'État, les postes d’enseignants sauvegardés et la taxe sur les grandes entreprises, pèsent contre la motion de censure.
Plus préoccupant encore pour les députés du Parti socialiste, la peur d’être lâché par la base en cas de vote de la motion de censure. En circonscription, les députés relatent des épisodes où les administrés ont commencé à se "retourner", et à critiquer les conséquences de l’absence de budget.
"Les électeurs commencent à nous dire que maintenant ça suffit", rapporte un député du groupe. "Des administrés qui nous disent que la fin du mois, c’est plus important pour eux que les ambitions de Mélenchon, ça fait mal au cœur", confie un autre.
"Les Français payent cher la censure, en termes d’emploi, de visibilité, même de pouvoir d’achat", assure un des "négociateurs" socialistes de la commission mixte paritaire à BFMTV.
Lionel Jospin appelle "à ne pas voter la censure"
Ce samedi 1er février, l’ancien Premier ministre Lionel Jospin a appelé les socialistes et plus généralement la gauche à "ne pas voter la censure". "Lionel Jospin est une figure tutélaire très respectée du groupe, il a œuvré à l'unité du NFP, il ne s'est jamais compromis avec un quelconque gouvernement. Ses propos ont été entendus", assure un membre de la direction du groupe.
Ce samedi matin, de son côté, Olivier Faure a appelé les députés à adopter une ligne unie. Mais rien ne dit qu’ils seront unanimes. "Je ne peux pas assurer que la discipline de groupe sera respectée", avoue auprès de BFMTV un des chefs de file du groupe PS.
Les députés socialistes vont se revoir lundi pour la séance de présentation de budget, mais ils ne devraient pas décider avant mardi d’une position commune. Lors de la précédente motion de censure, huit députés avaient décidé de censurer malgré la position contraire du groupe. Reste à savoir si cette position restera identique, quitte à "passer pour ceux qui veulent briser l'alliance de la gauche".
"Si on ne vote pas la censure, les LFI vont nous taper dessus, mais quoi qu'il arrive ils nous tapent dessus" conclut, un député fataliste.
Anne Saurat-Dubois, Anthony Lebbos avec Charlotte Lesage