"La coke fait tenir" : à l'Assemblée nationale, "le tabou" de la consommation de drogue
Posté : 06 février 2025 09:33
Vous reprendrez bien un p'tit rail ?...
Alors que la lutte contre le narcotrafic est érigée en priorité nationale par le gouvernement, plusieurs témoignages corroborent le fait que certains députés et collaborateurs consomment des produits stupéfiants, notamment pour faire face à la charge de travail et la pression.
"Le rythme de prise s'est accéléré. Le lundi, il était guilleret et sautait de joie. Le mardi, ça allait, mais il commençait à être un peu irritable. Le mercredi et le jeudi, il était exécrable. Et le vendredi, il était au fond du trou." Fabien* a bien connu cet ancien député, tombé dans la consommation d'un produit stupéfiant très addictif et destructeur, la 3-MMC, alors qu'il siégeait sur les bancs de l'Assemblée nationale. "A partir d'août-septembre 2023, ce n'était plus tenable, poursuit Fabien. Tout le monde s'en rendait compte. On me disait : 'Il est rouge. Il transpire. Qu'est-ce qu'il prend ?'" Fabien affirme avoir eu la preuve que le député, qui n'a pas souhaité témoigner, se droguait, même s'il précise qu'il ne l'a jamais vu faire devant lui.
L'affaire est parvenue aux oreilles de son groupe parlementaire en janvier 2024 et l'élu a été immédiatement convoqué pour des explications. "Il nous a tout de suite dit : 'Je vais mal' et 'je vais arrêter'. Mais ça ne marche pas comme ça, raconte une source proche du dossier. C'est une addiction. On lui a proposé un parcours de soins et il a accepté." Selon cette même source, "les nuits à l'Assemblée" et le rythme des travaux parlementaires ont, entre autres facteurs, conduit cet élu à tomber dans le piège de la drogue. "Il a commencé à vriller quand il est devenu député, on a été assez inquiets pour lui", raconte une autre source au fait de cette histoire.
"Il n'a plus jamais rien touché", assure aujourd'hui son groupe, qui se targue d'avoir vite réagi. Le député a même été de nouveau investi par son parti après la dissolution, mais il a été battu lors des élections législatives anticipées l'été dernier. Une absolue discrétion a entouré son cas, pourtant loin d'être unique, même s'il est bien difficile de quantifier le phénomène. Sous couvert d'anonymat, députés, anciens élus et conseillers ont témoigné auprès de franceinfo de cette réalité "extrêmement taboue", selon les mots d'un collaborateur parlementaire.
"Rail de coke" et "cachetons"
"Tout le monde savait." La phrase est souvent revenue au fil des entretiens, lorsque le cas du député La France insoumise Andy Kerbrat, arrêté mi-octobre à Paris alors qu'il achetait de la 3-MMC, était évoqué. Après les révélations de Mediapart, le trentenaire a annoncé qu'il allait "suivre un protocole de soins", afin de se "battre contre cette addiction", et reconnu qu'il avait fait "n'importe quoi" avec ses frais de mandat, même s'il a nié s'en être servi pour acheter de la drogue. Le déontologue de l'Assemblée nationale a été saisi. Avant le député insoumis, c'est le macroniste Emmanuel Pellerin qui a défrayé la chronique, au début de l'année 2023. L'élu des Hauts-de-Seine a annoncé qu'il se mettait en retrait, après que Mediapart a révélé qu'il avait consommé de la cocaïne, avant et après son élection.
Loin de provoquer une prise de conscience dans tous les groupes, ces affaires sont surtout traitées d'un point de vue individuel. "Personne ne parle de l'affaire Kerbrat, alors que ce n'est pas du tout un phénomène isolé, assure un collaborateur parlementaire de gauche. Certains députés sont consommateurs et cela concerne tous les groupes." Ce conseiller assure avoir été témoin d'un député consommant de la drogue aux toilettes lors d'une séance de nuit au Palais-Bourbon. "Je l'ai entendu se faire un rail de coke", affirme-t-il. L'élu n'était pas de son camp politique, mais le collaborateur n'a rien dit.
Une consommation qui n'est pas seulement solitaire, mais peut aussi se faire dans un cadre festif, y compris au sein même de l'Assemblée. Un ancien député du bloc central se souvient d'une soirée remontant à 2018 avec une petite trentaine de participants. "J'ai vu de l'abus en tout, avec des comportements lourds de mecs envers les femmes et des cachetons qui circulaient. Je suis parti, raconte-t-il. Après, j'ai refusé d'aller en soirée à cause de ce que je savais." Des soirées se tiennent aussi en dehors du Palais-Bourbon, où des élus et conseillers de tous bords se retrouvent et où la drogue circule, selon les dires d'un autre collaborateur parlementaire. En particulier de "la coke", qui "fait tenir" et vous "rend un peu festif".
"La coke vous aide à oublier les côtés sombres. La politique, c'est quand même un milieu très dur. Il y a une pression de malade. Il y a ceux qui arrivent à avoir une vie ascétique, et les autres."
Selon les personnes interrogées par franceinfo, le rythme de travail des députés, qui enchaînent les séances de nuit, les travaux en commission, mais aussi les allers-retours dans leur circonscription, peuvent expliquer qu'ils tombent dans l'engrenage. "Les corps sont tellement sollicités... Quand je suis devenu député, c'était encore plus physique que je ne le pensais, confie le député socialiste Arthur Delaporte, qui assure ne consommer aucun produit stupéfiant, ni même du tabac. "Qui n'a pas de repos hebdomadaire, à part les députés ? Presque personne. On dort peu, sans aucun temps de pause, on fait des déjeuners et des dîners de travail. C'est un tunnel permanent. Alors, il y a des échappatoires : le sucre, le gras, et pour certains cela peut être le tabac, l'alcool, les drogues, même si cela reste tabou."
"Notre rythme encourage les abus"
L'instabilité politique, provoquée par la dissolution à l'issue des élections européennes de juin 2024, a accentué "le stress et la tension", poursuit Arthur Delaporte. "La violence a été institutionnelle mais aussi psychique. C'est un climat anxiogène." Le député MoDem Erwan Balanant, qui lui aussi déclare n'avoir jamais touché à de la drogue, acquiesce. "Notre rythme a un côté dysfonctionnel qui encourage la fête et les abus", affirme celui qui milite depuis longtemps pour l'abolition des séances de nuit.
Sans aller jusqu'à tomber dans les drogues dites "dures", la consommation de cannabis existe aussi parmi les parlementaires. "J'ai fumé deux ou trois fois dans mon bureau à l'Assemblée, mais sinon c'était chez moi. J'étais tellement stressé... Ça monte tellement haut", raconte un député qui assure avoir aujourd'hui arrêté.
"On ne peut pas être présent jusqu'à 2 heures du matin et revenir à 9 heures. Faire du sport et boire de l'eau, ça ne suffit pas."
Les équipes des députés sont elles aussi soumises à une charge de travail importante, entre la communication, la préparation des textes de loi ou les travaux en commission, sans compter la gestion des imprévus. "C'est une pression constante. C'est une disponibilité H24", livre aussi un ancien collaborateur parlementaire. "Mais, il y a un autre sujet, qui est massif : la consommation d'alcool", ajoute-t-il.
Même si elle n'est pas illégale, elle peut devenir problématique lorsqu'elle devient excessive et trop régulière. "C'est le vrai sujet, rebondit une ex-collaboratrice. La réalité, c'est que si la buvette ne servait plus d'alcool, il n'y aurait personne en séance le soir". "Mais si demain la buvette ne vendait plus de boissons alcoolisées, les bars à côté de l'Assemblée seraient archi pleins", soupire un conseiller ministériel. Les verres peuvent ainsi s'enchaîner au fil de la soirée. "J'ai vu des gens en état de quasi-ébriété, on le voit à la reprise de 21h30", livre Erwan Balanant. "Ils boivent un, deux, trois, quatre verres entre chaque vote, ça pose vraiment question pour leur santé", observe un collaborateur parlementaire, qui évoque "une grosse solitude chez les députés".
"Personne n'a intérêt à ce que la vérité sorte"
Ceux qui ont quitté leur mandat après une défaite électorale se rendent à présent compte de leurs excès passés. "Je buvais trop, confie un ancien parlementaire. Pendant un temps, je notais combien de verres je buvais. C'est allé jusqu'à quinze verres de vin par jour." Il évoque une consommation personnelle, mais aussi collective pour fêter des victoires obtenues dans l'hémicycle, par exemple. "La fonction désinhibe encore plus", dit-il. En période électorale, c'est encore pire. "Pendant la campagne des législatives, on est invités à boire en permanence", assure un cadre du parti présidentiel.
"Il n'est pas possible de faire une campagne sans boire. La consommation est effrénée."
Comment ces questions sont-elles traitées au plus haut niveau ? "C'est un sujet que l'on prend très au sérieux, assure l'entourage du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau. On a conscience qu'il y a un problème, même si nous n'avons pas de remontées spécifiques mais des bruits persistants sur le fait que la drogue circule."
Lundi, le maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle, a appelé, dans une interview au Dauphiné Libéré(Nouvelle fenêtre), à conduire "de façon anonyme" des tests de recherche de stupéfiants sur les parlementaires et les ministres pour "voir si le problème touche aussi les cercles de décisions, alors que ceux-ci sont censés lutter contre le trafic". "Moi, je ferais un dépistage obligatoire tous les mois, avec proposition de protocole de soins", rebondit un ancien député. "Il y a des cercles de pouvoir, il y a des cercles de richesse qui utilisent la drogue. La problématique, c'est l'addiction (...) Ce n'est pas qu'une question de jeunes de quartiers issus de l'immigration", a admis mardi dans "C à vous"(Nouvelle fenêtre) le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, évoquant "les avocats d'affaire, des cadres, des journalistes, des politiques qui en consomment". Le garde des Sceaux se dit lui-même "prêt à [se] soumettre à tous les tests".
Sollicitée, la présidence de l'Assemblée nationale préfère renvoyer à la communication de l'institution, qui n'a pas répondu à nos questions. "Il n'y a pas d'intérêt à la transparence, il y a un tel tabou sur le sujet... Personne n'a intérêt à ce que la vérité sorte", soupire un ancien collaborateur parlementaire.
* Le prénom a été modifié pour protéger l'identité du témoin.
https://www.francetvinfo.fr/politique/p ... =DM1062919
Alors que la lutte contre le narcotrafic est érigée en priorité nationale par le gouvernement, plusieurs témoignages corroborent le fait que certains députés et collaborateurs consomment des produits stupéfiants, notamment pour faire face à la charge de travail et la pression.
"Le rythme de prise s'est accéléré. Le lundi, il était guilleret et sautait de joie. Le mardi, ça allait, mais il commençait à être un peu irritable. Le mercredi et le jeudi, il était exécrable. Et le vendredi, il était au fond du trou." Fabien* a bien connu cet ancien député, tombé dans la consommation d'un produit stupéfiant très addictif et destructeur, la 3-MMC, alors qu'il siégeait sur les bancs de l'Assemblée nationale. "A partir d'août-septembre 2023, ce n'était plus tenable, poursuit Fabien. Tout le monde s'en rendait compte. On me disait : 'Il est rouge. Il transpire. Qu'est-ce qu'il prend ?'" Fabien affirme avoir eu la preuve que le député, qui n'a pas souhaité témoigner, se droguait, même s'il précise qu'il ne l'a jamais vu faire devant lui.
L'affaire est parvenue aux oreilles de son groupe parlementaire en janvier 2024 et l'élu a été immédiatement convoqué pour des explications. "Il nous a tout de suite dit : 'Je vais mal' et 'je vais arrêter'. Mais ça ne marche pas comme ça, raconte une source proche du dossier. C'est une addiction. On lui a proposé un parcours de soins et il a accepté." Selon cette même source, "les nuits à l'Assemblée" et le rythme des travaux parlementaires ont, entre autres facteurs, conduit cet élu à tomber dans le piège de la drogue. "Il a commencé à vriller quand il est devenu député, on a été assez inquiets pour lui", raconte une autre source au fait de cette histoire.
"Il n'a plus jamais rien touché", assure aujourd'hui son groupe, qui se targue d'avoir vite réagi. Le député a même été de nouveau investi par son parti après la dissolution, mais il a été battu lors des élections législatives anticipées l'été dernier. Une absolue discrétion a entouré son cas, pourtant loin d'être unique, même s'il est bien difficile de quantifier le phénomène. Sous couvert d'anonymat, députés, anciens élus et conseillers ont témoigné auprès de franceinfo de cette réalité "extrêmement taboue", selon les mots d'un collaborateur parlementaire.
"Rail de coke" et "cachetons"
"Tout le monde savait." La phrase est souvent revenue au fil des entretiens, lorsque le cas du député La France insoumise Andy Kerbrat, arrêté mi-octobre à Paris alors qu'il achetait de la 3-MMC, était évoqué. Après les révélations de Mediapart, le trentenaire a annoncé qu'il allait "suivre un protocole de soins", afin de se "battre contre cette addiction", et reconnu qu'il avait fait "n'importe quoi" avec ses frais de mandat, même s'il a nié s'en être servi pour acheter de la drogue. Le déontologue de l'Assemblée nationale a été saisi. Avant le député insoumis, c'est le macroniste Emmanuel Pellerin qui a défrayé la chronique, au début de l'année 2023. L'élu des Hauts-de-Seine a annoncé qu'il se mettait en retrait, après que Mediapart a révélé qu'il avait consommé de la cocaïne, avant et après son élection.
Loin de provoquer une prise de conscience dans tous les groupes, ces affaires sont surtout traitées d'un point de vue individuel. "Personne ne parle de l'affaire Kerbrat, alors que ce n'est pas du tout un phénomène isolé, assure un collaborateur parlementaire de gauche. Certains députés sont consommateurs et cela concerne tous les groupes." Ce conseiller assure avoir été témoin d'un député consommant de la drogue aux toilettes lors d'une séance de nuit au Palais-Bourbon. "Je l'ai entendu se faire un rail de coke", affirme-t-il. L'élu n'était pas de son camp politique, mais le collaborateur n'a rien dit.
Une consommation qui n'est pas seulement solitaire, mais peut aussi se faire dans un cadre festif, y compris au sein même de l'Assemblée. Un ancien député du bloc central se souvient d'une soirée remontant à 2018 avec une petite trentaine de participants. "J'ai vu de l'abus en tout, avec des comportements lourds de mecs envers les femmes et des cachetons qui circulaient. Je suis parti, raconte-t-il. Après, j'ai refusé d'aller en soirée à cause de ce que je savais." Des soirées se tiennent aussi en dehors du Palais-Bourbon, où des élus et conseillers de tous bords se retrouvent et où la drogue circule, selon les dires d'un autre collaborateur parlementaire. En particulier de "la coke", qui "fait tenir" et vous "rend un peu festif".
"La coke vous aide à oublier les côtés sombres. La politique, c'est quand même un milieu très dur. Il y a une pression de malade. Il y a ceux qui arrivent à avoir une vie ascétique, et les autres."
Selon les personnes interrogées par franceinfo, le rythme de travail des députés, qui enchaînent les séances de nuit, les travaux en commission, mais aussi les allers-retours dans leur circonscription, peuvent expliquer qu'ils tombent dans l'engrenage. "Les corps sont tellement sollicités... Quand je suis devenu député, c'était encore plus physique que je ne le pensais, confie le député socialiste Arthur Delaporte, qui assure ne consommer aucun produit stupéfiant, ni même du tabac. "Qui n'a pas de repos hebdomadaire, à part les députés ? Presque personne. On dort peu, sans aucun temps de pause, on fait des déjeuners et des dîners de travail. C'est un tunnel permanent. Alors, il y a des échappatoires : le sucre, le gras, et pour certains cela peut être le tabac, l'alcool, les drogues, même si cela reste tabou."
"Notre rythme encourage les abus"
L'instabilité politique, provoquée par la dissolution à l'issue des élections européennes de juin 2024, a accentué "le stress et la tension", poursuit Arthur Delaporte. "La violence a été institutionnelle mais aussi psychique. C'est un climat anxiogène." Le député MoDem Erwan Balanant, qui lui aussi déclare n'avoir jamais touché à de la drogue, acquiesce. "Notre rythme a un côté dysfonctionnel qui encourage la fête et les abus", affirme celui qui milite depuis longtemps pour l'abolition des séances de nuit.
Sans aller jusqu'à tomber dans les drogues dites "dures", la consommation de cannabis existe aussi parmi les parlementaires. "J'ai fumé deux ou trois fois dans mon bureau à l'Assemblée, mais sinon c'était chez moi. J'étais tellement stressé... Ça monte tellement haut", raconte un député qui assure avoir aujourd'hui arrêté.
"On ne peut pas être présent jusqu'à 2 heures du matin et revenir à 9 heures. Faire du sport et boire de l'eau, ça ne suffit pas."
Les équipes des députés sont elles aussi soumises à une charge de travail importante, entre la communication, la préparation des textes de loi ou les travaux en commission, sans compter la gestion des imprévus. "C'est une pression constante. C'est une disponibilité H24", livre aussi un ancien collaborateur parlementaire. "Mais, il y a un autre sujet, qui est massif : la consommation d'alcool", ajoute-t-il.
Même si elle n'est pas illégale, elle peut devenir problématique lorsqu'elle devient excessive et trop régulière. "C'est le vrai sujet, rebondit une ex-collaboratrice. La réalité, c'est que si la buvette ne servait plus d'alcool, il n'y aurait personne en séance le soir". "Mais si demain la buvette ne vendait plus de boissons alcoolisées, les bars à côté de l'Assemblée seraient archi pleins", soupire un conseiller ministériel. Les verres peuvent ainsi s'enchaîner au fil de la soirée. "J'ai vu des gens en état de quasi-ébriété, on le voit à la reprise de 21h30", livre Erwan Balanant. "Ils boivent un, deux, trois, quatre verres entre chaque vote, ça pose vraiment question pour leur santé", observe un collaborateur parlementaire, qui évoque "une grosse solitude chez les députés".
"Personne n'a intérêt à ce que la vérité sorte"
Ceux qui ont quitté leur mandat après une défaite électorale se rendent à présent compte de leurs excès passés. "Je buvais trop, confie un ancien parlementaire. Pendant un temps, je notais combien de verres je buvais. C'est allé jusqu'à quinze verres de vin par jour." Il évoque une consommation personnelle, mais aussi collective pour fêter des victoires obtenues dans l'hémicycle, par exemple. "La fonction désinhibe encore plus", dit-il. En période électorale, c'est encore pire. "Pendant la campagne des législatives, on est invités à boire en permanence", assure un cadre du parti présidentiel.
"Il n'est pas possible de faire une campagne sans boire. La consommation est effrénée."
Comment ces questions sont-elles traitées au plus haut niveau ? "C'est un sujet que l'on prend très au sérieux, assure l'entourage du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau. On a conscience qu'il y a un problème, même si nous n'avons pas de remontées spécifiques mais des bruits persistants sur le fait que la drogue circule."
Lundi, le maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle, a appelé, dans une interview au Dauphiné Libéré(Nouvelle fenêtre), à conduire "de façon anonyme" des tests de recherche de stupéfiants sur les parlementaires et les ministres pour "voir si le problème touche aussi les cercles de décisions, alors que ceux-ci sont censés lutter contre le trafic". "Moi, je ferais un dépistage obligatoire tous les mois, avec proposition de protocole de soins", rebondit un ancien député. "Il y a des cercles de pouvoir, il y a des cercles de richesse qui utilisent la drogue. La problématique, c'est l'addiction (...) Ce n'est pas qu'une question de jeunes de quartiers issus de l'immigration", a admis mardi dans "C à vous"(Nouvelle fenêtre) le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, évoquant "les avocats d'affaire, des cadres, des journalistes, des politiques qui en consomment". Le garde des Sceaux se dit lui-même "prêt à [se] soumettre à tous les tests".
Sollicitée, la présidence de l'Assemblée nationale préfère renvoyer à la communication de l'institution, qui n'a pas répondu à nos questions. "Il n'y a pas d'intérêt à la transparence, il y a un tel tabou sur le sujet... Personne n'a intérêt à ce que la vérité sorte", soupire un ancien collaborateur parlementaire.
* Le prénom a été modifié pour protéger l'identité du témoin.
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