A Cogolin, des habitants toujours en lutte contre les projets immobiliers de leur maire zemmouriste
Posté : 12 février 2025 07:30
Ben voyons !!!...
Condamné à dix-huit mois de prison avec sursis et trois ans de privation de droits civiques dans une affaire d’abus de faiblesse en septembre, Marc-Etienne Lansade, ex-agent immobilier, persiste dans sa volonté de faire construire sur cette commune du golfe de Saint-Tropez. Une association se bat contre cet appétit de béton.
Vendredi 7 février, une soixantaine de personnes sont posées dans une salle des fêtes de cette commune varoise, à la Bastide Pisan. C’est l’assemblée générale de Place publique, une association d’opposants à l’édile local – qui n’a rien à voir avec le mouvement politique de Raphaël Glucksmann –, Marc-Etienne Lansade. L’année dernière, elle a fêté ses dix ans, et sa reconnaissance comme «d’intérêt général». Dix ans à surveiller le maire d’extrême droite, scruter ses ambitions et ses décisions litigieuses. Elle a d’ailleurs été créée pour cela, en 2014, quand l’ancien agent immobilier biberonné au Levallois des Balkany a ravi la mairie. Et aussi pour «recréer du lien entre les habitants». Depuis, Lansade a été mis en examen onze fois, pour favoritisme, prise illégale d’intérêts, détournements de fonds publics. Il est témoin assisté dans un dossier pour «faux et usage de faux». S’il faut compléter le tableau : Lansade est un ancien du Front national, fan de Marion Maréchal passé chez Eric Zemmour. Il était sur la liste Reconquête aux européennes de 2024.
En septembre, il a été condamné à dix-huit mois de prison avec sursis et trois ans de privation de droits civiques – et donc l’inéligibilité –, dans une affaire d’abus de faiblesse. Sans exécution provisoire, il a pu tout de même garder son mandat. En 2020, il avait fait signer à un «ami» une procuration pour valider une vente immobilière dans la ville. L’ami en question était alors sur un lit d’hôpital, soigné pour une méningite contractée sous VIH, et dans un niveau de confusion non équivoque, selon le parquet. Du genre à «arracher le coton de sa couche pour le manger», selon le procureur de Draguignan. Décès déclaré en 2023. Lansade, qui se dit tout blanc dans cette histoire (et est présumé innocent), a interjeté appel. Au sujet du copain, il a expliqué à Var matin que, quand il a signé, celui-ci «n’était pas dans la plus grande de ses formes. C’est vrai. Après, je ne suis pas médecin». Dans ce cas, Place publique n’y est pas pour grand-chose. Mais elle peut se féliciter d’avoir repéré d’autres chantiers discutables du maire, depuis qu’il a mis un orteil dans la petite commune littorale proche de Saint-Tropez.
Droits de places de bateaux
En 2015, après un appel d’offres comptant, parmi les deux finalistes, un couple d’ami, Lansade leur signe un contrat de bail pour la gestion d’un restaurant de plage aux Marines de Cogolin. Mais la cahute prend feu un an plus tard, avec dans sa caisse une liasse de faux billets. Place publique découvre alors que cette amie du maire dont le nom figure sur le bail n’a pas contracté d’assurance pour sa plage. Grand prince, Lansade décide de faire prendre en charge les travaux de reconstruction du restaurant par la commune. Ils seront ensuite remboursés par l’assurance. Facture salée : 300 000 euros. D’autant que cette proche revend ensuite son bail pour une somme rondelette : 500 000 euros.
Son mari n’est pas en reste. Place publique découvre, à peu près à la même époque, que celui-ci se cache depuis peu derrière la société d’exploitation d’un camping et d’un petit hôtel de vacances situés sur un terrain particulièrement prisé à Cogolin, celui du Yotel. Tout cela s’est fait sans aucun appel d’offres. Depuis 2021, l’homme affirme que son bail précaire est en fait un bail commercial, et refuse de quitter le terrain. Lansade fait voter en conseil municipal une provision de 1 million d’euros, au cas où, pour payer l’indemnité d’éviction due à l’occupant récalcitrant, avec qui il a déjà fait affaire.
Reste une histoire de commercialisation douteuse des droits de places de bateaux, au port des Marines. Confiée un temps à une entreprise de textile. Là encore, Place publique dénonce la potentielle entourloupe, et fait tout capoter. Vendredi, son président (réélu lors de l’Assemblée générale), Francis José-Maria, a rappelé l’importance du travail des associations locales pour défendre les intérêts des habitants et prévenir les dérives. Tout cela prend du temps, coûte de l’argent… «Toutes [ces affaires] ont été dénoncées et signalées par notre association dès leurs origines, rappelle-t-il. La justice a mené ses enquêtes sans relâche, donnant lieu à de nombreuses mises en examen aujourd’hui».
Nouveaux logements dans une zone inondable
Jusqu’à la dernière. En 2017, un référent d’Anticor se présente à Place publique comme un crac en droit portuaire, et lui réclame l’ensemble de ses preuves sur Cogolin, censées servir à un signalement. Mais celui-ci n’arrive jamais. Une fois renseigné sur les dossiers du maire, l’homme a vendu ses services en tant que «consultant» à Marc-Etienne Lansade. Le voilà embauché pour du «conseil en matière de marchés publics» et muselé par une très pratique clause de confidentialité. La rémunération est double : 2 000 euros mensuels par la ville, plus 2 000 euros supplémentaires mensuels payés par la Régie du port. Jusqu’à ce que Lansade fasse mine de s’être fait rouler : «Il est arrivé en expliquant avoir repéré plusieurs problèmes, raconte un proche. Ensuite, il a dit : “Je veux bien mettre de l’ordre là-dedans, mais il me faut une mission de conseil.”» Ce n’est pas de la corruption, c’est plus fin.
Pour 2025, Place publique compte bien continuer son action. L’année dernière, l’association avait alerté la population de Cogolin sur un projet du maire de supprimer le stade de la ville pour satisfaire son appétit de béton. Une pétition avait recueilli 2 200 signatures, ce qui n’est pas rien, dans une commune de 11 000 habitants. Mais pas de quoi émoustiller Marc-Etienne Lansade, qui a quand même fait voter sa résolution de déclassement en conseil municipal. Place publique va donc former un recours contentieux devant le tribunal administratif, le 24 février prochain. Même chose pour une tentative de modification du Plan local d’urbanisme censée permettre la construction de nouveaux logements dans une zone inondable, au bord de la Giscle. Là-bas, un permis avait été délivré en 2021 pour y planter des immeubles. Inondés deux fois en 2024. Et la gestion du maire prend l’eau.
https://www.liberation.fr/politique/a-c ... 43UZF5HOU/
Condamné à dix-huit mois de prison avec sursis et trois ans de privation de droits civiques dans une affaire d’abus de faiblesse en septembre, Marc-Etienne Lansade, ex-agent immobilier, persiste dans sa volonté de faire construire sur cette commune du golfe de Saint-Tropez. Une association se bat contre cet appétit de béton.
Vendredi 7 février, une soixantaine de personnes sont posées dans une salle des fêtes de cette commune varoise, à la Bastide Pisan. C’est l’assemblée générale de Place publique, une association d’opposants à l’édile local – qui n’a rien à voir avec le mouvement politique de Raphaël Glucksmann –, Marc-Etienne Lansade. L’année dernière, elle a fêté ses dix ans, et sa reconnaissance comme «d’intérêt général». Dix ans à surveiller le maire d’extrême droite, scruter ses ambitions et ses décisions litigieuses. Elle a d’ailleurs été créée pour cela, en 2014, quand l’ancien agent immobilier biberonné au Levallois des Balkany a ravi la mairie. Et aussi pour «recréer du lien entre les habitants». Depuis, Lansade a été mis en examen onze fois, pour favoritisme, prise illégale d’intérêts, détournements de fonds publics. Il est témoin assisté dans un dossier pour «faux et usage de faux». S’il faut compléter le tableau : Lansade est un ancien du Front national, fan de Marion Maréchal passé chez Eric Zemmour. Il était sur la liste Reconquête aux européennes de 2024.
En septembre, il a été condamné à dix-huit mois de prison avec sursis et trois ans de privation de droits civiques – et donc l’inéligibilité –, dans une affaire d’abus de faiblesse. Sans exécution provisoire, il a pu tout de même garder son mandat. En 2020, il avait fait signer à un «ami» une procuration pour valider une vente immobilière dans la ville. L’ami en question était alors sur un lit d’hôpital, soigné pour une méningite contractée sous VIH, et dans un niveau de confusion non équivoque, selon le parquet. Du genre à «arracher le coton de sa couche pour le manger», selon le procureur de Draguignan. Décès déclaré en 2023. Lansade, qui se dit tout blanc dans cette histoire (et est présumé innocent), a interjeté appel. Au sujet du copain, il a expliqué à Var matin que, quand il a signé, celui-ci «n’était pas dans la plus grande de ses formes. C’est vrai. Après, je ne suis pas médecin». Dans ce cas, Place publique n’y est pas pour grand-chose. Mais elle peut se féliciter d’avoir repéré d’autres chantiers discutables du maire, depuis qu’il a mis un orteil dans la petite commune littorale proche de Saint-Tropez.
Droits de places de bateaux
En 2015, après un appel d’offres comptant, parmi les deux finalistes, un couple d’ami, Lansade leur signe un contrat de bail pour la gestion d’un restaurant de plage aux Marines de Cogolin. Mais la cahute prend feu un an plus tard, avec dans sa caisse une liasse de faux billets. Place publique découvre alors que cette amie du maire dont le nom figure sur le bail n’a pas contracté d’assurance pour sa plage. Grand prince, Lansade décide de faire prendre en charge les travaux de reconstruction du restaurant par la commune. Ils seront ensuite remboursés par l’assurance. Facture salée : 300 000 euros. D’autant que cette proche revend ensuite son bail pour une somme rondelette : 500 000 euros.
Son mari n’est pas en reste. Place publique découvre, à peu près à la même époque, que celui-ci se cache depuis peu derrière la société d’exploitation d’un camping et d’un petit hôtel de vacances situés sur un terrain particulièrement prisé à Cogolin, celui du Yotel. Tout cela s’est fait sans aucun appel d’offres. Depuis 2021, l’homme affirme que son bail précaire est en fait un bail commercial, et refuse de quitter le terrain. Lansade fait voter en conseil municipal une provision de 1 million d’euros, au cas où, pour payer l’indemnité d’éviction due à l’occupant récalcitrant, avec qui il a déjà fait affaire.
Reste une histoire de commercialisation douteuse des droits de places de bateaux, au port des Marines. Confiée un temps à une entreprise de textile. Là encore, Place publique dénonce la potentielle entourloupe, et fait tout capoter. Vendredi, son président (réélu lors de l’Assemblée générale), Francis José-Maria, a rappelé l’importance du travail des associations locales pour défendre les intérêts des habitants et prévenir les dérives. Tout cela prend du temps, coûte de l’argent… «Toutes [ces affaires] ont été dénoncées et signalées par notre association dès leurs origines, rappelle-t-il. La justice a mené ses enquêtes sans relâche, donnant lieu à de nombreuses mises en examen aujourd’hui».
Nouveaux logements dans une zone inondable
Jusqu’à la dernière. En 2017, un référent d’Anticor se présente à Place publique comme un crac en droit portuaire, et lui réclame l’ensemble de ses preuves sur Cogolin, censées servir à un signalement. Mais celui-ci n’arrive jamais. Une fois renseigné sur les dossiers du maire, l’homme a vendu ses services en tant que «consultant» à Marc-Etienne Lansade. Le voilà embauché pour du «conseil en matière de marchés publics» et muselé par une très pratique clause de confidentialité. La rémunération est double : 2 000 euros mensuels par la ville, plus 2 000 euros supplémentaires mensuels payés par la Régie du port. Jusqu’à ce que Lansade fasse mine de s’être fait rouler : «Il est arrivé en expliquant avoir repéré plusieurs problèmes, raconte un proche. Ensuite, il a dit : “Je veux bien mettre de l’ordre là-dedans, mais il me faut une mission de conseil.”» Ce n’est pas de la corruption, c’est plus fin.
Pour 2025, Place publique compte bien continuer son action. L’année dernière, l’association avait alerté la population de Cogolin sur un projet du maire de supprimer le stade de la ville pour satisfaire son appétit de béton. Une pétition avait recueilli 2 200 signatures, ce qui n’est pas rien, dans une commune de 11 000 habitants. Mais pas de quoi émoustiller Marc-Etienne Lansade, qui a quand même fait voter sa résolution de déclassement en conseil municipal. Place publique va donc former un recours contentieux devant le tribunal administratif, le 24 février prochain. Même chose pour une tentative de modification du Plan local d’urbanisme censée permettre la construction de nouveaux logements dans une zone inondable, au bord de la Giscle. Là-bas, un permis avait été délivré en 2021 pour y planter des immeubles. Inondés deux fois en 2024. Et la gestion du maire prend l’eau.
https://www.liberation.fr/politique/a-c ... 43UZF5HOU/