Marine Le Pen, ou la victimisation illibérale
Posté : 14 mars 2025 07:23
Ti-tac...tic-tac...tic-tac...
En attaquant d’avance les juges qui la rendront peut-être inéligible le 31 mars, la leader du RN confirme son hostilité à des principes élémentaires de notre système démocratique.
Voilà bien une phrase dans l’air du temps illibéral et populiste : elle est de Marine Le Pen, ce jeudi sur Europe 1, à propos du jugement définitif dans l’affaire des assistants parlementaires européens, attendu pour le 31 mars : «Si je suis interdite de me présenter», ce sera «profondément antidémocratique». Et réalité c’est tout le contraire.
Si le juge constatait qu’aux vues des éléments dont il dispose et après un procès en règle, Marine Le Pen est coupable, mais qu’il décidait, cependant, de ne pas la condamner, alors, voilà qui serait, pour le coup, un déni de démocratie. Si, pour des raisons politiques, parce que la fondatrice du Rassemblement national jouit d’une grande popularité et est promise à un score avantageux (peut-être même victorieux) à la prochaine présidentielle, la justice devait être différente pour elle, cela signifierait que la séparation des pouvoirs n’est plus respectée dans notre pays. On ne peut pas opposer une hypothétique future décision des électeurs à la vérité d’une infraction. D’autant que la famille politique de Marine Le Pen, famille qui a le vent en poupe et qu’il serait antidémocratique de priver de possibilité électorale, aurait tout loisir, même sans Marine Le Pen, de présenter un autre candidat. De plus, la députée de Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) aurait tout loisir de faire campagne et de mettre sa faconde au service de ses idées et de son candidat.
Victimisation sur du velours
Il y a un paradoxe à constater que la représentante du parti le plus sécuritaire, le plus intransigeant du point de vue du respect de la loi, prétend, à ce point, se plaindre d’avance d’une condamnation, non pas qui ne serait pas justifiée par la nature et la réalité des faits reprochés, mais par le statut du condamné. Le statut de celui ou celle qui a commis une infraction peut, dans certains cas, dispenser de procès, comme un mineur ou le détenteur d’une immunité. Ces exceptions ont des raisons, elles sont bien définies et Marine Le Pen, n’étant ni mineure, ni ambassadrice, ni présidente de la République, n’entre pas dans ce cadre. Le taux de popularité ou le nombre d’abonnés sur les réseaux sociaux n’offrent pas encore une immunité.
Mais la question n’est même pas là. Quand Marine Le Pen affirme que son élimination judiciaire serait «profondément antidémocratique», de quelle démocratie parle-t-elle ? De la démocratie plébiscitaire vantée par Donald Trump et tous les illibéraux qui s’opposent à ce qui fait la spécificité des démocraties européennes, depuis que les Etats-Unis sont passés du côté des autoritaires. Marine Le Pen ne parle certainement pas de la démocratie libérale, celle qui, justement est attaquée militairement par la Russie de Vladimir Poutine, commercialement et numériquement par les Etats Unis de Donald Trump. C’est justement cette forme de démocratie, dans laquelle les règles de limitations des pouvoirs (l’Etat de droit) sont établies et respectées, que le juge ne différencie pas les justiciables selon leur popularité ou leur capacité à se faire élire.
Mais d’un point de vue purement politique Marine Le Pen (comme Cyril Hanouna avec le non-renouvellement de l’attribution de la fréquence de C8) joue sa victimisation sur du velours. La leader du RN est aidée dans son offensive anti-démocratie libérale par tous ceux qui, au gouvernement ou à droite, passent leur temps à contester les décisions de la justice pénale ou administrative. Parmi tous les corps intermédiaires, tous les contre-pouvoirs institutionnels ou non, la justice (qui n’a pas le droit de participer en tant que tel au débat médiatique) est le premier corps visé, fragilisé par les illibéraux.
https://www.liberation.fr/politique/mar ... C4NAXHXLA/
En attaquant d’avance les juges qui la rendront peut-être inéligible le 31 mars, la leader du RN confirme son hostilité à des principes élémentaires de notre système démocratique.
Voilà bien une phrase dans l’air du temps illibéral et populiste : elle est de Marine Le Pen, ce jeudi sur Europe 1, à propos du jugement définitif dans l’affaire des assistants parlementaires européens, attendu pour le 31 mars : «Si je suis interdite de me présenter», ce sera «profondément antidémocratique». Et réalité c’est tout le contraire.
Si le juge constatait qu’aux vues des éléments dont il dispose et après un procès en règle, Marine Le Pen est coupable, mais qu’il décidait, cependant, de ne pas la condamner, alors, voilà qui serait, pour le coup, un déni de démocratie. Si, pour des raisons politiques, parce que la fondatrice du Rassemblement national jouit d’une grande popularité et est promise à un score avantageux (peut-être même victorieux) à la prochaine présidentielle, la justice devait être différente pour elle, cela signifierait que la séparation des pouvoirs n’est plus respectée dans notre pays. On ne peut pas opposer une hypothétique future décision des électeurs à la vérité d’une infraction. D’autant que la famille politique de Marine Le Pen, famille qui a le vent en poupe et qu’il serait antidémocratique de priver de possibilité électorale, aurait tout loisir, même sans Marine Le Pen, de présenter un autre candidat. De plus, la députée de Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) aurait tout loisir de faire campagne et de mettre sa faconde au service de ses idées et de son candidat.
Victimisation sur du velours
Il y a un paradoxe à constater que la représentante du parti le plus sécuritaire, le plus intransigeant du point de vue du respect de la loi, prétend, à ce point, se plaindre d’avance d’une condamnation, non pas qui ne serait pas justifiée par la nature et la réalité des faits reprochés, mais par le statut du condamné. Le statut de celui ou celle qui a commis une infraction peut, dans certains cas, dispenser de procès, comme un mineur ou le détenteur d’une immunité. Ces exceptions ont des raisons, elles sont bien définies et Marine Le Pen, n’étant ni mineure, ni ambassadrice, ni présidente de la République, n’entre pas dans ce cadre. Le taux de popularité ou le nombre d’abonnés sur les réseaux sociaux n’offrent pas encore une immunité.
Mais la question n’est même pas là. Quand Marine Le Pen affirme que son élimination judiciaire serait «profondément antidémocratique», de quelle démocratie parle-t-elle ? De la démocratie plébiscitaire vantée par Donald Trump et tous les illibéraux qui s’opposent à ce qui fait la spécificité des démocraties européennes, depuis que les Etats-Unis sont passés du côté des autoritaires. Marine Le Pen ne parle certainement pas de la démocratie libérale, celle qui, justement est attaquée militairement par la Russie de Vladimir Poutine, commercialement et numériquement par les Etats Unis de Donald Trump. C’est justement cette forme de démocratie, dans laquelle les règles de limitations des pouvoirs (l’Etat de droit) sont établies et respectées, que le juge ne différencie pas les justiciables selon leur popularité ou leur capacité à se faire élire.
Mais d’un point de vue purement politique Marine Le Pen (comme Cyril Hanouna avec le non-renouvellement de l’attribution de la fréquence de C8) joue sa victimisation sur du velours. La leader du RN est aidée dans son offensive anti-démocratie libérale par tous ceux qui, au gouvernement ou à droite, passent leur temps à contester les décisions de la justice pénale ou administrative. Parmi tous les corps intermédiaires, tous les contre-pouvoirs institutionnels ou non, la justice (qui n’a pas le droit de participer en tant que tel au débat médiatique) est le premier corps visé, fragilisé par les illibéraux.
https://www.liberation.fr/politique/mar ... C4NAXHXLA/