La guerre commerciale signe-t-elle la fin de la mondialisation ?
Posté : 08 avril 2025 18:29
"Face à la hausse des droits de douane et à la montée des logiques souverainistes, la mondialisation entre dans une phase de recomposition. Ce nouvel ordre commercial, plus fragmenté, interroge la pérennité du multilatéralisme et la place des économies ouvertes comme celle de l’Europe."
"La multiplication des tensions commerciales et le retour du protectionnisme signalent une transformation structurelle de la mondialisation. Le modèle néolibéral fondé sur l’ouverture multilatérale semble céder la place à un ordre plus cloisonné, marqué par des rivalités stratégiques et la constitution de blocs économiques. Cette recomposition ne signifie pas la fin des échanges, mais leur réorganisation autour de logiques d’influence, de sécurité et de souveraineté. Le commerce se fait désormais au sein de sphères d’affinité ou d’intérêt, et les grandes entreprises participent de plus en plus à la structuration géopolitique du monde. L’Europe, construite sur le libre-échange, apparaît vulnérable face à cette fermeture progressive des marchés. Elle doit repenser ses dépendances, renforcer ses capacités industrielles et redéfinir son positionnement stratégique dans un monde où la puissance économique devient un levier politique. Comment préserver la coopération internationale dans un contexte de rareté, de conflits latents et de transition écologique ?"
https://www.radiofrance.fr/francecultur ... on-6244602
Je ne suis pas économiste mais j'essaie quand même de m'y retrouver dans cette nouvelle donne. D'après ce que j'ai compris en en entendant hier François Lenglet :
1) Dans l'histoire des économies, les phases de mondialisation n'ont pas été si nombreuses que cela finalement : près de nous, il y a celle qui nous concerne depuis 1945 environ et qui serait sur le point de s'achever. Sinon, un peu plus loin dans le temps, il y aurait celle de la période de l'empire britannique. Sinon, la plupart du temps ce sont des modèles de "repli" qui ont été les plus nombreux comme celui qui serait sur le point de commencer.
2) Chaque période de mondialisation s'est toujours orchestrée à partir d'une puissance dominant le monde quasiment à elle toute seule : ce qui a été le cas des Etats-Unis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais les Etats-Unis de Trump (mais même avant Trump : ça avait commencé avec Obama) sont entrés dans une phase de repli. Les Etats-Unis ne veulent plus jouer le rôle de porte-drapeau d'un monde libre et tout puissant en exerçant leur puissance économique à l'échelle mondiale dans un système de libre-échange. Et d'ailleurs, ce n'est pas la première fois qu'ils se replient sur eux-mêmes.
3) D'après ce que j'ai compris, le plan économique de Trump est clair et cohérent : rapatrier les centres de production et les usines aux Etats-Unis et en finir avec les délocalisations des productions dans des pays tiers à la main d'oeuvre bon marché. Oui, ça se défend aux yeux de son électorat. Et pas que d'ailleurs.
4) Trump souhaite redonner du travail aux ouvriers américains en leur permettant de toucher de bons salaires. Bien. Mais ce projet engendre un risque : les produits à la consommation seront forcément plus chers. Or les consommateurs font partie du peuple de Trump. C'est comme si Trump jouait les producteurs américains contre les consommateurs et là, il risque d'y avoir un gros souci. A consommer pour l'ouvrier, certes heureux de retrouver du travail, mais qui va se heurter au problème d'un pouvoir d'achat encore plus réduit que durant la période Biden !
5) Autre problème : détricoter comme cela une mondialisation qui a 80 ans d'existence et à laquelle tous les consommateurs se sont habitués en achetant des tennis fabriqués au Bangladesh à prix réduits, ne va pas être facile pour l'application des droits de douanes ! On a vu à quel point les éléments d'un Airbus ou d'un Boeing viennent d'un peu partout mais c'est aussi valable pour une paire de baskets !
6) Autre problème : comment redonner vie à de vastes régions industrielles qui sont devenues des déserts depuis longtemps ? Et la transmission des savoir-faire des aînés vers les plus jeunes qui ont cessé depuis longtemps aussi ? N'y aurait-il pas quelque chose d'artificiel dans ce volontarisme industriel qui ne concerne plus trop les jeunes versés plutôt dans les services ? Detroit va t elle redevenir d'un coup de baguette magique une des capitales de l'automobile américaine comme celle qu'elle a été dans le passé ?
7) Est-ce que Trump a bien pris la mesure de la complexité du réel ? Il est tout seul avec son idéologie et personne ne semble être en mesure de lui dire : "bon, stop Donald ! Il va falloir redescendre sur Terre. Ton intention n'est pas mauvaise à la base mais faudrait voir les problèmes qu'elle pose dans la vraie vie !"
A moins qu'Elon Musk...
"La multiplication des tensions commerciales et le retour du protectionnisme signalent une transformation structurelle de la mondialisation. Le modèle néolibéral fondé sur l’ouverture multilatérale semble céder la place à un ordre plus cloisonné, marqué par des rivalités stratégiques et la constitution de blocs économiques. Cette recomposition ne signifie pas la fin des échanges, mais leur réorganisation autour de logiques d’influence, de sécurité et de souveraineté. Le commerce se fait désormais au sein de sphères d’affinité ou d’intérêt, et les grandes entreprises participent de plus en plus à la structuration géopolitique du monde. L’Europe, construite sur le libre-échange, apparaît vulnérable face à cette fermeture progressive des marchés. Elle doit repenser ses dépendances, renforcer ses capacités industrielles et redéfinir son positionnement stratégique dans un monde où la puissance économique devient un levier politique. Comment préserver la coopération internationale dans un contexte de rareté, de conflits latents et de transition écologique ?"
https://www.radiofrance.fr/francecultur ... on-6244602
Je ne suis pas économiste mais j'essaie quand même de m'y retrouver dans cette nouvelle donne. D'après ce que j'ai compris en en entendant hier François Lenglet :
1) Dans l'histoire des économies, les phases de mondialisation n'ont pas été si nombreuses que cela finalement : près de nous, il y a celle qui nous concerne depuis 1945 environ et qui serait sur le point de s'achever. Sinon, un peu plus loin dans le temps, il y aurait celle de la période de l'empire britannique. Sinon, la plupart du temps ce sont des modèles de "repli" qui ont été les plus nombreux comme celui qui serait sur le point de commencer.
2) Chaque période de mondialisation s'est toujours orchestrée à partir d'une puissance dominant le monde quasiment à elle toute seule : ce qui a été le cas des Etats-Unis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais les Etats-Unis de Trump (mais même avant Trump : ça avait commencé avec Obama) sont entrés dans une phase de repli. Les Etats-Unis ne veulent plus jouer le rôle de porte-drapeau d'un monde libre et tout puissant en exerçant leur puissance économique à l'échelle mondiale dans un système de libre-échange. Et d'ailleurs, ce n'est pas la première fois qu'ils se replient sur eux-mêmes.
3) D'après ce que j'ai compris, le plan économique de Trump est clair et cohérent : rapatrier les centres de production et les usines aux Etats-Unis et en finir avec les délocalisations des productions dans des pays tiers à la main d'oeuvre bon marché. Oui, ça se défend aux yeux de son électorat. Et pas que d'ailleurs.
4) Trump souhaite redonner du travail aux ouvriers américains en leur permettant de toucher de bons salaires. Bien. Mais ce projet engendre un risque : les produits à la consommation seront forcément plus chers. Or les consommateurs font partie du peuple de Trump. C'est comme si Trump jouait les producteurs américains contre les consommateurs et là, il risque d'y avoir un gros souci. A consommer pour l'ouvrier, certes heureux de retrouver du travail, mais qui va se heurter au problème d'un pouvoir d'achat encore plus réduit que durant la période Biden !
5) Autre problème : détricoter comme cela une mondialisation qui a 80 ans d'existence et à laquelle tous les consommateurs se sont habitués en achetant des tennis fabriqués au Bangladesh à prix réduits, ne va pas être facile pour l'application des droits de douanes ! On a vu à quel point les éléments d'un Airbus ou d'un Boeing viennent d'un peu partout mais c'est aussi valable pour une paire de baskets !
6) Autre problème : comment redonner vie à de vastes régions industrielles qui sont devenues des déserts depuis longtemps ? Et la transmission des savoir-faire des aînés vers les plus jeunes qui ont cessé depuis longtemps aussi ? N'y aurait-il pas quelque chose d'artificiel dans ce volontarisme industriel qui ne concerne plus trop les jeunes versés plutôt dans les services ? Detroit va t elle redevenir d'un coup de baguette magique une des capitales de l'automobile américaine comme celle qu'elle a été dans le passé ?
7) Est-ce que Trump a bien pris la mesure de la complexité du réel ? Il est tout seul avec son idéologie et personne ne semble être en mesure de lui dire : "bon, stop Donald ! Il va falloir redescendre sur Terre. Ton intention n'est pas mauvaise à la base mais faudrait voir les problèmes qu'elle pose dans la vraie vie !"
A moins qu'Elon Musk...