Soralisme, blagues racistes, abonnements douteux : au RN, des cadres et élus toujours en roue libre sur les réseaux
Posté : 09 juin 2025 14:00
M'étonnerait que tous les électeurs du RN aient envie de voter pour ça !
Malgré des scandales à répétition, des figures du Rassemblement national continuent de s’illustrer en ligne par leurs propos racistes.
publié aujourd'hui à 8h18
Une élection qui apporte son lot de candidats épinglés pour des propos racistes, c’est un classique au Rassemblement national. «Plus jamais ça», jurent à chaque fois les cadres du parti, quand ils prennent la peine de réagir, puis… rien. Depuis la débâcle des dernières législatives, les parlementaires Julien Odoul et Aleksandar Nikolic ont bien été missionnés pour faire la chasse aux «brebis galeuses». Et il y a du boulot, a constaté Libé, qui révèle de nouveaux cas problématiques parmi les cadres et élus du parti.
Elvis Bonnet, Julio Pichon et les mosquées qui explosent
La députée RN Edwige Diaz, interrogée par la Montagne sur le devenir des «brebis galeuses» au sein de son parti, avait expliqué que certains cas ne relevaient que «de la bêtise […] ou de l’humour pas vraiment drôle». Est-ce le cas pour Elvis Bonnet, cadre du RN de la Loire, et Julio Pichon, représentant le parti à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Le 17 avril, les deux hommes «aimaient» un message publié sur Facebook par une femme qui se présente, sur le réseau, comme une adhérente RN, et qui arbore une croix celtique néofasciste sur sa photo de profil. L’image représentait l’explosion d’un bâtiment lors d’un bombardement avec, pour légende : «Moi les mosquées c’est comme ça que je les aime ! lol.»
Elvis Bonnet a en outre réagi avec un émoji «mort de rire». Si la fédération RN de Loire-Atlantique n’a pas répondu à nos sollicitations concernant Pichon, le patron de la fédération de la Loire, Cotentin Jousserand, a répondu «ne tolér[er] aucune forme de haine ou de violence» et «sanctionn[er] systématiquement le cas échéant». Bonnet, poursuit le même, avait deux comptes Facebook et aurait été victime du piratage de l’un d’eux, fermé depuis. L’intéressé «nie» donc «avoir aimé cette publication». Sur son autre compte, Elvis Bonnet est pourtant toujours «ami» avec l’autrice du montage violent, dont les propres affinités pointent vers l’ultranationalisme et la nostalgie de Vichy.
Patrick Yvars : un massacre ? quel massacre ?
Tête haute et yeux bien fermés, Patrick Yvars nie publiquement le massacre des manifestants algériens du 17 octobre 1961 par la police française. Une page noire de l’histoire française qui a été reconnue jusque par la présidence de la République, depuis un discours de François Hollande en 2012. Que nenni, répond Yvars, «Commissaire Divisionnaire Honoraire fidèle à la mémoire de Jean-Marie Le Pen» qui est également délégué départemental adjoint du RN des Hauts-de-Seine, selon le site de ladite fédération, et conseiller régional Ile-de-France du parti.
Dénonçant un «énorme mensonge», le cadre lepéniste ne reconnaît que «3 morts (dont un Européen) aux abords du parcours», et «pas imputables à la police». Sur X (anciennement Twitter), il qualifie de «traîtres» qui «défend[ent] le FLN» ceux qui observent que son discours va à l’encontre de la vérité historique. En avril 2024, cet obsédé de l’islam écrivait aussi : «Nous n’avons jamais dit que l’islam était compatible avec la France. Vous confondez la république avec La France.» C’est plus clair. Patrick Yvars n’a pas répondu à nos questions.
Thibaut Monnier, Charles Maurras et Pinochet
Le député apparenté RN Thibaut Monnier aime bien les éphémérides. Il les choisit avec soin sur son compte X pour rendre hommage aux figures qui l’inspirent. Par exemple l’antisémite Charles Maurras, maître à penser du mouvement royaliste Action française. Mais aussi le dictateur chilien Augusto Pinochet, dont il prend soin de souligner qu’il était «d’origine française» et que «l’un de ses oncles est camelot du roi». Contacté, le député affirme que ces publications sont «dénuées de tout message laudatif» et, rappelant qu’il s’est livré à l’exercice de l’éphéméride à 48 reprises «entre 2020 et 2023», assure que celles-ci «ne peuvent ni ne doivent être interprétées comme un quelconque hommage à l’endroit des deux personnalités évoqu[ées] et encore moins une adhésion à leurs thèses politiques». Qu’il n’évoque pas, dans ses publications, l’antisémitisme de Maurras ou les milliers d’opposants de gauche qui furent torturés et exécutés pendant le règne de terreur de Pinochet relève donc du bête oubli.
Thibaut de la Tocnaye, Chiré où tu iras
Fils d’un des auteurs de l’attentat du Petit-Clamart, ancien combattant dans les phalanges chrétiennes au Liban, Thibaut de la Tocnaye a dirigé de 2017 jusqu’à récemment la formation des cadres du RN à la tête de l’Institut de formation des élus locaux. Est-ce pour trouver l’inspiration qu’il suit sur son compte Facebook des pages comme celle des éditions Chiré ou «Vigilance halal» ? Il n’a pas répondu à nos questions. Si la seconde est un repaire d’islamophobes compulsifs, les premières sont connues pour leur catalogue allant des pamphlets négationnistes de Robert Faurisson aux écrits de nostalgiques du IIIe Reich et autres anthologies des discours de Hitler. Sans oublier le pire de l’antimaçonnisme et du racisme biologique. Ça devait être sympa, les formations du RN.
Thomas Jorand, soralien sur le retour
Sur son compte X, Thomas Jorand, délégué du Rassemblement national de la jeunesse (RNJ) en Savoie, observe une remarquable discipline. Peu de posts écrits de sa main, beaucoup de retweets de la communication officielle du parti. Tout ceci fleure bon l’école Pierre-Romain Thionnet, le rigide patron du RNJ. En fouillant un peu dans son historique apparaissent toutefois ses louanges à l’antisémite Alain Soral, aujourd’hui peu en odeur de sainteté dans son ancien parti. En 2020, Jorand expliquait que son livre préféré était Compendre l’empire, pavé complotiste et antisémite du même Soral. En juillet 2021, il répondait au journaliste Frédéric Haziza qui dénonçait une pancarte antisémite dans une manifestation anti-pass sanitaire par un «QUI ?» (majuscule d’origine), une référence antisémite rendant les Juifs responsables de la pandémie et de la politique vaccinale. Contacté, Jorand a préféré ne pas répondre.
Bonus : Monique Griseti n’a pas retenu la leçon
Pour avoir lancé sur Facebook, à propos du chanteur de nationalité congolaise Gims : «Qu’il retourne de là où il vient, qu’il amène toute sa tribu avec lui. Qu’il aille traire la chèvre, ça nous fera des vacances», la députée RN Monique Griseti (première circonscription des Bouches-du-Rhône) a fait scandale pendant les législatives de 2024. Mais l’élue, qui n’a pas répondu à nos sollicitations, a échappé au pseudo grand nettoyage alors promis par le RN, et reste abonnée sur Facebook à des pages au contenu particulièrement radical. Comme celles du blog raciste La Lettre Patriote, du YouTubeur Vincent Lapierre qui s’est fait connaître chez l’antisémite Alain Soral ou encore du complotiste radicalisé Oliv Oliv. Sans l’oublier celle intitulée «Immigrations, nouvel ordre mondial», qui oscille entre relais de la fachosphère, propagande pro-Kremlin caricaturale et conspirationnisme délirant. Le temps ne fait décidément rien à l’affaire.
https://www.liberation.fr/politique/sor ... ZQW6ROTOU/
Malgré des scandales à répétition, des figures du Rassemblement national continuent de s’illustrer en ligne par leurs propos racistes.
publié aujourd'hui à 8h18
Une élection qui apporte son lot de candidats épinglés pour des propos racistes, c’est un classique au Rassemblement national. «Plus jamais ça», jurent à chaque fois les cadres du parti, quand ils prennent la peine de réagir, puis… rien. Depuis la débâcle des dernières législatives, les parlementaires Julien Odoul et Aleksandar Nikolic ont bien été missionnés pour faire la chasse aux «brebis galeuses». Et il y a du boulot, a constaté Libé, qui révèle de nouveaux cas problématiques parmi les cadres et élus du parti.
Elvis Bonnet, Julio Pichon et les mosquées qui explosent
La députée RN Edwige Diaz, interrogée par la Montagne sur le devenir des «brebis galeuses» au sein de son parti, avait expliqué que certains cas ne relevaient que «de la bêtise […] ou de l’humour pas vraiment drôle». Est-ce le cas pour Elvis Bonnet, cadre du RN de la Loire, et Julio Pichon, représentant le parti à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Le 17 avril, les deux hommes «aimaient» un message publié sur Facebook par une femme qui se présente, sur le réseau, comme une adhérente RN, et qui arbore une croix celtique néofasciste sur sa photo de profil. L’image représentait l’explosion d’un bâtiment lors d’un bombardement avec, pour légende : «Moi les mosquées c’est comme ça que je les aime ! lol.»
Elvis Bonnet a en outre réagi avec un émoji «mort de rire». Si la fédération RN de Loire-Atlantique n’a pas répondu à nos sollicitations concernant Pichon, le patron de la fédération de la Loire, Cotentin Jousserand, a répondu «ne tolér[er] aucune forme de haine ou de violence» et «sanctionn[er] systématiquement le cas échéant». Bonnet, poursuit le même, avait deux comptes Facebook et aurait été victime du piratage de l’un d’eux, fermé depuis. L’intéressé «nie» donc «avoir aimé cette publication». Sur son autre compte, Elvis Bonnet est pourtant toujours «ami» avec l’autrice du montage violent, dont les propres affinités pointent vers l’ultranationalisme et la nostalgie de Vichy.
Patrick Yvars : un massacre ? quel massacre ?
Tête haute et yeux bien fermés, Patrick Yvars nie publiquement le massacre des manifestants algériens du 17 octobre 1961 par la police française. Une page noire de l’histoire française qui a été reconnue jusque par la présidence de la République, depuis un discours de François Hollande en 2012. Que nenni, répond Yvars, «Commissaire Divisionnaire Honoraire fidèle à la mémoire de Jean-Marie Le Pen» qui est également délégué départemental adjoint du RN des Hauts-de-Seine, selon le site de ladite fédération, et conseiller régional Ile-de-France du parti.
Dénonçant un «énorme mensonge», le cadre lepéniste ne reconnaît que «3 morts (dont un Européen) aux abords du parcours», et «pas imputables à la police». Sur X (anciennement Twitter), il qualifie de «traîtres» qui «défend[ent] le FLN» ceux qui observent que son discours va à l’encontre de la vérité historique. En avril 2024, cet obsédé de l’islam écrivait aussi : «Nous n’avons jamais dit que l’islam était compatible avec la France. Vous confondez la république avec La France.» C’est plus clair. Patrick Yvars n’a pas répondu à nos questions.
Thibaut Monnier, Charles Maurras et Pinochet
Le député apparenté RN Thibaut Monnier aime bien les éphémérides. Il les choisit avec soin sur son compte X pour rendre hommage aux figures qui l’inspirent. Par exemple l’antisémite Charles Maurras, maître à penser du mouvement royaliste Action française. Mais aussi le dictateur chilien Augusto Pinochet, dont il prend soin de souligner qu’il était «d’origine française» et que «l’un de ses oncles est camelot du roi». Contacté, le député affirme que ces publications sont «dénuées de tout message laudatif» et, rappelant qu’il s’est livré à l’exercice de l’éphéméride à 48 reprises «entre 2020 et 2023», assure que celles-ci «ne peuvent ni ne doivent être interprétées comme un quelconque hommage à l’endroit des deux personnalités évoqu[ées] et encore moins une adhésion à leurs thèses politiques». Qu’il n’évoque pas, dans ses publications, l’antisémitisme de Maurras ou les milliers d’opposants de gauche qui furent torturés et exécutés pendant le règne de terreur de Pinochet relève donc du bête oubli.
Thibaut de la Tocnaye, Chiré où tu iras
Fils d’un des auteurs de l’attentat du Petit-Clamart, ancien combattant dans les phalanges chrétiennes au Liban, Thibaut de la Tocnaye a dirigé de 2017 jusqu’à récemment la formation des cadres du RN à la tête de l’Institut de formation des élus locaux. Est-ce pour trouver l’inspiration qu’il suit sur son compte Facebook des pages comme celle des éditions Chiré ou «Vigilance halal» ? Il n’a pas répondu à nos questions. Si la seconde est un repaire d’islamophobes compulsifs, les premières sont connues pour leur catalogue allant des pamphlets négationnistes de Robert Faurisson aux écrits de nostalgiques du IIIe Reich et autres anthologies des discours de Hitler. Sans oublier le pire de l’antimaçonnisme et du racisme biologique. Ça devait être sympa, les formations du RN.
Thomas Jorand, soralien sur le retour
Sur son compte X, Thomas Jorand, délégué du Rassemblement national de la jeunesse (RNJ) en Savoie, observe une remarquable discipline. Peu de posts écrits de sa main, beaucoup de retweets de la communication officielle du parti. Tout ceci fleure bon l’école Pierre-Romain Thionnet, le rigide patron du RNJ. En fouillant un peu dans son historique apparaissent toutefois ses louanges à l’antisémite Alain Soral, aujourd’hui peu en odeur de sainteté dans son ancien parti. En 2020, Jorand expliquait que son livre préféré était Compendre l’empire, pavé complotiste et antisémite du même Soral. En juillet 2021, il répondait au journaliste Frédéric Haziza qui dénonçait une pancarte antisémite dans une manifestation anti-pass sanitaire par un «QUI ?» (majuscule d’origine), une référence antisémite rendant les Juifs responsables de la pandémie et de la politique vaccinale. Contacté, Jorand a préféré ne pas répondre.
Bonus : Monique Griseti n’a pas retenu la leçon
Pour avoir lancé sur Facebook, à propos du chanteur de nationalité congolaise Gims : «Qu’il retourne de là où il vient, qu’il amène toute sa tribu avec lui. Qu’il aille traire la chèvre, ça nous fera des vacances», la députée RN Monique Griseti (première circonscription des Bouches-du-Rhône) a fait scandale pendant les législatives de 2024. Mais l’élue, qui n’a pas répondu à nos sollicitations, a échappé au pseudo grand nettoyage alors promis par le RN, et reste abonnée sur Facebook à des pages au contenu particulièrement radical. Comme celles du blog raciste La Lettre Patriote, du YouTubeur Vincent Lapierre qui s’est fait connaître chez l’antisémite Alain Soral ou encore du complotiste radicalisé Oliv Oliv. Sans l’oublier celle intitulée «Immigrations, nouvel ordre mondial», qui oscille entre relais de la fachosphère, propagande pro-Kremlin caricaturale et conspirationnisme délirant. Le temps ne fait décidément rien à l’affaire.
https://www.liberation.fr/politique/sor ... ZQW6ROTOU/