Le Sénat rejette l'instauration de la taxe "Zucman" sur le patrimoine des "ultra-riches"
Posté : 12 juin 2025 20:09
Le Sénat rejette l'instauration de la taxe "Zucman" sur le patrimoine des "ultra-riches"
Une illusion fiscale a dit Villeroy de Galhau. Il a bien raison, c'est le genre de taxe spoliatrice imbécile qui fait fuire le riche. Si on l'appliquait, au lieu de 15 à 20 milliards de recettes, on en perdrait plutôt autant car les riches passeraient les frontières très vites dans leurs limousines.Cette taxe "Zucman", du nom de l'économiste qui la défend, prévoit un impôt plancher sur le patrimoine des plus aisés. Elle était débattue ce jeudi 12 juin après-midi au Sénat.
Fin du parcours législatif pour la taxe "Zucman". L'instauration de cet impôt plancher sur le patrimoine des "ultra-riches", a été assez largement rejetée jeudi par le Sénat, conformément à la position du gouvernement qui juge cet outil "confiscatoire" pour les plus fortunés et craint leur exil fiscal.
Sans surprise, la chambre haute, dominée par une alliance droite-centristes, s'est opposée à 188 voix contre 129 à cette proposition de loi portée par les écologistes, et déjà adoptée à l'Assemblée nationale.
Remède magique face à la dérive des finances publiques ou "signal négatif" adressé aux grands entrepreneurs ? Dans un contexte budgétaire alarmant et alors que le gouvernement vise 40 milliards d'euros d'économies pour construire le prochain budget, l'examen de cette "taxe Zucman" a relancé l'éternel débat de la justice fiscale.
Le moyen "plus efficace"
Le mécanisme proposé par l'économiste Gabriel Zucman entendait faire en sorte que tous les contribuables dont les patrimoines dépassent les 100 millions d'euros payent bien au moins 2% de leur fortune en impôt. Et empêcher ainsi les effets d'évitement observés dans la fiscalité de certains multi-millionnaires, en mesure de structurer leur patrimoine pour en diminuer la fiscalité.
"C'est un dispositif extrêmement ciblé sur les personnes extrêmement riches et surtout celles qui, parmi les personnes extrêmement fortunées, paient aujourd'hui très peu d'impôts", développe l'économiste Gabriel Zucman, directeur de l'Observatoire européen de la fiscalité et qui a porté cette proposition à l'échelle mondiale à l'agenda officiel du G20 l'année dernière. Selon lui, cela rapporterait environ 20 milliards par an, et concernerait 1.800 foyers.
Aux côtés de deux économistes français reconnus internationalement - Olivier Blanchard, ancien chef économiste du Fonds monétaire international (FMI) et Jean Pisani-Ferry, architecte du programme économique d'Emmanuel Macron en 2017 -, il a défendu mercredi dans une tribune au Monde ce mécanisme, "le plus efficace" selon eux pour rétablir le "principe constitutionnel d'égalité devant l'impôt".
"Des expatriations certaines"
Motifs du rejet, avancés par ses pourfendeurs: la crainte d'envoyer un "signal négatif aux investisseurs étrangers", la possible "inconstitutionnalité" du dispositif et surtout la menace de l'exil fiscal des foyers ciblés.
"Le seul risque de cet impôt, c'est qu'au fond, personne ne le paye", parce qu'il entraînera "des expatriations certaines pour un rendement incertain", a lancé devant les sénateurs la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, qui a dit privilégier la correction de certains mécanismes de "sur-optimisation" d'ici aux débats budgétaires de l'automne.
Emmanuel Macron est allé dans le même sens jeudi lors du Conseil des ministres: "Dans une économie ouverte, il nous faut rester attractifs pour les capitaux", a-t-il insisté en référence notamment à cette taxe "Zucman" selon un participant, promettant d'être "vigilant" afin de "ne pas défaire ce qui a été fait".
Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a lui aussi invité à la prudence, craignant sur France Info une "illusion fiscale".
Les sénateurs écologistes, qui ont rallié toute la gauche et même une poignée de centristes à leur vote, ont regretté le rejet du texte, promettant de "redéfendre la mesure" lors du projet de budget pour 2026. "Ce n'est que le début de la bataille pour l'égalité devant l'impôt", ont-ils affirmé dans un communiqué. Mais face aux réticences, rien n'assure qu'ils auront alors gain de cause.