Entre magouilleurs, on s'entraide, mais ça ne marche pas toujours
Posté : 26 juin 2025 21:10
Éric Ciotti voulait sauver Marine Le Pen avec sa proposition de loi, il a été forcé de la retirer
Pris à son propre piège, le président du groupe UDR a été contraint de retirer le texte qui prévoyait d’interdire l’exécution immédiate de peines d’inéligibilité.
POLITIQUE - Et de deux. Après la résolution appelant à dénoncer les accords signés entre la France et l’Algérie, Éric Ciotti et son petit groupe d’extrême droite ont dû retirer un deuxième texte de leur niche parlementaire ce jeudi 26 juin, celui concernant l’interdiction de l’exécution provisoire dans le cas des condamnations à une peine d’inéligibilité.
Ce texte faisait clairement suite à la condamnation de Marine Le Pen le 31 mars pour détournement de fonds publics dans l’affaire des ex-assistants parlementaires européens du FN. Ses opposants, notamment sur les bancs de gauche et macronistes, ont dénoncé une « privatisation des travaux de l’Assemblée » au seul profit de la présidente du groupe RN. « Vous révélez votre vraie nature, vous n’êtes pas ici pour le peuple, vous êtes ici pour Marine Le Pen », a accusé Ayda Hadizadeh (PS), quand Sarah Legrain (LFI) a reproché à Éric Ciotti de vouloir « instaurer une justice d’exception pour la voleuse Marine Le Pen ».
L’UDR et le RN, alliés depuis 2024, avaient défendu un texte permettant, selon eux, de défendre « la liberté de choix des Français » au moment des élections, Marine Le Pen étant, pour l’heure, empêchée de se présenter en 2027. « Certains principes intangibles de notre droit pénal sont bafoués par l’exécution provisoire : l’effet suspensif de l’appel et la présomption d’innocence », avait déploré la rapporteure Brigitte Barèges (UDR), elle-même condamnée en première instance à 5 ans d’inéligibilité avec exécution provisoire en 2021 pour… détournement de fonds publics, avant d’être relaxée en appel.
Le ministre de la Justice Gérald Darmanin s’était, lui, opposé au texte. L’exécution provisoire « n’est ni un automatisme ni une dérive », a-t-il expliqué lors des débats. Ajoutant : « On ne change pas des règles de loi pendant le procès », en référence à Marine Le Pen (absente de l’hémicycle) qui a fait appel de la décision du tribunal et sera rejugée en 2026.
Finalement, l’Assemblée a voté la suppression du seul article prévu dans la proposition de loi par 185 voix contre 120 malgré les votes des Républicains, du RN et de l’UDR. Au pied du mur, Éric Ciotti n’a eu d’autre choix que de retirer son texte.
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