Au début, le "quoi qu'il en coûte" a consisté en :
- des mesures de chômage partiel (l’État prenait tout simplement en charge les heures chômées des salariés lorsqu’ils ne travaillaient plus ou étaient en activité réduite),
- un fonds de solidarité permettant de couvrir les pertes de chiffre d’affaires des entreprises,
- la prise en charge des cotisations sociales par l’État,
- les prêts garantis par l’État.
Sans doute ces mesures étaient-elles nécessaires, mais elles étaient mal calibrées. Bruno Le Maire lui-même avait reconnu la nécessité d'arroser assez large, pour faire accepter le confinement.
Et puis on ne s'est pas arrêté là.
Plus tard, il y a eu un plan de relance annoncé à 100 milliards d’euros, officiellement pour relancer l’économie après la crise.Et d'autres mesures, encore. Lire ceci, notamment :
Dépenses publiques : la fin sans fin du «quoi qu'il en coûte»
DÉCRYPTAGE - Tout en promettant de réduire le déficit, le gouvernement continue d'annoncer dépenses sur dépenses.
On le sait, les bonnes résolutions sont plus faciles à prendre qu'à tenir. Et il semblerait que cette règle s'applique aussi en matière de sérieux budgétaire. Bercy affirme et réaffirme depuis des mois, que les cordons de la bourse du «quoi qu'il en coûte» sont bel et bien fermés. « La France est à l'euro près», avait même martelé Bruno Le Maire en présentant le budget 2023. Alors que les négociations pour le budget de 2024 se préparent, les annonces donnent plutôt l'impression que le gouvernement n'est pas à un milliard près.
Jeudi encore, l'exécutif annonçait un plan pour développer la pratique du vélo à 2 milliards d'euros. Au même moment, en déplacement en Charente-Maritime, Emmanuel Macron promettait 1 milliard par an pour la réforme du lycée professionnel. Jeudi toujours, Stanislas Guérini, ministre de la fonction publique, annonçait qu'il souhaitait recevoir les syndicats pour discuter d'augmenter les salaires des fonctionnaires. Dans les prochains jours, le ministre de la transition écologique, Christophe Béchu, présentera quant à lui un «grand plan de rénovation énergétique des écoles» et du logement. Si le coût de l'opération pour l'État n'est pas encore connu, la facture risque fort d'être salée. Pour rappel, il y a près de 44.000 écoles publiques. Et la liste pourrait continuer. Armée, justice, santé, énergie, ruralité... Chaque ministère semble avoir son propre «grand plan», assorti de l'enveloppe pour le financer.
Évidemment, il existe un moyen de réduire les déficits même lorsqu'on augmente les dépenses : accroître d'autant plus les recettes. Cela peut passer par plus de croissance, mais celle-ci est justement atone (+0,2% prévu au deuxième trimestre). Dans le cas de l'État, les recettes ce sont aussi les impôts, mais les dernières annonces de l'exécutif ne vont pas dans ce sens non plus. Bruno Le Maire l'a rappelé le mois dernier: les baisses d'impôt sont «l'ADN de la majorité».
Vendredi, le ministre des Comptes publics Gabriel Attal, confirmait lui aussi sa volonté de baisser les impôts pour les ménages avant la fin du quinquennat évoquant des «leviers possibles» tels que l'impôt sur le revenu ou les cotisations prises sur le salaire brut. Cette mesure -qui se fera «en fonction de la réduction des déficits»- s'inscrit selon le ministre au sein d'un «plan Marshall pour les classes moyennes». Pour mémoire, le programme américain d'aide à la reconstruction de l'Europe après la seconde guerre mondiale avait coûté 16,5 milliards de dollars de l'époque (soit 173 milliards de dollars en 2020). Si rien ne porte à croire que le plan Marshall voulu par le ministre du Budget atteindra cette ampleur, il n'en reste pas moins qu'il risque de peser lui aussi sur les comptes de l'État.
Pourtant, les appels au sérieux budgétaire des autorités internationales et nationales se font pressants. Déjà, dans son rapport annuel publié en mars, la Cour des comptes avait épinglé le gouvernement sur sa gestion des deniers publics estimant qu'il mettait en œuvre des mesures insuffisamment ciblées et donc trop coûteuses. «L'année 2023 aurait dû être marquée par la fin du “quoi qu'il en coûte”» avait regretté son premier président Pierre Moscovici dans les colonnes du Figaro .
La fin du «quoi qu'il en coûte» est devenue en trois ans seulement une arlésienne. À l’origine, cette formule avait été martelée par Emmanuel Macron lors de son allocution du 12 mars 2020 à l'aube du premier confinement. Le chef de l'État s'était ainsi inspiré du fameux «Whatever it takes» - une phrase prononcée par Mario Draghi, qui est entrée dans l'histoire économique comme la formule qui a mis fin à la crise des dettes souveraines.
L'expression du président s'était alors traduite par une politique de soutien sans faille aux entreprises pour faire face à la pandémie. Une politique dont la facture avait été estimée par Bercy à 240 milliards d'euros à l'été 2021. Déjà 2021, devait être l'année de la sortie du «quoi qu'il en coûte», selon plusieurs déclarations du ministre des Comptes publics d'alors, Olivier Dussopt, au printemps. Cette volonté avait été résumée en une phrase par Bruno Le Maire lors des universités d'été du Medef la même année : «Le ''quoi qu'il en coûte'', c'est fini».
Depuis, il n'en finit plus de finir. Déjà, pendant la campagne pour la présidentielle de 2022, les coûteuses promesses d'Emmanuel Macron n'allaient pas dans le sens de la vertu budgétaire. Puis vint la guerre en Ukraine, la crise énergétique, l'inflation... Et, pour faire face, le gouvernement s'est vu dans l'obligation d'ouvrir à nouveau le portefeuille. Le bouclier tarifaire, pour ne citer qu'un exemple, a coûté près de 24 milliards l'année dernière. Cette année, la facture s'établirait autour de 30 milliards d'euros, et elle ne sera pas la dernière, puisque Bercy a annoncé que le bouclier tarifaire sur l'électricité sera maintenu jusqu'en 2025.
Entre deux annonces de plan d'aide ou d'augmentation de budget de ministère, le gouvernement continue vaille que vaille de promettre qu'il réduira le déficit et la dette d'ici la fin du quinquennat. Dans le programme de stabilité (PSTAB) 2023 - document envoyé à Bruxelles qui contient les prévisions macroéconomiques du pays -, le gouvernement prévoit une dette à 108% du PIB (contre 111,6% fin 2022) et un déficit public porté sous la barre des 3% (contre 4,7%) en 2027. Un objectif pour le moins volontariste auquel l'exécutif se tiendra, on l'espère, quoi qu'il en coûte.
SOURCE :
LE FIGARO