Mort d’Olivier Marleix, ancien chef de groupe des députés LR, antimacroniste et parlementaire respecté
Posté : 08 juillet 2025 10:21
Qu'il repose en paix.
Le député d’Eure-et-Loir, connu pour ses engagements en faveur de la souveraineté industrielle et ses critiques virulentes contre le macronisme, a été retrouvé mort à son domicile ce lundi 7 juillet.
Fin juin, il dissertait encore auprès de Libération sur la dissolution, l’inéligibilité de Marine Le Pen, l’hypothèse d’une nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, le sort de Laurent Wauquiez, à qui il avait laissé la présidence du groupe à l’été 2024, la popularité de Bruno Retailleau… Un an après avoir sauvé son siège face au Rassemblement national, Olivier Marleix devait même sortir un livre, à la rentrée, sur la dissolution, cette folle décision élyséenne signant à ses yeux la «fin du macronisme».
Annoncée ce lundi 7 juillet par son successeur à la tête des députés LR, Laurent Wauquiez, la disparition du député d’Eure-et-Loir a sidéré la droite, dont il était l’une des figures respectées, mais a aussi ému l’ensemble du champ politique, de Marine Le Pen (RN) à Mathilde Panot (LFI) en passant par le Premier ministre, François Bayrou. A l’Assemblée nationale, la vice-présidente Naïma Moutchou (Horizons) a interrompu la séance de l’après-midi, évoquant une «onde de choc». Les députés présents ont observé une minute de silence.
«Notre collègue, ami et ancien président de groupe Olivier Marleix s’en est allé», a sobrement écrit Laurent Wauquiez sur les réseaux, après avoir annoncé cette disparition «brutale» dans un message interne au groupe. […] Nous n’oublierons pas l’homme de conviction, défenseur inlassable de l’intérêt général dont la vision tirait vers le haut le débat public.» Selon le procureur de la République de Chartres, le député a été retrouvé pendu à son domicile d’Anet, commune dont il fut maire de 2008 à 2017. Agé de 54 ans, il avait deux filles.
Admirateur de Georges Pompidou et sa vision d’un Etat stratège
«La disparition d’Olivier Marleix plonge notre Parlement en deuil», a également commenté Emmanuel Macron, saluant un «homme politique d’expérience», qui «défendait ses idées avec conviction». A ce chef de l’Etat venu de la banque Rothschild, jamais élu avant d’entrer à l’Elysée, Olivier Marleix n’avait pas pardonné la vente de la branche énergie du fleuron Alstom au groupe américain General Electrics. C’est en effet Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie de François Hollande, qui l’avait autorisée en 2014. Gaulliste revendiqué, Olivier Marleix s’était mué depuis 2017 en avocat implacable de ce président libéral, chantre de la «start-up nation», si éloigné à ses yeux d’un Georges Pompidou qu’il admirait pour sa vision d’un Etat stratège, et avec qui il partageait des racines cantaliennes.
Ne lâchant pas le dossier Alstom, Olivier Marleix avait mené une commission d’enquête parlementaire avant de saisir le parquet de Paris en 2019, en dénonçant un potentiel «pacte de corruption» dans le cadre de la campagne présidentielle en 2017. Il en était persuadé, son opposition au chef de l’Etat lui avait coûté son entrée au gouvernement en septembre 2024 : avec Michel Barnier, dont il était proche, à Matignon, le député de Dreux aurait pourtant aimé décrocher la Justice. Son opiniâtreté dans l’affaire Alstom lui avait valu les honneurs d’Anticor, l’association de lutte contre la corruption, qui lui avait décerné son «prix éthique» en 2020. «Olivier Marleix était un homme droit, républicain, gaulliste. Il avait un sens élevé de la loyauté», a écrit Michel Barnier après sa disparition.
Solide député, il s’était attiré les bonnes grâces de la gauche par sa droiture, sa défense du parlementarisme et sa tempérance dans l’hémicycle. «Cordial, attaché à la souveraineté industrielle du pays, il incarnait une survivance du gaullisme», a salué Stéphane Peu, chef de file des députés communistes. Au-delà du député de la Somme François Ruffin saluant «son attachement à la souveraineté, son combat pour la transparence», plusieurs responsables de la France insoumise lui ont rendu hommage, à l’image d’Eric Coquerel exprimant son «choc» : «Il était le digne représentant d’une droite vraiment républicaine.»
Une certaine pudeur et un sens politique certain
Né à Boulogne-Billancourt, Olivier Marleix était arrivé à Dreux dans les années 1990, quelques années après la première percée électorale du Front national, pour travailler auprès de Martial Taugourdeau, alors président du conseil général. Son père, Alain Marleix, ancien secrétaire d’Etat chargé des collectivités territoriales, ne voulait pas qu’il fasse de la politique dans le fief familial du Cantal. «Mon père ne m’a jamais aidé, avait-il raconté à Libération en 2023. C’est moi qui l’ai aidé, j’ai fait toutes ses campagnes.» Sur les bancs de l’Assemblée, le père et le fils avaient siégé quelques années ensemble, de 2012 à 2017. Le paternel lui avait transmis le goût de la carte électorale, une certaine pudeur et un sens politique certain. Gamin déjà, Olivier Marleix baignait dans la politique, écoutant les barons gaullistes aux tribunes des meetings. Après Sciences-Po, il avait fait ses premières armes avec Charles Pasqua, alors président du groupe RPR au Sénat – où son jeune frère, Romain Marleix, travaille –, avant de rejoindre Jacques Chirac à la mairie de Paris. Il avait aussi connu la droite au pouvoir, travaillant comme conseiller pour Nicolas Sarkozy à l’Elysée. «Il était avant tout un député passionné, profondément attaché à son territoire et à ses habitants», a réagi l’ancien président de la République.
Personnage introverti et pince-sans-rire, Olivier Marleix cultivait un caractère pudique mais empathique. Cérébral, parfois maladroit dans les relations humaines mais à l’écoute, il se révélait un personnage plus rond, plus détendu, proche de ses administrés dès lors qu’on le suivait dans sa circonscription. «Pour lui, le gaullisme était avant tout une rigueur morale, une constance intellectuelle», a salué le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Le patron des Républicains venait de le nommer dans un groupe de travail pour piloter les municipales de 2026.
https://www.liberation.fr/politique/mor ... ST3N7KI3Q/
Le député d’Eure-et-Loir, connu pour ses engagements en faveur de la souveraineté industrielle et ses critiques virulentes contre le macronisme, a été retrouvé mort à son domicile ce lundi 7 juillet.
Fin juin, il dissertait encore auprès de Libération sur la dissolution, l’inéligibilité de Marine Le Pen, l’hypothèse d’une nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, le sort de Laurent Wauquiez, à qui il avait laissé la présidence du groupe à l’été 2024, la popularité de Bruno Retailleau… Un an après avoir sauvé son siège face au Rassemblement national, Olivier Marleix devait même sortir un livre, à la rentrée, sur la dissolution, cette folle décision élyséenne signant à ses yeux la «fin du macronisme».
Annoncée ce lundi 7 juillet par son successeur à la tête des députés LR, Laurent Wauquiez, la disparition du député d’Eure-et-Loir a sidéré la droite, dont il était l’une des figures respectées, mais a aussi ému l’ensemble du champ politique, de Marine Le Pen (RN) à Mathilde Panot (LFI) en passant par le Premier ministre, François Bayrou. A l’Assemblée nationale, la vice-présidente Naïma Moutchou (Horizons) a interrompu la séance de l’après-midi, évoquant une «onde de choc». Les députés présents ont observé une minute de silence.
«Notre collègue, ami et ancien président de groupe Olivier Marleix s’en est allé», a sobrement écrit Laurent Wauquiez sur les réseaux, après avoir annoncé cette disparition «brutale» dans un message interne au groupe. […] Nous n’oublierons pas l’homme de conviction, défenseur inlassable de l’intérêt général dont la vision tirait vers le haut le débat public.» Selon le procureur de la République de Chartres, le député a été retrouvé pendu à son domicile d’Anet, commune dont il fut maire de 2008 à 2017. Agé de 54 ans, il avait deux filles.
Admirateur de Georges Pompidou et sa vision d’un Etat stratège
«La disparition d’Olivier Marleix plonge notre Parlement en deuil», a également commenté Emmanuel Macron, saluant un «homme politique d’expérience», qui «défendait ses idées avec conviction». A ce chef de l’Etat venu de la banque Rothschild, jamais élu avant d’entrer à l’Elysée, Olivier Marleix n’avait pas pardonné la vente de la branche énergie du fleuron Alstom au groupe américain General Electrics. C’est en effet Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie de François Hollande, qui l’avait autorisée en 2014. Gaulliste revendiqué, Olivier Marleix s’était mué depuis 2017 en avocat implacable de ce président libéral, chantre de la «start-up nation», si éloigné à ses yeux d’un Georges Pompidou qu’il admirait pour sa vision d’un Etat stratège, et avec qui il partageait des racines cantaliennes.
Ne lâchant pas le dossier Alstom, Olivier Marleix avait mené une commission d’enquête parlementaire avant de saisir le parquet de Paris en 2019, en dénonçant un potentiel «pacte de corruption» dans le cadre de la campagne présidentielle en 2017. Il en était persuadé, son opposition au chef de l’Etat lui avait coûté son entrée au gouvernement en septembre 2024 : avec Michel Barnier, dont il était proche, à Matignon, le député de Dreux aurait pourtant aimé décrocher la Justice. Son opiniâtreté dans l’affaire Alstom lui avait valu les honneurs d’Anticor, l’association de lutte contre la corruption, qui lui avait décerné son «prix éthique» en 2020. «Olivier Marleix était un homme droit, républicain, gaulliste. Il avait un sens élevé de la loyauté», a écrit Michel Barnier après sa disparition.
Solide député, il s’était attiré les bonnes grâces de la gauche par sa droiture, sa défense du parlementarisme et sa tempérance dans l’hémicycle. «Cordial, attaché à la souveraineté industrielle du pays, il incarnait une survivance du gaullisme», a salué Stéphane Peu, chef de file des députés communistes. Au-delà du député de la Somme François Ruffin saluant «son attachement à la souveraineté, son combat pour la transparence», plusieurs responsables de la France insoumise lui ont rendu hommage, à l’image d’Eric Coquerel exprimant son «choc» : «Il était le digne représentant d’une droite vraiment républicaine.»
Une certaine pudeur et un sens politique certain
Né à Boulogne-Billancourt, Olivier Marleix était arrivé à Dreux dans les années 1990, quelques années après la première percée électorale du Front national, pour travailler auprès de Martial Taugourdeau, alors président du conseil général. Son père, Alain Marleix, ancien secrétaire d’Etat chargé des collectivités territoriales, ne voulait pas qu’il fasse de la politique dans le fief familial du Cantal. «Mon père ne m’a jamais aidé, avait-il raconté à Libération en 2023. C’est moi qui l’ai aidé, j’ai fait toutes ses campagnes.» Sur les bancs de l’Assemblée, le père et le fils avaient siégé quelques années ensemble, de 2012 à 2017. Le paternel lui avait transmis le goût de la carte électorale, une certaine pudeur et un sens politique certain. Gamin déjà, Olivier Marleix baignait dans la politique, écoutant les barons gaullistes aux tribunes des meetings. Après Sciences-Po, il avait fait ses premières armes avec Charles Pasqua, alors président du groupe RPR au Sénat – où son jeune frère, Romain Marleix, travaille –, avant de rejoindre Jacques Chirac à la mairie de Paris. Il avait aussi connu la droite au pouvoir, travaillant comme conseiller pour Nicolas Sarkozy à l’Elysée. «Il était avant tout un député passionné, profondément attaché à son territoire et à ses habitants», a réagi l’ancien président de la République.
Personnage introverti et pince-sans-rire, Olivier Marleix cultivait un caractère pudique mais empathique. Cérébral, parfois maladroit dans les relations humaines mais à l’écoute, il se révélait un personnage plus rond, plus détendu, proche de ses administrés dès lors qu’on le suivait dans sa circonscription. «Pour lui, le gaullisme était avant tout une rigueur morale, une constance intellectuelle», a salué le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Le patron des Républicains venait de le nommer dans un groupe de travail pour piloter les municipales de 2026.
https://www.liberation.fr/politique/mor ... ST3N7KI3Q/