Quand un député RN rencontre un cheikh et une lobbyiste du Qatar
Posté : 09 juillet 2025 07:00
Faites ce que je dis mais surtout pas...
Alors que le parti d’extrême droite a toujours fustigé le Qatar, un de ses députés a discrètement rencontré le cheikh Thamer bin Hamad al-Thani dans un chic palace parisien en juin.
Le Peninsula, sur la très chic avenue Kléber à Paris, a l’habitude de voir défiler une richissime clientèle venue du Proche-Orient. Le palace, propriété du Qatar, ouvre aussi ses portes aux élus RN, parti historiquement hostile à l’émirat gazier… Mi-juin, le député RN du Gard Yoann Gillet y a rencontré le cheikh Thamer bin Hamad al-Thani. Forcément discret, le rendez-vous a été consigné par Gillet lui-même, «par souci de transparence».
Membre du groupe d’amitié France-Qatar, Gillet a été approché pour ce rendez-vous par Sihem Souid. Ancienne flic reconvertie en lobbyiste, la fondatrice du cabinet de conseil Edile Consulting est la principale communicante de Doha en France. «On a parlé de géopolitique, de la politique entre la France et le Qatar, explique-t-elle à Libé. Ça s’est bien passé, c’était cordial.» «Nous avons échangé sur de nombreux sujets», nous explique de son côté Gillet, citant les investissements du Qatar en France, la présence française au Qatar ou les Frères musulmans.
Directeur de l’International Media Office depuis 2023, Thamer al-Thani est chargé de l’image de l’émirat dans le monde. Auparavant porte-parole du gouvernement qatari, ce membre de la famille régnante avait tenté de déminer les critiques entachant la Coupe du monde de football, organisée dans l’émirat en 2022, à coups de tribunes dans les colonnes du Monde et du Figaro. Selon Gillet, il a rencontré d’autres parlementaires issus d’autres groupes politiques lors de sa venue à Paris. Tous les membres du groupe d’amitié, soit 24 élus, auraient été invités. Plus de la moitié, selon Sihem Souid, aurait déjà rencontré Thamer al-Thani, comme le président du groupe, Laurent Mazaury (Liot), ou la vice-présidente (Horizons) de l’Assemblée, Naïma Moutchou. A Libé, Mazaury assure pourtant qu’il ne l’a ni rencontré, ni reçu d’invitation. L’entourage de Moutchou n’a pas répondu.
La «catin» du Qatar
Au sein du groupe RN, un haut gradé assure en revanche qu’il découvre cette entrevue. Une légère gêne, alors que le parti d’extrême droite a toujours fustigé Doha, l’accusant de financer le terrorisme et de corrompre les élus étrangers ? Après le 7-Octobre, Marine Le Pen et Jordan Bardella ciblaient le micro-Etat pour son rôle de médiateur entre Israël et le Hamas pour libérer des otages israéliens. En 2017, le parti réclamait aussi une commission d’enquête parlementaire sur les «relations» entre «un certain nombre d’élus» français et le Qatar, qualifié de «pays corrupteur» par Le Pen. La France est la «catin» du Qatar, lâchait encore la fille de Jean-Marie Le Pen en 2013.
«Nous discutons avec tout le monde, même quand nous avons des différences et des désaccords, justifie de son côté Gillet. C’est le principe même de la diplomatie.» Le patron du parti, Bardella, jouait pourtant une autre carte début juin, en se rendant aux Emirats arabes unis, pays avec lequel le RN partage un ennemi commun : les Frères musulmans. Interdite par Abou Dhabi, la confrérie entretient à l’inverse de bonnes relations avec Doha. «Le Qatar voit dans les réseaux fréristes un instrument précieux dans sa stratégie de rayonnement politico-diplomatique», écrivait en 2017 le chercheur à Sciences po Stéphane Lacroix. Quant au RN, jamais avare de revirements sur la scène internationale, un brin de rayonnement ne peut pas faire de mal.
https://www.liberation.fr/politique/qua ... directed=1
Ils en pensent quoi les électeurs du RN du rapprochement RN Qatar :
Alors que le parti d’extrême droite a toujours fustigé le Qatar, un de ses députés a discrètement rencontré le cheikh Thamer bin Hamad al-Thani dans un chic palace parisien en juin.
Le Peninsula, sur la très chic avenue Kléber à Paris, a l’habitude de voir défiler une richissime clientèle venue du Proche-Orient. Le palace, propriété du Qatar, ouvre aussi ses portes aux élus RN, parti historiquement hostile à l’émirat gazier… Mi-juin, le député RN du Gard Yoann Gillet y a rencontré le cheikh Thamer bin Hamad al-Thani. Forcément discret, le rendez-vous a été consigné par Gillet lui-même, «par souci de transparence».
Membre du groupe d’amitié France-Qatar, Gillet a été approché pour ce rendez-vous par Sihem Souid. Ancienne flic reconvertie en lobbyiste, la fondatrice du cabinet de conseil Edile Consulting est la principale communicante de Doha en France. «On a parlé de géopolitique, de la politique entre la France et le Qatar, explique-t-elle à Libé. Ça s’est bien passé, c’était cordial.» «Nous avons échangé sur de nombreux sujets», nous explique de son côté Gillet, citant les investissements du Qatar en France, la présence française au Qatar ou les Frères musulmans.
Directeur de l’International Media Office depuis 2023, Thamer al-Thani est chargé de l’image de l’émirat dans le monde. Auparavant porte-parole du gouvernement qatari, ce membre de la famille régnante avait tenté de déminer les critiques entachant la Coupe du monde de football, organisée dans l’émirat en 2022, à coups de tribunes dans les colonnes du Monde et du Figaro. Selon Gillet, il a rencontré d’autres parlementaires issus d’autres groupes politiques lors de sa venue à Paris. Tous les membres du groupe d’amitié, soit 24 élus, auraient été invités. Plus de la moitié, selon Sihem Souid, aurait déjà rencontré Thamer al-Thani, comme le président du groupe, Laurent Mazaury (Liot), ou la vice-présidente (Horizons) de l’Assemblée, Naïma Moutchou. A Libé, Mazaury assure pourtant qu’il ne l’a ni rencontré, ni reçu d’invitation. L’entourage de Moutchou n’a pas répondu.
La «catin» du Qatar
Au sein du groupe RN, un haut gradé assure en revanche qu’il découvre cette entrevue. Une légère gêne, alors que le parti d’extrême droite a toujours fustigé Doha, l’accusant de financer le terrorisme et de corrompre les élus étrangers ? Après le 7-Octobre, Marine Le Pen et Jordan Bardella ciblaient le micro-Etat pour son rôle de médiateur entre Israël et le Hamas pour libérer des otages israéliens. En 2017, le parti réclamait aussi une commission d’enquête parlementaire sur les «relations» entre «un certain nombre d’élus» français et le Qatar, qualifié de «pays corrupteur» par Le Pen. La France est la «catin» du Qatar, lâchait encore la fille de Jean-Marie Le Pen en 2013.
«Nous discutons avec tout le monde, même quand nous avons des différences et des désaccords, justifie de son côté Gillet. C’est le principe même de la diplomatie.» Le patron du parti, Bardella, jouait pourtant une autre carte début juin, en se rendant aux Emirats arabes unis, pays avec lequel le RN partage un ennemi commun : les Frères musulmans. Interdite par Abou Dhabi, la confrérie entretient à l’inverse de bonnes relations avec Doha. «Le Qatar voit dans les réseaux fréristes un instrument précieux dans sa stratégie de rayonnement politico-diplomatique», écrivait en 2017 le chercheur à Sciences po Stéphane Lacroix. Quant au RN, jamais avare de revirements sur la scène internationale, un brin de rayonnement ne peut pas faire de mal.
https://www.liberation.fr/politique/qua ... directed=1
Ils en pensent quoi les électeurs du RN du rapprochement RN Qatar :