Dans les Hauts-de-France, le député RN Sébastien Chenu drague les victimes de l’amiante
Posté : 17 juillet 2025 07:05
Opportunisme
Le vice-président du Rassemblement national se targue d’avoir obtenu la reconstitution du groupe d’études sur l’amiante à l’Assemblée nationale, supprimé fin 2024. Quitte à en survendre l’impact.
Il en fait une «victoire» face à un «scandale» et une «forme de mépris». Sur ses comptes X, Instagram et Facebook, le député du Denaisis (Nord) et vice-président du Rassemblement national (RN) Sébastien Chenu n’y est pas allé de main morte, jeudi 10 juillet, pour se féliciter de la reconstitution du groupe d’études sur l’amiante à l’Assemblée nationale.
«L’amiante a laissé une trace tragique dans de nombreux territoires industriels […] où des générations d’ouvriers, de dockers, de métallurgistes et leurs familles en subissent encore aujourd’hui les conséquences», déclare l’élu des Hauts-de-France dans un communiqué de presse. Dans la région, dont les habitants ont été particulièrement touchés par des maladies graves (cancer du poumon, mésothéliome pleural…) liées à l’utilisation d’amiante, le problème continue de faire l’actualité. Fin juin, la cour d’appel de Douai a accordé à 208 anciens salariés d’Ascométal-Valdunes, à Leffrinckoucke, près de Dunkerque, la reconnaissance d’un préjudice d’anxiété lié à l’usage de ces fibres. En France, elles sont totalement interdites dans le bâtiment depuis 1997.
«Dans ce contexte, la suppression discrète du groupe d’études sur l’amiante, décidée en décembre 2024 par le bureau de l’Assemblée nationale, a provoqué une incompréhension légitime et une colère profonde chez les victimes et les associations de notre région», poursuit Chenu.
«Zones de relégation sanitaire»
«J’ai demandé officiellement la reconstitution du groupe d’études sur l’amiante à l’Assemblée nationale ; aujourd’hui, je suis fier d’annoncer que ce combat a été gagné : [ce groupe] est de nouveau actif», s’autocongratule le député, avant de s’engager à veiller à ce que «le Denaisis, le Nord et l’ensemble des bassins miniers ou industriels ne soient plus traités comme des zones de relégation sanitaire».
Une emphase propre à faire sourire les bons connaisseurs du fonctionnement de l’Assemblée nationale. «Un groupe d’études, c’est seulement une instance de dialogue, de discussions informelles, explique un ancien collaborateur parlementaire. Tous les députés qui le souhaitent peuvent en être membres. Certains sont très courus, sur le vin et la chasse par exemple, d’autres un peu délaissés parce que les moyens alloués sont faibles et que l’Assemblée a mille autres choses à faire. A chaque mandature le bureau considère qu’il y en a trop et essaie d’en réduire le nombre – Sébastien Chenu, qui s’est lui-même occupé de cette liste en 2022, ne peut pas l’ignorer…»
«Ecran de fumée»
«Sa communication est un écran de fumée, s’amuse un collaborateur parlementaire. A l’automne, quand le groupe d’études sur l’amiante a disparu, personne ne s’en est particulièrement ému. C’est quand les acteurs de terrain ont commencé à protester que Chenu est sorti de son silence. Il a pu peser pour la reconstitution du groupe par la suite, c’est vrai, mais c’est loin d’être une victoire personnelle !»
C’est en tout cas un affichage valorisant à peu de frais, dont le principal effet sera sans doute de faire plaisir aux associations impliquées sur le sujet, afin qu’elles ne se sentent pas oubliées. A l’instar du Comité amiante prévenir et réparer de Thiant, près de Denain, que le député RN du Nord n’oublie pas de citer dans chacun de ses posts sur les réseaux sociaux, et dans ses communiqués.
https://www.liberation.fr/politique/dan ... AGBJZEDQE/
Le vice-président du Rassemblement national se targue d’avoir obtenu la reconstitution du groupe d’études sur l’amiante à l’Assemblée nationale, supprimé fin 2024. Quitte à en survendre l’impact.
Il en fait une «victoire» face à un «scandale» et une «forme de mépris». Sur ses comptes X, Instagram et Facebook, le député du Denaisis (Nord) et vice-président du Rassemblement national (RN) Sébastien Chenu n’y est pas allé de main morte, jeudi 10 juillet, pour se féliciter de la reconstitution du groupe d’études sur l’amiante à l’Assemblée nationale.
«L’amiante a laissé une trace tragique dans de nombreux territoires industriels […] où des générations d’ouvriers, de dockers, de métallurgistes et leurs familles en subissent encore aujourd’hui les conséquences», déclare l’élu des Hauts-de-France dans un communiqué de presse. Dans la région, dont les habitants ont été particulièrement touchés par des maladies graves (cancer du poumon, mésothéliome pleural…) liées à l’utilisation d’amiante, le problème continue de faire l’actualité. Fin juin, la cour d’appel de Douai a accordé à 208 anciens salariés d’Ascométal-Valdunes, à Leffrinckoucke, près de Dunkerque, la reconnaissance d’un préjudice d’anxiété lié à l’usage de ces fibres. En France, elles sont totalement interdites dans le bâtiment depuis 1997.
«Dans ce contexte, la suppression discrète du groupe d’études sur l’amiante, décidée en décembre 2024 par le bureau de l’Assemblée nationale, a provoqué une incompréhension légitime et une colère profonde chez les victimes et les associations de notre région», poursuit Chenu.
«Zones de relégation sanitaire»
«J’ai demandé officiellement la reconstitution du groupe d’études sur l’amiante à l’Assemblée nationale ; aujourd’hui, je suis fier d’annoncer que ce combat a été gagné : [ce groupe] est de nouveau actif», s’autocongratule le député, avant de s’engager à veiller à ce que «le Denaisis, le Nord et l’ensemble des bassins miniers ou industriels ne soient plus traités comme des zones de relégation sanitaire».
Une emphase propre à faire sourire les bons connaisseurs du fonctionnement de l’Assemblée nationale. «Un groupe d’études, c’est seulement une instance de dialogue, de discussions informelles, explique un ancien collaborateur parlementaire. Tous les députés qui le souhaitent peuvent en être membres. Certains sont très courus, sur le vin et la chasse par exemple, d’autres un peu délaissés parce que les moyens alloués sont faibles et que l’Assemblée a mille autres choses à faire. A chaque mandature le bureau considère qu’il y en a trop et essaie d’en réduire le nombre – Sébastien Chenu, qui s’est lui-même occupé de cette liste en 2022, ne peut pas l’ignorer…»
«Ecran de fumée»
«Sa communication est un écran de fumée, s’amuse un collaborateur parlementaire. A l’automne, quand le groupe d’études sur l’amiante a disparu, personne ne s’en est particulièrement ému. C’est quand les acteurs de terrain ont commencé à protester que Chenu est sorti de son silence. Il a pu peser pour la reconstitution du groupe par la suite, c’est vrai, mais c’est loin d’être une victoire personnelle !»
C’est en tout cas un affichage valorisant à peu de frais, dont le principal effet sera sans doute de faire plaisir aux associations impliquées sur le sujet, afin qu’elles ne se sentent pas oubliées. A l’instar du Comité amiante prévenir et réparer de Thiant, près de Denain, que le député RN du Nord n’oublie pas de citer dans chacun de ses posts sur les réseaux sociaux, et dans ses communiqués.
https://www.liberation.fr/politique/dan ... AGBJZEDQE/