"C'est Nicolas qui paie" au RN? Plus Présidente MLP mais toujours payée.
Posté : 22 juillet 2025 21:17
Gratos, rien que pour les frontistes qui veautent contre vents et marées pour leur idole.Marine Le Pen recevait encore 5 000 euros par mois du RN deux ans après avoir quitté définitivement la présidence du parti
Jusqu’en juin 2024, au moins, la députée du Pas-de-Calais a reçu du parti d’extrême droite la somme exacte qu’elle touchait les six années précédentes au titre de la présidence du RN.
Par Corentin Lesueur
Publié aujourd’hui à 17h37, modifié à 19h12
https://www.lemonde.fr/politique/articl ... 23448.html
Marine Le Pen chante souvent les louanges du bénévolat. « Ce miracle de l’engagement politique (…) qui pousse des hommes et des femmes à distribuer des tracts, à sacrifier des moments de loisirs », saluait la députée du Pas-de-Calais, le 1er mai. Début avril, lors d’un meeting convoqué à Paris après sa condamnation dans l’affaire des assistants parlementaires européens du Front national, elle vantait, déjà, sa « haute idée » de la politique : « Comme de nombreux adhérents de partis et élus de tout bord, nous voyons l’engagement politique comme une sorte de sacerdoce. »
La triple candidate à l’Elysée a beau avoir définitivement abandonné la présidence du Rassemblement national (RN) en 2022, elle n’en est pas pour autant devenue une militante comme une autre. Pas une militante bénévole, en tout cas. En 2022 et en 2023, Marine Le Pen a reçu du parti d’extrême droite la somme de 60 000 euros net. Soit exactement le montant qu’elle touchait les six années précédentes au titre de la présidence du RN.
Dans sa déclaration d’intérêts et d’activités déposée le 1er septembre 2024 auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), comme dans sa déclaration modificative transmise le 19 juin, Mme Le Pen justifie les 60 000 euros annuels (30 999 euros pour les six premiers mois de l’année 2024) par ses qualités de « membre du bureau exécutif (bureau du conseil d’administration du RN) et présidente de groupe à l’AN [Assemblée nationale] ». S’agissant de la deuxième fonction, elle ne trouverait à s’appliquer que depuis juin 2022 – constitution d’un groupe RN à l’Assemblée après les législatives – et relèverait de l’exception au sein de l’Hémicycle – aucun autre des dix présidents de groupes de la 16e législature (de 2022 à la dissolution de 2024) n’était spécifiquement rémunéré ou indemnisé à ce titre.
Sollicités à plusieurs reprises, Marine Le Pen et Victor Chabert, l’attaché de presse du mouvement, n’ont pas répondu au Monde sur la nature et les justifications de ce versement, effectif au moins jusqu’en juin 2024, date butoir choisie par Mme Le Pen dans ses déclarations pour mentionner les revenus tirés de ses mandats et éventuellement ses autres fonctions.
Jordan Bardella, président bénévole
Le maintien du même niveau de rémunération de Marine Le Pen, qu’importe l’évolution de son rôle dans la direction du RN, questionne surtout l’organisation du parti. Ses 60 000 euros net contrastent avec le bénévolat auquel est astreint Jordan Bardella, son successeur à la présidence de l’association – par intérim à partir de septembre 2021, puis définitivement depuis novembre 2022. Au cours des deux derniers exercices, les comptes du RN, publiés par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), confirme l’absence de rémunération versée par le parti à l’eurodéputé, mentionnant seulement 7 163 euros en 2022 et 670,03 euros en 2023 de « remboursement de frais », en plus de la « mise à disposition d’un véhicule et d’un chauffeur ».
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Les comptes 2022 et 2023 du RN ne font état que de deux dirigeants rémunérés par le parti, l’un percevant 60 000 euros annuels et l’autre 24 000 euros ; tous deux sont anonymisés dans le document diffusé par la CNCCFP. La consultation des déclarations déposées pour les mêmes années auprès de la HATVP permet de deviner leur identité : Marine Le Pen, donc, et Kévin Pfeffer. Ce député de la Moselle, proche de Jordan Bardella, précise, dans sa déclaration, percevoir du RN 24 000 euros net par an, depuis juillet 2021, en tant que « membre du bureau du conseil d’administration (bureau exécutif) et trésorier national depuis le 07/2021 ». Interrogé par Le Monde sur sa propre rémunération et celle de Marine Le Pen (en tant que trésorier du RN), Kévin Pfeffer répond n’avoir « rien à [nous] dire sur ces sujets ».
« Rémunération » ou « frais professionnels »
Les émoluments versés par le RN à Mme Le Pen avaient déjà été questionnés lors de la campagne présidentielle de 2022. Libération avait révélé que la candidate d’extrême droite continuait de percevoir – comme aujourd’hui – 5 000 euros net par mois, malgré sa mise en retrait de la présidence du mouvement en septembre 2021. Dans ses comptes établis pour les exercices de 2018 à 2021, le parti considérait ces sommes comme relevant de « remboursements de frais forfaitaires ou sur justificatifs ». « Ce n’est pas une rémunération, c’est une indemnisation de frais », défendait aussi M. Bardella en février 2022, alors président de l’ex-FN par intérim. Mais, depuis 2022, l’argent versé par le RN à Marine Le Pen est mentionné dans la colonne « rémunération » du document comptable de son parti.
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Qu’importe donc la qualification choisie par le RN ou l’évolution de son statut au sein du parti, Marine Le Pen n’a cessé de percevoir 5 000 euros net par mois du RN depuis juillet 2017 – date d’une revalorisation de 2 000 euros déjà controversée. Ni la loi ni les statuts du parti n’interdisent le versement mensuel d’un tel montant à la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale. « Les partis politiques s’administrent librement », balayait-elle d’un revers de la main en 2022. Mais le maintien de cette somme, exceptionnelle au sein du mouvement, bat en brèche le récit défendu en interne d’une élue définitivement libérée des contingences partisanes.