Vingt ans après Katrina, Donald Trump rend les États-Unis «moins préparés qu’en 2005» aux ouragans
Posté : 29 août 2025 10:23
"Il y a vingt ans, aux États-Unis, l’ouragan Katrina ravageait les États de la Louisiane et du Mississippi. Au-delà de la catastrophe naturelle, la réponse des agences fédérales avait été largement critiquée. Depuis, elles ont appris de leurs erreurs, mais les progrès enregistrés sont finalement démantelés par le président Donald Trump.
Il y a vingt ans, l'ouragan Katrina frappait le sud des États-Unis. Avec plus de 1 800 morts, environ 100 000 déplacés (qui ne sont jamais revenus) et 125 milliards de dollars de dégâts, le terrible bilan de Katrina place l'ouragan à la troisième place des tempêtes les plus dévastatrices de l’histoire des États-Unis. Au milieu du chaos, à la Nouvelle-Orléans, ville qui paie le plus lourd tribut de ce désastre, les autorités étaient pointées du doigt pour leur impréparation et leur manque de communication.
Les gouvernements locaux et les agences fédérales ont, depuis, adapté leur préparation aux catastrophes naturelles ainsi que leurs procédures d’urgence. La météorologie et l’océanographie ont également progressé. Mais aujourd’hui, deux décennies de progrès sont menacées par les coupes budgétaires et les purges de Donald Trump.
Un directeur polémique à l'agence de prévention des catastrophes
« Vingt ans après, nos procédures et notre gouvernance sont un retour aux conditions » qui ont engendré le désastre Katrina, avertissent ce lundi dans une lettre ouverte au Congrès plus de 180 employés de la Fema, l'agence fédérale en charge de la prévention de catastrophes. Ils appellent à ce que leur agence soit protégée des ingérences politiques de l’exécutif.
Les États-Unis sont « moins bien préparés aujourd'hui qu'en 2005 », confirme Melissa Ooten, professeure d’histoire à l'université de Richmond et spécialiste de l'ouragan Katrina. La Fema a perdu 2 000 employés au nom de l’allègement bureaucratique de Donald Trump, soit un tiers de ses effectifs. « Ce n’est pas seulement une perte de connaissances, c’est aussi une perte de temps pour les premiers secours sur le terrain. Or, c’est avec une réponse rapide et précise qu’on limite le nombre de morts », analyse la professeure.
Comme souvent, Donald Trump accompagne les coupes budgétaires de purges pour remplacer les responsables qui le contrediraient. Au mois de mai, sa secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, avait nommé un nouveau directeur à la tête de la Fema : David Richardson, un ancien Marine sans expérience en matière de gestion de catastrophes naturelles. La réforme de la gestion des urgences post-Katrina (PKEMRA) en fait pourtant un prérequis. « En plus, il a défrayé la chronique car il ne savait pas qu'il y avait une saison plus propice aux ouragans », dénonce Melissa Ooten. « Une plaisanterie », balaie la Maison blanche.
La Fema bientôt complètement fermée ?
L’affaiblissement de la Fema se fait déjà sentir. Pendant les inondations qui ont fait plus de 130 morts au Texas en juillet 2025, l’agence a dû ignorer des milliers d’appels de survivants. En cause, les contrats des centres d’appel privés avaient pris fin le 5 juillet, deux jours après la montée des eaux, selon les informations des médias américains NPR et New York Times. L’administration Trump, qui s’est arrogé cette compétence pour faire des économies, n’avait pas renouvelé ces contrats.
La Fema n'est pas la seule dans cette situation. L'agence océanographique (la NOAA) et le service météorologique (le NWS) sont aussi victimes du travail de sape de Donald Trump. Ces agences aident les gouvernements à savoir où et quand frappera la prochaine catastrophe naturelle. Avec le réchauffement climatique, elles se révèlent donc plus utiles que jamais : « la saison des ouragans dure plus longtemps, les ouragans sont plus forts, plus nombreux… Sans parler des feux de forêt à l’ouest », énumère Melissa Ooten.
Sauf qu'aucune considération scientifique n’arrête le 47e président des États-Unis, qui fait de la recherche et de la science des cibles permanentes. Donald Trump veut même fermer complètement la Fema, possiblement « dès décembre ». Il dit préférer que les États fédérés s’occupent eux-mêmes de leurs problèmes.
« Mais ils n'en ont pas les moyens », rétorque Melissa Ooten. « Et ça dépend des États. La Californie, l'un des plus riches, s'en sortira mieux que la Louisiane, l'un des plus pauvres ! C'est aussi l'un des plus vulnérables au réchauffement climatique et à la montée des eaux », poursuit la professeure d'histoire. Sans la Fema, la Louisiane verrait s'envoler 1,5 milliard de dollars d'aides par an, alors même que l’agence aide toujours à payer les réparations de Katrina.
Des reculs au niveau local
Si elle n’a ni les infrastructures ni les finances pour pallier cette perte, « la Louisiane, au niveau étatique, avait au moins appris de ses erreurs après Katrina », raconte Samantha Montano, professeure en gestion des urgences à la Massachusetts Maritime Academy. « Par exemple, les autorités locales ont pris conscience de l’importance d’envoyer des ordres d’évacuation plus tôt. »
En août 2005, le retard de ces ordres avait créé des embouteillages monstres pour sortir de la Nouvelle-Orléans. Et l’absence d’évacuations par transports publics avait bloqué les plus précaires dans leurs quartiers. Des zones souvent construites sous le niveau de la mer, ajoutant également une dimension raciale à la catastrophe, puisque l’urbanisme et la pauvreté étaient un héritage direct de la ségrégation.
Une accélération de la procédure pour l'émission des ordres d’évacuation était donc bienvenue. Mais là aussi, l’action des Républicains trumpistes a renvoyé l’État à un niveau de préparation antérieur à 2005. « Si vous prenez l’agence de gestion des urgences de Louisiane, le gouverneur (Jeff Landry, NDLR) vient de la placer à nouveau sous l’autorité de la Garde nationale », s’étonne Samantha Montano. « C’est précisément cette tutelle qui avait ralenti les procédures pendant Katrina, et la Louisiane avait alors décidé d’en faire une agence indépendante sous l’égide du gouverneur. Je dirais que certaines leçons ont été apprises de Katrina, et d’autres ont été désapprises. »
https://www.rfi.fr/fr/am%C3%A9riques/20 ... x-ouragans
Si une telle catastrophe venait à se renouveler, ce qui est fort probable avec le réchauffement climatique, pour D. Trump, ce sera forcément la faute des démocrates. Mais tant que lui est à l'abri dans son château de milliardaire, il n'en a cure des autres, surtout l'américain lambda.
Il y a vingt ans, l'ouragan Katrina frappait le sud des États-Unis. Avec plus de 1 800 morts, environ 100 000 déplacés (qui ne sont jamais revenus) et 125 milliards de dollars de dégâts, le terrible bilan de Katrina place l'ouragan à la troisième place des tempêtes les plus dévastatrices de l’histoire des États-Unis. Au milieu du chaos, à la Nouvelle-Orléans, ville qui paie le plus lourd tribut de ce désastre, les autorités étaient pointées du doigt pour leur impréparation et leur manque de communication.
Les gouvernements locaux et les agences fédérales ont, depuis, adapté leur préparation aux catastrophes naturelles ainsi que leurs procédures d’urgence. La météorologie et l’océanographie ont également progressé. Mais aujourd’hui, deux décennies de progrès sont menacées par les coupes budgétaires et les purges de Donald Trump.
Un directeur polémique à l'agence de prévention des catastrophes
« Vingt ans après, nos procédures et notre gouvernance sont un retour aux conditions » qui ont engendré le désastre Katrina, avertissent ce lundi dans une lettre ouverte au Congrès plus de 180 employés de la Fema, l'agence fédérale en charge de la prévention de catastrophes. Ils appellent à ce que leur agence soit protégée des ingérences politiques de l’exécutif.
Les États-Unis sont « moins bien préparés aujourd'hui qu'en 2005 », confirme Melissa Ooten, professeure d’histoire à l'université de Richmond et spécialiste de l'ouragan Katrina. La Fema a perdu 2 000 employés au nom de l’allègement bureaucratique de Donald Trump, soit un tiers de ses effectifs. « Ce n’est pas seulement une perte de connaissances, c’est aussi une perte de temps pour les premiers secours sur le terrain. Or, c’est avec une réponse rapide et précise qu’on limite le nombre de morts », analyse la professeure.
Comme souvent, Donald Trump accompagne les coupes budgétaires de purges pour remplacer les responsables qui le contrediraient. Au mois de mai, sa secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, avait nommé un nouveau directeur à la tête de la Fema : David Richardson, un ancien Marine sans expérience en matière de gestion de catastrophes naturelles. La réforme de la gestion des urgences post-Katrina (PKEMRA) en fait pourtant un prérequis. « En plus, il a défrayé la chronique car il ne savait pas qu'il y avait une saison plus propice aux ouragans », dénonce Melissa Ooten. « Une plaisanterie », balaie la Maison blanche.
La Fema bientôt complètement fermée ?
L’affaiblissement de la Fema se fait déjà sentir. Pendant les inondations qui ont fait plus de 130 morts au Texas en juillet 2025, l’agence a dû ignorer des milliers d’appels de survivants. En cause, les contrats des centres d’appel privés avaient pris fin le 5 juillet, deux jours après la montée des eaux, selon les informations des médias américains NPR et New York Times. L’administration Trump, qui s’est arrogé cette compétence pour faire des économies, n’avait pas renouvelé ces contrats.
La Fema n'est pas la seule dans cette situation. L'agence océanographique (la NOAA) et le service météorologique (le NWS) sont aussi victimes du travail de sape de Donald Trump. Ces agences aident les gouvernements à savoir où et quand frappera la prochaine catastrophe naturelle. Avec le réchauffement climatique, elles se révèlent donc plus utiles que jamais : « la saison des ouragans dure plus longtemps, les ouragans sont plus forts, plus nombreux… Sans parler des feux de forêt à l’ouest », énumère Melissa Ooten.
Sauf qu'aucune considération scientifique n’arrête le 47e président des États-Unis, qui fait de la recherche et de la science des cibles permanentes. Donald Trump veut même fermer complètement la Fema, possiblement « dès décembre ». Il dit préférer que les États fédérés s’occupent eux-mêmes de leurs problèmes.
« Mais ils n'en ont pas les moyens », rétorque Melissa Ooten. « Et ça dépend des États. La Californie, l'un des plus riches, s'en sortira mieux que la Louisiane, l'un des plus pauvres ! C'est aussi l'un des plus vulnérables au réchauffement climatique et à la montée des eaux », poursuit la professeure d'histoire. Sans la Fema, la Louisiane verrait s'envoler 1,5 milliard de dollars d'aides par an, alors même que l’agence aide toujours à payer les réparations de Katrina.
Des reculs au niveau local
Si elle n’a ni les infrastructures ni les finances pour pallier cette perte, « la Louisiane, au niveau étatique, avait au moins appris de ses erreurs après Katrina », raconte Samantha Montano, professeure en gestion des urgences à la Massachusetts Maritime Academy. « Par exemple, les autorités locales ont pris conscience de l’importance d’envoyer des ordres d’évacuation plus tôt. »
En août 2005, le retard de ces ordres avait créé des embouteillages monstres pour sortir de la Nouvelle-Orléans. Et l’absence d’évacuations par transports publics avait bloqué les plus précaires dans leurs quartiers. Des zones souvent construites sous le niveau de la mer, ajoutant également une dimension raciale à la catastrophe, puisque l’urbanisme et la pauvreté étaient un héritage direct de la ségrégation.
Une accélération de la procédure pour l'émission des ordres d’évacuation était donc bienvenue. Mais là aussi, l’action des Républicains trumpistes a renvoyé l’État à un niveau de préparation antérieur à 2005. « Si vous prenez l’agence de gestion des urgences de Louisiane, le gouverneur (Jeff Landry, NDLR) vient de la placer à nouveau sous l’autorité de la Garde nationale », s’étonne Samantha Montano. « C’est précisément cette tutelle qui avait ralenti les procédures pendant Katrina, et la Louisiane avait alors décidé d’en faire une agence indépendante sous l’égide du gouverneur. Je dirais que certaines leçons ont été apprises de Katrina, et d’autres ont été désapprises. »
https://www.rfi.fr/fr/am%C3%A9riques/20 ... x-ouragans
Si une telle catastrophe venait à se renouveler, ce qui est fort probable avec le réchauffement climatique, pour D. Trump, ce sera forcément la faute des démocrates. Mais tant que lui est à l'abri dans son château de milliardaire, il n'en a cure des autres, surtout l'américain lambda.