La France peut-elle diminuer sa contribution au budget européen, comme l’affirme le RN ?
Posté : 16 septembre 2025 14:12
"C’est une revendication récurrente du Rassemblement national. Pour faire des économies en 2026, le parti de Marine le Pen propose de réduire la contribution française au budget de l’Union européenne. Mais est-ce juridiquement et politiquement possible ?
Le porte-parole du RN Laurent Jacobelli a affirmé sur RMC, lundi 15 septembre 2025, qu’il y avait cinq milliards d'euros par an à aller chercher sur la contribution au budget européen. Cette idée rencontre désormais un certain écho dans la classe politique. Pourtant, pour le budget 2026, la réponse est claire : non, on ne peut pas récupérer cinq milliards sur notre contribution européenne l’an prochain.
Le budget européen est pluriannuel, négocié tous les sept ans, et l’actuel cadre financier court jusqu’en 2027. Ce que la France a négocié avec ses 26 partenaires en 2020 est donc dû jusqu’à cette échéance.
Certains au RN affirment que la France aurait déjà obtenu l’été dernier un rabais pour 2026. En réalité, il s’agissait d’un ajustement technique, commun à plusieurs États. La France avait reçu une facture plus élevée que prévu, autour de 30 milliards d’euros, a expliqué la ministre Amélie de Montchalin,(Nouvelle fenêtre) ministre chargée des Comptes publics devant les sénateurs. La Commission européenne avait conservé une méthode de calcul liée à la période Covid. Après négociation, la contribution française a été réduite de 1,6 milliard d'euros, mais ce n’était pas une ristourne et ce n’était pas spécifique à la France.
Un risque de lourdes sanctions financières
Si la France décidait seule de payer cinq milliards de moins que prévu, elle se mettrait en infraction avec le droit européen. Elle s’exposerait à des sanctions financières, mais aussi, selon Eulalia Rubio, experte des questions économiques à l’Institut Jacques Delors à de possibles représailles immédiates de la part de la Commission européenne.
La Commission pourrait décider, par exemple, de suspendre le versement des aides directes aux agriculteurs, affirme-t-elle. La France reçoit chaque année plus de neuf milliards d’euros au titre de la politique agricole commune(Nouvelle fenêtre), la PAC, dont elle est la principale bénéficiaire dans l’UE.
Sacrifier la PAC ?
Pour 2026, il est donc impossible de faire des économies sur notre contribution au budget de l'Union européenne. En revanche, tout reste ouvert lors de la prochaine négociation du budget pluriannuel, celui qui couvrira la période 2028-2034.
La France pourrait alors essayer de diminuer sa contribution, mais il faudra alors faire des choix. À chaque échéance, Paris pèse de tout son poids pour conserver une puissante politique agricole commune face à des États dits "frugaux", qui ont la tentation de ne plus en faire l'une des politiques phares de l'UE. Il faudra sans doute choisir entre réduire sa contribution ou préserver une PAC forte. Selon Eulalia Rubio de l’Institut Delors, il sera impossible de gagner sur les deux fronts."
https://www.franceinfo.fr/replay-radio/ ... 68174.html
Le porte-parole du RN Laurent Jacobelli a affirmé sur RMC, lundi 15 septembre 2025, qu’il y avait cinq milliards d'euros par an à aller chercher sur la contribution au budget européen. Cette idée rencontre désormais un certain écho dans la classe politique. Pourtant, pour le budget 2026, la réponse est claire : non, on ne peut pas récupérer cinq milliards sur notre contribution européenne l’an prochain.
Le budget européen est pluriannuel, négocié tous les sept ans, et l’actuel cadre financier court jusqu’en 2027. Ce que la France a négocié avec ses 26 partenaires en 2020 est donc dû jusqu’à cette échéance.
Certains au RN affirment que la France aurait déjà obtenu l’été dernier un rabais pour 2026. En réalité, il s’agissait d’un ajustement technique, commun à plusieurs États. La France avait reçu une facture plus élevée que prévu, autour de 30 milliards d’euros, a expliqué la ministre Amélie de Montchalin,(Nouvelle fenêtre) ministre chargée des Comptes publics devant les sénateurs. La Commission européenne avait conservé une méthode de calcul liée à la période Covid. Après négociation, la contribution française a été réduite de 1,6 milliard d'euros, mais ce n’était pas une ristourne et ce n’était pas spécifique à la France.
Un risque de lourdes sanctions financières
Si la France décidait seule de payer cinq milliards de moins que prévu, elle se mettrait en infraction avec le droit européen. Elle s’exposerait à des sanctions financières, mais aussi, selon Eulalia Rubio, experte des questions économiques à l’Institut Jacques Delors à de possibles représailles immédiates de la part de la Commission européenne.
La Commission pourrait décider, par exemple, de suspendre le versement des aides directes aux agriculteurs, affirme-t-elle. La France reçoit chaque année plus de neuf milliards d’euros au titre de la politique agricole commune(Nouvelle fenêtre), la PAC, dont elle est la principale bénéficiaire dans l’UE.
Sacrifier la PAC ?
Pour 2026, il est donc impossible de faire des économies sur notre contribution au budget de l'Union européenne. En revanche, tout reste ouvert lors de la prochaine négociation du budget pluriannuel, celui qui couvrira la période 2028-2034.
La France pourrait alors essayer de diminuer sa contribution, mais il faudra alors faire des choix. À chaque échéance, Paris pèse de tout son poids pour conserver une puissante politique agricole commune face à des États dits "frugaux", qui ont la tentation de ne plus en faire l'une des politiques phares de l'UE. Il faudra sans doute choisir entre réduire sa contribution ou préserver une PAC forte. Selon Eulalia Rubio de l’Institut Delors, il sera impossible de gagner sur les deux fronts."
https://www.franceinfo.fr/replay-radio/ ... 68174.html