Brest : violente descente contre un café du centre-ville, l’extrême droite accusée
Posté : 21 septembre 2025 20:13
Elle s'y voit déjà...
Dans la nuit de samedi à dimanche, une trentaine d’individus cagoulés ont pris d’assaut la terrasse d’un bar place Guérin, gazant et frappant les clients et faisant au moins trois blessés. Des témoins attribuent l’attaque à des militants d’extrême droite radicale ou à des hooligans de la même mouvance.
Une scène aussi brève que violente. Un groupe composé d’une trentaine d’individus cagoulés, armés de battes de baseball et de matraques télescopiques, a dévasté la terrasse d’un bar du centre-ville de Brest (Finistère) dans la nuit du samedi 20 au dimanche 21 septembre peu après minuit. Trois personnes au moins ont été blessées par ce déchaînement de violences déclenché par des militants d’extrême droite radicale ou des hooligans appartenant à la même mouvance, selon plusieurs sources qui ont témoigné auprès de Libération. Des plaintes vont être déposées.
L’attaque, très organisée, a eu lieu contre le café de la Plage situé place Guérin. Le groupe d’assaillants a dévalé une rue adjacente en courant avant de lancer du gaz lacrymogène sur les clients attablés et d’en frapper plusieurs, les faisant tomber au sol et les rouant de coups comme en atteste une vidéo des faits que Libé a consulté. «On buvait un verre à une dizaine de mètres de la terrasse qui a été attaquée, raconte Eugénie. C’était plutôt calme et d’un coup ça a été le chaos et un déchaînement de violence.» «Il y a eu vraiment un acharnement sur les gens tombés au sol», poursuit Erwann qui se trouvait sur les lieux avec son amie. «Une fois la sidération passée, des gens ont commencé à se défendre et à les repousser», explique le jeune homme. Plusieurs autres sources affirment avoir entendu certains agresseurs lancer «Brest est natio» («nationaliste») lors de l’assaut.
Le public d’un festival punk visé
Sur les images, on entend distinctement deux coups de sifflet qui semblent intimer l’ordre aux agresseurs de se replier. Une bonne partie du groupe reflue en bon ordre tandis qu’une dizaine d’entre eux reste au contact. Le rapport de force s’étant inversé, ces derniers sont rapidement mis en fuite et brièvement poursuivis par les clients du bar. Erwann s’est alors réfugié dans l’établissement visé. «Une fois dans le bar j’ai constaté qu’une dizaine de personnes avaient été incommodées par les jets de gaz mais aussi trois autres personnes qui présentaient des coupures et de sérieuses commotions au visage. Peut-être que des gens sont partis à l’hôpital avant que je n’arrive.» De son côté, la préfecture du Finistère évoquait un blessé sorti de l’hôpital ce dimanche matin.
Environ dix minutes après les faits, une dizaine de policiers sont arrivés sur les lieux. «Ils n’ont même pas été voir dans le bar s’il y avait des blessés, dénonce Eugénie. Ils sont restés à distance.» «Des personnes agressées ont visiblement voulu retrouver les fachos et ont commencé à remonter la rue par laquelle ils étaient partis. Mais ils ont fait face à des policiers de la BAC [brigade anticriminalité, ndlr] qui ont tiré des lacrymogènes dans la rue pour les repousser», raconte Erwann.
Selon une source antifasciste brestoise, l’attaque ciblait le public d’un festival de punk qui se déroulait dans la cité du Ponant et s’en est pris à un café réputé fréquenté par des militants de gauche. «Ils étaient bien plus nombreux que les militants d’extrême droite violents normalement présents à Brest», poursuit cette source, «ils ont vraisemblablement reçu du renfort de l’extérieur». Difficile ce dimanche d’affirmer si l’attaque a été perpétrée par des militants néofascistes ou par des hooligans d’extrême droite ou un mélange des deux.
Une enquête demandée aux autorités
Cette descente s’inscrit cependant dans une longue série de violences perpétrées par l’extrême droite à Brest. Le 30 août, des militants de la France insoumise avaient subi une violente agression, aux cris de «Brest est natio», à l’issue d’une initiative pour le Secours populaire. «C’est la partie émergée de l’iceberg», souligne notre source antifasciste qui évoque «une dizaine d’agressions pendant l’été, notamment près de bars du port par le même groupe de militants d’extrême droite. A chaque fois les victimes étaient des personnes identifiées comme de gauche ou racisées». «Elles étaient abordées par des jeunes hommes sous un motif fallacieux et frappées. Les agressions racistes étaient toujours bien plus violentes avec des victimes jetées à terre et passées à tabac, à grand renfort de coups de pied dans la tête.»
Joint par Libé, le député insoumis Pierre-Yves Cadalen dénonce une nouvelle attaque de l’extrême droite. «Que faut-il pour que les autorités réagissent ? Le silence assourdissant doit cesser. Le temps de l’inaction doit prendre fin, avec elle le relativisme stupide également», a assené l’élu. «J’espère que le procureur ouvrira rapidement une enquête. Je le saisirai par le biais d’un article 40 dans le cas contraire». «Bruno Retailleau est le responsable majeur de cette banalisation de l’extrême droite et au-delà de son cas personnel c’est tout le bloc de la majorité qui est concerné par ce relativisme. Cette ambiance générale crée les conditions du passage à l’acte et donne un sentiment d’impunité aux agresseurs», souligne le député. «Les membres connus des groupes d’extrême droite [de Brest] doivent être convoqués immédiatement par la police. Les individus coupables de l’agression de citoyens doivent être interpellés au plus vite. Brest est solidaire, Brest est antifasciste, Brest est joyeuse, vivante et bien loin de l’immonde violence de ces fascistes», conclut-il.
Ce soir, l’Assemblée générale antifasciste de Brest a appelé à un rassemblement à 19 heures devant le café de la Plage pour témoigner son soutien aux victimes et dénoncer cette «attaque fasciste».
https://www.liberation.fr/politique/bre ... ZDI2PPUGI/
Dans la nuit de samedi à dimanche, une trentaine d’individus cagoulés ont pris d’assaut la terrasse d’un bar place Guérin, gazant et frappant les clients et faisant au moins trois blessés. Des témoins attribuent l’attaque à des militants d’extrême droite radicale ou à des hooligans de la même mouvance.
Une scène aussi brève que violente. Un groupe composé d’une trentaine d’individus cagoulés, armés de battes de baseball et de matraques télescopiques, a dévasté la terrasse d’un bar du centre-ville de Brest (Finistère) dans la nuit du samedi 20 au dimanche 21 septembre peu après minuit. Trois personnes au moins ont été blessées par ce déchaînement de violences déclenché par des militants d’extrême droite radicale ou des hooligans appartenant à la même mouvance, selon plusieurs sources qui ont témoigné auprès de Libération. Des plaintes vont être déposées.
L’attaque, très organisée, a eu lieu contre le café de la Plage situé place Guérin. Le groupe d’assaillants a dévalé une rue adjacente en courant avant de lancer du gaz lacrymogène sur les clients attablés et d’en frapper plusieurs, les faisant tomber au sol et les rouant de coups comme en atteste une vidéo des faits que Libé a consulté. «On buvait un verre à une dizaine de mètres de la terrasse qui a été attaquée, raconte Eugénie. C’était plutôt calme et d’un coup ça a été le chaos et un déchaînement de violence.» «Il y a eu vraiment un acharnement sur les gens tombés au sol», poursuit Erwann qui se trouvait sur les lieux avec son amie. «Une fois la sidération passée, des gens ont commencé à se défendre et à les repousser», explique le jeune homme. Plusieurs autres sources affirment avoir entendu certains agresseurs lancer «Brest est natio» («nationaliste») lors de l’assaut.
Le public d’un festival punk visé
Sur les images, on entend distinctement deux coups de sifflet qui semblent intimer l’ordre aux agresseurs de se replier. Une bonne partie du groupe reflue en bon ordre tandis qu’une dizaine d’entre eux reste au contact. Le rapport de force s’étant inversé, ces derniers sont rapidement mis en fuite et brièvement poursuivis par les clients du bar. Erwann s’est alors réfugié dans l’établissement visé. «Une fois dans le bar j’ai constaté qu’une dizaine de personnes avaient été incommodées par les jets de gaz mais aussi trois autres personnes qui présentaient des coupures et de sérieuses commotions au visage. Peut-être que des gens sont partis à l’hôpital avant que je n’arrive.» De son côté, la préfecture du Finistère évoquait un blessé sorti de l’hôpital ce dimanche matin.
Environ dix minutes après les faits, une dizaine de policiers sont arrivés sur les lieux. «Ils n’ont même pas été voir dans le bar s’il y avait des blessés, dénonce Eugénie. Ils sont restés à distance.» «Des personnes agressées ont visiblement voulu retrouver les fachos et ont commencé à remonter la rue par laquelle ils étaient partis. Mais ils ont fait face à des policiers de la BAC [brigade anticriminalité, ndlr] qui ont tiré des lacrymogènes dans la rue pour les repousser», raconte Erwann.
Selon une source antifasciste brestoise, l’attaque ciblait le public d’un festival de punk qui se déroulait dans la cité du Ponant et s’en est pris à un café réputé fréquenté par des militants de gauche. «Ils étaient bien plus nombreux que les militants d’extrême droite violents normalement présents à Brest», poursuit cette source, «ils ont vraisemblablement reçu du renfort de l’extérieur». Difficile ce dimanche d’affirmer si l’attaque a été perpétrée par des militants néofascistes ou par des hooligans d’extrême droite ou un mélange des deux.
Une enquête demandée aux autorités
Cette descente s’inscrit cependant dans une longue série de violences perpétrées par l’extrême droite à Brest. Le 30 août, des militants de la France insoumise avaient subi une violente agression, aux cris de «Brest est natio», à l’issue d’une initiative pour le Secours populaire. «C’est la partie émergée de l’iceberg», souligne notre source antifasciste qui évoque «une dizaine d’agressions pendant l’été, notamment près de bars du port par le même groupe de militants d’extrême droite. A chaque fois les victimes étaient des personnes identifiées comme de gauche ou racisées». «Elles étaient abordées par des jeunes hommes sous un motif fallacieux et frappées. Les agressions racistes étaient toujours bien plus violentes avec des victimes jetées à terre et passées à tabac, à grand renfort de coups de pied dans la tête.»
Joint par Libé, le député insoumis Pierre-Yves Cadalen dénonce une nouvelle attaque de l’extrême droite. «Que faut-il pour que les autorités réagissent ? Le silence assourdissant doit cesser. Le temps de l’inaction doit prendre fin, avec elle le relativisme stupide également», a assené l’élu. «J’espère que le procureur ouvrira rapidement une enquête. Je le saisirai par le biais d’un article 40 dans le cas contraire». «Bruno Retailleau est le responsable majeur de cette banalisation de l’extrême droite et au-delà de son cas personnel c’est tout le bloc de la majorité qui est concerné par ce relativisme. Cette ambiance générale crée les conditions du passage à l’acte et donne un sentiment d’impunité aux agresseurs», souligne le député. «Les membres connus des groupes d’extrême droite [de Brest] doivent être convoqués immédiatement par la police. Les individus coupables de l’agression de citoyens doivent être interpellés au plus vite. Brest est solidaire, Brest est antifasciste, Brest est joyeuse, vivante et bien loin de l’immonde violence de ces fascistes», conclut-il.
Ce soir, l’Assemblée générale antifasciste de Brest a appelé à un rassemblement à 19 heures devant le café de la Plage pour témoigner son soutien aux victimes et dénoncer cette «attaque fasciste».
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