Des élus britanniques fustigent le discours «farfelu» et «dément» de Trump sur la capitale et son maire
Posté : 24 septembre 2025 20:01
Fariboles Londres veut «passer à la charia» : des élus britanniques fustigent le discours «farfelu» et «dément» de Trump sur la capitale et son maire
En affirmant à la tribune de l’ONU que la capitale du Royaume-Uni entend «passer à la charia», le milliardaire Trump reprend des théories conspirationnistes diffusées en ligne par l’extrême droite, et tacle le maire musulman Sadiq Khan, une de ses cibles préférées depuis des années.
Sadiq Khan serait un «terrible, terrible maire» de Londres, et la capitale voudrait «passer à la charia». Les propos de Donald Trump devant l’ONU, mardi 23 septembre, ont scandalisé les députés travaillistes, qui se sont empressés de dénoncer un message «farfelu» et «dément». «Quelqu’un devrait intervenir», s’est inquiétée une élue à la radio, quand une autre appelait le gouvernement à mobiliser l’Ambassadeur. Le cabinet de Sadiq Khan a qualifié les affirmations de l’Américain de «sectaires», ajoutant que Londres est «plus sûre que les grandes villes américaines», et qu’ils se voient d’ailleurs «ravis d’accueillir un nombre record de citoyens américains qui s’installent ici».
Cette tirade de Trump emprunte aux théories complotistes en circulation depuis plusieurs années sur les réseaux sociaux. Sadiq Khan, premier maire musulman de Londres, est une cible régulière des islamophobes et de campagnes de dénigrement qui lui reprochent – à tort – de vouloir imposer la charia dans trois arrondissements de la ville, d’avoir bloqué l’installation d’une nouvelle statue d’Elizabeth II par manque de patriotisme, de réserver des logements aux musulmans, ou de tenter d’interdire la vente d’alcool, quand il essaie plutôt de relancer la vie nocturne. En 2022, il affirmait lors du Congrès du Labour que depuis son élection, en 2016, 230 000 tweets racistes avaient été publiés à son encontre.
Altercations régulières
Les accusations concernant la charia, déjà démenties à plusieurs reprises par ses équipes, sont réapparues en décembre 2024 dans une enquête du Times, qui affirmait que Londres était devenue «capitale de la charia» et avançait des accusations de polygamie et de divorce immédiat. Des conseils de la charia existent bien au Royaume-Uni depuis les années 1980, sous forme d’organisations privées dont le nombre exact est inconnu. Selon un rapport de Civitas datant de 2009, il y en aurait entre 30 et 85 dans tout le pays. Ce dernier chiffre a depuis été réutilisé à plusieurs reprises par des vidéos et messages en ligne, appliqué de manière trompeuse à la seule capitale.
Entre Trump et Khan, il y a aussi dix années d’altercations régulières. Celles-ci ont commencé en ligne, avant même que Trump ne soit élu président, lorsque Sadiq Khan lui reprochait son projet d’interdire les voyages aux Etats-Unis pour les musulmans. Ils étaient passés aux attaques directes en 2019, lors de la visite d’Etat de Donald Trump en Angleterre : d’un côté, le maire le comparait aux «dictateurs européens» des années 1930 et donnait le feu vert à une large manifestation anti-Trump ; de l’autre, l’Américain qualifiait Khan de «loser total».
A nouveau, la seconde visite d’Etat de ce mois-ci a été l’occasion de piques. Le jour de l’arrivée du couple présidentiel, Sadiq Khan publiait un éditorial dans The Guardian affirmant que «Trump et sa coterie ont peut-être fait plus que quiconque, ces dernières années, pour attiser les flammes d’une politique d’extrême droite et de division à travers le monde». Trump rétorquait que le Londonien est «un des pires maires», affirmant qu’il avait personnellement demandé qu’il ne soit pas invité au banquet officiel. Mercredi, le dirigeant londonien n’a pas laissé l’invective trumpiste sans réponse. «Je pense que le président Trump a montré qu’il était raciste, sexiste, misogyne et islamophobe», a-t-il déclaré sur Sky News.
Mise à jour à 15h54 avec la réaction de Sadiq Khan.
https://www.liberation.fr/international ... YSG45A2AI/
En affirmant à la tribune de l’ONU que la capitale du Royaume-Uni entend «passer à la charia», le milliardaire Trump reprend des théories conspirationnistes diffusées en ligne par l’extrême droite, et tacle le maire musulman Sadiq Khan, une de ses cibles préférées depuis des années.
Sadiq Khan serait un «terrible, terrible maire» de Londres, et la capitale voudrait «passer à la charia». Les propos de Donald Trump devant l’ONU, mardi 23 septembre, ont scandalisé les députés travaillistes, qui se sont empressés de dénoncer un message «farfelu» et «dément». «Quelqu’un devrait intervenir», s’est inquiétée une élue à la radio, quand une autre appelait le gouvernement à mobiliser l’Ambassadeur. Le cabinet de Sadiq Khan a qualifié les affirmations de l’Américain de «sectaires», ajoutant que Londres est «plus sûre que les grandes villes américaines», et qu’ils se voient d’ailleurs «ravis d’accueillir un nombre record de citoyens américains qui s’installent ici».
Cette tirade de Trump emprunte aux théories complotistes en circulation depuis plusieurs années sur les réseaux sociaux. Sadiq Khan, premier maire musulman de Londres, est une cible régulière des islamophobes et de campagnes de dénigrement qui lui reprochent – à tort – de vouloir imposer la charia dans trois arrondissements de la ville, d’avoir bloqué l’installation d’une nouvelle statue d’Elizabeth II par manque de patriotisme, de réserver des logements aux musulmans, ou de tenter d’interdire la vente d’alcool, quand il essaie plutôt de relancer la vie nocturne. En 2022, il affirmait lors du Congrès du Labour que depuis son élection, en 2016, 230 000 tweets racistes avaient été publiés à son encontre.
Altercations régulières
Les accusations concernant la charia, déjà démenties à plusieurs reprises par ses équipes, sont réapparues en décembre 2024 dans une enquête du Times, qui affirmait que Londres était devenue «capitale de la charia» et avançait des accusations de polygamie et de divorce immédiat. Des conseils de la charia existent bien au Royaume-Uni depuis les années 1980, sous forme d’organisations privées dont le nombre exact est inconnu. Selon un rapport de Civitas datant de 2009, il y en aurait entre 30 et 85 dans tout le pays. Ce dernier chiffre a depuis été réutilisé à plusieurs reprises par des vidéos et messages en ligne, appliqué de manière trompeuse à la seule capitale.
Entre Trump et Khan, il y a aussi dix années d’altercations régulières. Celles-ci ont commencé en ligne, avant même que Trump ne soit élu président, lorsque Sadiq Khan lui reprochait son projet d’interdire les voyages aux Etats-Unis pour les musulmans. Ils étaient passés aux attaques directes en 2019, lors de la visite d’Etat de Donald Trump en Angleterre : d’un côté, le maire le comparait aux «dictateurs européens» des années 1930 et donnait le feu vert à une large manifestation anti-Trump ; de l’autre, l’Américain qualifiait Khan de «loser total».
A nouveau, la seconde visite d’Etat de ce mois-ci a été l’occasion de piques. Le jour de l’arrivée du couple présidentiel, Sadiq Khan publiait un éditorial dans The Guardian affirmant que «Trump et sa coterie ont peut-être fait plus que quiconque, ces dernières années, pour attiser les flammes d’une politique d’extrême droite et de division à travers le monde». Trump rétorquait que le Londonien est «un des pires maires», affirmant qu’il avait personnellement demandé qu’il ne soit pas invité au banquet officiel. Mercredi, le dirigeant londonien n’a pas laissé l’invective trumpiste sans réponse. «Je pense que le président Trump a montré qu’il était raciste, sexiste, misogyne et islamophobe», a-t-il déclaré sur Sky News.
Mise à jour à 15h54 avec la réaction de Sadiq Khan.
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