Les français se désintéressent ils des performances de leur pays ?
Posté : 22 mars 2023 11:30
Voici un article publié par le Figaro, que je recopie ici pour extraits, et que j'approuve en tous points : (article protégé donc lien impossible)
Pourquoi les Français se désintéressent-ils des performances de leur pays ? (c'est un constat sur ce forum)
Les Français se montrent hermétiques aux «équilibres financiers» dont le président de la République se sent légitimement responsable. Tout comme ils le sont de nos résultats économiques. On n’ose dire «macroéconomiques», tant ce mot techno est éloigné des «vraies gens» trop occupés à boucler leurs fins de mois pour se soucier des comptes de la nation. Alors que tout un chacun est obsédé par son pouvoir d’achat, «les Gaulois réfractaires au changement», comme les avait qualifiés l’hôte de l’Élysée en 2018, se désintéresseraient-ils des performances de leur pays?
Le déni d’une Réalité peu réjouissante
Censé être le juge de paix de la réforme, le Conseil d’orientation des retraites aura contribué à accréditer l’adage populaire, «la statistique est la forme élaborée du mensonge». Le COR regroupe certes l’ensemble des partenaires sociaux mais chacun est persuadé qu’«il n’y a pas de faits, seulement des interprétations». Ainsi Clémentine Autain, la députée LFI de Seine-Saint-Denis, a lancé sur Twitter: «Quand on nous parle d’un “déficit de 12 milliards”, chiffre par ailleurs critiquable, c’est l’épaisseur du trait». Excusez du peu, un demi-point de pourcentage du PIB.
La zone euro et sa monnaie fonctionnent comme une copropriété dont chaque membre est tenu de respecter le règlement. Encore faut-il s’entendre sur des chiffres précis, et aucun pays ne saurait s’y soustraire. «Le ratio de la dette publique de la France est non seulement plus élevé de 20 points que celui de la zone euro (113 % du PIB contre 93 %) , mais il ne diminue pas, contrairement à celui des autres grands pays», avertissait le 1er mars le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, auditionné par l’Assemblée nationale. Vaines paroles.
«Les éléments de comparaison, qu’ils soient nationaux ou internationaux, laissent de marbre les Français», observe Philippe Crevel, le directeur du Cercle de l’épargne. «Que l’âge moyen à la retraite soit supérieur à 65 ans au sein de l’OCDE ne saurait servir d’argument pour relever celui en vigueur en France. Travailler plus est de moins en moins entendu ; quant à travailler plus pour améliorer la compétitivité du pays, cela n’a pas de sens: augmenter le nombre d’heures de travail est perçu comme un cadeau injustifié aux patrons.»
Déni de réalité de l’opinion publique ? Cette réalité paraît d’autant moins flatteuse pour l’orgueil national qu’elle est d’une grande cohérence. Alors qu’en 2005 la richesse par habitant (PIB) était la même des deux côtés du Rhin, le Français a perdu 16 % par rapport à l’Allemand depuis lors. Avec, en contrepoint, une détérioration vertigineuse de nos finances publiques, un chômage de masse persistant et une dégradation historique de notre commerce extérieur (voir graphiques). Sans oublier l’effarant déclin industriel.
«Entre 1995 et 2015, le pays s’est vidé de près de la moitié de ses usines et du tiers de son emploi industriel», s’alarme Nicolas Dufourcq, directeur général de la Banque publique d’investissement, dans son livre La Désindustrialisation
Elle est couverte d’un halo de mystère», reconnaît-il. Il est stupéfiant en effet que la société française ait laissé faire cela des décennies durant. Étrange insouciance.
L’indifférence aux objectifs collectifs
Malgré un parcours politique rocambolesque depuis quarante ans - les cohabitations gauche-droite et l’effondrement des partis de gouvernement -, la politique économique a fait preuve d’une étonnante continuité. «Comparée aux autres pays de la zone euro, la France montre clairement un biais pro-consommateurs», juge Patrick Artus, le conseiller économique de Natixis. Ce tropisme en faveur des ménages s’exprime de multiples façons. Par l’importance des prestations sociales et des politiques redistributives, dans les relations entre producteurs et distributeurs favorables à ces derniers. Le but est d’avoir les prix les plus bas au profit du consommateur. Ce qu’on appelait, dans le langage des années 1980-1990, la «désinflation compétitive». L’ampleur des délocalisations d’entreprises a répondu au même objectif de «lutte contre la vie chère», le slogan des six grandes enseignes de distribution qui quadrillent l’Hexagone, occupant les friches industrielles. Tout un programme!
Si les 60 milliards d’euros d’importations de Chine devaient être remplacés par des productions nationales, compte tenu du coût de fabrication relatif, les acheteurs devraient débourser trois à quatre fois plus. Le chômage en serait fortement réduit, mais ce serait un choc fort pour le pouvoir d’achat», selon les calculs du centre de réflexion Institut Diderot.
Cette prédilection pour les consommateurs électeurs, Emmanuel Macron l’a amplifiée à sa manière. En témoignent l’augmentation de 50 % de la prime d’activité, sa réponse à la crise des «gilets jaunes» à l’hiver 2018 ; puis le «quoi qu’il en coûte» de la pandémie de Covid-19 en 2020 ; et enfin les boucliers tarifaires de 2021-2022-2023 pour alléger leur facture énergétique. Une telle débauche d’argent public constitue une facilité de court terme: l’État abonde le pouvoir d’achat individuel, qui tient lieu d’ambition nationale.
«Les gens croient de moins en moins à des objectifs collectifs. Les idéologies marxistes et la tradition chrétienne ont disparu. L’écologie serait-elle la nouvelle idéologie?» s’interroge François Ecalle, le directeur de Fipeco, le remarquable site indépendant consacré à l’observation de nos finances publiques frappées d’obésité. L’État se prétend le grand protecteur du porte-monnaie des Français faute de proposer une stratégie roborative et mobilisatrice.
Absence de projet politique depuis 1983
L’impératif du pouvoir d’achat individuel est devenu le grand projet du pays, l’ardente obligation quoi qu’il arrive. «Les Français ne sont sensibles qu’à leur sort personnel. Longtemps ils ont été obsédés par le chômage. Même si ce dernier touche encore 3 millions de personnes, il concerne des catégories spécifiques. Il n’y a plus de projet collectif, sauf l’Europe, depuis le tournant de la rigueur de François Mitterrand en 1983 et son slogan «La France est notre patrie et l’Europe notre avenir». Or, l’Europe ne touche qu’une certaine élite», regrette l’économiste Jean-Marc Daniel. Beaucoup de gens en sont restés au programme de 1981 de «Changer la vie». La retraite à 60 ans, instaurée alors, «s’est imprimée dans la rétine de générations de Français», selon l’expression de Jérôme Fourquet, le sociologue de l’Ifop. Par ailleurs, l’euro, la grande conquête de l’Europe, a été présenté chez nous comme «un bouclier nous préservant à jamais des dévaluations du franc» (Dominique Strauss-Kahn, ministre des Finances à sa création, en 1999).
Hélas, même à l’abri de cette ligne Maginot monétaire, les déséquilibres tendent à s’exacerber. Selon la Commission européenne, la France détient le record des pays abonnés à la «procédure de déficit excessif», chaque année de 2003 à 2007, puis de 2009 à 2018 (la procédure a été gelée à partir de 2020 pour cause de crise sanitaire). Le «travailler plus pour gagner plus» de Sarkozy en 2007, «l’inversion de la courbe du chômage» de Hollande en 2012: chaque président travaille sur le mode panique, se heurtant chaque fois à la crise internationale du moment. Emmanuel Macron avait espéré rompre la malédiction: «La France a changé, elle a fait ses réformes tant et tant attendues, elle continuera de les faire, elle s’est redressée», se félicitait-il en mai 2018 en recevant le prix Charlemagne à Aix-la-Chapelle. Les «gilets jaunes», le Covid et la guerre en Ukraine ont douché cet aggiornamento.
’État-providence contre le régalien
«Si un jour on atteint les 500.000 chômeurs en France, ça sera la révolution» : l’avertissement de Georges Pompidou, premier ministre en 1967, appartient à la préhistoire. Chacun a appris à se blinder, se repliant sur son pré carré avec le secours de l’État-providence qui a supplanté l’État régalien. «Nourris à l’endettement facile depuis quarante ans et au “quoi qu’il en coûte” depuis 2020, les Français jugent qu’il est possible de financer, sans limite, les dépenses publiques. Si Emmanuel Macron décide d’investir 100 milliards d’euros dans la défense, comment ne pourrait-il pas faire de même sur les retraites? Les bénéfices des grandes sociétés et les valorisations boursières de certains grands groupes sont devenus des chiffons rouges transformant tout Français en taureau enragé», résume Philippe Crevel (Cercle de l’épargne).
Le manque de culture économique des Français est souvent invoqué, sondages à l’appui, pour expliquer ces inconséquences. Regrettons plutôt la faiblesse des corps intermédiaires et des syndicats, incapables de jouer leur rôle de relais et d’explication. Déplorons aussi la «quantophrénie» - l’excès de chiffres, notamment macroéconomiques - qui sévit dans les médias et les réseaux sociaux. Elle est d’autant plus perverse que le discoureur ignore la définition élémentaire de ce qu’il affuble d’une statistique.
«Nos compatriotes ne semblent pas faire le rapport entre les dépenses publiques et les impôts», regrette François Ecalle, qui a créé Fipeco pour dresser l’état des lieux en toute objectivité et juger des performances du pays. «Soyez libéraux ou socialistes, mais ne soyez pas menteurs», disait Jacques Rueff, l’économiste du général de Gaulle.
En résumé : des Français obsédés par leur pouvoir d'achat, peu conscients des réalités économiques du pays, qui croient qu’il est possible de financer sans limite toutes les dépenses publiques possibles et imaginables, et des gouvernements sans grand projet politique, à la remorque de l'opinion publique, donc soucieux avant tout d'acheter la paix sociale et de satisfaire les revendications sur le pouvoir d'achat. Et comme tout ceci risque de ne pas changer, on peut annoncer, sans trop se tromper, que la France est engagée sur la voie du déclin économique.
Pourquoi les Français se désintéressent-ils des performances de leur pays ? (c'est un constat sur ce forum)
Les Français se montrent hermétiques aux «équilibres financiers» dont le président de la République se sent légitimement responsable. Tout comme ils le sont de nos résultats économiques. On n’ose dire «macroéconomiques», tant ce mot techno est éloigné des «vraies gens» trop occupés à boucler leurs fins de mois pour se soucier des comptes de la nation. Alors que tout un chacun est obsédé par son pouvoir d’achat, «les Gaulois réfractaires au changement», comme les avait qualifiés l’hôte de l’Élysée en 2018, se désintéresseraient-ils des performances de leur pays?
Le déni d’une Réalité peu réjouissante
Censé être le juge de paix de la réforme, le Conseil d’orientation des retraites aura contribué à accréditer l’adage populaire, «la statistique est la forme élaborée du mensonge». Le COR regroupe certes l’ensemble des partenaires sociaux mais chacun est persuadé qu’«il n’y a pas de faits, seulement des interprétations». Ainsi Clémentine Autain, la députée LFI de Seine-Saint-Denis, a lancé sur Twitter: «Quand on nous parle d’un “déficit de 12 milliards”, chiffre par ailleurs critiquable, c’est l’épaisseur du trait». Excusez du peu, un demi-point de pourcentage du PIB.
La zone euro et sa monnaie fonctionnent comme une copropriété dont chaque membre est tenu de respecter le règlement. Encore faut-il s’entendre sur des chiffres précis, et aucun pays ne saurait s’y soustraire. «Le ratio de la dette publique de la France est non seulement plus élevé de 20 points que celui de la zone euro (113 % du PIB contre 93 %) , mais il ne diminue pas, contrairement à celui des autres grands pays», avertissait le 1er mars le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, auditionné par l’Assemblée nationale. Vaines paroles.
«Les éléments de comparaison, qu’ils soient nationaux ou internationaux, laissent de marbre les Français», observe Philippe Crevel, le directeur du Cercle de l’épargne. «Que l’âge moyen à la retraite soit supérieur à 65 ans au sein de l’OCDE ne saurait servir d’argument pour relever celui en vigueur en France. Travailler plus est de moins en moins entendu ; quant à travailler plus pour améliorer la compétitivité du pays, cela n’a pas de sens: augmenter le nombre d’heures de travail est perçu comme un cadeau injustifié aux patrons.»
Déni de réalité de l’opinion publique ? Cette réalité paraît d’autant moins flatteuse pour l’orgueil national qu’elle est d’une grande cohérence. Alors qu’en 2005 la richesse par habitant (PIB) était la même des deux côtés du Rhin, le Français a perdu 16 % par rapport à l’Allemand depuis lors. Avec, en contrepoint, une détérioration vertigineuse de nos finances publiques, un chômage de masse persistant et une dégradation historique de notre commerce extérieur (voir graphiques). Sans oublier l’effarant déclin industriel.
«Entre 1995 et 2015, le pays s’est vidé de près de la moitié de ses usines et du tiers de son emploi industriel», s’alarme Nicolas Dufourcq, directeur général de la Banque publique d’investissement, dans son livre La Désindustrialisation
Elle est couverte d’un halo de mystère», reconnaît-il. Il est stupéfiant en effet que la société française ait laissé faire cela des décennies durant. Étrange insouciance.
L’indifférence aux objectifs collectifs
Malgré un parcours politique rocambolesque depuis quarante ans - les cohabitations gauche-droite et l’effondrement des partis de gouvernement -, la politique économique a fait preuve d’une étonnante continuité. «Comparée aux autres pays de la zone euro, la France montre clairement un biais pro-consommateurs», juge Patrick Artus, le conseiller économique de Natixis. Ce tropisme en faveur des ménages s’exprime de multiples façons. Par l’importance des prestations sociales et des politiques redistributives, dans les relations entre producteurs et distributeurs favorables à ces derniers. Le but est d’avoir les prix les plus bas au profit du consommateur. Ce qu’on appelait, dans le langage des années 1980-1990, la «désinflation compétitive». L’ampleur des délocalisations d’entreprises a répondu au même objectif de «lutte contre la vie chère», le slogan des six grandes enseignes de distribution qui quadrillent l’Hexagone, occupant les friches industrielles. Tout un programme!
Si les 60 milliards d’euros d’importations de Chine devaient être remplacés par des productions nationales, compte tenu du coût de fabrication relatif, les acheteurs devraient débourser trois à quatre fois plus. Le chômage en serait fortement réduit, mais ce serait un choc fort pour le pouvoir d’achat», selon les calculs du centre de réflexion Institut Diderot.
Cette prédilection pour les consommateurs électeurs, Emmanuel Macron l’a amplifiée à sa manière. En témoignent l’augmentation de 50 % de la prime d’activité, sa réponse à la crise des «gilets jaunes» à l’hiver 2018 ; puis le «quoi qu’il en coûte» de la pandémie de Covid-19 en 2020 ; et enfin les boucliers tarifaires de 2021-2022-2023 pour alléger leur facture énergétique. Une telle débauche d’argent public constitue une facilité de court terme: l’État abonde le pouvoir d’achat individuel, qui tient lieu d’ambition nationale.
«Les gens croient de moins en moins à des objectifs collectifs. Les idéologies marxistes et la tradition chrétienne ont disparu. L’écologie serait-elle la nouvelle idéologie?» s’interroge François Ecalle, le directeur de Fipeco, le remarquable site indépendant consacré à l’observation de nos finances publiques frappées d’obésité. L’État se prétend le grand protecteur du porte-monnaie des Français faute de proposer une stratégie roborative et mobilisatrice.
Absence de projet politique depuis 1983
L’impératif du pouvoir d’achat individuel est devenu le grand projet du pays, l’ardente obligation quoi qu’il arrive. «Les Français ne sont sensibles qu’à leur sort personnel. Longtemps ils ont été obsédés par le chômage. Même si ce dernier touche encore 3 millions de personnes, il concerne des catégories spécifiques. Il n’y a plus de projet collectif, sauf l’Europe, depuis le tournant de la rigueur de François Mitterrand en 1983 et son slogan «La France est notre patrie et l’Europe notre avenir». Or, l’Europe ne touche qu’une certaine élite», regrette l’économiste Jean-Marc Daniel. Beaucoup de gens en sont restés au programme de 1981 de «Changer la vie». La retraite à 60 ans, instaurée alors, «s’est imprimée dans la rétine de générations de Français», selon l’expression de Jérôme Fourquet, le sociologue de l’Ifop. Par ailleurs, l’euro, la grande conquête de l’Europe, a été présenté chez nous comme «un bouclier nous préservant à jamais des dévaluations du franc» (Dominique Strauss-Kahn, ministre des Finances à sa création, en 1999).
Hélas, même à l’abri de cette ligne Maginot monétaire, les déséquilibres tendent à s’exacerber. Selon la Commission européenne, la France détient le record des pays abonnés à la «procédure de déficit excessif», chaque année de 2003 à 2007, puis de 2009 à 2018 (la procédure a été gelée à partir de 2020 pour cause de crise sanitaire). Le «travailler plus pour gagner plus» de Sarkozy en 2007, «l’inversion de la courbe du chômage» de Hollande en 2012: chaque président travaille sur le mode panique, se heurtant chaque fois à la crise internationale du moment. Emmanuel Macron avait espéré rompre la malédiction: «La France a changé, elle a fait ses réformes tant et tant attendues, elle continuera de les faire, elle s’est redressée», se félicitait-il en mai 2018 en recevant le prix Charlemagne à Aix-la-Chapelle. Les «gilets jaunes», le Covid et la guerre en Ukraine ont douché cet aggiornamento.
’État-providence contre le régalien
«Si un jour on atteint les 500.000 chômeurs en France, ça sera la révolution» : l’avertissement de Georges Pompidou, premier ministre en 1967, appartient à la préhistoire. Chacun a appris à se blinder, se repliant sur son pré carré avec le secours de l’État-providence qui a supplanté l’État régalien. «Nourris à l’endettement facile depuis quarante ans et au “quoi qu’il en coûte” depuis 2020, les Français jugent qu’il est possible de financer, sans limite, les dépenses publiques. Si Emmanuel Macron décide d’investir 100 milliards d’euros dans la défense, comment ne pourrait-il pas faire de même sur les retraites? Les bénéfices des grandes sociétés et les valorisations boursières de certains grands groupes sont devenus des chiffons rouges transformant tout Français en taureau enragé», résume Philippe Crevel (Cercle de l’épargne).
Le manque de culture économique des Français est souvent invoqué, sondages à l’appui, pour expliquer ces inconséquences. Regrettons plutôt la faiblesse des corps intermédiaires et des syndicats, incapables de jouer leur rôle de relais et d’explication. Déplorons aussi la «quantophrénie» - l’excès de chiffres, notamment macroéconomiques - qui sévit dans les médias et les réseaux sociaux. Elle est d’autant plus perverse que le discoureur ignore la définition élémentaire de ce qu’il affuble d’une statistique.
«Nos compatriotes ne semblent pas faire le rapport entre les dépenses publiques et les impôts», regrette François Ecalle, qui a créé Fipeco pour dresser l’état des lieux en toute objectivité et juger des performances du pays. «Soyez libéraux ou socialistes, mais ne soyez pas menteurs», disait Jacques Rueff, l’économiste du général de Gaulle.
En résumé : des Français obsédés par leur pouvoir d'achat, peu conscients des réalités économiques du pays, qui croient qu’il est possible de financer sans limite toutes les dépenses publiques possibles et imaginables, et des gouvernements sans grand projet politique, à la remorque de l'opinion publique, donc soucieux avant tout d'acheter la paix sociale et de satisfaire les revendications sur le pouvoir d'achat. Et comme tout ceci risque de ne pas changer, on peut annoncer, sans trop se tromper, que la France est engagée sur la voie du déclin économique.