Les candidats fantômes, le phénomène qui monte dans la recherche d’emploi
Posté : 26 octobre 2023 09:12
"Disparaître sans donner de nouvelles en plein milieu d’un processus de recrutement. De plus en plus de candidats pratiquent le « ghosting » dans un monde professionnel en pleine mutation.
Le CDI était signé depuis juin, la nouvelle vendeuse devait commencer le 5 septembre. « Elle ne s’est jamais présentée, alors qu’on s’était donné des nouvelles régulières pendant l’été. Je n’ai jamais réussi à la joindre. » Ce que Juliette, gérante de quatre boutiques dans le secteur de l’habillement, décrit, cela s’appelle le « ghosting » [ou « faire le mort »]. C’est-à-dire un candidat à l’embauche qui disparaît du jour au lendemain sans donner de nouvelles. « Sur mes 12 postes permanents, six ont été concernés par du ghosting ou un abandon de poste. Et c’est pareil chez mes confrères », s’inquiète Juliette.
« Ce phénomène reste marginal, mais il est en croissance depuis plusieurs années et s’est accéléré depuis la crise Covid », confirme Anne-Laure Cordier, practice manager dans le cabinet de recrutement Michael Page. « C’est effectivement le sujet qui monte. Même si nous ne disposons pas de statistiques précises, on estime que le ghosting concerne 5 à 10 % des candidats », ajoute Marko Vujasinovic, fondateur de CleverConnect, un éditeur de logiciels de recrutement.
Les candidats ont pris le pouvoir
Les deux spécialistes du recrutement expliquent la montée du phénomène par le retournement du marché de l’emploi. « Dans un contexte où le taux de chômage baisse et alors qu’on devrait atteindre le plein-emploi entre 2025 et 2030, le rapport de force s’est inversé au profit des candidats », explique Marko Vujasinovic, qui précise qu’un « candidat actif a au moins trois propositions d’emploi ». Le phénomène du ghosting s’observe donc particulièrement dans les secteurs en tension, comme l’informatique, les nouvelles technologies ou tous les métiers très techniques. Et toutes les générations sont concernées, « même si l’on observe que les jeunes pratiquent légèrement plus le ghosting que les profils plus senior », précise Anne-Laure Cordier.
Depuis la crise du Covid, le monde du travail a changé. Les processus sont de plus en plus digitalisés et impliquent donc moins les candidats. Et surtout, le rapport au travail a changé. Coautrice de l’enquête Prendre la mesure du travail, la sociologue et maîtresse de conférence au Cnam Maëlezig Bigi rappelle que, « s’il n’y a pas de désaffection pour la valeur travail, les Français veulent aussi donner plus de place à leur famille, leurs amis, leurs loisirs ». « Lorsque les candidats ont la certitude de trouver un emploi, ils ne sont pas prêts à tout sacrifier pour une opportunité et accordent beaucoup plus d’importance au processus de recrutement », abonde Anne-Laure Cordier.
Retour de bâton
Dans un contexte de concurrence entre les offres, « les candidats peuvent fuir si le processus de recrutement est trop long, si le descriptif du poste ne correspond pas exactement à l’offre et parce qu’ils ont peur de décevoir ou de devoir s’expliquer s’ils ne veulent plus postuler », poursuit Anne-Laure Cordier. « Cette année, le phénomène a été accentué par l’inflation », ajoute Marko Vujasinovic. « Beaucoup de candidats ont continué leurs recherches en parallèle d’un recrutement bien engagé ou d’un contrat signé pour trouver un poste mieux payé. »
Et pour beaucoup de « ghosteurs », disparaître sans donner de nouvelles n’est au final qu’un retour de bâton. « Le premier ghosting historique et massif, c’est celui des entreprises », rappelle Marko Vujasinovic. « Elles ne répondent pas de manière personnalisée à 80 % des candidatures. ».
https://www.lalsace.fr/social/2023/10/2 ... wtab-fr-fr
Nous avons eu ce type de cas. On avait diffusé un poste et celui-ci avait trouvé preneur. Le candidat avait passé son entretien et son profil a plu. Il fut choisi par mes collègues. Par la suite, la chargée en charge du recrutement lui a transmis le pack recrutement qu'il n'a jamais envoyé complété. Elle a tenté de le joindre par mail et par téléphone (en lui laissant plusieurs messages). Il n'a jamais répondu à ses sollicitations.
Cette attitude a ses effets pervers : c'est le genre de personne que l'on oublie pas et que l'on blackliste facilement. Simplement parce que la confiance a été rompue et cela dénote un manque de respect.
Que les entreprises ne répondent pas aux offres d'emploi peut être aussi dû au fait qu'ils en reçoivent énormément et ne peuvent répondre à tout le monde, par manque de temps et de moyen humain.
Le CDI était signé depuis juin, la nouvelle vendeuse devait commencer le 5 septembre. « Elle ne s’est jamais présentée, alors qu’on s’était donné des nouvelles régulières pendant l’été. Je n’ai jamais réussi à la joindre. » Ce que Juliette, gérante de quatre boutiques dans le secteur de l’habillement, décrit, cela s’appelle le « ghosting » [ou « faire le mort »]. C’est-à-dire un candidat à l’embauche qui disparaît du jour au lendemain sans donner de nouvelles. « Sur mes 12 postes permanents, six ont été concernés par du ghosting ou un abandon de poste. Et c’est pareil chez mes confrères », s’inquiète Juliette.
« Ce phénomène reste marginal, mais il est en croissance depuis plusieurs années et s’est accéléré depuis la crise Covid », confirme Anne-Laure Cordier, practice manager dans le cabinet de recrutement Michael Page. « C’est effectivement le sujet qui monte. Même si nous ne disposons pas de statistiques précises, on estime que le ghosting concerne 5 à 10 % des candidats », ajoute Marko Vujasinovic, fondateur de CleverConnect, un éditeur de logiciels de recrutement.
Les candidats ont pris le pouvoir
Les deux spécialistes du recrutement expliquent la montée du phénomène par le retournement du marché de l’emploi. « Dans un contexte où le taux de chômage baisse et alors qu’on devrait atteindre le plein-emploi entre 2025 et 2030, le rapport de force s’est inversé au profit des candidats », explique Marko Vujasinovic, qui précise qu’un « candidat actif a au moins trois propositions d’emploi ». Le phénomène du ghosting s’observe donc particulièrement dans les secteurs en tension, comme l’informatique, les nouvelles technologies ou tous les métiers très techniques. Et toutes les générations sont concernées, « même si l’on observe que les jeunes pratiquent légèrement plus le ghosting que les profils plus senior », précise Anne-Laure Cordier.
Depuis la crise du Covid, le monde du travail a changé. Les processus sont de plus en plus digitalisés et impliquent donc moins les candidats. Et surtout, le rapport au travail a changé. Coautrice de l’enquête Prendre la mesure du travail, la sociologue et maîtresse de conférence au Cnam Maëlezig Bigi rappelle que, « s’il n’y a pas de désaffection pour la valeur travail, les Français veulent aussi donner plus de place à leur famille, leurs amis, leurs loisirs ». « Lorsque les candidats ont la certitude de trouver un emploi, ils ne sont pas prêts à tout sacrifier pour une opportunité et accordent beaucoup plus d’importance au processus de recrutement », abonde Anne-Laure Cordier.
Retour de bâton
Dans un contexte de concurrence entre les offres, « les candidats peuvent fuir si le processus de recrutement est trop long, si le descriptif du poste ne correspond pas exactement à l’offre et parce qu’ils ont peur de décevoir ou de devoir s’expliquer s’ils ne veulent plus postuler », poursuit Anne-Laure Cordier. « Cette année, le phénomène a été accentué par l’inflation », ajoute Marko Vujasinovic. « Beaucoup de candidats ont continué leurs recherches en parallèle d’un recrutement bien engagé ou d’un contrat signé pour trouver un poste mieux payé. »
Et pour beaucoup de « ghosteurs », disparaître sans donner de nouvelles n’est au final qu’un retour de bâton. « Le premier ghosting historique et massif, c’est celui des entreprises », rappelle Marko Vujasinovic. « Elles ne répondent pas de manière personnalisée à 80 % des candidatures. ».
https://www.lalsace.fr/social/2023/10/2 ... wtab-fr-fr
Nous avons eu ce type de cas. On avait diffusé un poste et celui-ci avait trouvé preneur. Le candidat avait passé son entretien et son profil a plu. Il fut choisi par mes collègues. Par la suite, la chargée en charge du recrutement lui a transmis le pack recrutement qu'il n'a jamais envoyé complété. Elle a tenté de le joindre par mail et par téléphone (en lui laissant plusieurs messages). Il n'a jamais répondu à ses sollicitations.
Cette attitude a ses effets pervers : c'est le genre de personne que l'on oublie pas et que l'on blackliste facilement. Simplement parce que la confiance a été rompue et cela dénote un manque de respect.
Que les entreprises ne répondent pas aux offres d'emploi peut être aussi dû au fait qu'ils en reçoivent énormément et ne peuvent répondre à tout le monde, par manque de temps et de moyen humain.