Le programme «la Relève» du ministère de la Culture visé par les fake news de l’extrême droite
Posté : 14 décembre 2023 06:57
L'extrême droite "RRN" n'a décidément honte de rien.
Des figures de Reconquête et du RN comme Marion Maréchal et Marine Le Pen affirment, à tort, qu’un programme de diversification des institutions culturelles a pour critère la couleur de peau et hurlent au «racisme anti-blanc».
La Relève, le nouveau programme du ministère de la Culture visant à renouveler le personnel dirigeant à la tête des établissements culturels et à diversifier des profils à la trop grande homogénéité socio-culturelle, dans le viseur de l’extrême droite ? Logique. Mais le chef d’accusation, lui, est plus surprenant. Pour Marion Maréchal et Stéphane Ravier, respectivement tête de liste Reconquête aux élections européennes et sénateur des Bouches-du-Rhône, ça ne fait pas l’ombre d’un doute : il s’agit d’un programme raciste. Fruit d’une «idéologie woke» selon leurs mots, ce nouveau chantier de Rima Abdul Malak flirterait presque avec une logique de «grand remplacement».
«C’est avec stupéfaction que nous apprenons […] que le programme “la Relève”, défendu par la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, qui vise à former 101 futurs dirigeants culturels en France, prévoit d’instaurer un critère de sélection basé sur la couleur de la peau des futurs lauréats», ont ainsi fait savoir les deux membres de Reconquête. «Cette décision, assumée par la ministre, serait justifiée par une volonté de “diversifier le leadership culturel” reprochant la trop forte homogénéité sociale et ethnique des responsables de la culture (comprendre, il y a trop de blancs)», poursuit le duo avant d’annoncer qu’il saisit la défenseuse des droits «pour faire constater l’illégalité d’un tel critère».
Aucun critère basé sur la couleur de peau
Deux jours plus tard, c’est Marine Le Pen qui prenait le relais sur CNews. A l’occasion d’une émission consacrée au drame de Crépol, elle n’a pas hésité à faire un pas de côté lorsque le journaliste l’interroge sur l’existence d’un racisme anti-blanc en France. «Mme Abdul Malak entend mettre en place une politique de discrimination positive pour accorder des postes à la tête d’instituts culturels et le choix serait fait, dit-elle, notamment en fonction de la couleur de la peau. Une politique fondée sur la couleur de peau est une politique raciste», a-t-elle ainsi assuré, raccord sur ce point avec sa nièce.
Or, à bien y regarder, le critère en question n’apparaît dans aucun des textes officiels du programme la Relève. On a beau relire la plaquette en long et en large, nulle part il n’est fait mention d’un critère de sélection basé sur la couleur de peau qui serait effectivement contraire à la loi.
«Un jeune par département sera sélectionné d’ici février 2024»
«De nombreux jeunes sont passionnés de culture, mais ont l’impression qu’un plafond de verre géographique et social persiste pour accéder aux postes à responsabilité dans ces secteurs ou ne sont pas intéressés par ces institutions, peut-on lire dans le document officiel. Un jeune par département sera sélectionné d’ici février 2024. Ces 101 profils auront une appétence pour la culture et des compétences ou un potentiel pouvant intéresser le champ culturel. Ils refléteront la diversité de la société dans toutes ses dimensions (origine sociale, géographique, handicap…)»
Lors de la conférence de presse du 4 décembre, à laquelle Libération a assisté, la ministre a précisément assuré que ce n’était pas tant la couleur de peau qui était en jeu, que «l’origine sociale, géographique, des personnes qui ont grandi en milieu rural, des âges différents, des personnes en situation de handicap».
Une opération maquillage plutôt qu’un vrai travail de fond
Sur Twitter (renommé X), Rima Abdul Malak a fait savoir qu’elle n’irait en tout cas pas piocher dans l’inépuisable vivier du manoir de Montretout (fief des Le Pen à Saint-Cloud) et a dénoncé «l’intox de Reconquête».
Fin de l’histoire. Même si l’attaque fallacieuse et mensongère de l’extrême droite ne doit pas faire oublier les faiblesses du dispositif la Relève, qui ressemble davantage à une opération maquillage qu’à un vrai travail de fond sur les difficultés qui plombent aujourd’hui le milieu culturel (problèmes budgétaires, cahiers des charges irréalistes et versatilité des collectivités territoriales face auquel il est de plus en plus seul, l’Etat étant un retrait un peu partout) au point de créer une vraie crise des vocations à la tête des établissements culturels publics.
https://www.liberation.fr/culture/arts/ ... UTGAGWW4A/
Des figures de Reconquête et du RN comme Marion Maréchal et Marine Le Pen affirment, à tort, qu’un programme de diversification des institutions culturelles a pour critère la couleur de peau et hurlent au «racisme anti-blanc».
La Relève, le nouveau programme du ministère de la Culture visant à renouveler le personnel dirigeant à la tête des établissements culturels et à diversifier des profils à la trop grande homogénéité socio-culturelle, dans le viseur de l’extrême droite ? Logique. Mais le chef d’accusation, lui, est plus surprenant. Pour Marion Maréchal et Stéphane Ravier, respectivement tête de liste Reconquête aux élections européennes et sénateur des Bouches-du-Rhône, ça ne fait pas l’ombre d’un doute : il s’agit d’un programme raciste. Fruit d’une «idéologie woke» selon leurs mots, ce nouveau chantier de Rima Abdul Malak flirterait presque avec une logique de «grand remplacement».
«C’est avec stupéfaction que nous apprenons […] que le programme “la Relève”, défendu par la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, qui vise à former 101 futurs dirigeants culturels en France, prévoit d’instaurer un critère de sélection basé sur la couleur de la peau des futurs lauréats», ont ainsi fait savoir les deux membres de Reconquête. «Cette décision, assumée par la ministre, serait justifiée par une volonté de “diversifier le leadership culturel” reprochant la trop forte homogénéité sociale et ethnique des responsables de la culture (comprendre, il y a trop de blancs)», poursuit le duo avant d’annoncer qu’il saisit la défenseuse des droits «pour faire constater l’illégalité d’un tel critère».
Aucun critère basé sur la couleur de peau
Deux jours plus tard, c’est Marine Le Pen qui prenait le relais sur CNews. A l’occasion d’une émission consacrée au drame de Crépol, elle n’a pas hésité à faire un pas de côté lorsque le journaliste l’interroge sur l’existence d’un racisme anti-blanc en France. «Mme Abdul Malak entend mettre en place une politique de discrimination positive pour accorder des postes à la tête d’instituts culturels et le choix serait fait, dit-elle, notamment en fonction de la couleur de la peau. Une politique fondée sur la couleur de peau est une politique raciste», a-t-elle ainsi assuré, raccord sur ce point avec sa nièce.
Or, à bien y regarder, le critère en question n’apparaît dans aucun des textes officiels du programme la Relève. On a beau relire la plaquette en long et en large, nulle part il n’est fait mention d’un critère de sélection basé sur la couleur de peau qui serait effectivement contraire à la loi.
«Un jeune par département sera sélectionné d’ici février 2024»
«De nombreux jeunes sont passionnés de culture, mais ont l’impression qu’un plafond de verre géographique et social persiste pour accéder aux postes à responsabilité dans ces secteurs ou ne sont pas intéressés par ces institutions, peut-on lire dans le document officiel. Un jeune par département sera sélectionné d’ici février 2024. Ces 101 profils auront une appétence pour la culture et des compétences ou un potentiel pouvant intéresser le champ culturel. Ils refléteront la diversité de la société dans toutes ses dimensions (origine sociale, géographique, handicap…)»
Lors de la conférence de presse du 4 décembre, à laquelle Libération a assisté, la ministre a précisément assuré que ce n’était pas tant la couleur de peau qui était en jeu, que «l’origine sociale, géographique, des personnes qui ont grandi en milieu rural, des âges différents, des personnes en situation de handicap».
Une opération maquillage plutôt qu’un vrai travail de fond
Sur Twitter (renommé X), Rima Abdul Malak a fait savoir qu’elle n’irait en tout cas pas piocher dans l’inépuisable vivier du manoir de Montretout (fief des Le Pen à Saint-Cloud) et a dénoncé «l’intox de Reconquête».
Fin de l’histoire. Même si l’attaque fallacieuse et mensongère de l’extrême droite ne doit pas faire oublier les faiblesses du dispositif la Relève, qui ressemble davantage à une opération maquillage qu’à un vrai travail de fond sur les difficultés qui plombent aujourd’hui le milieu culturel (problèmes budgétaires, cahiers des charges irréalistes et versatilité des collectivités territoriales face auquel il est de plus en plus seul, l’Etat étant un retrait un peu partout) au point de créer une vraie crise des vocations à la tête des établissements culturels publics.
https://www.liberation.fr/culture/arts/ ... UTGAGWW4A/