http://www.leparisien.fr/laparisienne/s ... 308027.phpHatsune Miku, diva digitale et star internationale
Fabriquée sur ordinateur, Hatsune Miku déchaîne les fans en Asie. Elle débarque pour un tout premier concert virtuel en France.
Cette adolescente en jupette d’écolière, aux longues couettes bleu turquoise et aux grands yeux d’héroïne manga est une star. Au Japon, on se presse à ses concerts, on s’échange ses chansons, on copie son look. Pourtant, Hatsune Miku n’existe pas. Une chanteuse entièrement virtuelle, idole 2.0 à la voix synthétique et au physique d’hologramme.
Ce soir, demain et vendredi, Hatsune Miku honore Paris de son énigmatique présence, invitée par le Théâtre du Châtelet pour « The End », un opéra totalement numérique conçu par le Japonais Keiichiro Shibuya : sans orchestre, sans voix humaine, piloté par sept ordinateurs, sept projecteurs et quatre écrans. « Le premier spectacle du IIIe millénaire », s’emballe Jean-Luc Choplin, le directeur du Châtelet. Une grande première. Le procédé de l’hologramme a déjà été utilisé sur scène aux Etats-Unis, mais plutôt pour ressusciter un mort, comme le rappeur Tupac, en duo virtuel avec Snoop Dogg en 2012.
Hatsune Miku, elle, n’est au départ qu’un « vocaloid », autrement dit un logiciel de voix artificielle, permettant de créer de la musique, sorti en 2007 par la société japonaise Crypton Future Media. Pour fabriquer sa voix, une actrice a enregistré un par un chaque phonème de la langue japonaise puis anglaise.
Bientôt une vocaloid française ?
La force de Miku, c’est qu’elle appartient à tout le monde : le moindre amateur peut s’inspirer d’elle pour créer des chansons, en modulant sa voix et en la plaquant sur une mélodie. « Ce sont ses fans qui lui attribuent sa personnalité et son répertoire », explique Joffrey Collignon, animateur de Vocaloid.fr, site français consacré à ces vrais-faux chanteurs : « Sa musique est plutôt pop et joyeuse, mais on voit apparaître des morceaux moins légers. »
Miku n’est pas la première ni la seule vocaloid, mais les Japonais ont craqué pour son joli minois, sa voix enfantine et son emblème… le poireau ! Et la mikumania a tourné au phénomène de société. Sur le YouTube nippon, Nico Nico Douga, on dénombre plus de 100000 morceaux « chantés » par Hatsune Miku, et plus de 170000 vidéos. La diva digitale a son propre logiciel d’animation 3 D, Miku Miku Dance, qui permet de lui fabriquer des clips; son jeu vidéo, Project Diva; son manga; une page Facebook en anglais, « likée » par 1,5 million de personnes. En 2011, Toyota a fait appel à elle pour vendre sa Corolla, dans des spots diffusés en Asie et aux Etats-Unis.
Plusieurs fois par an, Miku se produit devant des foules enthousiastes qui scandent son nom et reprennent ses tubes. La folie Miku s’est exportée en Chine, en Corée et même en Espagne, après la sortie d’une version hispanique du logiciel. En France, le phénomène est encore confidentiel mais le site Vocaloid.fr revendique déjà 2 000 membres. Convaincu que la greffe peut prendre, Joffrey Collignon espère décrocher une licence pour développer une Miku francophone. Bientôt Bercy?
« The End - Vocaloid Opera », ce soir, demain et vendredi à 20 heures au Théâtre du Châtelet, Paris Ier. De 5 à 45 €. Renseignements au 01.40.28.28.40 et sur Chatelet-theatre.com
Effrayant !
Oui, c'est la 1ère du genre, oui, ça se passe au Japon mais je suis convaincu que, à moyen termes, c'est l'avenir de l'industrie musicale, c'est annonciateur de ce qui nous attend dans un futur plus ou moins éloigné.
A termes, c'est la déshumanisation totale de l'industrie musicale, la musique cessera définitivement d'être un art puisque l'on aura supprimé l'essentiel : l'artiste.
Fini de devoir louer un studio, faire appel à un ingénieur du son pour le mixage, à un producteur, etc. à un prix astronomique désormais un ordinateur, un logiciel et un homme peuvent remplacer l'artiste, les musiciens, l'ingénieur du son et le producteur. Avec en plus l'assurance d'obtenir un résultat qui correspondra exactement à ce que l'on voulait. Fini de devoir gérer les caprices de stars, les ennuis de santé, la vie privé des artistes, leur éventuels dérapages, etc.
Les concepteur de l' "artiste virtuel" pourront lui inventer une biographie, des gouts, des envies, lui faire faire des Interview auxquels ils répondront (mai ce sera la voix informatique qui sera utilisée pour les réponses) avec la presse ou les fans, etc... le tout avec un contrôle total de la part du concepteur, de la maison de disques.
Pour l'instant, il faut encore des humains pour activer les projecteurs qui servent pendant les "concerts" mais à termes, un logiciel s'en chargera et il suffira d'une équipe réduite pour organiser un "concert". Et on pourra même faire plusieurs concerts dans la même journée ( un à 15h, un à 20h) ou même plusieurs concerts en même temps à des endroits différents.
Imaginez : Lady Gaga en concert partout dans le monde le même jour !
En fait, on est en train d'assister à la destruction du dernier espace de liberté des artistes de l'industrie musicale : la scène.