La Neue Galerie nous rappelle dans une exposition à New York comment Adolf Hitler voulut rayer de la carte et des musées l'Art moderne. Il a chassé et pourchassé les artistes de l'avant-garde allemande et même exposé leurs oeuvres pour les rabaisser.
Comment illustrer dans seulement trois salles la politique systématique d’un Etat totalitaire de mise à l’index de l’art moderne, au nom de la vision esthétique d'un seul homme: Adolf Hitler. C'est la gageure entreprise et réussie par la Neue Galerie à New York au travers de l’exposition Degenerate Art: The Attack on Modern Art in Nazi Germany, 1937» (Art dégénéré: l’attaque contre l’art moderne dans l’Allemagne nazie en 1937).
L’histoire d’une génération perdue, racontée au travers d’une cinquantaine d’œuvres, une douzaine de cadres vides, représentant des peintures disparues ou détruites... et d’un inventaire impeccablement tenu.
Arrivé au pouvoir en 1933, Hitler a voulu rapidement instaurer un art officiel. Même si les attaques contre toutes les formes de modernisme dans l’art avaient commencé bien avant son accession au pouvoir. Dès 1931, le Parti national socialiste avait forcé l'école du Bauhaus, située à Dessau, à fermer ses portes. Celle-ci put réouvrir pour quelques trimestres improvisés à Berlin, avant de cesser définitivement d’exister deux ans plus tard.
Le style Bauhaus n’était pas considéré comme «dégénéré» mais son modernisme, l’épuration de son style et surtout le cosmopolitisme des professeurs qui enseignaient à l’école, tout cela en faisait une «menace» pour les nouvelles autorités allemandes. Par la suite, à partir de 1933, les professeurs juifs furent chassés de toutes les académies d'art d’Allemagne et beaucoup d'artistes éminents, dont le Russe Vassily Kandinsky et le Suisse Paul Klee, ont préféré fuir, vers Paris ou la Suisse.
Une fois au pouvoir, les nazis ont entrepris de diaboliser à une grande échelle l’avant-garde allemande. En 1935, Hitler définit ce que doit être l’art:
«Il n'est pas de la mission de l'art de se vautrer dans la crasse pour l'amour de la crasse, de peindre l'être humain que dans un état de putréfaction, de dessiner des crétins comme symboles de la maternité, ou de présenter des idiots déformés en tant que représentants de la force virile.»

http://www.slate.fr/story/84945/art-naz ... r-new-york

Félix Nussbaum Autoportrait au passeport juif 1943
Beaucoup des peintres mis à l’index ont eu des destins tragiques. Le surréaliste Félix Nussbaum est mort à Auschwitz. Paul Klee est décédé en Suisse en 1940, Vassily Kandisky en France en 1944. Max Beckmann a dû fuir aux Pays-Bas et aux Etats-Unis. Oskar Kokoschka s’est réfugié en Grande-Bretagne. Alfons Mucha est mort peu de temps après avoir été interrogé par la Gestapo en 1939. Ernst Ludwig Kirchner s’est suicidé, en exil, en 1938.